Enfin ! Après plusieurs années d'attente et de retards à répétition, la version 7.0 de Disk Station Manager (DSM) vient d'être finalisée. Elle sera déployée à partir du 29 juin. Nous avons profité de l'occasion pour évoquer avec Synology ses espoirs pour les mois à venir, concentrés sur son offre cloud C2.
Nous ne reviendrons pas ici en détails sur l'historique de l'interface DSM de Synology, nous lui avons déjà consacré un article dans notre second magazine, désormais en ligne. Nous y avions abordé le passage de la branche 6.2 à la 7.0 bien plus difficile que prévu. Cette dernière était au départ attendue au premier semestre 2019.
Elle n'a eu de cesse d'être repoussée depuis. Pour se justifier, le constructeur évoque la multitude d'éléments améliorés et retouchés dans les tréfonds du système qui se veut plus rapide, plus moderne, un peu mieux organisé. L'utilisateur habitué n'y sera néanmoins pas perdu, de nombreux éléments restant à leur place.
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Ces derniers mois, les choses se sont néanmoins accélérées. En septembre 2020 une préversion était proposée, suivie d'une bêta en décembre. Le 1er juin, c'était au tour de la Release Candidate (RC). On s'attendait donc à une version finale avant les vacances. Ce sera bien le cas : la date est désormais fixée au 29 juin.
Synology précise que cela ne concernera que « certains produits des séries Plus, Value et J. Les périphériques des séries XS, SA et FS bénéficieront de mises à jour plus tard au cours du quatrième trimestre 2021 ». Mais aussi que la distribution se fera via un téléchargement et une mise à jour manuels. C'est seulement au fil des semaines que la procédure automatique sera généralisée à tous les modèles compatibles et dans l'ensemble des pays.
DSM 7.0 : dernière ligne droite
Nous avons pu échanger hier avec les équipes françaises de Synology, qui ne s'est pas attardée sur les nouveautés de DSM 7.0, que nous avons déjà présentées. Il s'agit principalement d'Active Insight (gestion de flotte de NAS dans une interface unifiée), le nouveau Synology Photos unifié intégrant Moments comme une fonctionnalité, un travail sur Drive et le partage de fichiers, ou encore des améliorations concernant le stockage.
Ici, il s'agit d'évolutions dans le Gestionnaire de stockage qui se veut plus simple et plus clair, les caches SSD annoncés comme plus rapides et flexibles (n'étant plus limités aux modèles NVMe) et une meilleure procédure de remplacement des périphériques défaillants. On note aussi la gestion du SAN Fibre Channel, de PetaSpace ou de la Storage Console pour « surveiller l'intégrité et les performances de tous vos NAS Synology NAS [...] Montez des datastores à partir de VMware pour en faciliter le déploiement » précise le site dédié.
On a également droit à une version plus avancée de la connexion via une double authentification, prenant notamment en compte les clés de sécurités et autres solutions biométriques. Une véritable avancée pour la sécurité des utilisateurs.
Des nouveautés prévues, sans grande inflexion
Côté stratégie, c'est pour le moment le calme plat sur les produits. La société a dévoilé de nombreux modèles au sein de sa série 2021, à base de processeurs Ryzen, de Xeon, rackables, des HDD et autres cartes réseau 2x 25G. Elle semble pour le moment s'accorder un peu de répit. Des NAS équipés de DSM 7.0 sont-ils prévus ? Oui. D'ici la fin de l'année ? Sans doute. Lesquels ? L'entreprise n'a pas souhaité nous en dire plus.
Nous avons cependant pu avoir quelques confirmations. Le MultiGig à 2,5 et 5 Gb/s, bien qu'étant identifié comme une demande récurrente, n'est pas encore au programme pour le moment. Il n'y aura pas non plus de nouveau modèle compact et mobile, ce marché étant considéré comme une « niche ». On pourrait par contre avoir droit à de références renouvelles avec carte graphique pour la surveillance, mais sans plus de détails là encore.
Un routeur Wi-Fi 6 pour bientôt
Si Synology ne compte pas s'impliquer autant dans le domaine du réseau que son concurrent QNAP, elle réfute tout abandon de sa gamme de routeurs. Il s'agit de produits privilégiés car profitant de la valeur apportée par la couche logicielle maison. Après une longue période sans nouveaux produits, un modèle Wi-Fi 6 est sur la rampe.
Aucune date ou caractéristiques n'ont été donnés, mais il sera plus performant que l'actuel RT2600ac. Impossible également de savoir s'il sera sur une version de SRM dérivée de DSM 7.0. Pour le moment, cette interface spécifique aux routeurs de Synology est disponible dans sa version 1.2.5 diffusée fin mai.
Elle apportait plusieurs nouveautés, comme le maillage via les premiers canaux 5 GHz lorsque les canaux DFS ne peuvent être utilisés, la mise à jour automatique de certains paquets dépendants de l'OS lorsque SRM est mis à jour manuellement, la gestion des adresses IPv6 manuelles, l'ajout d'informations au monitoring SNMP, etc.
Synology mise gros sur Hybrid Share et son Cloud C2
L'une des grandes nouveautés de DSM 7.0 que nous n'avons pas évoquées précédemment est le service Hybrid Share, qui permet de créer un espace dans le NAS synchronisé avec le cloud C2. Vous aurez donc un cache local et une copie en ligne, facilitant l'accès multi-sites. Nous reparlerons plus en détails de cette fonctionnalité sous peu.
