Interfaces audiovisuelles : la Commission européenne rappelle la France à l'ordre

Interfaces audiovisuelles : la Commission européenne rappelle la France à l’ordre

Et craint une surveillance généralisée

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Marc Rees

Publié dans

Droit

25/08/2022 7 minutes
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Interfaces audiovisuelles : la Commission européenne rappelle la France à l'ordre

La France n’a pas encore gagné « la guerre des interfaces ». Si Paris pensait pouvoir mettre en avant les chaines et radios publiques sur les télécommandes, les TV, les enceintes connectées, les magasins d’applications ou l’IPTV des fournisseurs d’accès, c’était sans compter les critiques adressées par la Commission européenne et l'univers de l'IT. 

Depuis la directive de 2018 sur les « services de média audiovisuel » (ou SMA), chaque État membre a la possibilité de « prendre des mesures afin d'assurer une visibilité appropriée pour les services de médias audiovisuels d'intérêt général ». C'est ce que prévoit l'article 7 Bis.

Le texte n’est pas plus bavard, mais la France a déduit de ces quelques mots la possibilité de faire sortir du lot les chaînes et radios publiques dans les interfaces utilisateurs. L’article 20-7 de la loi ARCOM d’octobre 2021 a concrétisé ce coup de projecteur sur les offres publiques, aussi bien sur les télécommandes, les TV, les enceintes connectées, les magasins d’applications que l’IPTV des fournisseurs d’accès.

Le texte identifie l'ensemble des services d'intérêt général, en offrant à l'Arcom le soin d'inclure d'autres services de communication audiovisuelle, selon « leur contribution au caractère pluraliste des courants et pensée [sic] et d'opinion et à la diversité culturelle ».

L'affaire était pliée, ou presque. En février 2022, un premier projet de décret avait fixé le seuil de déclenchement de cette obligation de mise en avant à 200 000 « interfaces utilisateur » commercialisées ou mises à disposition sur les services de communication audiovisuelle. 

Le gouvernement l’avait abaissé en avril 2022 à 150 000 interfaces dans une nouvelle version adressée à la Commission européenne. Une telle procédure de « notification » doit en effet être suivie dès lors qu’un État membre envisage d’encadrer le commerce électronique.

Ce nouveau seuil, avançait Paris aux oreilles bruxelloises, « doit permettre d'atteindre l'objectif consistant à appréhender les principaux acteurs des marchés des télévisions connectées, des enceintes connectées et des offres dites IPTV fournies par les fournisseurs d’accès à internet ».

Pour être plus complet, un second seuil de déclenchement a été établi à 3 millions de visiteurs uniques par mois, s’agissant des services « over the top » et les magasins d’applications.

Cependant, ce régime n'a pas vraiment convaincu le secteur, qu'il soit économique ou règlementaire. 

Les critiques du secteur IT

L’Alliance Française des Industries du Numérique (AFNUM), qui comprend parmi ses membres Amazon, Apple, Google, Microsoft, ou encore Samsung, a dénoncé une surtransposition de la directive SMA.

Le secteur IT pointe même un risque d’« atteinte disproportionnée à la libre circulation des produits au sein de l’Union européenne ». Dans la besace de ses reproches, l’Alliance dégomme « des notions obscures et faiblement définies, comme celle "d’interface utilisateur" », dont on ne trouve aucune définition dans le texte européen.

« La directive SMA vise à créer un marché unique des services de médias audiovisuels, sans avoir vocation à régir les activités économiques qui ne relèvent pas de cette catégorie. Or l’article 20-7 vise les magasins d’application, les enceintes connectées, et les services de radio, alors même que ces derniers ne sont nullement couverts par la directive SMA ». Ambiance.

Sur un terrain économique, elle voit d’un mauvais œil la nécessité d'adapter des pans entiers du monde du logiciel et du matériel afin de satisfaire les exigences franco-françaises. « De telles adaptations, du fait de leur coût de mise en œuvre, viendront perturber à la fois les équilibres économiques et la liberté d’entreprendre des acteurs concernés ».

Bien plus, elle craint un risque de traitement discriminatoire « envers les services audiovisuels moins largement adoptés, et notamment certains services paneuropéens ou en langue étrangère, qui ne pourront bénéficier de la qualification de "service d’intérêt général en France" ». Une « barrière à l’entrée », une épine dans le pied de la diversité culturelle.

