Sauvé hier de son poste de PDG d'Orange par son conseil d'administration, Stéphane Richard n'en reste pas moins une cible majeure pour la justice dans l'affaire Tapie / Adidas / Crédit Lyonnais. Et selon Le Monde, l'actuelle présidente du FMI accable lourdement le patron d'Orange.
Christine Lagarde (à gauche) et Christine Albanel (à droite).
Stéphane Richard va-t-il pouvoir garder son poste encore longtemps ? Alors que le syndicat SUD ne cache pas son souhait de voir le PDG aller sous d'autres cieux pour une question morale, Christine Lagarde, ministre de l'Économie à l'époque de l'arbitrage en faveur de Bernard Tapie, s'en est pris à Stéphane Richard, alors directeur du cabinet de la ministre.
En effet, d'après notre confrère, une lettre adressée le 23 octobre 2007 à Bernard Scemama, président de l'Établissement public de financement et de restructuration, indique que Christine Lagarde donne des instructions sur le fameux arbitrage. Or d'après la présidente du FMI, elle n'a pas pu rédiger cette lettre : « En effet, M. Scemama ne pouvait pas recevoir d'instructions de ma part ; or, elle comporte ce terme (...) Je ne pense pas que j'aurais signé un courrier de cette nature si j'avais été en mesure de le relire. »
Pour expliquer ce fameux courrier, l'ex-ministre accable alors Stéphane Richard. Selon l'avocate, cette lettre a été écrite par un tiers en utilisant son nom : « Probablement en mon absence de Paris, dans la mesure où sa date correspond à l'assemblée générale du FMI à laquelle je participais en tant que ministre. (...) Je constate que cette lettre comporte une signature résultant de l'utilisation de la "griffe" (signature, NDLR). Je précise que la "griffe" ne pouvait être utilisée qu'avec les accords préalables du chef de cabinet ou son adjoint, d'une part, et du directeur de cabinet, d'autre part. » Directeur de cabinet qui n'était autre que Stéphane Richard.
Ce n'est pas la première fois que le PDG d'Orange est enfoncé de la sorte. Christian Dufour, le chef du cabinet de Christine Lagarde à l'époque, a ainsi indiqué que le dossier était suivi « exclusivement » par Stéphane Richard. Ce dernier a bien entendu un point de vue assez différent de la situation. Toujours selon Le Monde, le 17 juillet 2012, il a notamment déclaré aux policiers que « c'est Mme Lagarde qui a donné cet accord (...) Il n'y a pas d'ambiguïté. Mme Lagarde a géré et s'est impliquée dans le dossier et les décisions de recourir à l'arbitrage et de ne pas faire de recours sont des décisions pour lesquelles elle a passé du temps. »
Tout le monde se renvoie donc la balle. Néanmoins, une différence de taille oppose Stéphane Richard à Christine Lagarde. Le premier est mis en examen pour escroquerie en bande organisée. La seconde, menacée un temps d'être elle aussi mise en examen, n'est pour l'instant qu'un témoin assisté. Une différence de statut qui pourrait peser lourd dans la balance. De quoi alimenter d'autant plus l'idée que Stéphane Richard soit un potentiel fusible pour protéger la présidente du FMI, comme l'a d'ailleurs rappelé SUD la semaine passée.