Le second avis du nouveau Conseil national du numérique porte sur l’enseignement de l’informatique en France. Alors que le Parlement discute encore du projet de loi sur la refondation de l’école de la République, l’institution apporte aujourd’hui son soutien à un rapport s’alarmant du retard de la France en la matière.
À la base du second avis du CNNum, se trouve un rapport rendu en mai dernier par l’Académie des sciences. Intitulé « L’enseignement de l’informatique en France - Il est urgent de ne plus attendre », ce document dresse un constat accablant : alors que les « circonstances sont très favorables à l’introduction d’un véritable enseignement de l’informatique » en France, notre pays accuse « un important retard conceptuel et industriel » dans le domaine de l’informatique. Les raisons de ce retard ? Il provient en partie des « carences de l’enseignement de l’informatique, resté longtemps au point mort ou réduit à l’apprentissage des seuls usages de produits de base », observait ainsi l’Académie des sciences.
Adopté à l’unanimité le 18 juin dernier et publié aujourd’hui, le second avis du CNNum a un but principal : apporter son soutien à ce rapport. Les 30 membres de l’institution qualifient ainsi l'enseignement de l'informatique d’ « enjeu essentiel pour notre société ». Et ce depuis l’école maternelle jusqu’à l’enseignement supérieur, sans oublier les formations du monde professionnel. « L'enseignement de l'informatique dans notre système éducatif permet non seulement de prévenir une exclusion numérique massive en France, mais il est aussi indispensable pour la compétitivité de nos entreprises, pour le développement de l’emploi, pour former des compétences indispensables sur les nouveaux marchés futurs » retient ainsi le Conseil dans son avis.
Le Conseil appuie le signal d'alarme de l'Académie des sciences
Le CNNum appuie également les recommandations formulées par l’Académie des sciences s’agissant des programmes d’enseignement de l’informatique, dont la mise en œuvre est jugée « urgente » par les membres de l’institution. D’une manière générale, le rapport du mois dernier plaidait en faveur de la mise en place d’un « enseignement de science informatique depuis le primaire jusqu’au lycée, orienté vers la compréhension et la maîtrise de l’informatique, et dépassant donc largement les seuls usages des matériels et logiciels ».
Le Conseil estime dans son avis qu’il faudra simultanément :
- « Concevoir les contenus, les méthodes et les outils de cet enseignement ;
- Former et recruter des enseignants d’informatique ;
- S’appuyer sur et accompagner ceux qui s’impliquent depuis des années dans l’enseignement de l’informatique à l’école, au collège et au lycée ;
- Faire appel aux énergies disponibles dans les entreprises ou dans l’éducation populaire ;
- Compléter l’équipement des établissements et/ou des individus… »
Si la liste ne se veut pas limitative, elle tend à atteindre un objectif : « généraliser d’ici trois ans l’enseignement de l’informatique depuis l’École jusqu’au lycée ».
Au travers de cet avis à la portée relativement symbolique, le CNNum affirme sa volonté de prendre toute sa place au sein de ce débat. Il devrait d’ailleurs avoir l’occasion d’affirmer plus en détail ses positions sur le sujet dans les mois à venir, le ministre de l’Éducation nationale ayant annoncé vouloir associer l’institution à certains dossiers.