Technologie et écologie : où en sommes-nous du recyclage et de la seconde vie ? 

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Technologie et écologie : où en sommes-nous du recyclage et de la seconde vie ? 
Crédits : Cyril Trigoust

Pour que les pires dystopies et ambiances cyberpunk ne deviennent pas une réalité, l’écologie doit se placer au cœur de la high-tech. Le green-washing, à base de coques recyclées sur des appareils enfermant du mercure, du plomb, du cadmium et autres substances que l’on vous déconseille de déguster à la paille, risque de ne pas suffire. Mais alors, que faire ? Nous en avons discuté avec Claire Lemarchand, directrice chez Ecosystem.eco.

Fini l’abondance, l’heure est à la sobriété, parait-il. Une fois les effets d’annonce et les déclarations d’intentions passées, nous devons remettre en question nos usages et mieux réfléchir notre équipement électronique, autant pour des raisons écologiques qu’économiques.

Pour cela, commençons par enfoncer une porte ouverte : le matériel le plus respectueux de l’environnement est celui que l’on ne produit pas. La Palice n’aurait pas dit mieux !  Une fois qu’un iBidule ou Galaxy Machin atterrit dans les mains d’un utilisateur, son empreinte écologique n’est déjà plus à compter en quantité négligeable.

Ces deux marques évoquées à mots couverts fournissent toutefois d’excellentes prestations, on peut alors légitimement s’interroger sur la durabilité de leurs produits avant de les considérer comme obsolètes. Et si l’usage premier ne vous satisfait plus, est-il possible de leur trouver une autre vocation ? Enfin, se pose la question de la revente pour une seconde vie ou un recyclage en bonne et due forme.  

Empreinte incompressible, Green IT et AGEC

L’énergie grise ou intrinsèque est la somme des énergies nécessaires au produit durant l’ensemble de son cycle de vie. Cela va de l’extraction des matières premières, à la confection, l’emballage, la distribution, le transport, la vente, l’utilisation, l’entretien et le recyclage.

Un paramètre qu’il faut garder en tête lorsqu’on achète, par exemple, ce micro Reine des Neiges dans lequel la petite dernière de la famille aura vaguement éternué trois fois avant qu’il termine dans un bac de recyclage. Cette expérience sent le vécu ? C’est normal, elle l’est par l’auteur de ces lignes… Mais nous sommes des consommateurs qu’il ne faut aucunement stigmatiser. Sensibiliser et accompagner dans cette transition s’avèrent bien plus constructif.

L’énergie grise a donc déjà en soi un lourd impact écologique, mais il n’est pas question de le faire porter sur les seules épaules du client final. Mettons de côté l’obsolescence programmée, connue de tous, pour nous arrêter sur le sujet des mises à jour des appareils. C’est un fait particulièrement notable pour les smartphones Android dont les constructeurs ne manquent pas de nous proposer une kyrielle de modèles chaque année, mais se montrent moins vaillants dans le suivi logiciel.

Alors qu’Android 13 est disponible en version finale depuis plusieurs semaines, 13,3 % des terminaux seulement sont sur Android 12, 27 % sur Android 11 et encore près d’un quart (22,3 %) sur Android 10. L’éparpillement est bien moins important chez Apple, mais la société est la seule à proposer des terminaux avec iOS.

On peut aussi reprocher à l’ensemble des acteurs du marché la tentation du matériel entrée de gamme. En matière d’ordinateur ou de petits appareils électroniques, faire peu cher oblige à rogner sur la puissance, la qualité des matériaux et/ou des prestations. Il arrive encore trop souvent que la mémoire et/ou le stockage soient soudés à la carte mère, empêchant toute évolution future. 

Ces appareils peu pratiques ou montrant trop vite des signes de fatigue sont alors vite mis au rebut. L’obsolescence n’est pas ici programmée, elle est presque consentie et alimentée par des sophismes du type « de toute façon dans deux ans il ne vaudra plus rien », « ces trucs-là ça ne marche jamais longtemps », « pour le peu que je vais l’utiliser », etc.

Bien sûr tout le monde n’a pas les moyens d’acheter du haut de gamme neuf, raison pour laquelle il est important de songer à la réparation, au marché de seconde main, etc. Les constructeurs proposant en masse des produits bas de gamme sont, eux, bien plus répréhensibles, et comme dirait Coluche « dire qu’il suffirait que les gens arrêtent d’acheter pour que ça ne se vende plus ».

