Peter Molyneux croit davantage aux mobiles qu’aux consoles

Peter Molyneux, le célèbre créateur de Fable , Dungeon Keeper et plus récemment de Curiosity et Godus, s'est récemment exprimé devant nos confrères de GamesIndustry au sujet du manque de croissance du marché des jeux sur consoles. Selon lui, l'écosystème fermé de Microsoft serait un lourd handicap

Godus 

Il n'y a plus vraiment besoin de présenter Peter Molyneux, pas plus que les titres qu'il a conçus. L'ancien directeur créatif de Microsoft Games Studios s'est entretenu avec nos confrères de GamesIndustry au sujet de l'avenir du marché des jeux sur consoles, et en profite pour glisser quelques tacles à son ancien employeur.

Les appareils mobiles, plus forts que les consoles ?

Selon lui, les consoles de jeux ont du souci à se faire face à la croissance soutenue des plateformes mobiles. « En termes d'audience et d'engagement, je dirais que les consoles ont déjà été dépassées par les mobiles et les tablettes. Ce show (l'E3) ne concerne que des jeux destinés à un certain noyau de l'audience. Cette audience est plutôt figée, nous savons qui elle est, combien d'entre-eux vont acheter le prochain Call of Duty, que ce soit par habitude ou enthousiasme. Est-ce que c'est vraiment un progrès ? Est-ce que les consommateurs se disent " Wow, il y a une nouvelle génération de consoles qui arrive" ou est-ce que cela ne leur apparait pas pertinent ? », se demande Molyneux, visiblement pas impressionné par les nouvelles consoles.

Pour lui, la croissance est ailleurs, et pourquoi pas sur l'Apple TV qui, à terme, pourrait devenir une console à part entière tout comme l'Ouya. L'annonce faite par la firme de Cupertino lors de la WWDC concernant le support des manettes sans fil sous iOS va d'ailleurs dans ce sens. Les joueurs occasionnels peuvent ainsi profiter d'un catalogue « sans devoir investir 400 brouzoufs », estime le créateur de Fable. De plus, ce public occasionnel serait bien plus nombreux que celui des « Hardcore Gamers ». « C'est bien si aujourd'hui nous sommes contents de faire des jeux pour ce coeur d'audience. Mais dans dix ans, continuerons-nous à ne faire des jeux qui ne toucheront que dix millions de personnes ? Je ne suis pas sûr que nous puissions nous offrir ce luxe » s'interroge-t-il

Les « opportunités gâchées » de Microsoft

L'homme ne tarit pas de critiques à l'encontre de son ancien employeur Microsoft. Il lui reproche en effet de ne pas faire d'effort vis-à-vis des studios indépendants, alors que son concurrent Sony met les bouchées doubles pour les attirer. Si bien que la firme nippone se gargarise d'avoir plus de 500 studios travaillant sur des projets pour la PS4, de quoi fournir un catalogue assez coquet. « Je crois que lorsque vous faites une nouvelle console, il y a énormément de choses auxquelles on doit faire attention et rester secret. Ce qui fait vraiment peur dans ce type de conférence c'est le lever de rideau, et si vous prévenez les développeurs indépendants en avance, vous augmentez les risques de fuites. Quelque part je comprends ça, mais cela ne me parait pas juste. Ils ont un écosystème qui n'encourage pas les petits développeurs. Ils ont bien essayé, mais cela ne semble pas faire partie de leur ADN », se lamente Molyneux.

« Cela me rend dingue. Pensez à Microsoft. Ils ont deux plateformes extraordinaires qui sont Windows et la Xbox. On pourrait penser à un écosystème qui engloberait les deux plateformes, mais non. C'est une opportunité gâchée », estime Molyneux. Il est vrai qu'avec le rapprochement fait entre les consoles et le monde du PC sur le plan matériel, il n'y a plus beaucoup d'efforts à faire pour regrouper les expériences de jeu sous un même toit. Mais tant que les éditeurs n'y mettront pas un peu de bonne volonté, tout cela n'est pas près d'arriver.