EcoEx : OVHcloud va proposer des « datacenters déconnectés » et mise sur l’open source

EcoEx : OVHcloud va proposer des « datacenters déconnectés » et mise sur l’open source

Débranche tout, revenons à nous

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Sébastien Gavois

Publié dans

Internet

08/11/2022 9 minutes
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EcoEx : OVHcloud va proposer des « datacenters déconnectés » et mise sur l’open source

OVHcloud organise aujourd’hui son événement EcoEx On Stage à l’Olympia (à suivre dès 17h par ici). La veille, l’hébergeur roubaisien avait convié la presse à une conférence pour présenter ses nouveautés et la direction pour les prochaines années, ainsi que quelques chiffres.

33 datacenters, 15 de plus d’ici fin 2024

Aujourd’hui, OVHcloud dispose de 33 datacenters dans le monde, et la société annonce « l’ouverture de 15 nouveaux datacenters d’ici la fin 2024 ». Dix sont prévus en France, deux au Canada, un en Allemagne, en Inde et à Singapour (voir capture ci-dessous).

Signalons aussi l’ouverture d’une région AZ (Availability Zone, avec trois datacenter répartis sur une dizaine de kilomètres) « dans le début de l’année 2023 pour couvrir la zone du Grand Paris ». « C’est la première région AZ que nous allons lancer, nous en déploierons ensuite sur les autres continents », précise Michel Paulin, directeur général d’OVHcloud. 

L’entreprise revendique au passage 44 points de présence (PoP) et une bande passante de 70 Tb/s sur son réseau. Ce chiffre grandit de manière exponentielle puisqu’il était question de 1 Tb/s en 2012, 4 Tb/s en 2015 et 20 Tb/s fin 2019, avec 30 datacenters et 34 PoP à l’époque.

OVHcloud on stageOVHcloud on stage

30 % de composants réutilisés dans les nouveaux serveurs

Yona Brawerman, directrice de la stratégie et de la RSE chez OVHcloud, en profite pour glisser un mot sur la réutilisation des composants dans les serveurs développés maison : « 100 % de nos serveurs sont désassemblés. Chaque composant est testé de manière à le réutiliser dans un nouveau serveur, sans compromis sur la qualité et la performance. C'est un modèle unique dans le cloud, nous sommes les seuls à pouvoir le proposer, car nous sommes les seuls à assembler nous-même nos serveurs ». 

« Actuellement, dans les serveurs produits, une trentaine de pourcents des composants ont déjà eu une première vie, ils en sont donc à leur deuxième ou troisième vie ». Le reste des composants est recyclé, détruit, vendu ou reconditionné suivant les cas, sans plus de détail sur la répartition. 

  • OVHcloud on stage
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Comme c’est la mode en ce moment, « OVHcloud proposera une calculatrice carbone directement depuis sa plateforme pour permettre à ses clients de comprendre le détail de leur empreinte carbone », ajoute Yona Brawerman. Celle-ci prendra en compte les trois scopes, « c'est-à-dire sur nos opérations, l'électricité des datacenters, mais également la conception des serveurs ». Comme nous l’avions expliqué lors de l’annonce de la base de données NegaOctet sur l’impact environnemental des services numériques, obtenir des chiffres précis des fournisseurs n’est pas toujours simple.

Des « datacenters déconnectés » en approche

Mais la conférence était surtout l’occasion pour Octave Klaba de présenter une nouveauté en cours de développement par ses équipes : des « datacenters déconnectés », c’est-à-dire pensés pour « les clients traitant des données au caractère hautement confidentiel » et ne souhaitant pas être connectés à Internet. En effet, la meilleure manière d’éviter une fuite est encore de couper le cordon. 

Octave Klaba détaille son idée : « On a parlé de souveraineté des datas et de souveraineté technologique. On va pousser une troisième souveraineté : la souveraineté opérationnelle, c’est-à-dire que le client choisit où doit être le cloud, l’ensemble de la stack hardware et software ». Dans ce genre de configuration, OVHcloud fournit « le matériel, le logiciel et les solutions de supervision à l’emplacement souhaité par le client, tout en s’assurant que les centres de données soient déconnectés d’Internet pour une souveraineté opérationnelle totale ».

