Suite à l’annonce de la prolongation de deux ans de l’itinérance de Free Mobile sur le réseau d’Orange, voyons où en est le réseau du quatrième opérateur en 2G et 3G. Selon l’Agence nationale des fréquences (ANFR), Free a 373 sites en service sur la 2G, contre plus de 20 000 pour ses concurrents. En 3G c’est bien plus dense.
Cette semaine, l’Arcep expliquait qu’elle se penchait sur un nouvel avenant signé en juillet par Free Mobile et Orange sur l’itinérance en 2G et 3G. Il prolonge la possibilité pour les clients du premier d’utiliser le réseau du second, sous certaines conditions. Le régulateur consulte les acteurs du secteur et dispose pour rappel du pouvoir de demander aux opérateurs de modifier leur contrat s’il l'estime nécessaire.
Free et la 2G : je t’aime moi non plus
Contrairement à ce que pensent certains, Free peut déployer de la 2G (en plus de la 3G, 4G et 5G), comme nous l’a déjà confirmé le régulateur par le passé : « les autorisations des opérateurs mobiles sont effectivement neutres, elles ne prescrivent généralement pas une technologie obligatoire et elles ne font pas obstacle au déploiement d’autres technologies par les opérateurs ».
D’ailleurs, Free Mobile a obtenu en janvier de cette année ses 360 premières autorisations de la part de l’ANFR. Aucun site 2G n’était alors mis en service. Au 1er mars, 380 autorisations étaient accordées, puis 386 au 1er avril, mais toujours avec aucune mise en service selon les observatoires de l’Agence nationale des fréquences. Dans la pratique, certains en « profitaient » tout de même.
Free Mobile a 373 sites 2G en service…
Free Mobile est quoi qu’il en soit largement en retrait par rapport à ses concurrents, qui sont tous les trois entre 20 000 et 22 000 autorisations, en très grande majorité sur les 900 MHz. Bouygues Telecom, Orange et SFR ont entre 628 et 2 554 autorisations sur les 1 800 MHz.
Il faudra attendre l’observatoire du 1er juillet pour voir les premiers sites 2G officiellement en service sur les 900 MHz. Ils sont au nombre de 373 sur un total de 386 autorisations pour rappel. Ensuite c’est le calme plat, aucun changement sur les autorisations et les mises en service. Au 1er septembre, Free Mobile a ainsi toujours 386 autorisations et 373 sites en service.
… quatre à Paris, le reste dans la région de Bordeaux
La topologie des sites autorisés en 2G pour Free Mobile est assez surprenante : quatre sont groupés à Paris, dans un rayon de quelques centaines de mètres. Deux antennes sont même dans la rue de la Ville l’Évêque… là où se trouve le siège social d’Iliad.
382 antennes se trouvent dans le sud-ouest et plus particulièrement autour de Bordeaux. Vous pouvez visualiser les cartes des opérateurs sur différentes technologies par ici.
L’itinérance de la discorde entre les opérateurs
Les 373 mises en service sont donc arrivées quelques semaines seulement avant la signature de l’avenant avec Orange. Lors du précédent avenant – signé en 2020, avec une prolongation jusqu’à fin 2022 – Free expliquait avoir « besoin de bénéficier d’une couverture 2G au même titre que les autres opérateurs de réseaux mobiles ».
SFR et Bouygues Telecom étaient alors farouchement opposées à cet avenant et battaient en brèche cet argument : « Les fréquences sont neutres technologiquement et il ne tient encore une fois qu’à Free Mobile d’investir pour allumer la 2G sur les fréquences dont il dispose déjà », indiquait la marque au carré rouge.
« Si l’Arcep autorisait la prolongation de l’accord 2G alors même qu’il n’est plus justifié au regard de la taille du parc de terminaux, elle risquerait d’inciter Free Mobile à maintenir un réseau sous-dimensionné en lui garantissant "un filet de sécurité voix" », ajoutait Bouygues Telecom.
2025, année charnière
Rappelons que Free dispose de 7,6 MHz dans les 900 MHz, contre 8,7 MHz pour Bouygues Telecom ainsi que SFR, et 9,8 MHz pour Orange. Comme nous l’a confirmé l’Arcep, ces fréquences sont neutres technologiquement ; les opérateurs peuvent donc y déployer autre chose que de la 2G… ce qu’ils font tous avec de la 3G.
À partir du 8 février 2025, Free et Orange passeront tous les deux à 8,7 MHz de bande passante, mettant ainsi les quatre opérateurs sur un pied d’égalité. Sur les 1 800 MHz, Free est aussi en retrait avec « seulement » 15 MHz, contre 20 MHz pour ses trois concurrents. Aucun changement n’aura par contre lieu en 2025 sur les 1 800 MHz.
Dans tous les cas, c’est une (anti-)course contre-la-montre puisque la 2G est vouée à mourir dans quelques années. Orange a déjà annoncé qu’il couperait cette technologie fin 2025 (puis la 3G fin 2028). Bouygues Telecom demande une concertation nationale, sans donner de date pour le moment. Benoît Torloting, DG de l’opérateur, indiquait à 01Net que « 2025, c’est court », pour répondre à Orange. Dans tous les cas, les opérateurs ne « perdent » pas les fréquences, elles seront réutilisées pour d’autres technologies (4G, 5G, etc.).
La 2G date pour rappel des années 90 et n’est quasiment utilisée que pour de la voix. La 2G a connu deux évolutions avec GPRS (General Packet Radio Service, parfois appelé 2,5G) et EDGE (Enhanced Data Rates for GSM Evolution, ou 2,75G) avec un débit jusqu’à... 384Kb/s.
Si cette technologie est dépassée depuis des années, elle est encore utilisée par certains téléphones en circulation, qui ne sont pas compatibles avec la 3G (ne parlons même pas de la 4G). Arrêter la 2G demande donc une certaine anticipation pour les clients concernés.
Et la 3G ?
L’accord d’itinérance porte aussi sur la 3G, une technologie où Free Mobile – contrairement à la 2G – n’a pas grand-chose à envier à ses concurrents, au moins sur le papier si on se base sur le nombre de sites seulement.
Le quatrième opérateur dispose de 25 250 autorisations au 1er septembre, soit à peine moins que SFR (25 295) et Bouygues Telecom (26 184). Orange reste en tête avec plus de 30 000 autorisations. On retrouve à peu près la même chose sur les activations, mais avec un petit retard de Free Mobile : 22 755 sites en service, contre 23 798 pour Bouygues Telecom, 24 053 pour SFR et 28 585 pour Orange.
Alors que la 2G Free Mobile est concentrée sur la région bordelaise (exception faite des quatre antennes parisiennes), la 3G est dispersée un peu partout, au moins en France métropolitaine.
Sites autorisés en 3G pour Free Mobile
