Alors que le titre est attendu pour la fin de cet été, Saints Row IV vient de déclencher une polémique au sujet de la violence dans les jeux. En effet, il vient de se voir interdire à la vente en Australie en raison de certains comportements ultras violents, y compris sur le plan sexuel. Une question se pose alors : quelles limites doit-on fixer à un jeu vidéo ?
Saints Row : une licence qui fait débat
Il y a maintenant trois jours, l'Australian Classification Board (ACB) a attribué pour la première fois depuis la refonte de ses barèmes du 1er janvier 2013 le label « Refused Classification » à un jeu, signifiant que celui-ci ne pourra être vendu sur le territoire. Cette distinction rarissime a été accordée à Saints Row IV, en raison de l'extrême violence de son contenu, mais pas que.
Les amateurs de cette série reprenant les principes de jeu de Grand Theft Auto, mais dans un univers décalé, savent que l'humour qui y est employé est parfois plus que grivois. Saints Row : The Third avait déjà fait polémique lors de sa sortie, en raison de la présence d'une arme assez particulière : le Penetrator. Celle-ci prenait la forme d'un énorme sex-toy violet dans lequel une batte de base-ball avait été moulée afin de rigidifier l'ensemble. Il était possible de frapper ses ennemis et les passants avec, mais cela n'avait pas empêché la sortie du jeu dans un quelconque territoire pour autant.
Quelle forme de violence peut justifier une interdiction à la vente ?
Cette fois-ci, les créateurs du jeu sont allés encore plus loin, et ont semble-t-il franchi une limite qui a contraint les autorités australiennes à agir. Là encore, c'est une des armes proposées qui pose problème, mais dans des proportions bien plus importantes. L'extrait qui va suivre provient du rapport de l'ACB justifiant l'interdiction à la vente du jeu, que se sont procuré nos confrères de Kotaku, et décrit le fonctionnement de cette arme. Attention, âmes sensibles s'abstenir :
« Le jeu inclut une arme décrite par le requérant comme "une Sonde Anale Alien". Le requérant affirme que cette arme peut être "fourrée dans l'arrière-train de ses ennemis". La partie inférieure de l'arme ressemble à la poignée d'une épée, et la partie supérieure contient un genre d'appendices épineux encerclant ce qui semble être un énorme godemiché qui redescend jusqu'au centre de l'arme.
Lorsque cette arme est utilisée, le joueur approche une victime (habillée) depuis l'arrière et force l'arme entre les jambes de la victime et la fait décoller du sol, avant d'appuyer sur une gâchette qui propulse la victime dans les airs. Après que la sonde ait été implicitement enfoncée dans l'anus de la victime, la zone autour de son postérieur devient pixelisée, mettant l'accent sur le fait que le but de cette arme est de pénétrer dans l'anus de ses victimes. L'arme peut être utilisée pendant le jeu contre des personnages ennemis ou des civils ».
La scène dépeinte ici peut être au choix perçue comme comique, si l'on tient compte du clin d'oeil fait ici à la série South Park, ou extrêmement violente si l'on s'en tient au fait qu'il s'agit tout simplement d'une agression sexuelle caractérisée. C'est ce second cas qui aura logiquement été retenu par l'ACB. Il est à noter que la possibilité d'effectuer cette action sur une victime totalement innocente, et sans que le contexte du jeu ne justifie de le faire constitue selon l'organisme de classification un facteur aggravant.
Dishonored. Classé MA 15+ par l'ACB
Jusqu'où peut-on donc aller ?
Si l'on s'en tient aux explications de l'ACB, la violence gratuite, c'est-à-dire sans qu'elle ne soit justifiée dans le contexte du jeu est un motif suffisant pour motiver une interdiction à la vente. La description d'une scène de guerre comme celles que l'on peut observer dans un Call of Duty ou un Battlefield est donc moins problématique étant donné que ces violences sont en lien direct avec le jeu, et sont une nécessité pour avancer dans le scénario.
Dans le cas de Saints Row IV, la nécessité est ici laissée au libre arbitre du joueur, qui pourrait tout aussi bien décider de ne pas utiliser d'armes contre les civils ou choisir d'en faire usage sur chacun des personnages présents à l'écran. Cette question avait d'ailleurs été soulevée par un des développeurs de Dishonored qui décrivait une scène qu'il a vue lors d'un essai de son titre par un groupe de joueurs. L'un d'entre eux avait choisi plutôt que de s'infiltrer dans une soirée déguisée comme le suggère le scénario du jeu, de massacrer tous les invités en espérant trouver par hasard la bonne cible, pour ensuite ne laisser aucun témoin.
La scène était aussi absurde que dérangeante. L'homme demandait alors à juste titre : « Cela veut-il dire que les jeux linéaires et violents sont meilleurs pour la société que ceux qui comme Dishonored ne le sont que superficiellement, mais permettent aux joueurs de faire des choix extrêmes ? » Selon l'ACB, les deux sont à mettre au même niveau puisque Dishonored avait reçu une autorisation à la vente avec une restriction pour les mineurs de moins de 15 ans.
La seule différence notable de Saints Row IV avec le cas de Dishonored est finalement la notion de violence sexuelle. S'il semble possible de donner son accord pour la vente d'un jeu permettant de tuer des innocents en fonction de ce que le libre arbitre de chacun décide, il n'est apparemment pas tolérable d'avoir dans les mêmes conditions la possibilité d'enfoncer un objet phallique dans l'arrière-train de son prochain.