Même plume acidulée chez DigitalEurope. À la lecture de cette réglementation française, la « voix » européenne des professionnels du numérique anticipe une fragmentation du marché intérieur, à rebours de l’objectif poursuivi à la directive SMA, sans compter des charges opérationnelles bien trop lourdes pour les économies transfrontalières. 

Contraindre les fournisseurs d’adapter les interfaces utilisateurs au climat de chaque État membre n’est donc pas davantage jugé opportun par DigitalEurope qui préfèrerait une solution harmonisée à l’échelle de l’UE, avec une application uniforme et proportionnée.

La France épinglée aussi par la Commission européenne

Ces remarques n’ont pas été vaines puisque la Commission européenne elle-même a adressé des « observations » aux autorités françaises voilà quelques semaines.

Contrairement à l’« avis circonstancié », un tel véhicule juridique n’a pas pour effet de bloquer le processus réglementaire français. Des critiques acerbes se nichent malgré tout dans le document adressé à la France. Critiques qui pèseront au besoin devant la Cour de justice de l’Union européenne.

À la lecture de ses observations, se confirme que les obligations françaises de mises en avant vont s’appliquer à l’ensemble des fournisseurs d’interfaces utilisateurs, y compris ceux non établis sur le territoire français.

La France a justifié sa réforme par la défense du pluralisme des médias et la diversité culturelle… mais sans vraiment convaincre la Commission. Et pour cause, elle est susceptible de « constituer une restriction injustifiée à la libre prestation de services ».  

L'institution bruxelloise craint en particulier une incompatibilité avec plusieurs dispositions de la directive de 2000 sur le commerce électronique. Celle-ci interdit par principe à un État membre de réguler des acteurs au-delà de ses frontières. Certes, il y a bien des dérogations particulières, mais Paris n’a pas été très persuasif pour en justifier le bénéfice.

Derrière l'interface, une surveillance généralisée ?

Pire encore, le texte français pourrait violer l’article 15 de cette même directive, lequel interdit cette fois à un État de soumettre un prestataire à une obligation de surveillance généralisée.

Explication : « on ne voit pas clairement comment les fournisseurs d’interfaces utilisateurs doivent déterminer si les services (…) jugés d’intérêt général sont présents dans leur offre, sinon (…) en surveillant le contenu disponible sur leurs services ».

Et comme aucun service n’est statique, ces mêmes acteurs « seraient tenus d’effectuer de tels contrôles en permanence pour vérifier s’ils fournissent un service, ou une partie de service, identifié comme service d’intérêt général et pour veiller à ce qu’une visibilité appropriée lui soit donnée ».

En clair, les fournisseurs d’interface pourraient être contraints de surveiller l’ensemble des flux, pour vérifier d’un, si un service d’intérêt général passe dans le tuyau et de deux, en assurer la mise en avant s'il relève des chaînes et radios publiques françaises ou des services élus par l'ARCOM.

La Commission termine sa missive en invitant chaudement la France à prendre en compte ses remarques et lui adresser le cas échéant une nouvelle copie de son texte.

Écrit par Marc Rees

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Sommaire de l'article

Introduction

Les critiques du secteur IT

La France épinglée aussi par la Commission européenne

Derrière l'interface, une surveillance généralisée ?

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Commentaires (29)


Ça ressemble beaucoup a un dossier qui a été mal travaillé et mal préparé si j’ai bien compris.


Moi c’est en voyant ça :




Sur un terrain économique, elle voit d’un mauvais œil la nécessité d’adapter des pans entiers du monde du logiciel et du matériel afin de satisfaire les exigences franco-françaises. « De telles adaptations, du fait de leur coût de mise en œuvre, viendront perturber à la fois les équilibres économiques et la liberté d’entreprendre des acteurs concernés ».




