Si dans le domaine du réseau grand public certains hésitent encore à passer au 10 Gb/s, d'autres regardent déjà du côté de solutions avec des uplinks à 25 Gb/s ou 40 Gb/s. Un niveau de débit encore coûteux mais abordable pour les professionnels et les passionnés auxquels se destine un switch comme le S5860-20SQ.
Si le réseau à 1 Gb/s est partout, c'est principalement parce qu'il ne coûte « rien ». Intégré à de nombreux produits, il est presque considéré comme obligatoire (à l'exception des appareils fins). On trouve ainsi des switchs 24 ports à 80 euros, soit 3,33 euros par port. Dès lors, on comprend mieux le frein à l'adoption du Multi-Gig.
Réseau 10 Gb/s : futur pour les uns, passé pour les autres
Une carte réseau 2,5 Gb/s coûte un peu moins de 35 euros, un switch 5 ports se trouve dans les 115 euros. Pour du 10 Gb/s comptez 100 euros la carte réseau, 170 euros le switch 10 ports dont deux seulement à 10 Gb/s. Pour un particulier cela peut être un surcoût important, surtout s'il n'a pas régulièrement besoin de gros débits.
Mais pour les entreprises, travailleurs indépendants et autres passionnés, c'est une autre histoire. Pour eux, le débit du réseau local peut être vital, qu'il s'agisse de connecter de gros serveurs, déporter du stockage, effectuer rapidement des sauvegardes. Le 10 Gb/s (soit 1,25 Go/s) peut vite montrer ses limites avec plusieurs postes actifs.
Ils cherchent donc à passer à la vitesse supérieure : 25 Gb/s ou 40 Gb/s selon les cas. De premiers switchs « à petit prix » se destinent ainsi à ce public. C'est le cas du S5860-20SQ de FS.com qui propose pas moins de 26 ports, sous la forme de 20 cages SFP+ (10 Gb/s), 4 SFP28 (25 Gb/s) et 2 QSFP+ (40 Gb/s) pour 1390 euros TTC.
Des cages 25 Gb/s (SFP28) ou 40 Gb/s (QSFP+) dans votre réseau
« 25 Gb/s c'est le nouveau mainstream » nous confiait récemment un spécialiste du secteur, avec un brin d'ironie. Car il sait qu'une partie du marché peine encore à sauter le pas du Multi-Gig. Pourtant, dès que les besoins en débit sont essentiels à l'activité, cette étape est franchie depuis longtemps et elle est même déjà une limite.
Nombreuses sont les entreprises à passer progressivement à 25 Gb/s (3,13 Go/s), 40 Gb/s (5 Go/s) ou même 100 Gb/s (12,5 Go/s) pour les plus gourmandes. Mais dans ce dernier cas, on parle plutôt d'acteurs qui ont un cœur de réseau important avec de nombreux serveurs et parfois des interconnexions vers l'extérieur à plusieurs centaines de Gb/s.
Le « sweet spot » semble d'ailleurs être le 25 Gb/s pour les serveurs. On trouve des cartes réseau comme la ConnectX-5 LX de NVIDIA Networking (Mellanox) aux alentours de 330 euros TTC, avec deux cages SFP28 (25 Gb/s) et gestion de GPU Direct, de l'offload TCP, du RDMA/RoCE pour le NVMe-over-Fabrics, etc. La ConnectX-4 LX est moins bien dôtée en fonctionnalités mais plus abordable, toujours avec deux cages SFP28, dans les 260 euros TTC.
Chez Intel, on peut se tourner vers le modèle XXV710 (que nous avons retenu pour nos tests). On passe à 470 euros environ pour 2x 25 Gb/s, mais avec virtualisation matérielle (SR-IOV), offload iSCSI et NFS et quelques fonctionnalités maison largement supportées comme Virtual Machine Device Queues (VMDq), Flow Director, etc.
Pour passer à 40 Gb/s, il faut en général débourser au moins dans les 500 euros. Comptez 530 euros environ pour un modèle XL710-BM2 de chez Intel avec deux cages QSFP+. Pour rappel, ces dernières peuvent être facilement transformées en 4x SFP+ à 10 Gb/s via des breakout cables, un détail qui pourra avoir son importance par la suite.