Elle est le symbole d'une approche complémentaire Edge/Cloud que vante Synology espérant pouvoir vendre à la fois des NAS, serveurs et services en ligne à ses clients se reposant sur elle pour une offre clé en main.
Elle fait partie d'une stratégie plus globale de l'entreprise visant à maximiser ses revenus par la vente de services par abonnement via son offre de stockage cloud C2. Jusqu'à maintenant, elle ne proposait que de stocker des fichiers avec des fonctionnalités de sauvegarde et de synchronisation – ou Hybrid Share désormais. Mais ce n'était qu'un début, la liste des solutions prévues étant plus ou moins intéressante selon les cas.
Elles sont au nombre de quatre, avec une mise sur le marché s'étalant sur plusieurs mois. Il y a C2 Backup pour la sauvegarde en ligne de données ou de systèmes complets, avec une gestion de Windows (Server) puis de Microsoft 365 (fin 2021) et macOS (2022). Sans limite sur le nombre d'appareils. Elle sera facturée 30 euros par an pour 300 Go), 100 euros par an pour 2 To ou 500 euros par an pour 5 To sur l'offre Business, qui donne accès à plus de fonctionnalités et la possibilité d'ajouter des To supplémentaires à 100 euros par an chacun.
Pour rappel, l'offre C2 Storage est actuellement proposée à 10 euros par an pour 100 Go, 25 euros pour 300 Go, 60 euros pour 1 To, avec un second niveau à 70 euros par To et 70 euros le To supplémentaire. Synology n'a pour le moment pas précisé comment ces deux solutions allaient cohabiter ou si Backup allait remplacer Storage.
C2 Password est un gestionnaire de mots de passe et de données sensibles, avec du chiffrement de bout en bout et une synchronisation multi-appareils sans limites. Il permet de partager des données avec des tiers. Bonne nouvelle cette fois, c'est gratuit dans la limite de 100 Mo (stockage et transfert). Ensuite il faudra passer par une offre à 20 euros par an, avec 15 Go de stockage et 5 Go de transfert.
C2 Identity propose pour sa part de gérer l'authentification à des services via un service local ou distant, compatible LDAP, SAML, OIDC et pouvant s'interfacer avec différentes plateformes (Linux, macOS, Windows, un NAS synology, Microsoft 365, Google Workspace, Salesforce, Adobe CC, Zoom, etc.) avec politiques de groupes. Là aussi la fonctionnalité est gratuite jusqu'à 10 appareils pour un serveur local (Edge), Synology visant ici les TPE. Passé cette limite, il vous en coûtera 20 euros par utilisateur et par an.
Enfin, il y a C2 Transfert, dont on a ici du mal à comprendre le modèle puisqu'il s'agit simplement de proposer du partage de fichiers sécurisé, avec des fonctionnalités intéressantes comme la possibilité d'ajouter un tag facilement sur des images par exemple. On s'attendrait ainsi à ce que ce soit une fonctionnalité de C2 Backup. Eh bien non, elle est d'ailleurs facturée assez cher : 100 euros par an et par utilisateur, ou 500 euros par an pour 5 utilisateurs, avec un tarif de 70 euros par an et par utilisateur au-delà. Aucune offre globale n'est proposée, sauf sur devis.
C2 : un manque de certifications et d'ouverture
Deux autres points nous chagrinent dans la stratégie de Synology autour de C2. Si les services proposés sont pour la plupart intéressants, visant chacun un public spécifique avec une tarification adaptée, le constructeur semble faire du « forcing », ce qui n'est pas forcément dans son intérêt.
En effet, un client pourrait vouloir profiter de son NAS et d'une fonctionnalité comme Hybrid Share avec un cloud public qu'il utilise déjà à titre personnel ou au sein de son entreprise. C'est ce que QNAP propose notamment avec ses solutions comme Hybrid Mount. Ici, c'est C2 ou rien, forçant à aller à la concurrence pour plus d'ouverture.
Or, C2 ne répondra pas aux besoins de tous. Si les données sont bien hébergées à Francfort pour les clients européens, avec une certification ISO 27001, il n'est pas possible d'y placer des données de santé par exemple, aucune certification HDS n'étant au programme. Pas plus que la qualification SecNumCloud de l'ANSSI.
Ainsi, quelle que soit la raison de votre préférence pour un cloud tiers (stockage en France, certifications, tarifs, fonctionnalités), vous n'avez pas la possibilité de l'utiliser en complément des nouveaux services de Synology, qui tient à vous vendre ses services SaaS au sein de sa propre infrastructure. La seule alternative est d'utiliser des services tiers ou un NAS concurrent. Un point qui chagrinera certains.
Une attention pour les revendeurs et partenaires
Les revendeurs proches de la marque apprécieront sans doute un peu plus sa stratégie, puisqu'ils seront invités à proposer les nouveaux services C2 à leurs clients via le programme dédié qui les intégrera au fur et à mesure de leur mise sur le marché. Ils pourront ainsi toucher leur commission à la revente.
Il n'est par contre toujours pas prévu de proposer un accès à un DSM dans le cloud via C2. Il faudra donc toujours se tourner vers des entreprises hébergeant pour cela des NAS Synology dans leurs datacenters. Nous avons également demandé au Taïwanais si des synergies avec des FAI tels que Free Pro pouvaient être envisagées. Il nous a répondu que oui, même si pour le moment, aucune discussion de ce genre de semble en cours.
Synology profitait enfin de cet évènement pour évoquer ses bons résultats en France, un pays en croissance pour le groupe où les clients sont diversifiés et nombreux. Ce qui explique son attention sur ce marché.