Le 4 mars, un règlement européen a obligé les opérateurs à fermer les robinets numériques de Sputnik et RT. Le même jour, la Commission européenne a pris soin d’adresser à Twitter la liste des comptes de ces deux médias russes.
Le 28 février, Yoel Roth, en charge de l'intégrité de Twitter, prévenait que le réseau social ajouterait désormais « des libellés aux Tweets qui partagent des liens vers des sites de médias affiliés à la Russie ». Le service annonçait, sans les détailler, d’autres mesures destinées à « réduire considérablement la diffusion de ces contenus sur Twitter ».
Ces mesures contrastaient avec celles, plus radicales, décidées toujours le 28 par Meta, sur sollicitation des gouvernements et des États membres. Nick Clegg, vice-président, annonçait en effet que l’accès à RT et Sputnik serait à l’avenir bloqué dans toute l’Europe au regard de « l’exceptionnelle nature de la situation actuelle ».
Le 3 mars, changement de cap pour Twitter. L'entreprise restreint cette fois l’accès aux comptes de Russia Today et Sputnik en Europe, suivant l'exemple de Facebook et Instragram. Une tentative de connexion sur les comptes Twitter de RT France ou Sputnik France se solde par un message laconique : comptes « à accès restreint ».
Une liste de 24 comptes Twitter
Entre les deux dates, un règlement a été édité le 1er puis publié le lendemain au Journal officiel de l’Union européenne. Le texte, issu du Conseil (sous présidence française), « interdit aux opérateurs de diffuser ou de permettre, de faciliter ou de contribuer d’une autre manière à la diffusion de contenus provenant des personnes morales, entités ou organismes énumérés (...), y compris par la transmission ou la distribution par tout moyen tel que le câble, le satellite, la télévision sur IP, les fournisseurs de services internet, les plateformes ou applications, nouvelles ou préexistantes, de partage de vidéos sur l’internet. »
Et l’annexe de ce règlement de pointer nommément les cibles de ce bannissement numérique :
- RT- Russia Today English
- RT- Russia Today UK
- RT - Russia Today Germany
- RT - Russia Today France
- RT- Russia Today Spanish
- Sputnik
Néanmoins, restait une inconnue. Quels sont les comptes Twitter finalement frappés ? Contrairement aux FAI qui ont dû, pour les plus volontaristes, constituer une liste noire, la Commission a cette fois pris soin d'individualiser dans une missive ceux devant être coupés sur Twitter.
Et c'est peu de le dire, dans son courrier adressé à Twitter le 4 mars, la Commission a adopté un périmètre d’application très généreux. Voilà ainsi la liste des noms de compte que Twitter a dû restreindre :
- https://twitter.com/rtuknews
- https://twitter.com/Rt_com
- https://twitter.com/rt_russian
- https://twitter.com/rtenfrancais
- https://twitter.com/actualidadrt
- https://twitter.com/RTarabic
- https://twitter.com/RTarabic_Bn
- https://twitter.com/RTSportNews
- https://twitter.com/RT_Doc
- https://twitter.com/rtd_rus
- https://twitter.com/Infrarotmedien
- https://twitter.com/De_rt_com
- https://twitter.com/RTultimahora
- https://twitter.com/CartasmesaTV
- https://twitter.com/sputnik_tr
- https://twitter.com/sputnikmundo
- https://twitter.com/sputnikInt
- https://twitter.com/sputnik_ar
- https://twitter.com/sputnik_fr
- https://twitter.com/sputnik_brasil
- https://twitter.com/sputnik_jp
- https://twitter.com/rs_sputnik
- https://twitter.com/Sputnik_pashto
- https://twitter.com/Sputniknewskz
Des comptes en japonais, en arabe, pachto, etc., que la Commission a considéré comme rattachés à la liste des personnes morales signalées en annexe du règlement, sans s'embarrasser d'une décision de justice formelle.

Une vision maximaliste de l’obligation de blocage, que Bruxelles a défendu dans un autre courrier adressé à Google et aux réseaux sociaux, publié par Next INpact.
La Commission y explique en effet que l’interdiction de diffusion de RT- Russia Today English, UK, Germany, France, Spanish et Sputnik s'applique aux comptes rattachés à ces structures, mais également aux comptes de contournement, en ce sens que « si un autre média prétend informer ses lecteurs ou spectateurs, mais en réalité diffuse le contenu de Russia Today ou Sputnik (…), il enfreindra l'interdiction énoncée dans le règlement ».