Empreinte du numérique : les prévisions (inquiétantes) de l’ADEME et l’Arcep aux horizons 2030 et 2050

Empreinte du numérique : les prévisions (inquiétantes) de l’ADEME et l’Arcep aux horizons 2030 et 2050

Des horizons plus ou moins bouchés

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Vincent Hermann

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Sciences et espace

07/03/2023 13 minutes
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Empreinte du numérique : les prévisions (inquiétantes) de l’ADEME et l’Arcep aux horizons 2030 et 2050

L’ADEME et l’Arcep ont publié leur troisième et dernier rapport sur l’état du numérique en France, sous le prisme de la durabilité et de l’empreinte carbone. C’est l’heure du bilan, mais surtout des analyses prospectives. Les deux agences ont réuni leurs pistes dans quatre scénarios, du plus optimiste au plus pessimiste.

En août 2020, le Ministère de la Transition écologique et le Ministère de l'Économie, des Finances et de la Relance confiaient une mission à l’ADEME (Agence de la transition écologique) et l’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse) : mesurer l’empreinte du numérique et chercher des leviers d’actions et des bonnes pratiques pour la réduire.

En janvier 2022, les deux agences remettent les deux premiers volets d’un rapport prévu en trois parties. Ils étaient consacrés à la mesure de cette empreinte et aux méthodologies adoptées.

Hier, le troisième et dernier volet est sorti. Très attendu, il fait le point sur les constats réalisés depuis le début du chantier en 2022, trace les grandes tendances à venir, établit plusieurs scénarios prospectifs et doit servir de base aux réflexions futures, notamment ce qui va être demandé aux entreprises du numérique.

Le point sur la consommation du numérique

Commençons par rappeler qu’en matière de numérique, les différents maillons de la chaine n’ont pas la même empreinte carbone. Loin de là même : les équipements comptent pour 79 % de l’empreinte, contre 16 % pour les centres de données et 5 % pour les réseaux.

Dans l’ensemble, l’écrasante majorité de cette empreinte provient de la fabrication, ce qui fait dire aux deux agences : « avant même que nous n’utilisions notre dernier smartphone, téléviseur ou ordinateur flambant neuf, il a déjà produit près de 80 % des émissions de gaz à effet de serre qu’il émettra durant sa (trop courte) vie ».

Ce volet est riche de chiffres « lourds », au sens figuré comme au propre : un(e) Français(e) consomme en moyenne 949 kg de ressources (fabrication des équipements) et produit 301 kg de déchets par an, uniquement pour le numérique. Et si ces chiffres vous semblent énormes, c’est parce qu’ils prennent en compte tous les éléments de la chaine de la production et de traitement des déchets, y compris l’extraction des ressources, qui produit elle-même des déchets. Les ressources elles-mêmes comprennent les ressources abiotiques (matériaux, énergie fossile, etc.), la biomasse, ainsi que les déplacements de terre et d’eau.

Le rapport revient également sur le nombre d’équipements utilisés en 2020. L’ADEME et l’Arcep en ont compté 800 millions, parmi lesquels on retiendra : 245 millions de petits objets connectés (IoT), 110 millions pour le stockage externe, 63 millions de télévisions, 37 millions d’écrans d’ordinateur, 21 millions de box tv, 23 millions d’imprimantes, 70 millions de smartphones, 37 millions de téléphones fixes, 59 millions d’ordinateurs portables, 37 millions d’ordinateurs fixes, 24 millions de tablettes, ou encore 18 millions de consoles de jeu.

Seulement voilà, la proportion d’une catégorie dans l’ensemble ne reflète pas sa proportion dans l’empreinte carbone. Par exemple, les 245 millions de petits objets connectés représentent environ 30 % du nombre d’équipements, mais seulement 5 % de l’empreinte carbone.

