L’Arcep revient régulièrement sur un domaine particulier : la consommation des équipements numériques. Dans un billet sorti récemment, l’agence évoque une nouvelle fois le sujet, en s’attardant sur quelques moyens simples de baisser cette consommation.
Il ne s’agit désormais plus de simple conscience écologique et environnementale. Comme tant d’autres domaines, la consommation d’énergie frappe au portefeuille, nourrie par une chaîne de plusieurs facteurs, crise sanitaire et guerre en Ukraine compris.
On voit émerger depuis quelque temps un mouvement de fond posant des questions sur les manières de faire baisser sa consommation d’énergie – par énergie, on entend le plus souvent électricité – ou sur l'utilité du développement de nouvelles technologies. La thématique centrale semble à présent posée : est-il nécessaire d’aller plus loin ? C’était l’essence des interrogations du CNRS en décembre.
Cette évolution commence à se ressentir jusque dans les composants informatiques, une partie grandissante du public n’étant plus disposée à acheter n’importe quelle pièce sur laquelle un effort n’a pas été fait. Il existe par exemple un écart énorme d’efficacité énergétique entre les puces M1/M2 d’Apple et ce que proposent AMD et Intel. Ce n’est plus tant la quête des performances maximales qui importe pour certaines personnes, que les meilleures performances pour quelques dizaines de watts.
Dans ce contexte, il n’est pas étonnant de voir Microsoft accélérer – enfin – ses travaux sur le support des puces ARM, comme on a pu le voir sur sa dernière Surface Pro, vendue pour la première fois avec une option ARM. Dans ce domaine, l’éditeur a encore tout à prouver, car les performances en émulation sont médiocres. Signe que les temps changent, l’entreprise a lancé un kit de développement ARM, que beaucoup connaissent encore par son nom de code, Volterra.
L’Arcep, dont c’est l’un des sujets de prédilection, revient donc encore une fois sur la consommation des équipements, surtout dans le cadre de l’utilisation des services en ligne. La plupart des conseils donnés sont connus, mais témoignent d’une intensification de cette communication.
Privilégier les connexions internet fixe
« La consommation énergétique des réseaux mobiles rapportée à la quantité de Go consommés est trois fois plus élevée que celle des réseaux fixes. C’est une bonne raison pour privilégier, dès que c’est possible, l’usage du Wi-Fi sur son téléphone ou sa tablette plutôt que les réseaux mobiles ».
Ce n’est une surprise pour personne, tant le message a été martelé : l’Arcep recommande d’utiliser les connexions fixes dès que possible, plutôt que les réseaux cellulaires. À la maison, on prendra donc soin de vérifier notamment sur les smartphones si tous les appareils sont connectés au Wi-Fi… à condition de ne pas être derrière une box 4G.
C’est le cas pour tout ce qui consomme une grande quantité de données, comme les mises à jour des applications et la lecture de vidéos. Dans le premier cas, l’Arcep incite à vérifier que l’on est en Wi-Fi pour lancer le téléchargement. Dans l’autre, l’agence recommande, quand c’est possible, de télécharger les vidéos en Wi-Fi pour pouvoir les regarder plus tard en mode hors ligne. Elle ajoute que la lecture en streaming par les réseaux mobiles est « très gourmand » pour ces derniers.
Le régulateur invite également à se poser la question : le visionnage d’un contenu peut-il attendre que l’on soit dans un endroit disposant du Wi-Fi ? Dommage par contre que l’Autorité ne s’attaque pas au problème des vidéos et autres publicités en lecture automatique, du poids de ces dernières et du spam de manière générale.
Prolonger la vie des équipements
Sans surprise, c’est pour l’Arcep la reine des mesures que l’on peut prendre. L’agence cite une étude réalisée en commun avec l’ADEME : « les équipements (ou terminaux) représentent aujourd’hui la majeure partie de l’empreinte carbone du numérique (79 %, contre 16 % pour les datacenters et 5 % pour les réseaux). Et la phase de production des équipements représente 80 % de cette empreinte ».
