Comment les vidéos publiées sur YouTube aident à lutter contre le bizutage

Cure de désintégration

Alexandre Andujar, co-président de l'Association contre le bizutage, a bien voulu raconter à PC INpact comment son organisation se mobilisait pour dénicher des vidéos de bizutages sur Internet. Des films jugés utiles et nécessaires selon l'intéressé, qui explique pourquoi ces fichiers mis en ligne sont une précieuse source d'information.

bizutage dailymotion

 

Cette semaine, l’Association contre le bizutage (ACB) a réclamé auprès du recteur de l’académie et du président de l’Université Montpellier 2 l’ouverture d’une enquête « sérieuse et impartiale » après avoir trouvé sur YouTube une vidéo alarmante d’un « week-end d’intégration ». Les étudiants présents sur ce film se trouvaient en effet dans différentes situations humiliantes selon l’association. Cette dernière n’a d’ailleurs pas manqué d'indiquer au Figaro, qui rapporte l’information, que les responsables de ces actes sont passibles d’une peine de six mois de prison, de 7 500 euros d’amende et d’une exclusion universitaire.

Traque de vidéos de bizutage sur les plateformes telles que YouTube ou Dailymotion

Alexandre Andujar, co-président de l’ACB, a confirmé à PC INpact que les membres de l’association s’employaient à traquer les vidéos de bizutage sur Internet, et plus particulièrement sur YouTube et Dailymotion. « Dès qu’il y a le moindre acte humiliant, à partir du moment où il y a agression à la farine par exemple, on démarre de suite, explique-t-il. Après, le niveau de sanction va dépendre du bizutage. Nous demandons des sanctions proportionnées bien évidemment. Mais tout bizutage reste un bizutage, quel que soit son degré. Ne serait-ce que parce que ce qui est montré en ligne n’est pas forcément tous les événements qui se sont déroulés, ce n’est qu’une partie du bizutage... ».

 

À partir de différents mots-clés (intégration, baptême,...) l’ACB tente de dénicher des vidéos de bizutages. Avec l’idée de ne rien laisser passer. Quel est alors le comportement de l’association lorsqu'elle estime qu’une vidéo témoigne d’un bizutage ? « On prévient d’abord le recteur et le ministre », raconte Alexandre Andujar. Ce signalement est même « systématique » selon lui. Ce sont ensuite « le président de l’université ou le directeur de l’école » qui peuvent être alertés par l’ACB.

 

« La justice ce n’est que pour les cas les plus graves » explique le co-président de l’association. L’homme ne se fait d’ailleurs gère d’illusion quant aux chance d’aboutir à une condamnation des auteurs grâce à des poursuites judiciaires. Il affirme en effet que les tiers n’arrivent jamais à obtenir gain de cause devant les tribunaux. Pourquoi ? Parce qu’il faut que ce soit les victimes qui déposent plainte.

 

bizutage intégration

Des vidéos qui servent d'éléments de preuve à l'ACB

Pour autant, Alexandre Andujar ne voit pas dans Internet une bête noire, un potentiel vecteur de la diffusion des vidéos de bizutages. Bien au contraire. « On en a besoin » reconnaît-il. « À partir du moment où ils partagent leurs bizutages sur Internet, on peut travailler sur des bases plus objectives » explique le co-président de l’ACB. « C’est intéressant et utile, car c’est une mine de renseignements et on peut ensuite agir avec des éléments de preuve filmés. Je dis bien « élément », car même une vidéo peut se contester » précise-t-il.

 

Pas question donc d’envisager des demandes de blocage par les hébergeurs de vidéos, ou bien de censure, comme n’a pas hésité à le réclamer il y a peu la présidente de la Ligue contre la violence routière s’agissant des vidéos de chauffards (voir notre article). « Le contexte est différent » rétorque ici Alexandre Andujar. « C’est vrai qu’on pourrait croire que ces vidéos incitent à faire de même. Le problème c’est que les bizuteurs passent à l’acte de toute manière ! Ils n’ont pas attendu Internet pour le faire. Pour nous, ça n’augmente donc pas le bizutage ».

 

S’il dit comprendre la démarche de la Ligue contre la violence routière, Alexandre Andujar rejette la transposition de cette proposition de censure pour les vidéos de bizutages. « Pour notre combat spécifique, ça me semble utile, pour l’instant, dans l’état du rapport de force social et institutionnel dans lequel nous sommes. Ça permet de montrer aux gens, aux institutions... : "Regardez l’état des lieux ! On a des éléments de preuve et on n’a pas de sanction. En plus ils le revendiquent..." » martèle-t-il. L’intéressé concède toutefois un seul bémol : « c’est que ce genre de diffusion a tendance à laisser penser aux bizuteurs qu’ils ont l’impunité et ça rend un peu plus fragiles les futurs bizutés » fait-il valoir. 

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