Microsoft a pris la « mauvaise » habitude de ne plus distribuer certaines fonctions de manière uniforme à l’ensemble des testeurs inscrits au programme Insider, qui permet d’essayer les préversions de Windows. Afin de contourner ces limitations, ViVeTool a été conçu pour les activer manuellement. Présentation et mode d’emploi.
Depuis longtemps, il arrive que l’éditeur de Redmond distribue certaines fonctions au hasard. C’est « l’A/B Testing », une procédure activant au hasard une nouveauté jusqu’à ce qu’un certain nombre de testeurs l’aient en mains.
Les tests A/B sont à la discrétion de l’entreprise qui, seule, détermine quelle proportion d’Insiders sont à recruter sur une fonction particulière. L’exemple récent le plus marquant est sans doute celui des onglets dans l’Explorateur. Aujourd’hui, en théorie, tout le monde y a accès, que ce soit dans le canal Dev ou Beta. Mais le mouvement s’est intensifié depuis le début de l’année.
Ce n’est bien sûr pas par caprice de Microsoft. L’immense majorité des ajouts est bel et bien disponible à tous les testeurs. Les tests A/B sont réservés à certaines fonctions pour lesquelles l’entreprise souhaite un contrôle plus précis des retours. Car la mission première des membres du programme Windows Insider est de tester les changements et de signaler les problèmes éventuellement rencontrés, par exemple des bugs ou des incompatibilités.
Il existe cependant un moyen de « tricher ». ViVeTool est un outil basé sur la bibliothèque C# ViVe, créée par Lucas et Rafael Rivera. Certains connaissent peut-être le deuxième, car cet ingénieur couvre amplement l’actualité Microsoft depuis longtemps. Cette bibliothèque, sous licence GPLv3, est conçue pour interagir avec les tests A/B, car ces derniers laissent des traces dans Windows 10 et 11, y compris quand les fonctions concernées sont désactivées.
ViveTool, un outil aux abords rugueux
Si ViveTool vous intéresse, soyez avertis : ce n’est pas l’un de ces outils proposant une belle interface où il suffirait de cliquer. Il s’utilise en ligne de commande, mais libre à n’importe quelle personne intéressée de reprendre la bibliothèque ViVe et de créer une nouvelle application.
Autre avertissement : ViVeTool a besoin de certaines informations pour fonctionner, plus précisément les références des fonctions visées. Celles-ci sont stockées dans un dictionnaire interne à ViveTool, que l’on peut d’ailleurs mettre à jour.

Le but de la manœuvre va donc être de manipuler ces références pour activer ou désactiver les fonctions liées, en supprimer des configurations personnalisées, importer ou exporter ces dernières, examiner le statut d’une fonction, ou encore revenir au dernier bon état connu du système. L’outil peut également se mettre à jour de la même manière.
Cette souplesse est la principale force de ViVeTool. Il réclame au moins la version 18963 de Windows 10 pour fonctionner et a depuis été mis à jour plusieurs fois. Du fait de son fonctionnement, il suffit à chaque fois de connaître la référence de la fonction visée pour la manipuler. Si d’autres préversions de Windows ajoutent des tests A/B, ces derniers auront de nouvelles références, elles aussi manipulables.
Exemples de lignes de commandes
Commençons par un premier exemple. Nous allons reprendre le fameux cas des onglets, même si normalement tous les testeurs sont actuellement servis. La référence de la fonction est 37634385.
Pour l’activer, commencez par ouvrir une invite en ligne de commande, en mode administrateur. Le plus simple est d’appuyer sur la touche Windows puis de taper « cmd » pour faire apparaître l’application. Un raccourci à droite permet normalement de l’ouvrir en mode administrateur. Si pour une raison ou une autre ce raccourci n’est pas là, on aboutira au même résultat depuis un clic sur l’application dans la colonne de gauche. Il faut ensuite se déplacer vers le dossier contenant l’exécutable vivetool.exe.
La commande est ensuite :
.\vivetool /enable /id: 37634385
Si vous avez déjà utilisé ViVeTool par le passé, vous remarquerez immédiatement que la syntaxe a changé. On n’utilise plus « addconfig » suivi d’un 1 ou d’un 2 selon que l’on veut désactiver ou activer la fonction. La nouvelle syntaxe évite les erreurs de confusion car elle oblige à écrire en toutes lettres ce que l’on veut faire. De la même manière, on changera /enable en /disable pour désactiver la fonction.
Il peut arriver que certains tests entrainent des éléments différents d’interface chez les utilisateurs. Depuis quelques semaines par exemple, Microsoft teste dans les préversions de Windows 11 un nouveau bouton de recherche pour la barre des tâches. Selon les personnes, il se présente sous pas moins de quatre variantes, du simple bouton au champ de recherche plus complet.
La référence de ce test au sein de Windows est la 39072097. La commande est donc :
.\vivetool /enable /id:39072097 /variant:X
Il suffit de remplacer X par la valeur correspondant au résultat voulu :
- 1 et 2 : un bouton avec le mot Rechercher
- 3 : un bouton avec une mappemonde et une loupe
- 4 : un bouton avec une mappemonde et une loupe plus petite
- 5 : un bouton « Chercher sur le web »
La désactivation, elle, n’aura pas besoin de préciser la variante.

Liste des fonctions en test et avertissement
Le plus souvent, surtout si vous suivez un certain type d’actualité, il vous suffira d’attendre un peu à chaque nouvelle préversion pour que de nouvelles références apparaissent. Rien ne vous empêche en attendant de consulter précisément ce qui est activé ou désactivé sur votre système, avec la commande suivante :
.\vivetool /query
Une longue liste va alors s’afficher, sous cette forme (version 0.3.1 de l’application) :

À chaque fois, un groupe de quatre lignes contenant la référence suivie du nom attribué. On remarque d’ailleurs que toutes n’en ont pas forcément. Il peut s’agir de « placeholders » (emplacements marqués, mais vides) ou de liens non établis avec des fonctions. Même en ayant les noms, ce n’est pas simple de s’y retrouver. Si vous avez la référence, on peut en tout cas trouver le nom correspondant (le plus souvent) et surtout son statut.
On peut être facilement tenté de repérer un nom nous faisant de l’œil et l’activer « pour voir ». Mais attention, car ViVeTool est clairement un outil système, exécuté avec des droits administrateur. Selon ce que vous changez, le système pourrait ne plus fonctionner correctement. Par exemple, quand les onglets sont arrivés dans l’Explorateur, les premières activations forcées manuelles se sont soldées par des instabilités.
Mieux vaut garder à l’esprit que ViVeTool est un outil puissant qui peut rapidement « casser » le système si on ne fait pas attention. Pour une partie des utilisateurs, c’est justement l’intérêt : quitte à être sur une préversion de Windows – qui n’est normalement pas utilisée en production – autant tester tout ce que l’on peut. Si vous ne savez plus ce que vous avez activé ou désactivé, une commande existe pour effacer toutes les modifications personnelles, dont ViVeTool garde une trace :
.\vivetool /reset