Voici les trois segments majeurs (ils représente 85 % de l’empreinte carbone) :

  • Téléphones mobiles, fixes et smartphones : 15 % du total d’équipements, 20 % de l’empreinte carbone
  • projecteurs, écrans spécifiques, écrans d'ordinateur et télévisions : 14 % du total d’équipements, 26 % de l’empreinte carbone
  • consoles de jeux, stations d’accueil, tablettes, ordinateurs fixes et portables : 22 % du total d’équipements, 39 % de l’empreinte carbone

Le graphique ci-dessous rend compte des chiffres :

ADEME Arcep

Sans surprise, ce sont les smartphones et téléviseurs qui représentent les deux principaux moteurs des émissions pour le numérique. Toujours sans surprise, la consommation électrique augmente avec la taille de l’écran, une croissance non linéaire et courbe, car elle est plus rapide que celle de la taille.

Le problème des émissions est largement accentué par les habitudes de consommation, puisqu’un smartphone est gardé en moyenne 30 mois, et 36 mois pour une tablette. Il n’est donc pas étonnant que le rapport cite le prolongement de la durée d’utilisation comme l’un des principaux leviers de réduction de l’empreinte environnementale. Ce qui fait conclure au rapport : « Plus le renouvellement des équipements est fréquent, plus leur impact environnemental est important ».

Le scénario tendanciel à 2030, le plus pessimiste

Si ce rapport était attendu, c’était avant tout pour son aspect prospectif. Le travail des deux agences s’est articulé essentiellement autour d’un scénario dit tendanciel, qui regroupe les principales tendances observées aujourd’hui, pour donner une idée de ce qui nous attend à horizons 2030 et 2050, en extrapolant depuis les données actuelles.

D’autres scénarios sont prévus (nous y reviendrons), mais celui-ci est le principal. Il prévoit une augmentation de 45 % des émissions de gaz à effet de serre pour 2030 et un triplement pour 2050. Pour ce dernier, l’empreinte carbone bondirait précisément de 187 %, la consommation de ressources utilisées de 179 %, la consommation d’énergie finale de 79 % et celles des métaux et minéraux de 59 %. Ces chiffres sont exprimés sur la base d’indicateurs normalisés, notamment le MIPS qui intègre les ressources citées précédemment (abiotiques, etc.).

ADEME Arcep

Cette tendance est considérée aujourd’hui comme la plus mauvaise, celle où globalement peu ou pas d’efforts sont faits. Il n’y aurait, d'ici à 2030, ni écoconception des produits, ni allongement de la durée de vie, ni substitution progressive des téléviseurs par des vidéoprojecteurs, les installations d’antennes de réseau mobile continueraient de croitre, le nombre d’équipements continuerait sa croissance rapide, tout comme les usages. La consommation électrique unitaire des équipements serait, elle, en légère baisse, grâce à la tendance actuelle.

Avec une écoconception des produits, un allongement d’un an de la durée de vie et une baisse légèrement accélérée de la consommation unitaire, l’évolution de l’empreinte d'ici à 2030 pourrait passer de 45 % à 20 %. C’est le scénario « écoconception modérée ». En ajoutant encore une année à la durée de vie et en faisant encore plus d’efforts sur la consommation unitaire, elle ne serait plus que de 5 %. C’est le scénario « écoconception généralisée ».

Enfin, si on stabilisait le nombre d’antennes relais et d’équipements, et que l’on remplaçait progressivement les téléviseurs par des vidéoprojecteurs, l’évolution deviendrait négative : -16 %. C’est le scénario « sobriété ».

ADEME Arcep

Le rapport estime que l’écoconception modérée serait bien sûr le plus simple à mettre en place, tout en ayant une action concrète, réduisant de plus de moitié la croissance de l’empreinte. Cependant, même une croissance limitée à 20 % est vue comme problématique. Le scénario de sobriété est donc regardé avec envie, car il entrainerait une baisse significative de la consommation de ressources pour la fabrication des équipements numériques -30 %) et une chute drastique de la consommation d’énergie finale (-52 %).

À horizon 2050, l’écart explose entre les scénarios

D’ici 27 ans, les tendances actuelles pourraient avoir été confirmées ou bousculées par une série de mesures, alliant des décisions politiques fortes et une évolution importante des habitudes. Il y a tant d’éléments à prendre en compte que les quatre scénarios établis par le rapport varient profondément.

