WWDC 2022 : watchOS 9, macOS Ventura et iPadOS 16, Apple met le cap sur le multitâche et la collaboration

Apple donnait lundi soir le coup d’envoi de sa WWDC avec une conférence riche en annonces. Les nouvelles plateformes présentées contiennent de nombreuses fonctions, que nous allons détailler. Dans la suite de notre dossier, nous nous penchons sur watchOS 9, macOS Ventura et iPadOS 16.

Si les évolutions du système pour Apple Watch vont dans le sens d’un accompagnement plus présent, celles de macOS et iPadOS se remarquent davantage. Un accent particulier a été mis sur le multitâche, et Apple semble désormais assez sûre d’elle-même pour lancer une invitation claire… aux développeurs de jeux. La firme a même ses équivalents de DLSS et Direct Storage.

Dans un troisième article, nous nous pencherons sur les nouveautés matérielles annoncées lors de cette Worldwide Developers Conference (WWDC).

Notre dossier sur la WWDC 2022 :

• WWDC 2022 : la part du lion pour iOS 16, avec de nombreux ajouts et un écran verrouillé personnalisable
• WWDC 2022 : watchOS 9, macOS Ventura et iPadOS 16, Apple met le cap sur le multitâche et la collaboration

watchOS 9 toujours plus dans l’accompagnement

Le suivi du sommeil apparu avec watchOS 7 est une fonction basique, et des applications spécialisées font bien mieux, sans parler du matériel dédié. watchOS 9 améliore quand même cette fonction, en lui permettant d’analyser les phases de sommeil, sur lesquelles des informations supplémentaires seront proposées. La montre pourra indiquer à l’utilisateur si son sommeil a été réparateur ou au contraire agité.

La fibrillation auriculaire a droit à son historique, qui en étend largement l’intérêt. Cette fonction est en cours de certification par la FDA (Food & Drugs Administration) aux États-Unis, et rien n’a été dit pour les autres pays encore. Cet historique pourra être partagé avec le médecin une fois l’autorisation donnée.

Le suivi de la médication fait son entrée dans le système, avec une idée simple : après avoir renseigné la posologie de chaque médicament pris, la montre enverra des alarmes pour dire quoi prendre à quel moment. La fonction devrait se révéler utile aux personnes sous plusieurs traitements, pour ne rien oublier.

Certaines recommandations seront affichées, notamment sur la consommation d’alcool en cours de traitement. La montre pourra également lancer des alertes sur les interactions médicamenteuses, sur la base d’informations fournies par Elsevier. Enfin, on pourra utiliser l’iPhone pour prendre les boites de médicaments en photo, afin de simplifier leur ajout.

Nouvelle version oblige, plusieurs nouveaux cadrans ont été ajoutés : Astronomie, cadran lunaire, Récréation et Mégalopole. Vous pourrez les voir en démonstration chez WatchGeneration.

Pas de nouveau watchOS non plus sans parler de sport. La course à pied reçoit ainsi de nouveaux indicateurs comme la mesure du mouvement du torse et des bras, ainsi que la longueur des foulées. Dans sa présentation, Apple a parlé de calculs complexes basés sur les capteurs intégrés dans la montre, pourtant pas optimums pour ce type de mesure. Dans Exercice, le relief est maintenant affiché et on peut créer ses propres exercices, y compris avec des objectifs comme le « contre la montre », pour battre ses propres records.

watchOS 9 s’adapte également mieux à la succession de plusieurs sports, comme le triathlon. Les capteurs de la montre sont utilisés pour déterminer quand on passe d’un sport à l’autre, modifiant automatiquement le mode d’enregistrement. Notez que l’application Exercice se retrouvera également dans iOS 16. Plus limitée en fonctions, elle permettra quand même de remplir des objectifs.

La disponibilité de watchOS 9 se fera à l’automne, en même temps que les autres plateformes. Pour en profiter, il faudra au minium une Watch 4 ou une SE, confirmant un retrait prochain de la Watch 3 du catalogue. Car oui, Apple vend pour l’instant un modèle qui ne sera pas compatible avec le prochain système.

macOS 13 Ventura met le cap sur un nouveau multitâche

La plus grosse nouveauté de Ventura se nomme Stage Manager. On l’active depuis le centre de contrôle (les paramètres rapides à droite de la barre de menu), expédiant alors toutes les autres fenêtres à gauche de l’écran et ne gardant que celle active au centre. Chaque application crée son propre groupe et toutes les fenêtres d’une même application sont également regroupées.

Le parallèle le plus simple que l’on puisse faire est qu’Apple a fait avec les fenêtres d’applications ce que d’autres ont fait avec les onglets. On peut ainsi grouper jusqu’à quatre fenêtres, qui resteront ensemble si l’utilisateur bascule sur un autre groupe, l’ancien allant se ranger à gauche. Dans la démonstration faite par Apple, on peut voir par exemple que la fenêtre d’une application est glissée-déposée depuis la gauche sur celle au centre. Elles sont désormais liées pour Stage Center et resteront ensemble si un autre groupe est sélectionné.

