Cette semaine, Microsoft s’est illustré en faisant machine arrière sur sa Xbox One. Adieu la connexion toutes les 24h, les limitations sur les partages de jeux et les zones territoriales. Ce retournement de veste suite à la vindicte populaire n’est toutefois pas une anomalie dans le secteur high-tech. Petit rappel historique.
Apeuré par une possible claque face à la PlayStation 4 en fin d’année, Microsoft n’a donc pris qu’une poignée de jours après l’E3 pour revoir sa stratégie. Car les concessions annoncées cette semaine impliquent bien un léger changement stratégique. En réalisant ces modifications, Microsoft a aussi mis fin à la possibilité de jouer sans disque ou encore de jouer sur d’autres consoles via son compte. En somme, en supprimant des défauts, Redmond a aussi éradiqué des qualités. Mais il est probable que ces dernières n’avaient pas assez de poids face aux défauts qu’elles engendraient.
Ce revirement relativement rapide n’est pas le premier du genre. Rien que cette année, les pirouettes de très grandes sociétés issues de l’informatique, d’internet et du monde du jeu vidéo ont été nombreuses, toujours suite à une pression que l’on peut décrire comme populaire. Voici un compendium sur le sujet :
Microsoft : outre la polémique Xbox One, Redmond a aussi rebroussé chemin sur le transfert de licence d’Office 2013 sur un autre PC, ceci il y a quelques mois à peine, et à nouveau suite aux nombreux retours des clients. Plus loin dans le passé, en 2006, Microsoft n’a pas hésité à modifier sa politique de licence (trop restrictives) pour Windows Vista afin de plaire au plus grand nombre. À ce sujet, il ne serait d’ailleurs pas étonnant que Windows 8.1 signe des revirements importants par rapport à Windows 8.
Le mea culpa de Tim Cook au sujet de Plans l'an passé.
Apple : considéré à tort ou à raison comme une entreprise qui impose sa loi, la Pomme sait aussi faire amende honorable quand il le faut. Tim Cook n’a-t-il pas fait son mea culpa au sujet de Plans, en présentant ses excuses et en avouant à demi-mot l’infériorité de son application par rapport à la concurrence ? Un peu plus tard, fin 2012, l’Américain a annoncé son intention de se passer de l’écolabel EPEAT, avant de faire machine arrière au bout de quelques jours à peine. Dans un tout autre style, en 2010, la Pomme n’a pas hésité à abandonner toutes ses restrictions sur les outils de développement pour iOS. Cette même année, Steve Jobs, peu coutumier du fait, s’est même excusé pour avoir banni de l’App Store une application conçue par Mark Fiore, caricaturiste ayant reçu le prix Pulitzer.
Facebook : si la jeune société fait régulièrement l’objet de critiques à chaque modification d’interface ou de ses règles, au point de rendre banales ces protestations, il arrive tout de même au réseau social de faire volte-face. En décembre dernier, Instagram, alors propriété de Facebook, a fait grand bruit en modifiant ses règles d'utilisation. La tempête médiatique a été telle que la société est rapidement revenue sur ses pas. En 2009, toujours au sujet de ses conditions d'utilisation, Mark Zuckerberg lui-même a expliqué sa décision de revenir en arrière suite aux protestations. Deux ans plus tard, bis repetita, cette fois tout juste trois jours après avoir permis aux développeurs de collecter des données sensibles, Facebook fit de nouveau un pas en arrière.
Google : assez peu habitué à faire des concessions et à annuler ses décisions, quitte à se confronter à des pays voire des continents entiers, Google n'est pas du genre à faire machine arrière. Cela arrive malgré tout quelques rares fois. Par exemple, il y a une poignée de semaines, le géant du Web a totalement retourné sa veste au sujet de CalDAV suite aux protestations de nombreux développeurs. En janvier dernier, après avoir annoncé en décembre son intention d'abandonner en partie Exchange ActiveSync, Google a concédé un (très léger) recul en faveur des Windows phones, repoussant de quelques mois l'échéance. D'une manière plus tranchée, en 2010, après avoir testé durant à peine quelques heures un fond d'écran sur sa fameuse page d'accueil, un sacrilège pour bien des visiteurs du moteur de recherche, Google a très rapidement annulé l'expérience suite aux protestations massives de ses utilisateurs.
Electronic Arts : en ce mois de mai, le fameux éditeur de jeux vidéo a réalisé deux belles volte-face. La première a concerné le fameux Online Pass, code qui gênait le marché de l'occasion. Il a enfin été supprimé, pour le bonheur de bien des joueurs. Quelques jours plus tard, après avoir annoncé délaisser la Wii U, EA a rapidement rétro-pédalé pour affirmer le contraire. Dans le passé, EA a aussi fait de nombreuses marches arrière en matière de DRM, notamment au sujet de Spore en 2008 ou encore des Sims 3 en 2009. Concernant les DRM, EA n'est d'ailleurs pas le seul à être concerné par les volte-face, Ubisoft étant aussi coutumier du fait.
Les exemples sont nombreux et nous pourrions continuer encore longtemps. S'il est vrai qu'au niveau politique, les marches arrière sont rares, pour les entreprises, le portefeuille a une puissance non négligeable, tout comme l'image. En cas de « bad buzz » trop important, revenir sur une décision arrive donc parfois. Néanmoins, nous ne sommes pas dans un monde de bisounours. Non seulement ce type de rétro-pédalage est loin d'être automatique (ce qui peut se comprendre), mais ils sont évidemment réalisés uniquement pour le bien de l'entreprise, et non du public. Et assez régulièrement, ces marches arrière ne sont que temporaires et il n'est pas rare que le problème ressurgisse quelques mois ou années plus tard, à une période moins houleuse où le public sera moins enclin à protester. Rester vigilant de façon constante est ainsi la seule solution adéquate. Comme en politique finalement.