Le scénario le plus optimiste est nommé « Génération frugale » : « Des transformations importantes dans les façons de se déplacer, de se chauffer, de s’alimenter, d'acheter et d'utiliser des équipements, permettent d'atteindre la neutralité carbone sans impliquer de technologies de captage et stockage de carbone, non éprouvées et incertaines à grande échelle. La transition est conduite principalement grâce à la frugalité par la contrainte et par la sobriété ».

Rien d’impossible dans ce scénario a priori, même si son application pourrait venir de directions très différentes, ou d’un lot de contraintes diverses. Le rapport cite par exemple des directives réglementaires et une prise de conscience générale. Mais les changements pourraient également venir de pénuries en matières premières, le numérique entrant en concurrence avec d’autres secteurs. Les loisirs numériques se retrouveraient limités, surtout en mobilité, tandis que les services prioritaires (santé, éducation, mobilité, culture…) seraient garantis.

Dans le scénario « Coopérations territoriales », la société « se transforme dans le cadre d’une gouvernance partagée et de coopérations territoriales. Organisations non gouvernementales, institutions publiques, secteur privé et société civile trouvent des voies de coopération pragmatique qui permettent de maintenir la cohésion sociale. Pour atteindre la neutralité carbone, la société mise sur une évolution progressive, mais à un rythme soutenu du système économique vers une voie durable alliant sobriété et efficacité. La consommation de biens devient mesurée et responsable, le partage se généralise ».

Dans cette hypothèse, les habitudes de consommation de 2020 sont figées et les acteurs impliqués tentent des approches pragmatiques pour les maintenir. Les principes de sobriété et d’écoconception sont modérés, mais bien présents, avec de gros efforts sur la « décentralisation et la constitution d’un maillage territorial de serveurs de données ». Tout besoin matériel est analysé pour déterminer la réponse la plus efficace. Les objectés connectés sont utilisés principalement dans un but de gain énergétique.

Deux scénarios de solutionnisme technologique

Avec les « Technologies vertes », et en dépit de ce nom, les scénarios se font plus pessimistes. Dans celui-ci, le développement technologique « permet de répondre aux défis environnementaux plutôt que les changements de comportements vers plus de sobriété. Les métropoles se développent et les technologies et le numérique, qui permettent l’efficacité énergétique ou matière, sont dans tous les secteurs ».

On l’aura compris, c’est la voie du solutionnisme technologique, qui estime que tout problème à une solution adéquate dans l’emploi d’une technologie spécifique, sans tenir compte des actions de sobriété et donc du changement des habitudes. Dans ce scénario, la fracture entre centres urbains et campagnes grandit, ces dernières bénéficiant peu (ou pas) des innovations. Et pour cause, puisque l’optimisation viendrait de l’IA pour les systèmes complexes des villes : énergie, eau, transports et autres.

Quant à la dernière hypothèse, nommée « Pari réparateur », elle est presque là pour servir de point de repère : « Les modes de vie du début du XXIe siècle sont sauvegardés. Le foisonnement de biens consomme beaucoup d’énergie et de matières avec des impacts potentiellement forts sur l’environnement. La société place sa confiance dans la capacité à gérer, voire à réparer les systèmes sociaux et écologiques avec plus de ressources matérielles et financières. Cet appui exclusif sur les technologies est un pari dans la mesure où certaines d’entre elles ne sont pas matures ».

Dans le rapport, ce scénario est qualifié de « fuite en avant du numérique ». Il évoque une « digitalisation » (sic) systématique de tout ce qui peut l’être, un numérique devenu le maillon central des autres composantes de la société, la domotique est partout, les loisirs sont largement virtualisés, les villes sont toutes devenues des « smart cities ». Tous les équipements sont connectés, la consommation de données explose avec les mises à jour très fréquentes, la fabrication effrénée raréfie encore plus rapidement certains matériaux. « En conséquence, l’empreinte carbone du secteur du numérique est démultipliée ». Les techniques de compensation et captation carbone se multiplieraient.

