Radeon Pro W6400 : Navi 2, extra light

En marge de l'annonce de ses Radeon RX 6400 et 6500 XT au CES de Las Vegas, AMD a mis sur le marché une nouvelle carte graphique à destination des professionnels : la Pro W6400. Un modèle d'entrée de gamme, low profile, pensé avant tout pour être minimaliste. Un peu trop sur certains points ? Nous l'avons testé.

L'architecture RDNA 2 continue de se décliner chez AMD avec une nouvelle puce Navi 24 qui vise l'entrée de gamme. Elle se compose ainsi de 5,4 milliards de transistors, deux fois moins que la Navi 23 des Radeon RX 6600 (11,06 milliards). Autre différence, elle est gravée en 6 nm chez TSMC, une première pour cette gamme.

Ce GPU est au cœur de deux produits grand public : les Radeon RX 6500 XT et 6400. Cette dernière est déclinée dans une version Pro : la W6400. Un modèle présenté fièrement à la presse par AMD qui n'a pas hésité à user de métaphores royales pour la présenter comme le « king » de son marché. On a du mal à comprendre pourquoi étant donné l'objectif de ce produit. En effet, il se veut minimal à tous les points de vue. Arborant un format low profile.

Mais AMD n'a-t-il pas un peu trop tiré sur la corde de l'allègement ? Nous l'avons testé pour le vérifier.

Un équilibre parfois difficile à comprendre

Et il suffit de regarder les caractéristiques de cette Radeon Pro W6400 pour constater qu'il y a des points où le constructeur a décidé de lésiner. Le meilleur exemple est sans doute le moteur de traitement vidéo, capable de décompresser matériellement des flux H.264 et H.265 (HEVC), mais pas de les compresser. Il fait l'impasse sur l'AV1. Pourtant, ce codec très efficace est vu par beaucoup comme l'avenir, déjà utilisé par Netflix, YouTube, etc.

C'est d'autant plus difficile à comprendre que le constructeur présente sa carte comme un modèle idéal pour des usages bureautique léger, où des usages comme la visio-conférence seront présents par exemple. Des besoins où un moteur vidéo plus complet aurait été bienvenue. Plus en tous cas que les quelques unités pour le ray tracing.

Car, bien qu'inexploitables dans la plupart des applications de rendu 3D, comme Blender et son moteur Cycles X, elles sont bien présentes, au nombre d'une par Compute Units, comme sur le reste des puces RDNA 2. Il y en a donc 12 dans la Radeon Pro W6400, qui compte ainsi 768 Stream Processors pour une puissance de calcul de 3,54 TFLOPS (FP32). C'est peu, mais adapté au marché visé qui ne mise pas vraiment sur la performance du rendu 3D.

L'infinity Cache est de 16 Mo, devant servir à masquer la faible bande passante des 4 Go de GDDR6 (non ECC), du fait de l'interface réduite à 64 bits : 128 Go/s. Même chose pour le port PCIe 4.0 qui est limité à du x4, soit 8 Go/s, la moitié lorsqu'elle est utilisée sur un port PCIe 3.0. Un point qui pourrait être vu comme positif si le port physique avait été adapté en conséquence. Pour une raison que l'on a du mal à comprendre, ça n'a pas été le cas.

Un format connu chez AMD, mais réduit à deux sorties vidéo

Pour le reste, l'aspect minimaliste se retrouve à bien des niveaux sous un aspect positif. La taille du packaging de la carte est compacte, cette dernière est au format low profile, n'occupe qu'un emplacement PCIe. Elle est fournie avec deux équerres pour l'adapter selon vos besoins, sa consommation maximale de 50 watts permet de se passer de connecteur d'alimentation. On regrette néanmoins qu'elle soit limitée à deux sorties DisplayPort 1.4.

Là aussi, c'est regrettable à la vue du marché visé, avec des professionnels qui aiment multiplier les écrans. Mais selon AMD, la plupart se limite à deux. Ils devront passer à la caisse et à la Pro W6600 si ce n'est pas le cas. Ici, il n'est possible que de connecter (à 60 Hz, avec HDR) un écran 8K ou deux 4K/5K. La compression DSC et l'audio sont supportés, mais pas le Multi Stream Transport (MST) qui permettrait de « chaîner » les écrans. Dommage.

D'autant que des modèles précédents comme les Radeon Pro WX 3200 et WX 4100, avaient droit à du PCIe 3.0 x8, une interface mémoire de 128 bits et 4 Mini Display Port. Il s'agit donc bien d'un recul des caractéristiques.

Une carte qui répond à des besoins particuliers

Bien entendu, il ne faut pas s'attendre à des miracles en termes de performances 3D, ce n'est pas le but d'un tel produit. Ainsi, sous Unigine Superposition en 1080p Medium on atteint 53 ips. Le rendu de la scène bmw27 sur Blender 3.0 nécessite 109 secondes (voir les chiffres ici pour comparer).

La carte est par contre silencieuse et consomme peu, 89 watts en pleine charge 3D (PC complet, relevé à la prise). Au repos, on relève 32 watts avec une fréquence d'affichage de 120 Hz et 25 watts à 60 Hz. Ce, alors que la Radeon Pro W6600 affiche 27 et 26 watts dans des conditions similaires. Un point à optimiser via les pilotes ?

Elle permet néanmoins de disposer sans contraintes d'une solution graphique « Pro » dans des machines qui en sont dépourvues. Elle pourra ainsi accompagner les Threadripper (Pro) lorsqu'ils sont principalement utilisés pour du calcul sur CPU. Ou dans un serveur, car sans carte 3D, impossible de lancer l'interface de Blender par exemple.

Ces systèmes n'ont parfois qu'un emplacement low profile à proposer et le format de la W6400 Pro sera alors un avantage. Précisons au passage que, bien que n'ayant pas de mémoire ECC, cette carte profite des fonctionnalités de la gamme pour entreprises d'AMD, dont celles intégrées à ses pilotes Pro comme ViewPort Boost, la gestion du 10 bits, Remote Workstation, le Secure Processor, ou les certifications sur des logiciels professionnels.

La concurrence est rude (même chez AMD)

C'est ce qui explique son prix (229 dollars), constaté à 300 euros chez LDLC. C'est 40 euros plus cher que la Radeon Pro WX 3200, qui aura la préférence de ceux qui veulent plus de deux écrans. C'est aussi plus cher que des équivalents chez NVIDIA, low profile et avec trois ou quatre Mini DP, ainsi qu'un moteur vidéo complet, comme la T400 (170 euros), la P600 (232 euros) ou la T600 (280 euros). Elles auront aussi une ou deux générations de retard, mais répondront à une multitude de besoins, de manière plus complète que la Radeon Pro W6400.

Celle-ci garde pour elle son aspect minimaliste et sa faible consommation, ainsi que son architecture dernier cri gravée en 6 nm. Elle pourra ainsi avoir votre préférence dans certains cas. On regrette seulement que, par ses choix, AMD ait réduit au minimum les occasions qu'elle puisse satisfaire entièrement ses clients.