SSD M.2 (NVMe) WD Blue SN550 de 500 Go : un PCB vide, pour quelles performances ?

SSD M.2 (NVMe) WD Blue SN550 de 500 Go : un PCB vide, pour quelles performances ?

Flou et cache SLC au programme

Avatar de l'auteur
David Legrand

Publié dans

Hardware

30/12/2020 7 minutes
17

SSD M.2 (NVMe) WD Blue SN550 de 500 Go : un PCB vide, pour quelles performances ?

Le prix des SSD n'a cessé de dégringoler cette année et même les modèles M.2 (NVMe) deviennent abordables. Mais faut-il pour autant craquer ? Car derrière la débauche de Go/s annoncés se cache parfois une réalité peu reluisante. Pour le savoir, nous avons acheté un Blue SN550 (500 Go) de Western Digital à petit prix.

Cette année 2020 aura été marquée par de nombreuses annonces dans le domaine des SSD. Mais elle aura aussi été celle où la barre des 75 euros par To aura été franchie sur le plan tarifaire. Le symbole d'une baisse des prix continue, qui ne touche pas que les modèles classiques au format 2,5" avec connecteur S-ATA. 

Les modèles M.2 profitant du protocole NVMe et du PCIe, bien plus rapides, sont aussi concernés. On peut ainsi en trouver aux alentours de 100/110 euros par To au gré des bons plans. C'était le cas du Blue SN550 de Western Digital (WD) lorsque nous l'avons commandé : il était en promotion à 53 euros, contre un peu moins de 70 euros désormais.

L'occasion de voir si une référence récente, mais d'entrée de gamme, est désormais convaincante. Car par le passé nous avons parfois rencontré des SSD aux performances peu reluisantes dès lors que l'on sortait des benchmarks.

Un problème de transparence évident

Et face à cela, Western Digital ne fait rien pour rassurer. Officiellement, le SN550 est un SSD exploitant des puces de flash 3D NAND à 96 couches, TLC. C'est en tout cas ce qu'en dit Anandtech, en général bien informé.

Pour autant, le constructeur ne mentionne cette caractéristique ni dans sa fiche technique, ni sur sa boutique, ni dans son communiqué de presse d'annonce. On ne sait rien des puces utilisées. Elles sont marquées d'une référence 60523 512G ne renseignant que sur leur capacité. Celle du contrôleur (20-82-10023-A1) ne renvoie à aucune fiche technique.

WD Blue SN550 500 GoWD Blue SN550 500 Go

À croire que les récents scandales dans le domaine des disques durs, avec des constructeurs jouant sur le flou des caractéristiques annoncées (ici ou ) en trompant parfois le consommateur n'a pas servi de leçon à la marque. Le type de puce utilisée, caractéristique essentielle d'un SSD devrait être systématiquement mentionné.

Le fonctionnement de son cache devrait aussi être détaillé. Car les 2,4 Go/s en lecture et les 1,75 Go/s en écriture annoncés ne disent pas tout des performances d'un tel produit. Les puces TLC peuvent contenir jusqu'à trois bits par cellules. Mais écrire de la sorte se fait lentement. Ainsi, par défaut le SSD se comporte comme un modèle SLC.

Un seul bit est alors écrit par cellule tant que cela est possible pour maximiser les performances, les données sont réorganisées ensuite. C'est pour cela que l'on parle en général de « Cache SLC ». Mais ce stratagème ne fonctionne qu'un temps, qui dépend du modèle, du contrôleur, du constructeur. Ici, aucun détail n'est donné. 

Au final, la fiche technique nous apprend seulement que le SSD peut grimper à 300 kIOPS en lecture et 240 kIOPS en écriture de données 4K aléatoires, et que son endurance est de 300 To écrits (TBW ou ToW). Un chiffre représentatif de ce qu'il faut attendre avec des puces TLC, qui sert également de limite à la garantie. Sinon, elle est de 5 ans.

Un PCB vide des performances conformes dans les benchmarks

Le modèle que nous avons reçu (WDS500G2B0C) se distingue par un premier point : bien qu'il soit au format M.2 2280 (NVMe 1.4), il est bien trop grand pour les puces qu'il héberge. Le contrôleur est compact, les 500 Go de stockage tenant dans une unique puce. Tout le reste du SSD est dépourvu de composants. Il pourrait donc être bien plus petit.