ADEME Arcep

On n’est donc pas étonné que l’évolution de cette empreinte carbone diffère totalement entre ces scénarios. Avec Génération frugale, elle serait réduite de 45 %. Tous les autres voient une augmentation, mais avec des ordres de grandeur abyssaux : +32 % pour Coopérations territoriales, +183 % pour Technologies vertes et jusqu’à +372 % pour Pari réparateur.

L’évolution envisagée du nombre d’équipements suit la même tendance : réduite de moitié pour Génération frugale, x1,6 pour Coopérations territoriales, x5 pour Technologies vertes et un énorme x14 pour Pari réparateur. Même chose pour le nombre d’objets connectés : stabilisation pour Génération frugale, x4 pour Coopérations territoriales, x15 pour technologies vertes et x43 pour Pari réparateur.

Pour l’ADEME et l’Arcep, la situation est très claire

« Pour atteindre l’objectif des accords de Paris en 2050, le numérique doit prendre la part qui lui incombe : un effort collectif impliquant toutes les parties prenantes est donc nécessaire », conclut le rapport.

Les deux agences insistent sur la nécessité d’une course d’actions aussi proche que possible du scénario Génération frugale, qui a cependant peu de chances d’être appliqué en l’état. La variation des habitudes serait brutale, mais des éléments extérieurs (géopolitique, pénurie de ressources…) pourraient les induire « par la force ».

Car le numérique est hautement dépendant « aux métaux stratégiques et autres ressources utilisées pendant la phase de fabrication des terminaux (principalement téléviseurs, ordinateurs, box internet et smartphones jusqu’en 2030 puis essor des objets connectés jusqu’en 2050 en lien notamment avec la mise en place de nouvelles technologies de réseaux mobiles) ».

Il n’y aura donc pas le choix si la France veut tenir ses engagements : il faudra des politiques courageuses de sobriété (principal levier d’action identifié), une forte évolution des mentalités, un accroissement de la durée de vie des produits, ainsi qu’une réflexion profonde sur les habitudes de consommation et ce qui peut être qualifié de « besoins ».

À noter que dans le rapport et durant la présentation presse qui s’est tenue hier à 14h, le terme d’écoconception revenait très régulièrement. Lorsque nous avons demandé ce qu’il impliquait et si des constructeurs répondaient présents, Raphael Guastavi, directeur adjoint Économie circulaire de l’ADEME, nous a répondu qu’une définition claire étant en cours de réflexion, car il incluait notamment un futur indice de durabilité, lui aussi en cours d’élaboration.

Écrit par Vincent Hermann

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

Le point sur la consommation du numérique

Le scénario tendanciel à 2030, le plus pessimiste

À horizon 2050, l’écart explose entre les scénarios

Deux scénarios de solutionnisme technologique

Pour l’ADEME et l’Arcep, la situation est très claire

Commentaires (25)


les équipements comptent pour 79 % de l’empreinte,
contre 16 % pour les centres de données et 5 % pour les réseaux”



je ne pensai pas qu’ils comptaient POUR AUTANT !



psst : la mise en gras NE fonctionne pas :mad:


Ah bon ?


Vincent_H

Ah bon ?


……..pas chez moi !
(pardon, j’aurai dû préciser) :fumer:


vizir67

……..pas chez moi !
(pardon, j’aurai dû préciser) :fumer:


Normalement, tu cliques une seule fois sur l’icône B une fois ton texte sélectionné et c’est ok :D


Vincent_H

Normalement, tu cliques une seule fois sur l’icône B une fois ton texte sélectionné et c’est ok :D


j’essaye–>
“Paris”


vizir67

j’essaye–>
“Paris”


:yes:


vizir67

j’essaye–>
“Paris”


Pour ton premier message ça doit être à cause de l’espace entre * et le mot. Les symboles de mise en forme doivent être collés aux mots en markdown.