L’idée est très clairement d’organiser plus facilement le passage d’un thème d’activité à un autre, par exemple quand on passe de la rédaction d’un texte à la préparation d’un voyage. Voir le bureau est également simple puisqu’il suffit de cliquer dessus. On pourra d’ailleurs y sélectionner des fichiers pour les déposer dans l’application d’une pile.

Mais si Stage Manager n’est pas activé par défaut, c’est qu’il ne conviendra pas à tout le monde. Le fait que les groupes soient rangés à gauche grignote une partie de l’espace et limite la taille des fenêtres. Si on préfère travailler en grand, voire en plein écran, la fonction ne sera guère utile.

On continue avec Mail, qui gagne plusieurs fonctions que l’on aurait aimé voir bien plus tôt. On peut ainsi annuler l’envoi d’un courrier dans les secondes qui suivent son expédition. Mail intègre les rappels et permet enfin de programmer l’envoi d’un courrier. À noter aussi une recherche plus performante.

Puisque l’on parle de recherche, Spotlight fait un petit bond en se voulant toujours plus universel. Il devient compatible avec Aperçu en pressant Espace sur un résultat surligné. Il peut également lancer des recherches d’image dans Photos, sur la machine et sur Internet. Et puisque Texte en Direct est géré, la reconnaissance d’écriture y fonctionne aussi. On peut lancer un minuteur, exécuter un raccourci et profiter d’un espace plus grand pour afficher des résultats plus riches. Ces derniers se retrouvent d’ailleurs dans iOS 16 et iPadOS 16.

Safari est à nouveau présenté comme le navigateur le plus rapide sur Mac et plus efficace sur la consommation d’énergie. La nouvelle version incorpore quelques nouvelles fonctions, dont le partage d’onglets. Via le menu Partage du navigateur, on peut inviter des personnes à venir voir un ou plusieurs onglets, leurs avatars s’affichant sur les onglets observés. La fonction peut se montrer particulièrement utile avec les groupes d’onglets, les invités pouvant en ajouter de nouveaux pour compléter la collection.

Safari sera bien sûr compatible avec les Codes d’accès (Passkeys) annoncés récemment par l’alliance FIDO. Ils doivent pour rappel simplifier la sécurité en reléguant en bonne partie les mots de passe, tout en éliminant certaines menaces. Ils reposent en grande partie sur la biométrie. Un jeton est créé localement pour vérifier l’identité. Ces Codes ne peuvent pas en théorie être volés puisqu’ils ne transitent pas sur Internet, et ne peuvent pas non plus fuiter. Les Codes sont stockés dans le Trousseau et synchronisés par iCloud sur l’ensemble des appareils. Leur utilisation réclamera chaque fois une identification biométrique. Ne reste plus qu’à voir comment les gestionnaires de mots de passe vont s’adapter à cette tendance montante.

On peut citer plusieurs autres apports intéressants, comme la compatibilité de FaceTime avec Continuité, qui peut enfin basculer les appels vidéo entre appareils

Ventura est capable également d’exploiter la caméra d’un iPhone pour s’en servir de webcam, avec un résultat bien plus net en théorie. Il y a même un mode « lumière de studio » pour améliorer la netteté des traits. Un accessoire sera proposé à la vente plus tard pour tenir l’iPhone en place juste au-dessus de l’écran. Les partenaires comme Belkin en proposeront aussi. Dans ce mode, l'iPhone pourra utiliser le capteur grand angle pour afficher une vue « Bureau », simulant une caméra placée en hauteur, à la verticale.

De nombreux Mac abandonnés par Ventura

macOS 13 sera disponible cet automne, avec une première bêta publique dans quelques semaines. De nombreux Mac sortent cependant du cadre, car Ventura réclamera au minimum :

• Un iMac 2017
• Un MacBook Air 2018
• Un MacBook Pro 2017
• Un Mac Pro 2019
• Un Mac mini 2018
• Un MacBook 2017

Traduction, des machines pas si anciennes ne seront pas supportées par le nouveau système, notamment le MacBook de 2016, qui a à peine 6 ans. Même chose pour les MacBook Pro de 2015 qui souffleront à peine leurs 7 ans. Des durées qu’Apple atteint sur les iPhone. On comprend mal comment des Mac peuvent ne pas dépasser franchement cette limite.

Apple fait une offensive sur les jeux

À Cupertino, on estime que deux facteurs sont désormais conjugués : la puissance des puces Apple Silicon et la popularité de ces machines. L’entreprise pense qu’il est donc temps que les développeurs de jeux se penchent sur la plateforme. Et pour les appâter, plusieurs nouveautés sont mises en avant.