Il exploite une interface PCIe 3.0 x4 (jusqu'à 4 Go/s). Sa consommation est donnée pour 5 et 20 mW selon ses états de veille, jusqu'à 3,9 watts à son utilisation maximale. Nous l'avons installé sur notre plateforme de test de référence avec une carte mère Gigabyte X570 Aorus Master, un Ryzen 5 5600X, 128 Go de DDR4 et un SSD PCIe 4.0 de 1 To.

Commençons par les habituels benchmarks, CrystalDisk Mark 8.0 et ATTO :

WD Blue SN550 500 Go CrystalDiskMark 8WD Blue SN550 500 Go ATTO 4

Comme on peut le voir, les performances annoncées sont bien tenues. Les débits mesurés sur des transferts aléatoires de petits fichiers sont d'un bon niveau. De son côté, ATTO atteint le plein potentiel du SSD, vers des transferts de 256 ko. On arrive alors à 2,3 Go/s en lecture et 1,6 Go/s en écriture.

Lors de nos tests et même sur de plus gros transferts, nous n'avons pas relevé de problème de chauffe particulier avec ce SSD. Au repos il était à 29°C, en pleine charge dans les 41/42°C.

Un cache SLC de 14 Go

Passons maintenant à un test un peu plus pratique avec le transfert de 62,9 Go de gros fichiers (4 à 9 Go) depuis la mémoire, en lecture puis en écriture. Pour cela, nous utilisons OSFMount :

WD Blue SN550 500 Go LectureWD Blue SN550 500 Go Ecriture
Les performances en lecture puis en écriture via une simple copie de fichiers sous Windows 10

Comme on peut le voir, en lecture on est ici limité à 1,6 Go/s. Lors d'autres tests, nous avons effectué des relevés jusqu'à 2 Go/s. C'est moins qu'annoncé, mais tout de même assez élevé. En écriture par contre, c'est une autre histoire.

Comme on pouvait s'y attendre, il y a bien un cache SLC et sa taille est plutôt réduite, aux alentours de 14 Go. Il n'est donc pas très évolué, son comportement est identique si le SSD est vide ou contient plusieurs centaines de Go de données. Dès le cap passé, on tombe à un peu plus de 420 Mo/s environ, et on y reste.

Ainsi pour un transfert complet des données, 129 secondes sont nécessaires, soit un débit moyen de 499,4 Mo/s.

Un SSD correct pour son prix, mal présenté

Comme souvent avec les SSD NVMe, le regret n'est pas tant le niveau des performances du SSD que le décalage avec les chiffres mis en avant par le constructeur. Certes, on obtient le résultat promis dans les benchmarks, mais ce sera l'un des seuls cas où cela se vérifie. Surtout en écriture. 

Ainsi, bien que non évoqué par Western Digital, un cache de 14 Go environ est ici présent. Si vous effectuez des transferts inférieurs, vous ne verrez rien : le débit constaté sera bien aux alentours de 1,6 Go/s. Sinon, vous serez plutôt dans les 400/500 Mo/s. Le problème étant que le constructeur ne le mentionne jamais dans ses caractéristiques.

Une situation qui n'est pas propre à Western Digital, puisque ses concurrents font presque tous la même chose, lorsqu'ils ne vont pas jusqu'à changer le type de mémoire Flash en cours de route. Mais ce n'est pas acceptable pour autant, car le consommateur n'a aucun moyen de savoir réellement ce qu'il achète. 

Ainsi, si vous cherchez un SSD NVMe à petit prix, qui offrira de bons débits tant qu'il n'est pas trop sollicité, ce Blue SN550 pourra faire l'affaire. Si vous effectuez régulièrement de gros transferts, regardez plutôt du côté de modèles S-ATA qui fourniront 500 Mo/s de manière constante, tout en étant plus abordables.

On regrettera au passage que le format M.2 2280 soit toujours la norme, alors que de tels SSD montrent que l'on pourrait aisément se limiter à du 2260 ou du 2242. Espérons aussi que cela changera dans les mois à venir.