Gare au coût des DAC/AOC ou transceivers
Comme vous avez pu le voir, il n'est plus question de cuivre et de RJ45 ici. S'il existe en théorie des normes RJ45 à 25 Gb/s, en pratique elles ne sont presque jamais utilisées. Dans le meilleur des cas, vous pourrez opter pour des câbles à attache directe (DAC) en cuivre de quelques mètres (dès 26,4 euros TTC). Ils ont leur équivalent optique actif (AOC) dès 82,8 euros TTC pour 1 mètre, mais vont jusqu'à 30 mètres pour à peine plus cher (97,20 euros TTC).
Vous pouvez aussi opter pour une solution plus flexible et modulaire mais plus coûteuse : utiliser des transceivers avec la fibre optique de votre choix. Comptez un peu moins de 40 euros par transceiver 25G-SR (Short Range) LC duplex à utiliser avec de la fibre multimode (OMx) jusqu'à 100 mètres. Pour grimper jusqu'à 10 km vous pouvez opter pour du 25G-LR (Long Range) LC et de la fibre monomode (OSx). Comptez cette fois 60 euros environ.
Pour du réseau à 40 Gb/s, les DAC, AOC et transceivers ne coûtent pas forcément plus chers sur de petites distances. Comptez entre 26 et 100 euros pour un DAC entre 0,5 à 7 mètres. Mais ça grimpe vite. Ainsi, le prix des AOC débute à 108 euros pour 1 mètre et grimpe à 160 euros pour 30 mètres. Ces chiffres se confirment du côté des transceivers, avec des modèles 40G-SR4 à moins de 40 euros... mais 260 euros pour un 40GE-LR4.
C'est ce qui explique que le 40G se généralise moins vite. Bien entendu, le type de fibre et donc son coût ne change pas par rapport à une connexion 10G. Vous pouvez ainsi passer une installation fibre 10G à 25G (ou plus) seulement en changeant les transceivers et les appareils connectés. Cela vous procure une bonne évolutivité.
S5860-20SQ de FS.com : un modèle complet et modulaire
Disposer d'appareils à 10 Gb/s, 25 Gb/s ou 40 Gb/s est une chose, encore faut-il pouvoir les interconnecter. Trouver des switchs avec de nombreuses cages SFP+ peut être vite déprimant tant les tarifs sont rapidement élevés. Y ajouter une contrainte avec le 25Gb/s et/ou le 40 Gb/s n'arrange rien à l'affaire.
Actuellement, il y a principalement deux références qui répondent à ce besoin. Le premier est l'USW-Pro-Aggregation de la gamme UniFi d'Ubiquiti. Proposé à un peu moins de 1 000 euros TTC. Il a l'avantage de disposer de 28 cages SFP+ et 4 SFP28, d'un petit écran en façade, mais il se destine surtout à ceux qui sont déjà équipés avec des produits de la marque, puisqu'il nécessitera un contrôleur sur le réseau pour la gestion (couche 3). La redondance de l'alimentation n'est aussi assurée que via un produit tiers, dommage.
FS.com a de son côté opté pour une solution plus coûteuse, mais plus ouverte et flexible. Lors de nos recherches pour des tests en 25 Gb/s, nous sommes tombés sur son S5860-20SQ, dont nous avons pu récupérer un exemplaire auprès du constructeur. Il utilise une puce Broadcom BCM56170 qui lui fournit une capacité de commutation de 760 Gb/s, de quoi alimenter 20 cages SFP+, 4 SFP28 et 2 QSFP+ pouvant être utilisés comme 8 SFP+ via des breakout cables.
Il fait partie de la gamme Pro de l'entreprise et est donc entièrement manageable (couche L3). Le SoC est accompagné de 1 Go de mémoire et 1 Go de stockage. Deux ports RJ45 sont présents en façade pour la gestion distante et la console. Un port USB est aussi de la partie, pouvant être utilisé pour la mise à jour de firmware ou la sauvegarde. On apprécie au passage la documentation complète, bien que fournie uniquement en anglais.