Et là, me revient un vieux objet en tête : la prise péritel (et probablement le SECAM aussi, mais je connais moins)


Ce n’est pas du même niveau de “normalisation” il me semble.
Si j’ai bien compris cela se traduirait par exemple par un logo radio france sur une télécommande à la manière de netflix ou youtube, dans le pire des cas.
Autrement dit la critique citée n’est pas plus sensée que la mise en avant du service public ou assimilé.
C’est un jeu de copistes s’appliquant donc à des étales, l’air de dire “appuyez ici pour manger 5 bouffons et troubadours par jour”. :francais:


C’était pas un truc international la pértiel ? (au moins européen)



Pour le SECAM … c’était peut être aussi bien comparé au NTSC :francais:


La prise Péritel (généralement appelée SCART pour Syndicat des Constructeurs d’Appareils Radiorécepteurs et Téléviseurs dans les pays anglophones - oui, c’est bien un acronyme français) a été adoptée à travers l’Europe parce qu’en fait c’était vachement pratique. Certes, ça a été imposé très tôt par la France (fin des années 1970 il me semble), mais ça a été très utilisé - la prise HDMI a tendance à être considérés comme le successeur numérique à la prise Péritel. Donc oui, cocorico pour la prise Péritel, mais pour une fois c’est pas pour éviter l’influence étrangère où que sais-je.



Par contre, pour SÉCAM, c’est plus mitigé. Au moment où le développement du SÉCAM a commencé, il n’y avait qu’un seul autre moyen de faire de la télévision en couleur : le NTSC américain. Le souci est que le rendu de la couleur n’était pas précis et pouvait changer selon la météo, la chaine de télé, les variations de signal, etc. Certes il y avait des décisions politiques derrière, mais le NTSC était vraiment catastrophique sur la qualité de transmission de la couleur (l’amélioration du matériel et l’avènement des réseaux câblés dans les pays utilisant le NTSC ont grandement réduit le problème, mais on n’en était pas encore là dans les années 1950-60).



Le problème du SÉCAM était sa mise en œuvre, à tel point qu’entre son développement (démarré en 1957) et le début des émissions en couleur sur la 2è chaine en 1968 (la 1ère chaine émettait en 819 lignes, donc trop compliquée à passer à la couleur), les Allemands ont eu le temps de commencer le développement du PAL (1962) et les Britanniques de commencer à émettre en 1967 sur BBC2 (BBC1 émettait encore en 405 lignes, donc incompatible avec PAL). Le PAL a l’avantage d’être plus facile à mettre en œuvre pour une fiabilité de transmission en couleur un peu moindre qu’en SÉCAM (mais largement suffisante, et n’avait pas le problème des rouges et bleus qui peuvent baver), mais la machine était déjà lancée en SÉCAM en France. D’autres pays on utilisé le SÉCAM : l’URSS et la plupart des pays sous son influence, et la plupart des pays d’Afrique francophone.


Plastivore

La prise Péritel (généralement appelée SCART pour Syndicat des Constructeurs d’Appareils Radiorécepteurs et Téléviseurs dans les pays anglophones - oui, c’est bien un acronyme français) a été adoptée à travers l’Europe parce qu’en fait c’était vachement pratique. Certes, ça a été imposé très tôt par la France (fin des années 1970 il me semble), mais ça a été très utilisé - la prise HDMI a tendance à être considérés comme le successeur numérique à la prise Péritel. Donc oui, cocorico pour la prise Péritel, mais pour une fois c’est pas pour éviter l’influence étrangère où que sais-je.



Par contre, pour SÉCAM, c’est plus mitigé. Au moment où le développement du SÉCAM a commencé, il n’y avait qu’un seul autre moyen de faire de la télévision en couleur : le NTSC américain. Le souci est que le rendu de la couleur n’était pas précis et pouvait changer selon la météo, la chaine de télé, les variations de signal, etc. Certes il y avait des décisions politiques derrière, mais le NTSC était vraiment catastrophique sur la qualité de transmission de la couleur (l’amélioration du matériel et l’avènement des réseaux câblés dans les pays utilisant le NTSC ont grandement réduit le problème, mais on n’en était pas encore là dans les années 1950-60).



Le problème du SÉCAM était sa mise en œuvre, à tel point qu’entre son développement (démarré en 1957) et le début des émissions en couleur sur la 2è chaine en 1968 (la 1ère chaine émettait en 819 lignes, donc trop compliquée à passer à la couleur), les Allemands ont eu le temps de commencer le développement du PAL (1962) et les Britanniques de commencer à émettre en 1967 sur BBC2 (BBC1 émettait encore en 405 lignes, donc incompatible avec PAL). Le PAL a l’avantage d’être plus facile à mettre en œuvre pour une fiabilité de transmission en couleur un peu moindre qu’en SÉCAM (mais largement suffisante, et n’avait pas le problème des rouges et bleus qui peuvent baver), mais la machine était déjà lancée en SÉCAM en France. D’autres pays on utilisé le SÉCAM : l’URSS et la plupart des pays sous son influence, et la plupart des pays d’Afrique francophone.


