Concevoir un PC et fabriquer certaines de ses pièces en France ? Cela parait difficilement concevable tant l'industrie est dépendante d'acteurs taïwanais pour certaines de ces étapes. Mais le français Bleu Jour avance petit à petit dans son projet de PC « français ». Il va bientôt franchir un pas important.
Lorsque l'on évoque Jean Christophe Agobert, les vieux roublards du secteur informatique pensent immédiatement à Bacatà, un ancien grossiste toulousain qui a accompagné les belles années du début de l'explosion du PC en France, à coups de LED et de nappes IDE de couleur, rondes (entre autres). Oui, les PC de « Jacky », ça n'a rien de nouveau.
Bleu Jour : le NUC à la française...
Mais il avait également monté Bleu Jour, une société spécialisée dans le développement de mini PC. Depuis 2015, elle a refait parler d'elle à travers les « Kubb », qui sont essentiellement des NUC retournés placés dans un châssis maison, fabriqué localement. Toute une gamme a été développée depuis, en partenariat avec Intel.
Peu le savent d'ailleurs, mais à travers ses différentes activités (il est également derrière le site I am Nuc), Agobert est le premier vendeur de NUC français, devant les différents revendeurs du marché. Les débuts chaotiques de la communication qui appuyait un peu trop sur le « made in France » sont oubliés.
La société exporte à 70 %, elle est d'ailleurs soutenue par la région Occitanie pour ça. Un partenariat de distribution avec Sony au Japon pousse même l'entreprise à travailler sur un projet d'usine locale pour éviter d'avoir à expédier les châssis.
La volonté de faire de ses mini PC des solutions « franco-françaises » n'a néanmoins pas quitté l'entrepreneur qui a appris de ses erreurs initiales. Il a donc patiemment développé son entreprise, allant de salon en salon, à la recherche de nouveaux partenaires et clients. Désormais, il est prêt : la production de cartes mères va débuter en France.
.... de plus en plus !
La conception est réalisée en interne. Bleu Jour s'appuie sur un savoir-faire acquis de longue date en la matière et son partenariat fructueux avec Intel. Ses réalisations exploiteront en effet la technologie Elements de l'américain, permettant de concevoir des machines plus modulaires, comme les Ghost/Quartz/Beast Canyon, mais pour le monde de l'embarqué. C'est d'ailleurs là que le français a commencé à travailler sur des designs personnalisés.
Mais la fabrication se faisait encore à l'étranger. Désormais, elle se fera en France sur certains Kubb attendus d'ici la fin de l'année. Des annonces complémentaires devraient d'ailleurs être faites à l'occasion du CES de Las Vegas. Mais il a réservé la primeur de son annonce à l'IT Partners qui ouvre ses portes aujourd'hui à Paris.
Bien entendu, la machine n'est pas pour autant « 100 % made in France », puisque de nombreux composants restent d'approvisionnement étranger, mais c'est un cap important qui est ici franchi, montrant qu'un acteur local peut lui-même concevoir des pièces essentielles de nos ordinateurs et les produire en proximité.
Un Kubb à carte mère française... pour commencer
Les caractéristiques de la carte mère sont les suivantes :
- Compatible avec Compute Element (U-Series) Gen 11 (Tiger Lake) et suivant
- 2x DisplayPort
- 4 x USB 3.2 (5 Gb/s)
- 2 x USB 2.0
- 2 x M.2 2280 PCIe (NVMe)
- 1 x Audio
Le tarif annoncé pour le Kubb l'exploitant est de 600 euros. Des personnalisations peuvent intervenir sur la connectique (et donc le châssis) mais aussi d'éventuels logos à afficher sur le boîtier. Même sur de petits volumes, précise l'entreprise qui dit vouloir s'adresser aux PME et aux collectivités locales, friandes de souveraineté.
Bleu Jour présentera aussi sur le salon ses gammes actuelles, leurs évolutions à venir et d'autres nouveautés, comme sa station de travail RIDG à base de Xeon et de Quadro. Nous couvrons d'ailleurs le salon IT Partners, n'hésitez donc pas à nous suivre pour un premier aperçu de nos découvertes tout au long de la journée.