Metal 3 a donc été annoncé. Cette technologie est pour rappel ce qui permet aux développeurs Mac d'accéder aux calculs graphiques accélérés par le matériel, notamment au travers d’une API bas niveau. La version 3 introduit des apports majeurs, dont les deux plus importants sont MetalFX Upscaling et Fast resource loading. En clair, il s’agit respectivement d’équivalents maison au DLSS de NVIDIA (ou FidelityFX Super Resolution d’AMD) et au Direct Storage de Microsoft. Les bénéfices attendues sont les mêmes : une meilleure qualité d’image pour le premier, un chargement plus rapide des données pour le second.

On peut citer plusieurs autres apports, comme la compilation hors ligne des shaders, qui consiste simplement à le faire pendant la compilation du projet, évitant à l’application de le faire au dernier moment. L’ancien pipeline des vertex shaders est remplacé par deux étapes, objet et mesh, pour plus de flexibilité. On trouve également de nouvelles fonctions pour le ray tracing et un backend pour PyTorch.

No Man’s Sky arrivera ainsi sur Mac cette année et utilisera MetalFX Upscaling. Et pour bien montrer qu’elle est sérieuse sur ses annonces, Apple avait invité sur scène le responsable de la division recherche de Capcom, Masaru Ijuin. Celui-ci est venu dire tout le bien qu’il pensait des nouvelles technologies. Resident Evil Village débarquera lui aussi dans l’année sur Mac et exploitera tout ce qui se trouve dans Metal 3. Ce dernier se retrouvera également dans iOS et iPadOS 16.

Sur la stratégie globale, Apple semble sûre de son coup : puisque tous les produits proposés ont la même architecture, il est simple de proposer des jeux qui pourront monter en qualité graphique en fonction du matériel présent. Pour profiter de tout ça, un nouveau Game Center sera d’ailleurs proposé, largement remanié. Il était d’ailleurs temps, l’application n’ayant pas évolué depuis des années.

Problème, la puissance graphique chez Apple est couplée à celle du processeur. Si l’on veut beaucoup de puissance graphique, il faut grimper dans les versions Pro et Ultra, sur des machines se retrouvant vite à plusieurs milliers d’euros. Et comme nous le verrons plus tard, la tendance n’est pas à la baisse des prix.

iPadOS 16 mise tout sur la collaboration et le multitâche

La nouvelle version du système pour tablettes reprend bien sûr tout ce qui a été annoncé précédemment dans iOS 16, en lui ajoutant des fonctions spécifiques aux écrans plus grands. Le système franchit cette année un cap en intégrant le même Stage Center que macOS Ventura, avec comme conséquence la possibilité d’avoir plusieurs fenêtres se chevauchant. La capacité s’étend aussi à l’écran externe éventuellement connecté.

Cette volonté de multitâche « desktop » se retrouve dans les API disponibles pour les applications, qu’Apple annonce avoir renforcé, comme la fonction Annuler/Rétablir à travers tout le système, la fusion des contacts, la vue Disponibilité dans Calendrier ou encore une grosse mise à jour de Fichiers. Dans ce dernier, on peut enfin modifier les extensions de fichiers, voir la taille des dossiers, basculer les dossiers en affichage Liste, l’interface dispose de boutons de navigation et on peut réorganiser les colonnes.

Elle se retrouve également dans une nouvelle capacité des iPad équipés de puces M1 : le changement de définition. Les applications auront plus de place, ce qui sera utile pour afficher davantage d’informations en modes Split View ou Center Stage. Autre fonction héritée des ordinateurs, Virtual Memory Swap peut utiliser le stockage de la tablette pour étendre la mémoire vive, avec des performances moindres évidemment. Selon Apple, on peut ainsi fournir près de 16 Go de mémoire aux applications.

Si on met rapidement de côté une application Météo enfin intégrée (le widget présent dans la dernière version ne faisait que renvoyer vers une page web), on s’arrête en revanche sur la fonction de collaboration. Intégrée dans le système, elle pourra être utilisée depuis le menu de Partage dans les applications. Les personnes invitées pourront venir participer sur l’activité en cours, comme travailler sur un document commun. Si l’invitation est envoyée dans un groupe sur Messages, tous les participants seront invités.

Et puisque la fonction s’intègre avec FaceTime, Apple ajoute l’application FreeForm, qui permet de collaborer librement sur des idées. On peut y ajouter des fichiers, dessiner avec le stylet, écrire, partager des images et ainsi de suite. Chaque zone de travail modifiée indique la personne en train de le faire. La zone n’ayant techniquement pas de limite de taille, on pourra appuyer sur le nom d’une personne pour se rendre directement à ce qu’elle fait.

On remarquera quand même qu'en dépit de tous ces efforts sur le multitâche, iPadOS 16 ne proposera toujours pas de profils multiples.

Comme les autres systèmes, iPadOS 16 sera disponible cet automne. Il réclamera au minium :

• Un iPad de 5e génération
• Un iPad mini de 5e génération
• Un iPad Air de 3e génération
• N’importe quel iPad Pro