Le vol inaugural d'Ariane 6 repoussé en 2023, ArianeGroupe a « onze lancements à recaser »

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Le vol inaugural d'Ariane 6 repoussé en 2023, ArianeGroupe a « onze lancements à recaser »
Crédits : ArianeGroup

Ariane 6 n'en finit plus d'accumuler du retard. Alors que l'on pensait être dans la dernière ligne droite, le directeur de l'Agence spatiale européenne annonce un report en 2023, sans plus de détails. Pendant ce temps les essais continuent d'avancer et la liste d'attente s'allonge.

Ariane 6 a été validé par le Conseil de l'ESA fin 2014 et il était alors question d'un vol inaugural fin 2020. Il a été repoussé à plusieurs reprises et il est désormais question de... 2023. La crise sanitaire liée au Covid-19 n'est pas la seule responsable, loin de là.

Vol inaugural en 2020, 2021, 2022 et maintenant 2023

Daniel Neuenschwander, directeur du transport spatial à l’Agence spatiale européenne (ESA), l'avait d'ailleurs confirmé sans détour lors du report du lancement à début 2022 : « même avant la crise de la Covid-19, un certain nombre d’activités étaient déjà sur le chemin critique, ce qui remettait en question la date d’un vol inaugural ».

Malgré quelques mois de glissement, 2022 devait être l'année d'Ariane 6 et du regain de compétitivité de l'Europe face à SpaceX. Le vol inaugural était prévu pour le second trimestre, avant de glisser doucement au troisième puis à la fin de l'année.

Finalement il faudra attendre l'année prochaine. Josef Aschbacher (directeur général de l'Agence spatiale européenne) l'a confirmé dans un interview à la BBC. Le plus inquiétant est qu'il n'a donné aucune raison sur le changement de calendrier ni précision sur la nouvelle date. Il indique simplement qu'Ariane 6 volera « un jour » en 2023 ; cela laisse tout de même 12 mois de battement. 

L'Europe a besoin d'Ariane 6, à plus d'un titre

L’enjeu est pourtant des plus importants pour l'Europe. Ariane 6 doit remplacer Ariane 5 et ainsi permettre au Vieux continent de gagner en compétitivité face aux acteurs du New Space, et notamment SpaceX. Si la fiabilité et la précision d'Ariane 5 sont des atouts indéniables dans ce marché, son tarif est un handicap.

La situation est d'autant plus urgente pour l'Europe que l'ESA doit se passer du lanceur russe Soyouz depuis la guerre en Ukraine et les sanctions internationales contre la Russie. Conséquence : des missions européennes sont retardées, d'autres comme Galileo sont en attente de solutions. 

Pas encore lancé qu'il faut déjà accélérer la cadence

La Tribune rappelle que l'arrêt du Soyouz était déjà prévu depuis... 2014, une décision qui avait été prise « dans la foulée de l'invasion de la Crimée ». Mais cet arrêt devait arriver en 2023, et donc après que Ariane 6 et Vega C étaient opérationnelles. Cette accélération du calendrier a un effet prévisible : « nous avons onze lancements à recaser dans le manifeste », explique Stéphane Israël, PDG d'Arianespace. « Il ne reste plus que cinq Ariane 5 et un Vega à lancer avant qu'Ariane 6 et Vega C prennent la relève », détaillent nos confrères.

Alors qu'Ariane 6 n'a même pas encore fait son vol inaugural, il est donc déjà question d'accélérer la cadence. « Nous ferons de notre mieux pour fournir des solutions, notamment pour nos clients institutionnels, mais à la fin ce sera à eux de prendre leurs décisions. C'est un vrai défi », reconnait Stéphane Israël lors d’une table ronde au Paris Air Forum.

Ariane 6 passe avec succès ses essais au sol

Dans le même temps, les travaux et les essais sur Ariane 6 continuent d'avancer. Début janvier, une étape symbolique (mais très importante) était franchie :  un « exemplaire complet d’Ariane 6 » était en route vers Kourou en Guyane pour y effectuer des tests combinés (lanceur et installations au sol)

Ariane 6 est arrivée sur place deux semaines plus tard : « Cette première rencontre entre le nouveau lanceur européen et son pas de tir constitue une étape décisive du développement d’Ariane 6 », expliquait à l'époque ArianeGroupe. En avril, ce dernier publiait une vidéo de démonstration des « bras cryo » de 20 tonnes chacun. Ils mesurent 13m et sont reliés à la fusée jusqu'au dernier moment avant le décollage. 

L'Agence spatiale européenne expliquait alors que « les tests de qualification technique se poursuivent. L’objectif est maintenant d’achever le processus pour les lignes de remplissage d’hydrogène et d’oxygène et les interfaces de lanceur pour l’étage inférieur ». Pas plus tard qu'hier, Ariane 6 passait avec succès cette nouvelle « étape cruciale vers le lancement inaugural ».

Il s'agit de « cordons ombilicaux transportant hydrogène et oxygène – liquéfiés à -250°C et -180°C respectivement – ainsi que de l'hélium et de l'azote ». Les temps de réactions relevés durant les tests sont conformes au cahier des charges. La fusée Ariane 6 sera ainsi connectée au système cryogénique « jusqu'à quelques secondes avant le décollage ».

Plusieurs avantages selon l'ESA : vidanger plus facilement les réservoirs en cas de lancement avorté et supprimer une partie des « lignes de purge » nécessaires à Ariane 5. Ce dernier point permet de réduire les coûts récurrents et la masse sèche de la fusée. 

En attendant, le vol de Vega C est programmé pour le 7 juillet. Cette fusée est pour rappel équipé d'un moteur P120C, que l'on retrouve également sur les deux ou quatre boosters d'Ariane 6 (A62 et A64 respectivement).

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