Les travaux de Trident Media Guard pour aiguiser la régulation des réseaux peer-to-peer ne cessent décidément pas. Le prestataire des ayants droit chargé de flasher les adresses IP en amont de la Hadopi a fait publier en France ce 19 juin une demande de brevet visant à « ralentir, voire éliminer, la propagation illégale d’un contenu vidéo protégé et diffusé en streaming dans un réseau pair-à-pair. »
Pour le prestataire des cinq principales sociétés de collecte et de répartition en France, l’idée défendue dans ce brevet vise à perturber la propagation d'un flux streaming dans un réseau P2P par l’envoi de faux blocs dans ces échanges. « De par l’envoi d’au moins un faux bloc au pair cherchant à récupérer le contenu vidéo pour remplir une fenêtre de lecture, on cause une dégradation de la qualité de ce contenu vidéo ». L’idée est ainsi de s'intercaler dans ces échanges et de pourrir les flux P2P streamés provenant par exemple des chaînes TV payantes. Comment ? En plaçant des images figées, déjà diffusées ou saccadées, voir des publicités…ou des messages d’avertissement.
TMG a une petite tenue de camouflage dans ses valises : « Après connexion au pair et avant envoi de faux bloc(s), le procédé peut comporter l’étape selon laquelle on envoie au pair pendant une période prédéterminée un ou plusieurs blocs du contenu vidéo, de manière à permettre au pair de récupérer ledit contenu ». Ainsi, TMG propose d’envoyer entre 100 et 500 Mo de contenu légitime avant d’empoisonner les flux. « Cette étape peut permettre de réduire les risques d’être démasqué par les pairs du réseau cherchant à récupérer le contenu vidéo, d’assurer des taux de confiance et de crédibilité importants, d’être mieux intégré au réseau, et de se placer au sommet du réseau pour la distribution des blocs ».
Ce brevet publié en France le 19 juin dernier avait été préalablement déposé à l’échelle internationale en 2011. Il n’est d'ailleurs pas le seul au ceinturon de Trident Media Guard. Parmi les nombreux autres dépôts dans le secteur du P2P, signalons cette précédente invention publiée cette fois en avril 2013. Elle vise « un procédé de collecte de renseignements d’un réseau pair-à-pair ». Dans un but informatif, assure TMG, cette invention permet de savoir « quels sont les contenus les plus téléchargés et les plus reproduits dans le réseau pair à pair ». Dans un but répressif, elle consiste cette fois à « déterminer quels sont les pairs du réseau pair à pair qui téléchargent illégalement du contenu protégé par des droits de propriété intellectuelle. »
Ces procédés ont systématiquement Bastien Casalta comme co-inventeur. L'intéressé est par ailleurs administrateur de Trident Media Guard aux côtés de l'acteur Thierry Lhermitte.