Le fondateur et président de la société explique que cela implique un changement en profondeur pour les logiciels d’OVHcloud : « on va open sourcer, on va rendre disponible gratuitement l’ensemble de la stack qu’on est en train de bâtir. Tous nos clients et concurrents vont pouvoir la télécharger et l’utiliser dans leurs datacenters ». Il explique que c’est un chamboulement de l‘ensemble des fondations d’OVHcloud.

OVHcloud proposera évidemment cette solution à ses clients dans ses propres datacenters, mais aussi en edge (périphérie), dans une colocation ou directement sur site (on premise). « Le client peut nous demander de bâtir un datacenter pour lui, ce qu’on fait déjà pour certains […] Il peut aussi nous demander de mettre à jour un datacenter existant ; ce sont des choses que l’on fait pour nous, mais que l’on n’a pas encore faites pour un client extérieur », ajoute Octave Klaba. 

« C’est la souveraineté opérationnelle : le client choisit l’endroit où l’ensemble de la stack doit fonctionner ». Le client peut décider de gérer le datacenter lui-même (les outils seront en effet open source), mais il peut aussi la confier à OVHcloud, qui facture alors son service.

Cela soulève une question : « Comment managez-vous un datacenter avec une stack hardware et software sans connexion à Internet ? ». Le travail se fait en interne, avec la réécriture de « l’ensemble des stacks profondes des datacenters, du déploiement des serveurs et du réseau. On doit être capable de venir avec un NUC [un mini-PC, ndlr] et une clé USB avec les données afin de déployer l’ensemble de la stack, mais aussi la mettre à jour et la gérer ». Cela comprend aussi bien le changement des composants que l’ajout de nouveaux serveurs.

C’est un changement important de paradigme : « Tout le monde aujourd’hui, nos concurrents et nos clients, sont en train de développer la même chose (DBaaS, IaaS…). L’idée est d’arrêter de développer des commodités. Concentrons-nous sur les autres valeurs ajoutées – intelligence artificielle et big data – et participons à un projet où nous on a décidé d’investir un milliard  […] On va racheter des boites, développer des logiciels, recruter… Globalement, la valeur de ce qu’on va fournir ça fait un milliard », détaille Octave Klaba. Ce milliard d’investissement doit assurer la « souveraineté technologique ». Interrogé par la suite, OVHcloud nous confirme que « le milliard concerne bien le seul passage en open source du cloud »

Et Gaia-X dans tout ça ? 

Puisqu’il est question de l’écosystème au sens large, nous posons la question : où en est le projet Gaia-X, dont OVHcloud est un des membres fondateurs ? « Nous sommes au milieu du pont », nous répond Michel Paulin, directeur général d’OVHcloud… même s’il reconnait que la situation est un peu bloquée pour le moment.

Alors que nous rappelons que Scaleway a « sauté » du pont, Michel Paulin estime qu’il « faut toujours d'abord essayer de défendre plutôt que de sortir des combats. Il faut faire 100 % des batailles pour pouvoir les gagner »… paraphrasant ainsi un slogan de la Française des jeux. 

« Je pense que nous avons un défi au niveau de GaiaX, les intentions sont louables et nous continuons à être totalement convaincus qu'il faut défendre ce projet. En revanche, le problème que nous avons, c'est que c'est trop lent et on est plus ou moins en train de dénaturer ce projet ». Lors des Assises de Monaco, plusieurs personnes proches du projet nous expliquaient qu’elles regrettaient que Gaia-X se fasse phagocyter par des géants du Net non européens (et notamment américains).

Michel Paulin abonde : le projet Gaia-X c’était de « garantir par référentiel documenté, comment le cloud reste ouvert et interopérable […] On voit aujourd'hui qu’il y a quand même beaucoup beaucoup d'acteurs qui essaient d'engluer Gaia-X […] Je ne suis pas toujours très optimiste ».

