FUN : 4,2 millions d’euros pour un « Zoom » de l’enseignement supérieur français

Marsha l'ombre sur Zoom
Logiciel 5 min
FUN : 4,2 millions d’euros pour un « Zoom » de l’enseignement supérieur français
Crédits : PeopleImages/iStock

Créer un nouvel outil de webinaire à destination de l’enseignement supérieur pour proposer une alternative aux Zoom, Teams et autres solutions de visioconférence en ligne des GAFAM ? C’est avec cette ambition que le ministère de l’Enseignement supérieur a donné en 2021 une enveloppe de 4,2 millions d’euros sur deux ans au groupement d’intérêt public France Université Numérique (FUN), à l’origine créé pour mettre en place la plateforme FUN MOOC.

Marqué par le contexte du Covid et des difficultés qu’ont eues les directions de services informatiques (DSI) des universités à proposer des solutions robustes autres que Zoom et ses nombreuses failles de sécurité, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a demandé à FUN de créer un outil de visioconférence utilisable par tous les acteurs de l’Enseignement supérieur français.

Mehdi Gharsallah, conseiller stratégique pour le numérique de la Direction générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle, précise que l’enveloppe de 4,2 millions d’euros allouée à ce projet « est portée dans le cadre d’une mesure du plan de relance sur une durée courte de 2 ans  ». «  Un modèle économique doit être trouvé avec les établissements pour qu’ils financent les coûts d’infrastructure lorsqu’ils utilisent la solution  », précise-t-il.

Samuel Paccoud, responsable technique chez France Université Numérique, explique que «  le projet vise à répondre à deux besoins : le premier est d’avoir un outil qui permet, sur les grosses cohortes, de diffuser un webinaire, une vidéo en direct d’une personne vers un grand nombre de personnes et le deuxième est un besoin de classe virtuelle avec plus d’interactivité pour un petit groupe  ».

«  Tous les établissements pourront l’utiliser comme solution de déport ou comme solution principale en fonction de ce qu’ils veulent  », ajoute Mehdi Gharsallah ; « l’idée n’est pas de remplacer leur solution s’ils en ont une, mais de ne plus être dépendants ». La dépendance s’entend par rapport à des entreprises comme Zoom, Microsoft (avec Teams) ou Google (avec Meet).

« Aller chercher Zoom »

À l’université, les visioconférences peuvent avoir une audience qui varie d’une salle de TD de 20 à 30 personnes à des amphis plus ou moins grands, jusqu’à plusieurs milliers d’étudiants. La volonté du projet est d’avoir un outil adaptable à ces différentes configurations de cours universitaires. « On peut même imaginer des diffusions vidéos à destination du grand public sur des cohortes de plusieurs dizaines de milliers de personnes », s’enflamme Samuel Paccoud.

« L’ambition qu’on se donne c’est d’aller chercher Zoom », ajoute-t-il, « le but, c’est que nous aidions avec ce qu’on sait faire ». La création et le maintien d’un outil de visioconférence sont compliqués à l’échelle d’une université et ça peut être même inefficace : le service peut être robuste, si le réseau de l’université tombe, il est inaccessible. C’est ce qui s’est passé pendant le premier confinement. De plus, Samuel Paccoud fait remarquer que « la vidéo est une technologie complexe qui ne peut être maîtrisée sur chaque campus. Ces genres de services sont beaucoup mieux hébergés dans le cloud ».

« Le prototype est prêt et a été testé par plusieurs établissements comme Aix-Marseille Université, UGA, Université de Lorraine, Université d’Avignon… », précise Mehdi Gharsallah.

Le projet, nommé actuellement Marsha et dont le code et les cas d’usage sont en ligne sur le compte Github et Overflow de FUN, se base sur un service Jitsi en autoscaling hébergé dans le cloud pour la partie « classe virtuelle » et une brique RTMP (Real Time Messaging Protocol, comme Twitch ou YouTube live) « qui nous permet une diffusion d’une personne vers de nombreuses autres, que nous pouvons offrir à d’énormes cohortes nationalement sans aucun problème ni aucune limite », explique Samuel Paccoud.

Un cloud computing chez OVH, Scaleway mais aussi AWS

Contrairement à la plupart des autres acteurs de l’enseignement supérieur français, FUN utilise des services privés de Cloud computing. « On utilise avant tout et au maximum OVHcloud et Scaleway en multicloud, mais sur certains services, comme le CDN, ni l’un ni l’autre n'en a qui peut se comparer à ce que fait Amazon ». Et les besoins des services de vidéos comme ceux d’un « zoom de l’enseignement supérieur » nécessitent un CDN de la dimension de celui d’AWS.

« Sur des volumes de vidéos importants comme ceux que nous servons chez FUN, nous ne nous interdisons pas de travailler avec Amazon et nous ne trouvons pas ça contradictoire avec la notion de souveraineté. Nous revendiquons même que ce soit beaucoup plus « souverain » de maîtriser son code et son infrastructure (Amazon ce sont des infrastructures techniques mises à disposition des développeurs qui savent ce qu’ils mettent ou pas) que, parfois, d’héberger un outil dont on pense avoir la maîtrise totale mais qui ne répond pas au besoin et qui fait fuir les utilisateurs », justifie Samuel Paccoud.

Cette mission est pour l’instant temporaire, mais pourrait devenir renouvelable si le projet se concrétise par des services utilisés par les universités. FUN devra sans doute trouver un « business model » avec les universités pour qu’elle reste pérenne.

Mehdi Gharsallah pointe l’intérêt que « le projet soit porté par un Groupement d’intérêt public dont l’immense majorité des établissements sont membres. Ils bénéficient du caractère de quasi-régie quand ils sont membres du GIP, ce qui leur permet de ne pas devoir faire de mise en concurrence. En revanche, l’adhésion du GIP a un coût et c’est en adhérant au GIP qu’on accède aux services proposés ».

Les universités ont cependant provisionné des budgets conséquents pour acheter des licences Zoom ou autres et ceux-ci pourraient facilement être basculés vers un projet comme Marsha. Reste à savoir si les utilisateurs, enseignants comme étudiants, vont accepter de se tourner vers un service qui doit encore faire ses preuves.

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