SebGF

Pour ton premier message ça doit être à cause de l’espace entre * et le mot. Les symboles de mise en forme doivent être collés aux mots en markdown.


merci ! :copain:


C’est vrai que si la fabrication des équipements est la principale emprise, le problème va se régler de lui même dès que les modes auront passé.
On est vraiment sur des estimations au doigt mouillé, l’échec actuel de la 5G devrait amener plus de prudence sur les estimations issues des extrapolations des tendances des années passées.
Heureusement, nous n’avons que 2 yeux, 2 mains et un seul cerveau.
Il y a 10 ans la folie était sur les inutiles tablettes, tout le monde s’en débarrasse aujourd’hui, le smartphone remplace ordinateur, appareil photo numérique, GPS et baladeur musical, entre autres.
On est plutôt sur la concentration des appareils dans un seul, pareil pour les accessoires, chargeurs par exemple, qui deviennent communs à plein d’autres appareils.



brupala a dit:


C’est vrai que si la fabrication des équipements est la principale emprise, le problème va se régler de lui même dès que les modes auront passé.




Si l’on tient compte des nouvelles modes remplaçant les anciennes, le problème va se poursuivre, voire s’accentuer. Les usages numériques continuent leur explosion, “l’échec” de la 5G n’y change rien. Les écrans continuent de grandir, les jeux réclament toujours plus de puissance, la qualité vidéo continue de s’améliorer, augmentant les besoins en énergie et en bande passante.



Vincent_H a dit:


Enfin, si on stabilisait le nombre d’antennes relais et d’équipements, et que l’on remplaçait progressivement les téléviseurs par des vidéoprojecteurs, l’évolution deviendrait négative : -16 %. C’est le scénario « sobriété »




Les vidéoprojecteurs ? On parle bien des appareils avec une ampoule et qui projette sur un écran ?
Je veux bien que ce soit mieux qu’une télévision à la production, mais à l’utilisation ?


À taille d’image identique, le vidéoprojecteur dit effectivement consommer beaucoup moins, sauf s’il est utilisé en mode “timbre poste” - ce qui n’est pas forcément le but.
Sur l’exercice d’un point de vue général, je pense que c’est sympa de se poser la question, mais les réponses apportées ne valent pas le carbone qui a été émis pour les produire. Ça serait intéressant si la France était le seul pays au monde. Ce n’est (heureusement) pas le cas, toute politique de restriction ou même de sobriété mise en place en France seule n’aura qu’un effet : la faire reculer encore plus dans les différents classements internationaux.
Si les pays qui peuvent avoir un vrai impact sur le problème (Chine, États-Unis, Inde pour commencer) ne bougent pas tout gain apporté par un effort franco français sera bouffé en 1 semaine, en étant optimiste.


anagrys

À taille d’image identique, le vidéoprojecteur dit effectivement consommer beaucoup moins, sauf s’il est utilisé en mode “timbre poste” - ce qui n’est pas forcément le but.
Sur l’exercice d’un point de vue général, je pense que c’est sympa de se poser la question, mais les réponses apportées ne valent pas le carbone qui a été émis pour les produire. Ça serait intéressant si la France était le seul pays au monde. Ce n’est (heureusement) pas le cas, toute politique de restriction ou même de sobriété mise en place en France seule n’aura qu’un effet : la faire reculer encore plus dans les différents classements internationaux.
Si les pays qui peuvent avoir un vrai impact sur le problème (Chine, États-Unis, Inde pour commencer) ne bougent pas tout gain apporté par un effort franco français sera bouffé en 1 semaine, en étant optimiste.



Si les pays qui peuvent avoir un vrai impact sur le problème (Chine, États-Unis, Inde pour commencer) ne bougent pas tout gain apporté par un effort franco français sera bouffé en 1 semaine




Comparons à échelle comparable : la Chine, les États-Unis, la fédération de Russie, l’Inde, le Brésil sont des États-continents. Mais je t’accorde qu’il n’y a pas d’Etat fédéral européen à part un Conseil de 27 chefs d’Etat.



Baldurien a dit:


Les vidéoprojecteurs ? On parle bien des appareils avec une ampoule et qui projette sur un écran ?