Il souhaite agir fermement afin de remettre un peu d’ordre dans Gaia-X : « En plus, le choix – louable – qui a été fait est d'accueillir tout le monde a priori. Mais moi ma règle est très claire : à un moment, avec le conseil administration de Gaia-X, on a expliqué qu’il faut siffler la fin de la récré et exclure ceux qui ne jouent pas le jeu. Si vous préconisez Gaia-X et que vous n’avez aucun service conforme à aucune recommandation de Gaia-X, comment pouvez-vous rester dans Gaia-X ? Si vous êtes sur un terrain de foot et vous jouez au rugby, vous êtes exclu du terrain de foot ».

Octave Klaba : « On n’a pas attendu Gaia-X »

Octave Klaba reprend la parole pour faire le parallèle avec son projet de datacenter déconnecté : « on n’a pas attendu Gaia-X […] Ils sont en train de définir les règles, comment tout ça doit fonctionner. Mais on le voit très bien comment ça doit fonctionner. Nous, de manière pragmatique on y va. Quelqu’un devra open-sourcer un truc. Soit on se regarde tous sur le marché européen en se demandant qui y va… soit on y va ». 

« On va open-sourcer, on va voir ce que ça va donner et combien d’autres acteurs vont se joindre. On ne pourra pas dire par la suite que rien n’en est sorti, notre open source en est sorti [si le projet d’OVHcloud va jusqu’au bout, ndlr]. Est-ce qu’il va répondre à tous les enjeux ? J'espère. Est-ce qu'il va répondre tout de suite à tous les enjeux ? Je ne crois pas. Il faudra bosser, il faudra d'autres développeurs et sociétés devront se joindre. On n’a pas attendu que tout le monde se mette d’accord pour commencer à travailler dans cette direction, car c’est une direction qu’on défend […] On est toujours écosystémique, on a toujours été dans l’open source, il y a un moment il faut que l’on contribue de manière forte et je pense que c’est cela notre contribution ».

Écrit par Sébastien Gavois

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Sommaire de l'article

Introduction

33 datacenters, 15 de plus d’ici fin 2024

30 % de composants réutilisés dans les nouveaux serveurs

Des « datacenters déconnectés » en approche

Et Gaia-X dans tout ça ? 

Octave Klaba : « On n’a pas attendu Gaia-X »

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Commentaires (12)


Datacenter Deconnecté, vraiment ?


Oui, déconnecté d’Internet, comme expliqué dans l’actualité ;)


Merci pour le résumé de cette présentation, c’est très intéressant !


Déconnecté d’Internet.
Connecté uniquement sur le LAN du client pour héberger son intranet.


Enfin un DC déconnecté !
A nous les sauvegardes sur 3eme site !


Pourquoi enfin? Ca fait bien longtemps qu’on peut utiliser le matériel OVH en étant une extension du LAN et non sur Internet…
La seule différence, c’est que là c’est marquété.


L’accent anglais de tout ce beau monde sur le live est à mourir de rire…


Intérêt du commentaire ?


patos > j’imagine que tu passes à un moment donné par un VPN ou équivalent pour te connecter à l’infra OVH. Là, OVH parle de fournir un centre de données clefs en main à un client, complètement en vase clos.


Pas du tout, c’est bien ce qu’on veut. OVH permet aussi le peering dans le DC le plus proche, ça permet de faire communiquer les 2 dcs distants en vase clos et de stocker les sauvegardes sans qu’elles ne sortent sur internet, chiffrées ou non, et d’avoir cet espace complètement isolé du reste de la production.
La pharma c’est relou.


Oui j’ai mal lu la partie du lieu où ils acceptent que ça soit là où le client le veux, même chez lui.



Même si tu veux que ton centre de données soit en vase clos, ça ne le sera pas complètement: OVH doit le superviser et aura donc la main dessus.
Ils ont dit déconnecté d’internet, pas complètement déconnecté.



Et personnellement, je préfère le multicloud privé protégé par clef de chiffrement. Aucune dépendant au prestataire infrastructure / réseau, une connexion sécurisée, le meilleur des 2 mondes.


Ils ont intérêt à bien sélectionner et former leur staff support pour les futurs DC, parce que là, le niveau a bien baissé. Alors oui, ils sont rapidement joignables, mais clairement ils ne se sentent pas concernés, même quand le problème est chez eux.