Rachat de SiFive (RISC-V) : Intel pourrait préparer « le coup d'après »

Rachat de SiFive (RISC-V) : Intel pourrait préparer « le coup d’après »

Miser maintenant sur l'architecture d'Apple pour 2030 ?

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David Legrand

Publié dans

Hardware

11/06/2021 4 minutes
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Rachat de SiFive (RISC-V) : Intel pourrait préparer « le coup d'après »

En pleine préparation de sa phase de reconquête du marché, Intel mise sur une stratégie de diversification de son offre et des architectures intégrées au sein d'une puce. Et alors que NVIDIA veut se payer ARM, le géant de Santa Clara pourrait parier sur une solution en pleine ascension, encore plus ouverte : RISC-V.

Ces dernières années, l'architecture RISC-V a énormément fait parler d'elle. Née au travers d'un projet de l'Université de Berkeley, elle se veut très simple, efficace, totalement ouverte, elle s'inscrit dans une vague globale de libération des solutions matérielles, allant encore plus loin qu'ARM et son modèle de licences.

RISC-V : ouverture, efficacité... et souveraineté ?

De ce fait, elle rencontre un succès important. Elle pourrait d'ailleurs être une partie intégrante de la volonté de reconquête stratégique affichée en France et en Europe dans le numérique. On note quelques initiatives, comme le projet d'implémentation sécurisée et souveraine « SCZ-V » de Secure-IC soutenu par France Relance. Il y a aussi des travaux universitaires autour de RISC-V en France, STMicroEletronics l'évoque également.

Des géants comme NVIDIA ou Western Digital l'utilisent au sein de leurs produits, en général pour de petits contrôleurs ou des besoins très spécifiques. Mais comme ARM avant elle, la montée en gamme se fait peu à peu. On voit de nombreux « Raspberry Pi like » et autres kits de développement à quelques dizaines d'euros émerger. 

RISC-V prend donc de l'ampleur, son support au sein des distributions Linux progressant aussi rapidement.

SiFive : le bon pari au bon moment

Et au sein de cet écosystème, une société s'est particulièrement démarquée : SiFive. Elle propose en effet des blocs IP RISC-V prêts à l'emploi, mais aussi des outils de conception, proposant à des entreprises de répondre à leurs propres besoins avec des puces conçues pour elles à travers OpenFive.

On retrouve également des cartes de développement, comme la récente HiFive Unmatched avec un SoC Freedom U740, 16 Go de DDR4, 8 lignes PCIe 3.0, de l'USB 3.2 à 5 Gb/s), du réseau à 1 Gb/s, des emplacements M.2 pour du stockage, etc. Le tout avec une documentation complète, des plans et BOM librement diffusés. 

SiFive HiFive Unmatched

Vers un rachat par Intel ?

Une stratégie qui s'aligne parfaitement avec la volonté d'Intel d'intégrer des solutions tierces à ses puces, personnalisables, fabriquées pour des tiers à travers le programme IDM 2.0. Ces derniers mois, diverses petits détails et informations vont d'ailleurs dans le sens d'un intérêt croissant de l'Intel de Pat Gelsinger à l'architecture RISC-V.

Sunil Shenoy, proche de Gelsinger et actuel Vice-Président d'Intel en charge de tout ce qui touche aux architectures occupait d'ailleurs ce même poste chez... SiFive avant de revenir à ses premières amours en janvier dernier. Dès lors, les rumeurs d'un potentiel rachat de la startup par le géant américain, évoquées par Bloomberg, n'ont rien d'étonnant. Ce dernier pourrait ainsi accélérer sur l'intégration de RISC-V à ses solutions, tout en permettant à SiFive de profiter de sa position incomparable sur le marché, ses blocs IP, ses capacités de production, etc.

Désormais, il faudra voir si le deal se concrétise et à quelle échéance. Mais il fait sens et pourrait être un joli coup à long terme d'Intel face à un NVIDIA qui va prendre de l'ampleur à travers son intégration d'ARM. Vous pensiez que l'on entrait « dans le dur » de la bataille des architectures ? Si de premiers pions bougent, elle ne fait que commencer.

Écrit par David Legrand

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

RISC-V : ouverture, efficacité... et souveraineté ?

SiFive : le bon pari au bon moment

Vers un rachat par Intel ?

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Commentaires (12)


« allant encore plus loin qu’ARM et son modèle de licences. »



ARM, ce n’est pas du tout un modèle d’ouverture.


Oui mais c’est vachement plus ouvert que Intel. :)


Soit je n’ai pas compris le modèle économique de SiFive, soit ils proposent de s’appuyer sur de l’open dev pour proposer leur custom dev à la place :
sur leur site on voit cette mention : SiFive Custom Instruction Extension (SCIE)



Banquise a dit:


« allant encore plus loin qu’ARM et son modèle de licences. »



ARM, ce n’est pas du tout un modèle d’ouverture.




Sur l’architecture x86 oui. Il y a tout de même un meilleur support pilote de la part d’Intel (Windows et Linux) que d’ARM.




barlav a dit:


Soit je n’ai pas compris le modèle économique de SiFive, soit ils proposent de s’appuyer sur de l’open dev pour proposer leur custom dev à la place : sur leur site on voit cette mention : SiFive Custom Instruction Extension (SCIE)




RISC-V est une famille de jeux d’instructions (32, 64 ou 128 bit) opensource et SiFive est une sorte de Qualcomm qui fait des designs de CPU compatible RISC-V et les vends. C’est comme ça que je le comprends.



mrintrepide a dit:


Sur l’architecture x86 oui. Il y a tout de même un meilleur support pilote de la part d’Intel (Windows et Linux) que d’ARM.




