Bleujour est une société française qui s'est fait une spécialité d'intégrer des mini PC NUC d'Intel ou Brix de Gigabyte dans des boîtiers spécifiques, parfois passifs, qu'elle conçoit. Elle a récemment dévoilé l'Octo, exploitant des processeurs Intel Core de 11e génération (Tiger Lake). Nous avons pu le tester.
Historiquement, Bleujour s'est faite connaître avec ses Kubb, des machines cubiques (d'où le nom) au sein desquels on trouvait un NUC d'Intel (la tête en bas), avec un système de refroidissement passif ou actif selon les cas et un boîtier... parfois en bois. Depuis, la société s'est adaptée à des cartes plus imposantes, avec les Move² et Ultimate ou le Wave.
Récemment, elle a annoncé une mise à jour d'une partie de sa gamme pour passer à des processeurs plus récents, dont les Core de 11e génération (Tiger Lake). On pouvait ainsi les trouver dans son dernier châssis aluminium : Octo. Presque carré mais pas cubique, ses dimensions sont de 132 x 122 x 64 mm. On y trouve toujours un NUC retourné, avec deux petites antennes en façade pour les connexions Wi-Fi 6 et Bluetooth 5.0 (Intel AX201).
Une machine bureautique donc, mais pas si classique qu'elle n'y paraît de prime abord.
Un châssis « VESA ready », personnalisable
La raison est simple : outre la vente aux particuliers, Bleujour vise les entreprises. Le châssis de cette machine peut directement être monté avec des kits VESA 75 et 100, mais peut surtout être personnalisé. Ceux qui veulent des postes à leurs couleurs et le logo de leur entreprise peuvent ainsi demander un devis sur-mesure.

Le modèle que nous avons testé était la version Graphite (noir et aluminium brossé). Contrairement aux Kubb, il n'y a pas ici de palette de couleurs complète. La seule alternative est donc une robe blanche (Source). La machine est livrée avec le kit VESA, son alimentation, un câble HDMI de 30 cm et une gaîne d'organisation de câbles.
Ce mini PC est équipé d'un Core i5-1145G7 (Tiger Lake-UP3, vPro) de type 4C/8T. Sa fréquence varie de 2,8 à 4,4 GHz pour un TDP de 28 watts. Il est équipé d'une partie graphique Xe (GT2, 80 unités d'exécution). On retrouve ici l'ensemble des accélérateurs (IA, image, audio, Wake-on-Voice) propre à cette génération.
Un NUC avec quelques (bonnes) adaptations
La carte mère utilisée est une NUC11TNBv5, qui affiche le logo Bleujour au démarrage. Ce choix d'utiliser un modèle Intel est intéressant puisqu'il permet de se reposer sur ce dernier pour profiter des mises à jour de pilotes et BIOS/UEFI, ce qui permet de profiter d'un bon support sur la durée. Le français l'assume d'ailleurs et renvoie vers le site de téléchargement de l'américain sur sa page de support. La garantie est assurée pendant 5 ans.
Le processeur est accompagné d'une unique barrette de 8 Go de DDR4 Crucial à 3,2 GHz. Côté stockage, nous avons eu droit à un SSD Seagate FireCuda 520 de 500 Go (ZP500GM30002, M.2, PCIe 4.0 x4, NVMe).
Pour ce qui est de la connectique, il existe deux déclinaisons selon que le processeur est vPro ou non. Tous les Octo Gen 11 ont ainsi droit à deux ports USB 3.2 (10 Gb/s) en façade et d'un troisième à l'arrière. Mais les modèles vPro ont trois ports USB 2.0 (plutôt qu'un) avec un second port RJ45. Tous deux sont à 2,5 Gb/s (Intel i225-LM).

Sur tous les modèles, on trouve également pas moins de deux ports HDMI 2.0b et deux Thunderbolt 4 compatibles USB4, qui peuvent également faire office de sortie vidéo (DisplayPort 1.4). Soit un maximum de 4 écrans 4K à 60 Hz (HDR) ou 2 écrans 8K à 60 Hz (SDR) pouvant être gérés par la partie graphique.
Cette déclinaison est donc celle qui a notre préférence puisque l'on peut difficilement faire plus complet dans un tel format, les ports USB 2.0 permettant de ne pas occuper inutilement des USB 3.2 avec un clavier/souris et autres périphériques n'ayant pas besoin d'un gros débit. La présence de deux RJ45 à 2,5 Gb/s pourrait en intéresser plus d'un, voulant utiliser une telle machine comme petit serveur. Un peu comme une Odroid H2+ survitaminée.
Certains pourront regretter le choix du bloc d'alimentation DC 19V qui n'a rien de très compact (159 x 74 x 25 mm). Cela s'explique par le besoin de pouvoir alimenter des périphériques via les ports USB4/TB4. Il peut ainsi fournir jusqu'à 120 watts (6,32 A). On regrettera simplement qu'Intel ne propose pas sur ces cartes mères une alimentation au choix, pouvant passer par le connecteur DC classique ou l'un des ports USB Type-C présent sur la machine.
Notez que si vous n'avez pas besoin de tant de puissance, vous pouvez utiliser sans problème un autre bloc d'alimentation. D'ailleurs, la version à base de Core i3 est livrée avec un bloc de 90 watts « seulement ». La machine est donnée pour un poids de 560 grammes, nous l'avons pesée montée à 825 grammes.
L'Octo Gen 11 ouvert à côté de son bloc d'alimentation
Compatibilité des OS et réseau à 2,5 Gb/s
Machine tout Intel oblige, elle fonctionne aussi bien sous Windows 10/11 que Linux. Son processeur étant récent, il faudra tout de même éviter les distributions qui utilisent un vieux noyau. Avec le système de Microsoft, pensez à regarder du côté des mises à jour facultatives qui contiennent en général de nombreux pilotes.
Nous l'avons testé sans problème sur Debian 11, Manjaro et Ubuntu 21.04. Seule limitation constatée : les débits réseau n'ont jamais dépassé les 200 Mo/s contre 260 Mo/s sous Windows 10. Notez également que VMware ESXi 7.0, bien qu'à jour, n'a pas reconnues puces réseau i225-LM d'Intel. Nous n'avons par contre rencontré aucun problème avec Proxmox 7.0, ce qui parait logique puisqu'il est basé sur Debian 11.

