L’ONU a consacré le 8 mars 2023 à l’inclusion des femmes et des filles dans l’industrie et dans les mondes numériques. Tour d’horizon de différents enjeux que posent les inégalités de genre dans nos mondes technologiques.
Ce 8 mars 2023 est un jour particulier : l’ONU a consacré cette journée internationale de sensibilisation aux droits des femmes aux questions numériques. Intitulée « Pour un monde digital (sic) inclusif : innovation et technologies pour l’égalité des sexes », la journée doit notamment servir à explorer « l’impact de l’écart entre les sexes dans le numérique sur l’élargissement des inégalités économiques et sociales » ainsi qu’à promouvoir les droits des femmes et des filles dans les espaces numériques.
Car à l’échelle mondiale, les femmes n’occupent que deux emplois sur dix dans les sciences, l’ingénierie et les entreprises de l’information et de la communication, selon les chiffres du rapport Gros plan sur l’égalité des sexes 2022 de l’ONU Femmes. Dans les vingt plus grandes entreprises technologiques, elles ne dépassent pas 33 % de la main d’œuvre et n’occupent qu’un poste de direction sur quatre. En France, en 2023, seulement un expert du numérique sur cinq est une femme, selon le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche.
Une problématique économique et sociale
Or l’exclusion de la moitié de l’humanité est un problème économique. Selon le rapport de l’ONU, elle s’est traduite par une réduction de 1 000 milliards de dollars du produit intérieur brut des pays à revenu faible et intermédiaire au cours des dix dernières années. Par ailleurs, nous rappelions dans un précédent article que leur faible nombre dans les filières scientifiques et techniques participaient aux problèmes de recrutement de l’industrie.
C’est aussi un problème social et sociétal. À l’échelle du globe, en 2020, 62 % des hommes avaient accès à internet contre 57 % des femmes, selon une étude de l’Union internationale des Télécommunications. Selon l’UNESCO, elles avaient aussi 25 % de chances en moins que les hommes de savoir exploiter les technologies numériques pour des usages simples la même année – des différences qui peuvent au moins en partie s’expliquer par le moindre accès des femmes à la lecture dans le monde.
En revanche, elles sont, comme les autres minorités, sujettes à des cyberviolences sans commune mesure à celles vécues par les hommes. Que l’on parle de menaces, de harcèlement, de doxxing – le fait de publier les informations privées d’une personne dans un but malveillant –, ou encore de contrôles sur leurs comptes numériques, notamment dans le cadre de violences conjugales, les femmes courent 27 fois plus de risque que les hommes de subir une forme de cyberviolence à un moment de leur vie, selon un rapport du Lobby européen des femmes.