:incline: :inpactitude:


Plastivore

La prise Péritel (généralement appelée SCART pour Syndicat des Constructeurs d’Appareils Radiorécepteurs et Téléviseurs dans les pays anglophones - oui, c’est bien un acronyme français) a été adoptée à travers l’Europe parce qu’en fait c’était vachement pratique. Certes, ça a été imposé très tôt par la France (fin des années 1970 il me semble), mais ça a été très utilisé - la prise HDMI a tendance à être considérés comme le successeur numérique à la prise Péritel. Donc oui, cocorico pour la prise Péritel, mais pour une fois c’est pas pour éviter l’influence étrangère où que sais-je.



Par contre, pour SÉCAM, c’est plus mitigé. Au moment où le développement du SÉCAM a commencé, il n’y avait qu’un seul autre moyen de faire de la télévision en couleur : le NTSC américain. Le souci est que le rendu de la couleur n’était pas précis et pouvait changer selon la météo, la chaine de télé, les variations de signal, etc. Certes il y avait des décisions politiques derrière, mais le NTSC était vraiment catastrophique sur la qualité de transmission de la couleur (l’amélioration du matériel et l’avènement des réseaux câblés dans les pays utilisant le NTSC ont grandement réduit le problème, mais on n’en était pas encore là dans les années 1950-60).



Le problème du SÉCAM était sa mise en œuvre, à tel point qu’entre son développement (démarré en 1957) et le début des émissions en couleur sur la 2è chaine en 1968 (la 1ère chaine émettait en 819 lignes, donc trop compliquée à passer à la couleur), les Allemands ont eu le temps de commencer le développement du PAL (1962) et les Britanniques de commencer à émettre en 1967 sur BBC2 (BBC1 émettait encore en 405 lignes, donc incompatible avec PAL). Le PAL a l’avantage d’être plus facile à mettre en œuvre pour une fiabilité de transmission en couleur un peu moindre qu’en SÉCAM (mais largement suffisante, et n’avait pas le problème des rouges et bleus qui peuvent baver), mais la machine était déjà lancée en SÉCAM en France. D’autres pays on utilisé le SÉCAM : l’URSS et la plupart des pays sous son influence, et la plupart des pays d’Afrique francophone.


:yes: :merci:


Purée… je dois vieillir, je n’ai rien compris ! Pas même de quoi on parlait concrètement :reflechis:


La France veut mettre en avant les chaînes et radios publiques sur les télécommandes (avec un bouton dédié pourquoi pas), sur les interfaces des FAI (avec un logo plus gros au profit de FranceTV ou France Info ?), etc. L’idée ? Les faire sortir du bois dans le dédale des offres actuelles, où les gros méchants américains se tailleraient la part du lion.



Une directive, donc un texte EU, autorise chaque Etat membre à « prendre des mesures afin d’assurer une visibilité appropriée pour les services de médias audiovisuels d’intérêt général ». La France a donc construit toute une législation pour assurer cette mise en avant, d’une manière très “volontariste” et même musclée.



Un peu trop au goût de la Commission européenne. Si les intermédiaires, FAI, plateformes, etc., doivent mettre en avant tous les flux provenant de France TV et FranceInfo, ils vont devoir surveiller ce qui se passe dans les tuyaux pour détecter ces flux, puis les mettre en avant. Or, de telles contraintes pourraient être contraire à l’interdiction de la surveillance généralisée posée par une autre directive, celle de 2000 sur le commerce électronique.



Autre chose, la Commission n’apprécie que moyennement qu’un Etat membre impose de telles obligations à l’encontre de prestataires installés dans d’autres pays de l’UE qu’en France. Là, est violé une autre interdiction, celle pour un Etat 1 d’imposer des restrictions à des prestataires tech installés dans des Etats 2, 3, 4, etc. de l’UE.



Shorter : ca va mal pour les prétentions françaises qui espéraient pousser en avant les chaines et radios publiques dans les interfaces logicielles et sur le matériel (enceintes connectées, télécommandes).



Ca va mieux ?