Comparer ARM et x86 c’est oublier que l’architecture x86 est majoritairement utilisée dans un environnement standard qui découle des liens Intel-Micorsoft (et Linux s’appuie sur ces standard). Intel ne fournit rien d’autre que des drivers pour un standard qu’il a contribué a établir



ARM licencie principalement des jeux d’instructions (ARMvX) et propose aussi des IP. Mais l’architecture dans laquelle ces IP sont utilisés sont du ressort de ceux qui les achètent (samsung/Apple/Qualcom …), et c’est à eux de fournir des drivers. Arm ne décide pas de ce qui est fait de ses produits.



A moins qu’un de ces acteurs ne se décide à fournir et à suivre une spécification ouverte, capable d’attirer tout un écosystème comme l’a fait intel/microsoft avec le PC (surtout une compatibilité ascendante), Il n’y a pas de raison que ce soit mieux avec intel+SiFive.



Un exemple flagrant reste la position de Linus Torvald sur le support ARM : Il n’y a pas de standard, chaque fabriquant fait ce qu’il veut. Entre les périphériques qui ne sont pas découvrables (ce que permet le PCI et ses descendants) et autre joyeuseté, tout est quasiment custom.


Oui le manque de standard est flagrant (pas d’UEFI, d’ACPI, etc) J’ai une Pinbook pro et c’est la galère.
Par contre c’est bien ARM qui s’occupe du pilote des partis graphique Mali et c’est pas bon.
Il y a un bon nombre de puces vendu directement avec Cortex-AX + Mali XXX non modifié.
Qualcomm est surement le meilleur en la matière de support avec NVIDIA (puce Tegra)


OK, donc le prochain Intel aura encore de nouvelles instructions ou un nouveau mode RISC-V en plus du x86 réel, X64, x32, … Le nouveau cpu “crisc” :)



Le modèle sifive semble intéressant, être capable de sortir les puces à la demande. En espérant qu’ils puissent sortir en même temps le noyau linux à la demande.



J’utilise des cartes Risc-V pour m’amuser depuis 1an/1,5 an, et ça marche bien. Ca donne vraiment l’impression qu’il est facile d’y porter quelque chose, là où le support ARM sur d’anciennes carte a pris des mois, si bien qu’au final les cartes étaient utilisables quand les nouvelles sortaient…



Après, le portage RISC-V profite de l’expérience des portages ARM, et il ne faut pas oublier que la plupart des cartes font fi de tout ce qui est protection mémoire.



mrintrepide a dit:


RISC-V est une famille de jeux d’instructions (32, 64 ou 128 bit)




“128 bit”, ça n’a fait sursauter personne :D
Bon c’est écrit dans la page Wikipedia française, mais dans la page anglaise c’est précisé que c’est prévu théoriquement, mais d’ici qu’on ait besoin de plus de 64 bits d’adressage, on a du temps :



« The instruction set specification defines 32-bit and 64-bit address space variants. The specification includes a description of 128-bit flat address space variant, as an extrapolation of 32 and 64 bit variants, but the 128-bit ISA remains “not frozen” intentionally, because there is yet so little practical experience with such large memory systems.[1] »



Rien que l’adressage 48 bits, ça correspond à 256 Tio de RAM (environ 281 * 10^12). Ça arrivera peut-être un jour mais ça paraît loin.


On parle de jeu d’instruction, pas de bus d’adressage. Il me semble que dans les processeur modernes dit x86 il y a déjà des extensions sur 256 voir 512 bits. Ce ne sont que des instructions a l’inverse il y a eu des processeur 8 bits avec un bus d’adressage bien plus large (256 mots de mémoire ça fait vraiment peu)


Non non, on ne parle pas de jeu d’instruction, mais de la taille adressable possible. Si on est passé de 32 à 64 bits, c’est pour dépasser la limite des 2 ou 4 Go adressables. On a également des registres sur 64 bits, mais certains étaient déjà en 64 bits avant sur le x86, pour les calculs flottants.
Les instructions elles tiennent souvent sur 16 ou 32 bits (même avec 16 bits potentiellement ça ferait 65 536 instructions différentes, même si ça ne marche pas comme ça en pratique).



Les extensions 256 et 512 bits ne concernent pas l’adressage (évidemment, déjà qu’on est loin d’avoir épuisé le 64 bits) mais la quantité de données manipulées par certaines instructions de calcul (AVX et AVX-512).



Un processeur 8 bits avec un bus d’adressage de 256 bits ??
Ce qui a existé c’est des processeurs 8 bits avec des adressages sur 16 bits, comme le 6502 et le Z80, mais ils ne pouvaient manipuler que des quantités de 8 bits (taille des registres). J’ai fait de l’assembleur dessus :-) .


J’ai loupé un truc peut-être, mais aux dernières nouvelles il y avait encore pas mal d’opposition à l’acquisition d’ARM par NVIDIA, non ? Donc cette intégration est loin d’être gagnée.



(reply:57767:Aristide Rutilant)




Il y a un processus en cours, et chacun fait valoir son point de vue, ça aboutira sans doute à une liste d’engagements (déjà prévues pour la plupart dans le deal initial). Pour le reste, c’est une boite US qui rachète une entité à un fonds japonais. Il faut forcément assurer une neutralité à long terme pour les clients d’ARM, mais je doute que ça aille au-delà.



D’autant que, comme le prouve RISC-V, les opportunités de marché dans le domaine des architectures sont diverses. Le plus grand défi pour ARM/NVIDIA sera de voir cet écosystème naissant ne pas se développer à son détriment.