Les nouveaux sont à LED, donc la conso est moindre et la durée de vie allongée.



Le soucis de ces machins est par contre le prix quand on veut de la qualité (résolution / luminosité) et du silence… Et il faut aussi avoir un écran de vidéoprojection correct ou un mur peint pour un résultat correct, ce n’est donc pas prêt de remplacer une TV.



Vincent_H a dit:


Les écrans continuent de grandir, les jeux réclament toujours plus de puissance, la qualité vidéo continue de s’améliorer, augmentant les besoins en énergie et en bande passante.




Les jeux, c’est marginal, et ça ne justifie pas forcément plus de puissance, encore une fois, seulement 2 yeux, 2 mains et un cerveau.
La qualité vidéo haute définition ne devient utile que sur des écrans très grande surface, sur des tailles habituelles, elle est sans effet, du moins l’acuité visuelle ne suit pas, rien ne justifie une fuite en avant dans les usages, ça ne concerne qu’un marqueting inutile qui ne se justifie que dans sa petite compétition interne, un peu comme la F1 par rapport à l’industrie automobile, mais ça n’est pas le sens de l’histoire, quand l’homme de la rue ne suit pas la machine, il l’oublie.
Très peu de gens rêvent de voyages spatiaux.



brupala a dit:


Les jeux, c’est marginal, et ça ne justifie pas forcément plus de puissance




Marginal, hélas je ne crois pas. Les jeux constituent une nouvelle sous-culture, avec des heures sur des ordinateurs toujours plus puissants consommant toujours plus de matériaux, d’électricité et de bande passante juste pour passer le temps sans penser. Une plaie polluante et l’équivalent du triple-big-mac-fromage-frites-coca pour l’intellect. À interdire, comme les SUV. Délire obscène de la marchandise. Sur-poids de la connerie. Haine, je ressens.


Ce n’est pas une sous culture, c’est une culture tout court qui n’est ni l’underground d’une culture plus établie ni une pratique d’un groupe minoritaire vu le nombre d’équipements en service.



Pour le reste, le temps de loisir devant un écran est certes polluant mais autant que de lire un livre sous une lampe halogène dans les années 90, surtout si le livre est acheté et pas emprunté…
C’est largement moins polluant que de faire de la bagnole/moto ou du bricolage/jardinage sur son temps libre ou des voyages à l’étranger avec la même somme d’argent… ou des compétitions sportives régionales/nationales etc.



L’idée d’interdire ça avant d’interdire les librairies, les voyages en avion, les logements avec plus de 20m2 par habitant ou l’agriculture (surtout l’élevage) intensif/ve, le sport amateur ou les cuissons au four électrique me semble un raisonnement biaisé. :transpi:



(reply:2122991:consommateurnumérique)




je ne crois pas que ça invalide ce que j’ai dit : les organismes à l’origine de ce rapport sont des organismes purement français, dont le champ de réflexion ne dépasse pas le cadre français pour la simple raison qu’ils n’ont pas de légitimité au-delà.
Je te rejoins sur le fait que porter la réflexion au niveau européen pourrait commencer à avoir du poids, mais à une condition expresse : que ce qui sort de cette réflexion n’aboutisse pas à un suicide économique, parce-qu’un certain nombre de pays qui ont connu la misère récemment n’en voudront pas.



brupala a dit:


Il y a 10 ans la folie était sur les inutiles tablettes, tout le monde s’en débarrasse aujourd’hui, le smartphone remplace ordinateur, appareil photo numérique, GPS et baladeur musical, entre autres. On est plutôt sur la concentration des appareils dans un seul, pareil pour les accessoires, chargeurs par exemple, qui deviennent communs à plein d’autres appareils.




Pas du tout d’accord, c’est un effet de mode un machin succède à un autre : regarde les casques de VR qui se vendent encore un peu mais qui vont remplir nos déchetteries dans quelques années. Déchetteries qui doivent déborder d’écran 3D avec leur paire de lunettes actives :-/



Il y’a d’autres domaines, les trucs connectés notamment : que ce soit les enceintes connectées, les caméra de surveillance intérieur et autre “sonnette vidéo”, ou même les thermostats de chauffage.