Écrit par David Legrand

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

Un problème de transparence évident

Un PCB vide des performances conformes dans les benchmarks

Un cache SLC de 14 Go

Un SSD correct pour son prix, mal présenté

Le brief de ce matin n'est pas encore là

Partez acheter vos croissants
Et faites chauffer votre bouilloire,
Le brief arrive dans un instant,
Tout frais du matin, gardez espoir.

Fermer

Commentaires (17)


J’espère de tout cœur moi aussi que l’on se dirige de plus en plus vers des tailles inférieurs… les SSD LDLC typiquement sont d’un vide intersidéral sur le PCB au point que ça en devient risible.



D’un côté c’est mieux ça et tout le monde est inter-compatible* en 2280, mais en même temps sortir un 2242 avec possibilité d’acheter un adaptateur vers 2280 si besoin, ça offrirait tellement plus de possibilités..!



Signé le mec frustré de ne pas avoir eu beaucoup de choix pour se faire sa clé USB multifonction custom avec un SSD en 2242… :mrgreen:



* ou pas d’ailleurs entre les M.2 de différentes clés B, M, E, B+M…


Disons que des 2242 avec un adaptateur plastique pour du 2280 ça ne devrait ruiner personne :D


Idem … j’avais pris un SN500 pour me faire un disque externe. C’est du 2280 mais par contre toutes les puces sont rassemblées du côté du connecteur. Le PCB du boitier est secable en 2260 et 2242, mais je n’ai pas osé découper le SSD à la scie à métaux 😬


Bonjour j’étais à la recherche d’un SSD M.2 nvme et j’avais vu ce modèle qui avait visiblement un bon rapport presta/prix mais je vois avec votre test qu’il faut mieux voir ailleurs vu que c’était pas mal de gros fichiers que je devais copier/utiliser dessus… allez je vais gentiment continuer mes fouilles ^^
Merci pour ce test. :chinois:


D’autres arrivent, en espérant que ça aide ;)


En fait, côté fabrication, c’est carrément moins cher et plus pratique. Tu fais un pcb unique pour le 500go, 1To, 2To, 4To, et tu mets 1, 2, 4, 8 puces flash.



Un PCB sécable serait une bonne solution pour remédier à ça… Mais ça coûte cher aussi de développer des pcb sécables (et c’est toujours risqué).



stfp_sunset a dit:


Bonjour j’étais à la recherche d’un SSD M.2 nvme et j’avais vu ce modèle qui avait visiblement un bon rapport presta/prix mais je vois avec votre test qu’il faut mieux voir ailleurs vu que c’était pas mal de gros fichiers que je devais copier/utiliser dessus… allez je vais gentiment continuer mes fouilles ^^



David_L a dit:


D’autres arrivent, en espérant que ça aide ;)




Quand je lis l’article :
« 62,9 Go de gros fichiers (4 à 9 Go) [..] Ainsi pour un transfert complet des données, 129 secondes sont nécessaires, soit un débit moyen de 499,4 Mo/s. »
je suis un peu surpris de lire ceci dans la conclusion « Si vous effectuez régulièrement de gros transferts, regardez plutôt du côté de modèles S-ATA qui fourniront 500 Mo/s de manière constante ».



je préfère acheter ce SSD qui a un débit pratique de 500 Mo/s pour un transfert aussi gros que 63 Go, très proche d’un SSD SATA (on est à moins de 10 % de différence), et qui sinon va nettement plus vite, qu’un SSD SATA.


Payer 50% plus cher pour une prestation équivalente dans cet usage n’est pas vraiment cohérent.
:singe:


Aujourd’hui les modèles SATA ont tendance à être encore pires (le pire que j’ai trouvé c’est le Samsung 860 Qvo à base de flash QLC) : 500 Mo/s pendant quelques Go à peine, puis 80 Mo/s (ce n’est pas une blague) pour le modèle 1 To
Heureusement le 860 Evo (TLC) est bien plus performant, je conseille plutôt lui.