J’offre le café, le cas contraire :)


MarcRees

La France veut mettre en avant les chaînes et radios publiques sur les télécommandes (avec un bouton dédié pourquoi pas), sur les interfaces des FAI (avec un logo plus gros au profit de FranceTV ou France Info ?), etc. L’idée ? Les faire sortir du bois dans le dédale des offres actuelles, où les gros méchants américains se tailleraient la part du lion.



Une directive, donc un texte EU, autorise chaque Etat membre à « prendre des mesures afin d’assurer une visibilité appropriée pour les services de médias audiovisuels d’intérêt général ». La France a donc construit toute une législation pour assurer cette mise en avant, d’une manière très “volontariste” et même musclée.



Un peu trop au goût de la Commission européenne. Si les intermédiaires, FAI, plateformes, etc., doivent mettre en avant tous les flux provenant de France TV et FranceInfo, ils vont devoir surveiller ce qui se passe dans les tuyaux pour détecter ces flux, puis les mettre en avant. Or, de telles contraintes pourraient être contraire à l’interdiction de la surveillance généralisée posée par une autre directive, celle de 2000 sur le commerce électronique.



Autre chose, la Commission n’apprécie que moyennement qu’un Etat membre impose de telles obligations à l’encontre de prestataires installés dans d’autres pays de l’UE qu’en France. Là, est violé une autre interdiction, celle pour un Etat 1 d’imposer des restrictions à des prestataires tech installés dans des Etats 2, 3, 4, etc. de l’UE.



Shorter : ca va mal pour les prétentions françaises qui espéraient pousser en avant les chaines et radios publiques dans les interfaces logicielles et sur le matériel (enceintes connectées, télécommandes).



Ca va mieux ?



J’offre le café, le cas contraire :)


Le point qui ne semble pas clair est que cette directive permet d’assurer la visibilité des SIG uniquement dans le pays concerné ? c’est bien ça ? Ou la France dans son incroyable générosité :mad2: envisage de l’imposer dans l’UE entière ?


MarcRees

La France veut mettre en avant les chaînes et radios publiques sur les télécommandes (avec un bouton dédié pourquoi pas), sur les interfaces des FAI (avec un logo plus gros au profit de FranceTV ou France Info ?), etc. L’idée ? Les faire sortir du bois dans le dédale des offres actuelles, où les gros méchants américains se tailleraient la part du lion.



Une directive, donc un texte EU, autorise chaque Etat membre à « prendre des mesures afin d’assurer une visibilité appropriée pour les services de médias audiovisuels d’intérêt général ». La France a donc construit toute une législation pour assurer cette mise en avant, d’une manière très “volontariste” et même musclée.



Un peu trop au goût de la Commission européenne. Si les intermédiaires, FAI, plateformes, etc., doivent mettre en avant tous les flux provenant de France TV et FranceInfo, ils vont devoir surveiller ce qui se passe dans les tuyaux pour détecter ces flux, puis les mettre en avant. Or, de telles contraintes pourraient être contraire à l’interdiction de la surveillance généralisée posée par une autre directive, celle de 2000 sur le commerce électronique.



Autre chose, la Commission n’apprécie que moyennement qu’un Etat membre impose de telles obligations à l’encontre de prestataires installés dans d’autres pays de l’UE qu’en France. Là, est violé une autre interdiction, celle pour un Etat 1 d’imposer des restrictions à des prestataires tech installés dans des Etats 2, 3, 4, etc. de l’UE.



Shorter : ca va mal pour les prétentions françaises qui espéraient pousser en avant les chaines et radios publiques dans les interfaces logicielles et sur le matériel (enceintes connectées, télécommandes).



Ca va mieux ?



J’offre le café, le cas contraire :)


ainsi..c’est plus clair !
merci ! :fumer:


MarcRees

La France veut mettre en avant les chaînes et radios publiques sur les télécommandes (avec un bouton dédié pourquoi pas), sur les interfaces des FAI (avec un logo plus gros au profit de FranceTV ou France Info ?), etc. L’idée ? Les faire sortir du bois dans le dédale des offres actuelles, où les gros méchants américains se tailleraient la part du lion.



Une directive, donc un texte EU, autorise chaque Etat membre à « prendre des mesures afin d’assurer une visibilité appropriée pour les services de médias audiovisuels d’intérêt général ». La France a donc construit toute une législation pour assurer cette mise en avant, d’une manière très “volontariste” et même musclée.