Tout est connecté, il devient difficile de trouver du matos autonome (pour les caméras c’est flagrant ! Une merdouille connectée coûte 50-150€, le modèle autonome c’est plutôt 300-500€). Qui dit matos connecté dit effet de mode et abandon probable dans quelques années au bon vouloir du fabricant…



Concernant la concentration, pas sûr que ça fasse baisser la production de déchets, quand ton smartphone fait des photos plus moches que celui du collègue, tu vas penser à le changer, jetant en même temps un GPS et un téléphone parfaitement fonctionnel. Avant le smartphone on ne jetait pas en moyenne tous les 30mois (2,5ans c’est effarent !) : le GPS, le téléphone et l’appareil photo numérique !



fofo9012 a dit:



Tout est connecté, il devient difficile de trouver du matos autonome (pour les caméras c’est flagrant ! Une merdouille connectée coûte 50-150€, le modèle autonome c’est plutôt 300-500€). Qui dit matos connecté dit effet de mode et abandon probable dans quelques années au bon vouloir du fabricant…



Concernant la concentration, pas sûr que ça fasse baisser la production de déchets, quand ton smartphone fait des photos plus moches que celui du collègue, tu vas penser à le changer, jetant en même temps un GPS et un téléphone parfaitement fonctionnel. Avant le smartphone on ne jetait pas en moyenne tous les 30mois (2,5ans c’est effarent !) : le GPS, le téléphone et l’appareil photo numérique !




C’est sûr que tant que l’on imposera pas ipv6 couplé à un ddns afin d’adresser individuellement chaque machine, on dépendra d’un cloud plus ou moins lié à un constructeur, ce qui est un gros risque.
Quand au smartphone que l’on change parce que juste l’appareil photo ne convient plus, on peut imaginer un marché de seconde main (qui existe déjà beaucoup) sur lequel on pourrait proposer le produit à quelqu’un qui n’a pas besoin de cette fonction photo.



anagrys a dit:


À taille d’image identique, le vidéoprojecteur dit effectivement consommer beaucoup moins, sauf s’il est utilisé en mode “timbre poste” - ce qui n’est pas forcément le but. Sur l’exercice d’un point de vue général, je pense que c’est sympa de se poser la question, mais les réponses apportées ne valent pas le carbone qui a été émis pour les produire. Ça serait intéressant si la France était le seul pays au monde. Ce n’est (heureusement) pas le cas, toute politique de restriction ou même de sobriété mise en place en France seule n’aura qu’un effet : la faire reculer encore plus dans les différents classements internationaux. Si les pays qui peuvent avoir un vrai impact sur le problème (Chine, États-Unis, Inde pour commencer) ne bougent pas tout gain apporté par un effort franco français sera bouffé en 1 semaine, en étant optimiste.




C’est parfait, on va tous ensemble vers le mur et on accélère. Si la France ne peut rien, l’Europe peut un peu plus.



anagrys a dit:


je ne crois pas que ça invalide ce que j’ai dit : les organismes à l’origine de ce rapport sont des organismes purement français, dont le champ de réflexion ne dépasse pas le cadre français pour la simple raison qu’ils n’ont pas de légitimité au-delà.




ça s’appelle du whataboutisme : se focaliser sur des contradictions pour rejeter l’ensemble d’un sujet.
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anagrys a dit:


Je te rejoins sur le fait que porter la réflexion au niveau européen pourrait commencer à avoir du poids, mais à une condition expresse : que ce qui sort de cette réflexion n’aboutisse pas à un suicide économique, parce-qu’un certain nombre de pays qui ont connu la misère récemment n’en voudront pas.




Cette infographie résume le fait que non seulement l’Occident va devoir réduire son empreinte carbone, mais aussi que vu les impacts du changement climatique sur les régions équatoriales, l’Occident va devoir accueillir une immigration climatique sans précédent.



