Après avoir atteint sa cible à plusieurs millions de kilomètres, première partie de sa mission, DART devait confirmer le succès de la déviation de l'orbite de Dimorphos. C'est aujourd'hui chose faite ! Et comment !
Au petit matin du 27 septembre, l’impacteur DART (Double Asteroid Redirect Test) frappait l'astéroïde Dimorphos pour essayer de le faire dévier de son orbite. Cette mission test de la NASA, effectuée à 11 millions de kilomètres sur un astéroïde de 160 mètres de diamètre – sans conséquence possible sur notre planète –, a pour principal objectif de s'assurer que nous sommes capables de dévier un astéroïde menaçant de venir s'écraser sur la Terre.
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Mais des questions restaient en suspens : si la mission DART avait bien touché et fait des dégats sur Dimorphos, générant une « queue » de plus de 10 000 km, l'avait-il fait dévier de son orbite ? Et quelle est l'importance de cette déviation ?
Hier soir, la NASA a annoncé que DART avait bel et bien réussi à faire dévier l'orbite de Dimorphos autour de Didimos, un autre astéroïde. Ce système forme un système double. L'administrateur de la NASA Bill Nelson a déclaré : « c'est un moment décisif pour la défense planétaire et toute l'humanité », en droite ligne de la tradition grandiloquante de l'agence spatiale américaine.
32 minutes !
Lors de sa première conférence de presse sur la réussite de la mission, la NASA annonçait s'attendre à une déviation de 10 minutes de l'orbite de Dimorphos. Surprise : Dimorphos fait maintenant le tour de Didimos en 11 heures et 23 minutes au lieu de 11 heures et 55 minutes avant l'impact, soit 32 minutes de moins (plus ou moins deux minutes) !
Dans son communiqué, la NASA présente cet écart comme une réussite supplémentaire. La déviation minimum espérée par l'agence étant de 73 secondes. La NASA présente tout de même cette déviation 25 fois supérieure comme un succès.
Débris et autres conséquences
Éric Lagadec, astrophysicien à l'Observatoire de la Côte d'Azur, confirme à Next INpact que « les 10 minutes étaient une borne inférieure et que, visiblement, il y a eu plus de masse éjectée. On l'avait bien vu sur les images mais il était difficile de prévoir la déviation avant la mission car on ne connaissait pas la densité de Dimorphos ».
Prenant un exemple du quotidien, le chercheur explique : « si on lance une balle sur un mur ou du polystyrène, ça ne va pas réagir pareil. Là, ce que ça nous apprend, c'est qu'on a arraché pas mal de matière. Les chercheurs vont pouvoir mieux comprendre la composition de la structure de l'astéroïde ».
HERA observera les conséquences
En 2024, l'Agence spatiale européenne (ESA) enverra sur place la sonde spatiale HERA pour observer de plus près les conséquences de cette colision sur l'astéroïde. « On ne sait pas vraiment à quoi s'attendre », jubile Éric Lagadec, « On va voir à quoi ressemble l'astéroïde maintenant ! Comment la matière s'est comportée ? Est-ce que ça va créer quelque chose en orbite autour ? Ça va être rigolo ».
La NASA espérait que les deux missions partent en même temps, c'était d'ailleurs le plan initial avant que l'ESA annule la mission Asteroid Impact Mission (AIM) pour des raisons financières en 2016 puis revienne dans le projet avec HERA, pour avoir des réponses le plus rapidement possible. Les scientifiques vont devoir attendre cinq ans, en comptant le temps d'arrivée de HERA sur les lieux, pour connaître un peu mieux les conséquences de ses actes sur Dimoprhos. Les scientifiques ont déjà expliqué que cette attente n'aura pas de conséquences sur les mesures in situ.
« Hera recueillera des informations clés telles que la taille du cratère de DART, la masse de Dimorphos et sa composition et sa structure interne. Ces données supplémentaires aideront à transformer l’expérience de déviation DART en une technique bien comprise et reproductible qui pourrait un jour être réalisée pour de vrai », expliquait Ian Carnelli, responsable de la mission Hera.