L’étude ajoute : « Au-delà de l’empreinte carbone, le renouvellement prématuré des équipements génère d’autres impacts tels que l’épuisement des ressources abiotiques (métaux et minéraux). Cela signifie que l’acte ayant le plus d’impact négatif en matière environnementale à titre individuel est d’acheter un nouvel équipement. Notre premier levier d’action est donc de faire durer le plus longtemps possible leur durée de vie ».
L’Arcep invite ici aussi à réfléchir à ses usages : peut-on se passer de cet achat ? Peut-on trouver des solutions alternatives ? La panne ne doit pas systématiquement déboucher sur un achat neuf. Il faudrait vérifier systématiquement la réparabilité de l’appareil. En France, un indice est apparu pour réintroduire cette notion chez les consommateurs. L’agence encourage aussi l’achat de reconditionné ou matériel d’occasion et, à l’inverse, le placement des équipements fonctionnels devenus inutiles dans les circuits de recyclage et reconditionnement.
Rien de neuf bien sûr, ces thématiques sont connues. Elles renvoient à des problématiques variées, dont la principale est sans doute la durée de vie bien trop courte des smartphones Android, la majorité des modèles ne sont mis à jour que deux ans, une durée très insuffisante. Les annonces se multiplient avec le temps pour une prolongation jusqu’à trois ou quatre versions majeures du système – et davantage pour les correctifs de sécurité – mais elles ne concernent le plus souvent que le haut de gamme.
Il est probable que les États ou l’Europe doivent sévir à l’avenir, en imposant une durée minimale de support, par exemple cinq ans.
Le cas des ordinateurs est moins grave, dans la mesure où les systèmes d’exploitation sont entretenus plus longtemps (10 ans pour un Windows par exemple). À condition que le matériel fonctionne correctement. L’Arcep renvoie d’ailleurs vers un tutoriel visant à prolonger la vie des ordinateurs.
Maîtriser son empreinte environnementale
Le guide fournit quelques petites astuces pour diminuer la consommation de ses appareils, plus particulièrement son smartphone.
Il est ainsi recommandé de ne pas lire les vidéos en 4K sur de petits écrans, car elle « n’apporte pas un confort visible », de désinstaller les applications non utilisées, de désactiver les notifications quand elles ne sont pas nécessaires, de privilégier les contenus textes ou audio (écouter par exemple un titre sur un service de streaming musical que son équivalent sur YouTube) ou encore, de manière plus discutable, d’utiliser un navigateur « moderne » prenant en charge les derniers codecs.
De manière plus générale, l’Arcep demande à ce que l’on prenne conscience de ce que le temps d’écran implique. Tout ce que l’on y fait a un impact et donc un coût énergétique. En moyenne, la population française passe 19 h par semaine devant la télévision et 19 h devant Internet, dont 6 h à regarder des vidéos.
Dans la mesure du possible, il faudrait suivre ses consommations et les comparer dans le temps ainsi qu’avec la moyenne de la population. Comme indiqué par l’agence, de nombreuses prestataires fournissent ce type de service, que ce soit pour l’énergie ou la consommation de data mobile.
Un sujet appelé à devenir omniprésent
La sobriété énergétique devient un thème constant de conversation, d’autant plus qu’il est désormais lié de près à la facture électrique. Tout devient bon pour la réduire, même si une partie des solutions implique d’investir, par exemple quand on veut remplacer ses éclairages par des LED.
L’Arcep rappelle pour sa part qu’elle collecte depuis des années un nombre croissant d’informations « auprès des acteurs économiques » et en communique les résultats dans son enquête annuelle « Pour un numérique soutenable ». Nous avons eu l’occasion, à de multiples reprises, de parler de ce travail, notamment parce que le nombre d’indicateurs augmente sans cesse, fournissant des résultats de plus en plus précis. L’Arcom commence également à communiquer sur le sujet.
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