Un peu trop au goût de la Commission européenne. Si les intermédiaires, FAI, plateformes, etc., doivent mettre en avant tous les flux provenant de France TV et FranceInfo, ils vont devoir surveiller ce qui se passe dans les tuyaux pour détecter ces flux, puis les mettre en avant. Or, de telles contraintes pourraient être contraire à l’interdiction de la surveillance généralisée posée par une autre directive, celle de 2000 sur le commerce électronique.



Autre chose, la Commission n’apprécie que moyennement qu’un Etat membre impose de telles obligations à l’encontre de prestataires installés dans d’autres pays de l’UE qu’en France. Là, est violé une autre interdiction, celle pour un Etat 1 d’imposer des restrictions à des prestataires tech installés dans des Etats 2, 3, 4, etc. de l’UE.



Shorter : ca va mal pour les prétentions françaises qui espéraient pousser en avant les chaines et radios publiques dans les interfaces logicielles et sur le matériel (enceintes connectées, télécommandes).



Ca va mieux ?



J’offre le café, le cas contraire :)


Merci pour toutes ces explications !
J’ai presque envie de dire que ça ne va pas mieux pour me faire offrir le café 😅



neibaf69 a dit:


+1 :mad2: :mdr:




MarcRees a dit:


J’offre le café, le cas contraire :)




Chiche! :kimouss:



Cela dit, le gros bouton rouge “Netflix” qu’on voit sur beaucoup de télécommandes modernes, ce n’est pas déjà une adaptation coûteuse blablabla bref ce qui est reproché à Radio France?
Alors oui, évidemment, l’hégémonie du streamer américain est un argument à lui tout seul, du style “mais ce sont nos clients qui demandent un accès direct” (ben voyons). En attendant, si on retoque la demande française assez légitimement (sinon pourquoi la France et pas je ne sais quel alter égo d’un autre pays?) pourquoi autoriser une telle publicité et intégration violemment (on a la pub/logo Netflix constamment sous les yeux!) ?



MarcRees a dit:



inextenza a dit:




+1, je me demande quelle est la différence avec toutes les télécommandes (physiques) qui se sont généralisées dernièrement avec de gros boutons Netflix et compagnie ?



Et demander aux FAI de mettre en avant via de grosses images les chaines et services publics dans leurs interfaces logicielles, ça ne demande pas de surveiller les flux :zarb:



(reply:2090211:Paul Muad’Dib)




La difference c’est que les boutons Netflisque c’est un arrangement entre 2 boîtes privées. Pas une obligation légale imposée par un pays.



(reply:2090211:Paul Muad’Dib)




La différence c’est que ce n’est pas imposé mais c’est un choix (lucratif ?) des fabricants de télé et qui n’oblige pas à faire une télécommande juste pour la France, avec tout ce qu’il y aurait derrière de suivis des offres de FT et autres. Connaissant la mafia audiovisuel française ils demanderaient un bouton chanson française …



Pour l’histoire de surveiller les flux c’est parce que ça ne concerne pas que les télécommandes mais toutes les appli, interfaces et autres qui pourrait être susceptible d’y inclure possiblement n’importe quel machin que le ministère de la culture voudrait mettre en avant. Ce qui obligerait donc une surveillance généralisé de qui diffuse (ou peut diffuser) quoi ?
Exemple, il faudrait en permanence surveiller tous les contenus/catalogue de netflix, amazon prime, cruchyroll, disney+, deezer, spotify, et tous les autres petits en grands pour savoir si y a des contenus à mettre en avant. Je n’irais pas jusqu’à croire que les sites porno serait obligé de mettre en avant des vidéo de prévention contre les IST ou contre les violences ( et donc de surveiller si il y en a) mais l’idée est là.



Nicky5 a dit:


Le point qui ne semble pas clair est que cette directive permet d’assurer la visibilité des SIG uniquement dans le pays concerné ? c’est bien ça ? Ou la France dans son incroyable générosité :mad2: envisage de l’imposer dans l’UE entière ?




