Après les GeForce RTX de série 40 de NVIDIA et les ARC Alchemist d’Intel, c’est au tour d’AMD de lancer ses cartes graphiques de nouvelle génération. Deux modèles haut de gamme seront disponibles dès le 13 décembre, leurs premiers atouts ont été dévoilés à l'occasion d'une conférence en ligne.
Si les CPU d’AMD ont révolutionné le marché depuis l’arrivée de l’architecture Zen, la réussite de la branche GPU du constructeur a toujours été plus mitigée. Il faut dire que l’entreprise fait ici face à un NVIDIA plutôt en forme, qui ne cesse de se développer et de faire évoluer ses produits, tant à destination du grand public que des entreprises.
Et la situation ne va pas en s’arrangeant pour le père des Radeon, puisqu’Intel est récemment entré dans la danse, espérant sans doute se tailler une place de numéro 2 d’ici quelques générations. Il fallait donc que les RX 7000 détonnent et marquent les esprits. On en connaissait déjà les grandes lignes, puisqu’AMD avait déjà indiqué travailler sur une architecture « chiplet », a fait de l’augmentation du cache sa marque de fabrique et a précédemment introduit certaines fonctionnalités dans sa gamme CDNA pour serveurs.
La composition des nouvelles Radeon, exploitant une architecture RDNA 3, est donc une évolution en profondeur tout en affichant une certaine continuité. Deux premiers modèles sont attendus pour le 13 décembre prochain : les Radeon RX 7900XT et XTX, pour 899 dollars et 999 dollars respectivement. Le message est donc clair : AMD ne se focalise pas sur l’entrée/milieu de gamme pour le moment (où se développe Intel) mais continue de s’opposer frontalement à NVIDIA qui lancera bientôt ses GeForce RTX 4080.
Chiplets et cache massif
Pour le moment, tous les détails de la nouvelle architecture n’ont pas été donnés. Mais que sait-on de ces cartes et de RDNA 3 ? Tout d’abord, que la puce est composée comme un « chiplet », avec un Graphic Compute Die (GCD) contenant les unités de calcul. Il occupe 300 mm², est gravé en 5 nm.
Il est accompagné d’un maximum de six Memory Cache Die (MCD) de 37 mm², gravés en 6 nm et contenant le contrôleur mémoire (GDDR6) ainsi qu'un Infinity Cache de seconde génération, sur lequel on sait peu de choses, si ce n’est qu’il passe à 5,3 To/s de bande passante, soit 2,7x celle de la génération précédente.
Au total, l’ensemble comporte pas moins de 58 milliards de transistors, peut traiter 61 TFLOPS, contre 23 TFLOPS sur la génération précédente, et 49/83 pour les GeForce RTX 4080/4090. Pour cela, les 64 Streams Processors des Compute Units (CU) doublent leur capacité à traiter des instructions (deux par cycle désormais).
Enfin de l'IA dans les Radeon, le multimédia superstar
AMD indique avoir amélioré ses unités de ray tracing (50 % de performances en plus), ce qui ne sera sans doute pas un luxe puisque les RX 6000 étaient en retrait en la matière. L'entreprise fait également (et enfin) le choix d’intégrer des « accélérateurs IA », mais sans préciser leur fonctionnement ou les fonctionnalités qui leur seront rattachées.
Est-ce qu'un FSR 3.0 exploitant l'IA est attendu pour faire face à DLSS 3 et XeSS ? Nous verrons. AMD annonce en tous cas une nouvelle révision pour 2023, sans en préciser les contours pour le moment. On apprend également qu'une fonctionnalité d'amélioration de la latence, sans doute similaire à NVIDIA Reflex, est prévue (HYPR-RX).
En la matière, on apprécie les efforts du constructeur, même si sa réussite passera par sa capacité à imposer ses innovations plutôt que de suivre la concurrence après quelques années de retard et de promesses déçues.
La puce pourra également utiliser des fréquences différentes en son sein, plus importantes pour une partie de son architecture (front end) que d’autres (shaders). L’objectif est ainsi de maximiser l’efficacité énergétique, avec une gestion plus fine de cet aspect. Nous verrons ce qu’il en est lors des tests.
Côté multimédia, AMD a également fait de grands travaux, avec un moteur désormais capable de gérer le DisplayPort 2.1, et donc des définitions de 8K jusqu’à 165 Hz, du 4K jusqu’à 480 Hz, etc. La bande passante maximale est ici de 54 Gb/s. C’est un point sur lequel les cartes de NVIDIA apparaîtront en retrait, ne gérant que le DP 1.4a pour le moment.
La compression AV1 est également de la partie, avec une définition maximale de 8K à 60 ips. Deux compressions peuvent être effectuées en simultanée pour l’AVC et le HEVC désormais, une Radeon pouvant travailler de concert avec un processeur Ryzen. AMD évoque également l’arrivée d’une compression « améliorée par l’IA ». De quoi relancer les tests comparatifs des performances des GeForce, Radeon et Intel ARC en la matière.
Des cartes taillées pour la compétition
Pour ses Radeon RX 7900 XT et XTX, AMD a choisi de ne pas faire dans l’excès, exposant deux cartes de référence occupant deux emplacements PCIe, avec différentes sorties vidéo : HDMI, DP et Type-C.
Leurs TDP respectifs sont de 300 et 355 watts. Deux connecteurs PCIe à 8 broches sont donc nécessaires. Une manière de se démarquer de NVIDIA, qui grimpe à 450 watts pour sa carte la plus haut de gamme, nécessitant un connecteur PCIe 5.0, qui semble poser problème chez certains constructeurs ayant apparemment lésiné sur la qualité de leur adaptateur, malgré le prix très élevé de ces produits.
Là encore, il faudra voir ce que cela donne en pratique face aux concurrentes, et les performances par watt qui seront fournies dans différentes situations. Rendez-vous d’ici le 13 décembre pour en savoir plus, et voir si AMD est enfin apte à revenir dans la course aux GPU haut de gamme. En tous cas, RDNA 3 semble avoir été pensée dans ce but.