Loin de nous l’idée de faire dans le catastrophisme, au contraire. Des tendances commencent à s’affirmer en matière de recyclage et de prolongation de la durée de vie. Le Green IT, par exemple, consiste à imaginer une informatique durable et écoresponsable sur tous les maillons de la chaîne. C’est le cas du fabricant Fairphone par exemple.

Cela va de l’écoconception, qui consiste à optimiser la performance environnementale ou sociale durant l’élaboration d’un produit, à un usage responsable de nos technologies. Le recyclage en fait partie, mais cela couvre aussi, par exemple, l’organisation d’une visioconférence plutôt que de déplacer des équipes entières.

Les pouvoirs publics se sont aussi emparés du sujet avec les lois AGEC (voir notre article) et REEN (cet article) proposant notamment des indices de réparabilité et durabilité, la mise à disposition de pièces détachées pendant au moins cinq ans, plus de transparence sur la gestion des déchets, suivis d’un tas de mesures pour réduire l’empreinte environnementale du numérique.

Technologie et écologie

Gardons nos « vieux » produits

Admettons-le, il est impossible de se séparer de nos PC et/ou autres appareils mobiles puisque, déjà, il serait alors difficile de consulter sereinement Next INpact. En matière de technologie la question n’est donc pas de revenir en arrière, mais d’avancer autrement.

Nous rentrons dans la partie plus récréative de l’article, celle de nos usages et de la façon dont on peut réduire notre impact sur l’environnement. Une goutte d’eau dans l’océan ? Loin de là, en matière d’écologie il n’y a pas de petites économies, car si votre cure d’amaigrissement carbone semble négligeable elle s’inscrit dans un changement sociétal nécessaire.

Commençons d’abord par mettre un coup de pied au train de cette bonne vieille « loi » de Moore, plusieurs fois adaptée pour finalement évoquer quelque chose qui double tous les 18 mois.

Depuis longtemps déjà nos ordinateurs ne sont plus caducs dans le semestre qui suit l’achat, mais beaucoup d’usagers se disent encore que ces appareils sont bons pour la casse au bout de deux ou trois ans. Faux !

Pour ce qui est des PC portables, il est d’usage d’expliquer qu’une batterie peut effectuer 3 000 cycles de charge et donc tenir trois à cinq ans selon les usages. La véracité de cette information importe peu, une batterie doit tout simplement pouvoir se changer et à un tarif raisonnable. Imposer la confection de pièces détachées pendant au moins cinq ans va donc dans le bon sens.

Et cela vaut aussi pour le marché mobile que les utilisateurs gardent en moyenne entre 23 et 37 mois (page 24 de cette étude de l’Arcep datant de 2021) alors que la durée de vie mécanique de ces appareils est de l’ordre de sept à dix ans à condition que l’on puisse changer la batterie. Malheureusement la partie logicielle ne suivra pas… Il y a encore du chemin à parcourir.

La seconde vie de notre matériel est aussi à mettre dans la balance écologique. Et comme une photo vaut mieux qu’un long discours…

Technologie et écologie

… Ce PC millésimé 2009 et ce smartphone de 2013 ont respectivement été transformés en borne d’arcade, en lecteur multimédia et en télécommande pour un appareil Android TV. L’image est évidemment issue d’un daguerréotype, car ici on ne jette rien !

Si vous en avez les compétences, passer un vieux PC sous Linux ou ici Recalbox pour éviter de le laisser en proie aux virus sur un Windows non mis à jour est une bonne façon de prolonger sa durée de vie. Le marché de seconde main et reconditionné connait aussi une forte expansion que ce soit sur des sites tels que Back Market, Afbshop, Rakuten, rejoint par les grandes enseignes ayant pignon sur rue.

Il ne faut évidemment pas oublier des organismes comme Emmaüs qui, en plus de veiller à une seconde vie pour nos appareils, s’attache à diminuer la fracture numérique. Des distributions Linux se sont même spécialisées sur ce marché, notamment Emmabuntüs. N‘hésitez pas à vous rapprocher d’associations locales ou de participer à des « install party » pour avoir des conseils et une aide sur place. 

Attention néanmoins à un autre point : la consommation électrique. Les processeurs et GPU récents affichent un rapport perfs/consommation souvent bien meilleur que les générations précédentes. 

Si votre matériel trop ancien n’a d’autre espérance que celui de terminer à la benne, alors il faut veiller à son recyclage.

Pour la seconde partie de notre dossier nous avons posé des questions à Claire Lemarchand, directrice chez Ecosystem.eco.

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