La FR veut appliquer sa version du texte à tous les acteurs, peu importe leur localisation.
C’est notamment ce qui fait bondir la C.E. et les syndicats :)


Je ne suis pas pour bien sûr mais il ne suffirait pas d’identifier l’origine géographique de l’utilisateur pour disposer d’une version FR adaptée pour afficher en UNE les chaines référencées par l’état ?



inextenza a dit:


Chiche! :kimouss:




Bah, mail et on organise ça :)
<3



Tirnon a dit:


La différence c’est que ce n’est pas imposé mais c’est un choix (lucratif ?) des fabricants de télé et qui n’oblige pas à faire une télécommande juste pour la France, avec tout ce qu’il y aurait derrière de suivis des offres de FT et autres. Connaissant la mafia audiovisuel française ils demanderaient un bouton chanson française …



Pour l’histoire de surveiller les flux c’est parce que ça ne concerne pas que les télécommandes mais toutes les appli, interfaces et autres qui pourrait être susceptible d’y inclure possiblement n’importe quel machin que le ministère de la culture voudrait mettre en avant. Ce qui obligerait donc une surveillance généralisé de qui diffuse (ou peut diffuser) quoi ? Exemple, il faudrait en permanence surveiller tous les contenus/catalogue de netflix, amazon prime, cruchyroll, disney+, deezer, spotify, et tous les autres petits en grands pour savoir si y a des contenus à mettre en avant. Je n’irais pas jusqu’à croire que les sites porno serait obligé de mettre en avant des vidéo de prévention contre les IST ou contre les violences ( et donc de surveiller si il y en a) mais l’idée est là.




Si demain Orange doit mettre en avant les chaines publiques sur la page d’accueil de son décodeur TV via une police, une taille ou je ne sais quelle autre mesure de user interface, j’ai dû mal à voir pourquoi il y aurait de l’analyse de flux nécessaire.



wanou2 a dit:


C’était pas un truc international la pértiel ? (au moins européen)



Pour le SECAM … c’était peut être aussi bien comparé au NTSC :francais:




Le péritel est européen :chinois:
Le Japon avait un standard équivalent, et aux USA la préférence allait au RCA.


Merci pour les précisions :chinois:


C’est une adaptation couteuse pour les fabricants pas tant en terme de changement de matériel et de logiciel que en tant que manque à gagner. Depuis des années, ces emplacements d’interface utilisateurs se négocient cher et viennent mettre du beurre dans les épinards de fabricants étranglés par des marges de plus en plus faibles.
Utiliser la loi pour se réserver de la place sans bourse délier créerait un dangereux précédent, c’est pour cela que cette directive est combattue bec et ongles.
On retrouve les mêmes réticences pour d’autres technologies: HbbTV Operator Application, DVB-I, DVB-HB … En permettant de faire de manière standardisée des choses qui aujourd’hui nécessitent des APIs propriétaires et de (lucratifs) accords privés, elles viendraient tarir une manne financière.


Désolé, je n’arrive pas à verser de larmes.



J’ai du trop lire de papiers de RMS.
Ou me rappeler que l’INFORMATIque est fait pour partager des INFORMATIons et que l’on n’est plus au moyen-âge avec des taxes sur chaque ponts à passer.



L’Alliance Française des Industries du Numérique (AFNUM), qui comprend parmi ses membres Amazon, Apple, Google, Microsoft, ou encore Samsung, a dénoncé une surtransposition de la directive SMA.




Il n’y a que moi que ça fait tiquer?


euhhh oui, c’est juste une asso loi 1901.
L’association française de sauvegarde des gafams.
Sachant qu’une entreprise ne survit qu’en faisant des bénéfices, dans ce monde féroce, toute action qui menace l’espèce doit être écarté.
:fumer:



Cetera a dit:


Il n’y a que moi que ça fait tiquer?




Je peux vous dire par expérience personnelle que vous n’imaginez même pas l’énergie que les grosses boites déploient dans certains groupes de normalisations pour éviter que des normes viennent perturber leur petit business propriétaire. Et comme autant la commission européenne que les ministères ne contiennent absolument personne qui comprend la technique, ils se font tous enfumer en beauté.


Connaissant la commission européenne de l’intérieur, c’est même pire que cela : ils s’en foutent de comprendre, leur enjeu personnel est, pour beaucoup, plus orienté vers l’enrichissement personnel et que les règles de la CE permet. Je vous laisse faire vos recherches. A Bruxelles, ils sont même plutôt détestés euro-fonctionnaires.
Notez que je n’ai rien contre la fonction publique que je trouve indispensable pour servir le bien commun mais ce n’est pas ou plus le cas ici.