Le scandale du programme Prism de la NSA a fait évoluer les regards portés sur la surveillance généralisée et institutionnalisée, engendrée par les attentats du 11 septembre. Alors que les agences concernées défilent actuellement devant le Congrès américain pour répondre aux questions des Sénateurs, le FBI vient d’admettre que les drones étaient également utilisés à l’intérieur-même des États-Unis.
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Pression sur le renseignement
Les révélations au sujet du programme de surveillance Prism par Edward Snowden ont permis de jeter un regard neuf sur les activités américaines dans ce domaine : un filet géant jeté sur les données personnelles et les métadonnées les accompagnant, toujours dans un cadre de lutte anti-terroriste. Depuis, les agences de renseignement sont sous l’œil aussi bien de l’opinion publique que des sénateurs du Congrès américain.
Depuis hier, les responsables du renseignement défilent devant le comité spécial du Congrès pour répondre aux questions. Tant du côté de la NSA que du FBI, on justifie l’existence de Prism par le blocage de plus d’une cinquantaine de complots terroriste, constituant ainsi des résultats tangibles. Des « preuves » reprises par Barack Obama lors de sa visite en Europe, le président assurant que le programme était un compromis parfait entre la surveillance et le respect de la vie privée. Cependant, les sénateurs ne sont pas intéressés que par Prism : ils visent la surveillance dans un sens plus large.
Les drones sont bien utilisés sur le sol américain pour la surveillance
Hier avaient lieu d’importantes auditions, notamment celle de Robert Mueller, l’actuel directeur du FBI (Federal Bureau of Investigation). Alors même qu’un grand nombre de questions avaient été posées sur la surveillance en général, les suivantes ont dérivé sur un sujet connexe : les drones. Ces appareils volants télécommandés sont utilisés pour de multiples missions, y compris de surveillance. Aux États-Unis, ils n’étaient censés être utilisés que dans le combat contre les incendies ou le contrôle des dégâts après un ouragan.
Un sénateur en particulier, Chuck Grassley, a souhaité savoir dans quelle mesure ces drones étaient réellement utilisés sur le sol américain. Robert Mueller a répondu que ces appareils servaient « très peu », ce qui n’a pas contenté le sénateur :
Chuck Grassley : « Le FBI possède-t-il ou utilise-t-il des drones, et si oui, dans quelle mesure ? »
Robert Mueller : « Oui, pour la surveillance »
Chuck Grassley : « Le FBI utilise-t-il les drones pour la surveillance sur le sol américain ? »
Robert Mueller : « Oui, dans une très, très petite mesure, et quasiment jamais »
Un contrôle « strict » selon le FBI
Selon Wired, qui rapporte l’échange, Robert Mueller était clairement non préparé à cet aspect de la conversation, notamment quand la sénatrice Dianne Feinstein l’a attaqué sur le sujet de l’énorme menace que représentaient les drones pour le respect de la vie privée. Le directeur du FBI n’a ainsi pas pu donner de détails sur les « structures » mises en place pour garantir ce respect lors des opérations. Il a toutefois ajouté que le programme de surveillance par drones est « est très strictement centré sur des cas et des directions spécifiques ».
Le problème pour le FBI et les agences de renseignement est simple : comment gérer la crise actuelle en dépit de l’efficacité des outils en place ? Les responsables sont face à un curseur qu’ils devront déplacer entre la transparence de la communication et le souci de préserver le secret de la mécanique interne. Cette dernière, exposée au grand jour, pourrait fournir indirectement de l’aide aux individus que le programme est justement censé combattre.