Selon le MUNCI, l'association professionnelle des informaticiens de France, le taux de chômage du secteur informatique est de 9,8 % si l'on cumule les catégories A, B et C. Cela représente précisément 57 000 demandeurs d'emploi d'après l'association.
Le « mythe » de la « pénurie de la main-d'œuvre »
Suivant de près depuis de nombreuses années l'état du marché de l'emploi dans l'informatique, le MUNCI vient d'annoncer que le secteur comptait 9,8 % de chômeurs en catégorie A, B et C, dont 7,8 % uniquement en catégorie A, c'est-à-dire ceux n'ayant strictement aucun travail, même partiel. Pour l'association, ce taux de chômage prouve que la « pénurie d’informaticiens » est un « mythe ODIEUX », en majuscule dans le texte.
Sur près de 582 000 informaticiens (au sens large) que comptent la France, 57 000 sont donc en recherche d'emploi, dont 46 000 n'ayant strictement aucun emploi. De quoi remettre en perspective l'idée que le secteur souffre d'une pénurie de main-d'œuvre comme certains ministres l'affirment. « Un mythe que nous dénonçons déjà depuis plusieurs années et qui porte un réel préjudice moral aux chômeurs de nos professions dont le nombre était en réalité notoirement sous-évalué à ce jour… » résume le MUNCI.
Certes, l'association concède que pour certaines professions bien précises, il y a des difficultés de recrutement. Néanmoins, ces difficultés sont liées à la complexité du secteur qui compte « plus d’une centaine de métiers différents et plus d'un millier de qualifications différentes », ceci sans compter que les missions sont monnaie courante dans ce marché. Dès lors, « il existe nécessairement une relative inadéquation de compétences entre l’offre et la demande qui s’observe plus particulièrement sur certains métiers émergents ».
Les plus de 50 ans au chômage forcé
Le MUNCI dénonce aussi une volonté très forte du secteur à recruter les plus jeunes. Si bien entendu, cette situation profite à ces derniers, cela tire aussi les salaires vers le bas et surtout cela pousse vers le chômage un très grand nombre de personnes âgées de plus de 50 ans, et même de plus de 40 ans. C'est notamment le cas dans les sociétés de services en ingénierie informatique (SSII) et les sociétés d’ingénierie et de conseil en technologie (SICT).
Et d'après l’association pour l'emploi des cadres (Apec), plus de deux recrutements d'informaticiens sur trois demandent moins de 6 ans d'expérience, ce qui exclut donc tous ceux disposant de plus d'expérience. « Conséquence : notre secteur est celui dont le taux de +50ans est le plus faible de toute l'économie (seulement 16%) en raison de la très forte discrimination sur le critère d’âge » s'alarme le MUNCI. Ce dernier cite d'ailleurs un très bon exemple récent : IBM est en train de licencier en France, dont des personnes expérimentées, tout en recrutant des jeunes à Lille.
« Nos employeurs craignent par-dessus tout le plein emploi »
Pour l'association, la situation actuelle en France est que depuis bien longtemps, « nos employeurs craignent par-dessus tout le plein emploi et ses difficultés de recrutement », pour la simple et bonne raison que cela nuirait à la flexibilité, à l'augmentation des salaires et que cela forcerait à faire plus de dépenses en matière de formation. « De surcroît, exagérer les difficultés de recrutement a toujours été un moyen de renchérir le coût des prestations auprès des clients mais aussi de mieux légitimer le recours à l’offshoring (délocalisations de services informatiques, centres d’appel & BPO) et à l’immigration économique depuis les pays à bas coûts… souvent synonymes de dumping social, réduction des coûts oblige ! »
Enfin, le MUNCI ne cache pas sa « colère » d'entendre Mme Geneviève Fioraso, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, affirmer « qu’il manque 7000 informaticiens en France ». L'association a de plus très peu apprécié l'annonce de l’école 42 de Xavier Niel, pour qui il s'agit en fait d'une simple « usine à développeurs », causant du tort à la profession, estime l'association professionnelle des informaticiens.