La gestion peut passer par une interface web ou en ligne de commandes (CLI via SSH ou Telnet), différents protocoles de remontée d'informations sont gérés (SNMP, RMON). L'empilage est supporté jusqu'à deux switchs, permettant d'agréger jusqu'à 200 Gb/s. Autre élément intéressant dans le cadre d'une utilisation professionnelle : deux alimentations de 150 watts sont présentes (avec un système anti-arrachement) pour assurer la redondance et sont échangeables à chaud. Il en est de même pour les deux ventilateurs fournis.
Son design est assez sobre, avec une robe noire, de légères ouvertures et peu de LED. Celles placées sur la gauche indiquent le statut global du switch, de ses alimentations, ventilateurs, et de la gestion distante. Une dernière permet son identification. Le switch est au format 1U (330 mm de profondeur) et pèse 4,6 kg. Il peut être posé sur un bureau ou fixé dans un rack (aucun rail n'est nécessaire), les pieds et vis sont fournis dans le bundle, ainsi que deux câbles d'alimentation et un pour la mise à la terre du châssis en métal. La garantie est assurée pendant 5 ans.
La consommation est donnée pour 85 watts au maximum, nous l'avons relevé à 35 watts au repos, à la prise, avec une seule alimentation connectée. Modèle « Pro » et à gros débit oblige ne vous attendez pas au silence. Les ventilateurs se font entendre (de manière raisonnable) même à vide et cela augmentera avec la montée en charge.
Une interface web plaisante, une gestion simple
Le switch fonctionne dès son allumage. Pour le configurer, il faut néanmoins utiliser une procédure particulière. En effet, l'interface web est accessible via l'P 192.168.1.1 et les identifiants admin/admin. Il faut donc y accéder depuis une machine dont l'IP a été modifiée pour être sur la plage 192.168.1.x. Il est directement proposé de modifier le mot de passe et l'IP d'accès (qui ne peut être récupérée depuis un serveur DHCP).
L'interface s'adapte aux différents appareils. Elle est organisée en quatre grands onglets : monitoring, config, diagnosis et maintenance. Un moteur de recherche est présent pour accéder rapidement à telle ou telle fonctionnalité, la gestion des comptes se fait par un espace dédié en haut à droite de la fenêtre.
Le menu de gauche qui permet de naviguer dans chaque section est rétractable. On peut à tout moment relancer l'assistant de configuration initial qui permet de choisir entre un fonctionnement en couche 2 ou 3 et donc les fonctionnalités proposées. On peut dès lors attribuer des VLAN à tel ou tel port, en déclarer certains comme des ponts, des ports routés ou des passerelles. Et choisir quelles fonctionnalités de sécurité activer ou non.
Pour obtenir la liste des fonctionnalités détaillées de ce switch, rendez-vous dans sa fiche technique ou son manuel.
Une bonne entrée en matière dans le 25/40 Gb/s
Au final, est donc plutôt simple à prendre en main, permettant à ceux qui veulent aller plus loin via la CLI de le faire s'ils le désirent. On apprécie également son ouverture, sa modularité et les protocoles ouverts qu'il utilise.
Ceux qui cherchent un modèle moins cher et ne comptent pas passer sur du 40 Gb/s en tête de réseau à l'avenir peuvent se tourner vers le modèle Ubiquiti, qui sera surtout intéressant si l'on est déjà équipé par la marque. Mais il faudra alors faire sans les ventilateurs et alimentations redondantes amovibles.
Le S5860-20SQ apparait donc comme une solution parfaite pour qui veut faire un premier pas dans le réseau à 25/40 Gb/s, que ce soit pour répondre à un besoin professionnel ou une envie personnelle. Il pourra venir parachever un réseau existant en permettant l'interconnexion de nombreuses machines à 10 Gb/s et de serveurs allant à des débits plus élevés. L'idéal lorsque l'on dispose d'un SAN iSCSI ou NVMe-oF ? À suivre...