Une machine performante, mais pas toujours silencieuse
Tiger Lake est la première implémentation de l'architecture Willow Cove et de la partie graphique Xe par Intel, bénéficiant d'une finesse de gravure en 10 nm. Présentée comme plutôt efficace. Mais les modèles proposés en test sont le plus souvent les références haut de gamme. Comment s'en tire un « simple » Core i5 ?
Commençons par CineBench R23 qui fait office de référence. Nous obtenons les scores suivant :
Avec 5 000 points, on est à peu près à la moitié des performances d'un modèle pour PC de bureau, ce qui est logique puisque nous avons ici deux fois moins de cœurs. C'est aussi plus faible que l'Apple M1. Mais avec 1 400 points environ sur un seul cœur, il s'en tire plutôt bien, aidé par sa fréquence maximale de 4,4 GHz.
Lorsque tous les cœurs sont utilisés, on est plutôt dans les 4 GHz pendant quelques secondes, avec une baisse à 3,4/3,5 GHz ensuite. La consommation de la machine à la prise passe alors de 75 watts à 45 watts. Au repos elle est de 9 watts seulement, ce qui est plutôt appréciable. Mais petit format oblige... ça ventile.
En effet, dès que le processeur est un peu trop sollicité, le ventilateur embraye assez rapidement. Il faut dre que si le CPU est en général dans les 40°C en usage classique, il peut grimper à 70/80°C en quelques secondes avec la montée en fréquence puis redescendre tout aussi vite. Le ventirad n'est pas insupportable, mais il est difficile de considérer la machine comme silencieuse, ce qui gênera certains.
On peut toujours jouer avec les paramètres du BIOS/UEFI pour réduire le mode de fonctionnement du ventilateur, mais cela aura peu d'effet. Modifier le TDP est une autre possibilité, avec un impact direct sur les performances.
Comme toujours, on apprécie l'aspect complet du BIOS/UEFI Intel avec de nombreuses fonctionnalités, souvent utiles, notamment en entreprise avec la possibilté de booter sur un volume monté via iSCSI par exemple.
Passons maintenant à nos habituels tests OpenSSL :
OpenSSL - Signatures/s RSA 4096 bits :
- 1T : 283
- 8T : 1 187
OpenSSL - Vérifications/s RSA 4096 bits :
- 1T : 17 928
- 8T : 76 399
Ici, c'est mieux que l'Apple M1 qui n'était pas à l'aise avec cet exercice. Mais on est légèrement en dessous d'un processeur Ryzen comme le 4800U (Zen 2) sur un seul thread.
Au tour de Blender 2.93.2 avec la scène bmw27 rendue sur le CPU et la partie graphique intégrée Xe :
- CPU : 7min59s, 6,28 Wh
- IGP : 17min29s, 10,55 Wh
Comme on peut le voir ici, le CPU est à la fois le plus rapide et le plus efficace pour effectuer un rendu.
Finissons par un test dans un jeu assez peu gourmand graphiquement, Diablo III en 1080p :
- Élevé - AA plein écran : 49 ips
- Élevé - AA 4x (élevé) : 27 ips
Ici, on voit clairement que ce n'est pas vraiment une machine taillée pour un tel exercice. Certes, on pourra lancer certains jeux à l'occasion, mais en la matière, il sera sans doute plus raisonnable de l'utiliser pour du cloud gaming.
Un mini PC intéressant, avec quelques défauts
L'Octo Gen 11 est vendu 850 euros avec un Core i5-1145G7, 8 Go de mémoire, un SSD PCIe 4.0 de 500 Go et Linux Mint. La licence Windows 10 Pro peut être ajoutée pour 140 euros, on apprécie qu'elle ne soit pas imposée.
Un NUC d'Intel de base équivalente (NUC11TNHv50L) est vendu nu 560 euros chez LDLC. La carte mère seule est également disponible, pour 430 euros TTC. Chez un revendeur comme Iamnuc on trouve un modèle monté aux alentours de 700 euros TTC mais sans le châssis en aluminium, les antennes Wi-Fi externes, le second port 2,5 Gb/s et les deux USB 2.0 supplémentaires. Dans les deux cas, avec trois ans de garantie.
Si cette machine retient votre attention, vous aurez donc un choix à faire entre la version proposée par Intel et ses différentes possibilités d'intégration, ou celle de Bleujour, clé en main et plus complète, notamment via sa garantie étendue à 5 ans. Si l'on apprécie l'Octo dans son ensemble, on regrette néanmoins qu'un effort n'ait pas été fait sur le système de refroidissement et le bruit généré par le ventilateur.