Responsabilité historique et vulnérabilités par pays
Image



fofo9012 a dit:


Pas du tout d’accord, c’est un effet de mode un machin succède à un autre : regarde les casques de VR qui se vendent encore un peu mais qui vont remplir nos déchetteries dans quelques années. Déchetteries qui doivent déborder d’écran 3D avec leur paire de lunettes actives :-/



Il y’a d’autres domaines, les trucs connectés notamment : que ce soit les enceintes connectées, les caméra de surveillance intérieur et autre “sonnette vidéo”, ou même les thermostats de chauffage.



Tout est connecté, il devient difficile de trouver du matos autonome (pour les caméras c’est flagrant ! Une merdouille connectée coûte 50-150€, le modèle autonome c’est plutôt 300-500€). Qui dit matos connecté dit effet de mode et abandon probable dans quelques années au bon vouloir du fabricant…



Je suis assez d’accord qu’un tas d’appareil n’a pas besoin d’être “connecté”… encore que, pour du multimedia, du BT ou sans fils, ca reste pratique.




Pour ce qui est des “merdouilles connectés” davantage orientées domotique, là, je ne partage pas l’avis. Il suffit de chercher un peu, et un tas d’appareils fonctionnent en local avec HomeAssistant par exemple, sans passer par des serveurs tiers, sans dépendre de mises à jour fonctionnelles du constructeurs. Bon, je peux admettre que piloter des périphériques Tuya avec local Tuya nécessite quand même de relever des références sur le site de Tuya.. donc si leur service meurt, il peut devenir difficile d’ajouter / recycler un appareil (même pour le faire fonctionner en local). Sinon, un tas d’autres appareils labelisés Tuya, Google Assistant etc fonctionne parfaitement directement en local avec HA, sans une dépendance avec des serveurs tiers. Mais il faut chercher un peu…



(reply:2123235:War Machine)
Je ne connais pas Tuya, mais c’est ce type de trucs sur lequel je suis systématiquement tombé : Pour faire fonctionner “ton” périphérique, il faut se connecter sur un cloud tiers fermé, qui le jour où il déconne / le fabricant décide d’arrêter / la boîte coule ou est revendue, te couperas l’accès à ton matos.




Exemple aberrant, le thermostat Netatmo : le truc a besoin d’un relais pour fonctionner. Ce relais détecte les thermostats et vannes selon un protocole radio +/- propriétaire (probablement du 868Mhz), et il est en charge d’orchestrer ce petit monde (gérer le planning de chauffe, recevoir les températures de chaque pièce, et envoyer les ordres à la chaudière ou aux vannes). Ce relais est autonome : il est capable sans internet de dérouler le planning hebdo de chauffe et de gérer les consignes manuelles (quand tu tournes une vanne ou change la consigne d’un thermostat) !



C’est quasi parfait, mais il y’a un prb : l’appli ne fonctionne qu’avec un compte netatmo, cette appli ne fait rien d’autre que se synchroniser en bluetooth avec le relais et envoyer le mdp Wifi du téléphone au relais (aucune raison de rendre le compte netatmo obligatoire).
Deuxième problème, le réglage du planning ne se fait que depuis le cloud netatmo : l’appli n’est en faite qu’une interface du site Web : Impossible de changer de planning de chauffe sans compte.
Troisième problème, netamo met en avant des API pour pouvoir connecter son chauffage un peu tout : ces API sont disponibles uniquement depuis le cloud !



Bref tout est fait pour dépendre du constructeur, je suis persuadé qu’il n’ y a aucune raison technique : le relais fait probablement tourner un WebService qui est accédé via leurs serveurs. Si cette API était simplement disponible en local, le relais aurait été 100% déconnectable et pérenne.



Là je vis avec une épée de Damoclès, du jour au lendemain, Netamo peut décider unilatéralement que mon chauffage (payé assez cher) ne sera plus re-programmable !



fofo9012 a dit:


Là je vis avec une épée de Damoclès, du jour au lendemain, Netamo peut décider unilatéralement que mon chauffage (payé assez cher) ne sera plus re-programmable !




Tout à fait, mais il n’y a pas que netatmo pour de la domotique.