Plus le transferts sera long, plus on descendra sous les 500 Mo/s, un bon modèle S-ATA n’aura pas ce défaut et pourra assurer les 500 Mo/s constamment. Après c’est une question de choix et de besoin comme évoqué dans l’article. Si ça te va, ça me va ;)


J’apprécie l’information donnée sur le sujet des longs transferts, aucun doute là-dessus.
Je reste dubitatif tout de même sur ceux qui, sur un SSD de 500 Go, vont souvent transférer des quantités supérieures à 70 Go. Reconnais que c’est un cas peu fréquent. Si une fois de temps en temps on est ralentit par le transfert hors zone cache SLC, c’est tellement mineur. Le reste du temps ça booste.




barlav a dit:


Payer 50% plus cher pour une prestation équivalente dans cet usage n’est pas vraiment cohérent. :singe:




Cf ma réponse ci-dessus :-) .


Que tu sois dubitatif ou pas ça ne change rien. L’important est d’informer sur la réalité du produit. L’utilisateur choisi ensuite selon ses besoins, qu’ils te semblent pertinents ou pas, potentiellement fréquents ou pas. Tu peux ne pas transférer souvent de grosses quantités de données, ce ne sera pas le cas de tout le monde, de tous les usages (coucou les caches en écriture pour NAS).



Et le souci se pose sur un modèle avec un gros cache SLC comme d’autres avec un plus petit, un au comportement différent, etc. Car annoncer 3 Go/s quand tu ne tiens en réalité que 500 Mo/s c’est un problème.


Je fais régulièrement des backups de mes unités SATA et je peux te dire que des gros fichiers, il y en a et pas qu’un peu !



Le transfert de données à ces moments-là, par l’intermédiaire de l’interface thunderbolt, est assez conséquent et perso je ne dirais pas non à une petite accélération grâce à l’interface PCIE des ssd nvme, mais je n’ai pas envie de me faire avoir avec des vitesses trompeuses qui n’apportent rien de plus en réalité que ce que j’ai déjà.



D’où l’importance des tests indépendants tels que celui-ci (merci David), pour avoir une idée précise de ce que l’on peut attendre de ces ch’ti bitoniaux nvme… Et pour le moments les modèles premiers prix s’avèrent plutôt, voire carrément décevants…


(oups impossible d’éditer…)



Update :



D’où ma question : n’y a-t-il donc aucune alternative au système actuel de cache pour les constructeurs ?



Si la réponse est non, ne pourrait-on pas imaginer un standard industriel comme quoi la capacité du cache doit être égale au quart de la capacité totale du SSD (exemple : un ssd de 1To doit avoir un cache d’au moins 256 Go) ?



En disant cela, je tiens compte du fait que les SSD actuels comportent jusqu’à quatre couches (QLC) empilées, donc il serait logique de pouvoir profiter de toute une couche en SLC, et pas seulement une ridicule petite partie, comme le font les radins actuels.



(quote:54188:DantonQ-Robespierre)
Je fais régulièrement des backups de mes unités SATA et je peux te dire que des gros fichiers, il y en a et pas qu’un peu !




Tu sauvegardes des SATA sur du NVME ?




(quote:54189:DantonQ-Robespierre)
[..] En disant cela, je tiens compte du fait que les SSD actuels comportent jusqu’à quatre couches (QLC) empilées, donc il serait logique de pouvoir profiter de toute une couche en SLC, et pas seulement une ridicule petite partie, comme le font les radins actuels.




Le principe du QLC (et du MLC puis TLC précédemment) ne consiste pas en un empilement de couche, mais par le stockage de plusieurs bits dans une cellule flash, via des niveaux de charge différents, là où en SLC la cellule (~condensateur) est soit chargée soit pas chargée.
De ce fait, consacrer des cellules pour une partie cache SLC a un coût important en terme d’occupation, pour ma part je préfère que le cache soit plutôt petit, sachant qu’après il y a en plus une copie de la partie SLC vers la partie autre (TLC/QLC), ce qui contribue à diminuer la durée de vie du SSD (même si en pratique elle est plus que suffisante hormis usage particulier).



Tu sauvegardes des SATA sur du NVME ?




Non, je sauvegarde des unités SATA… sur d’autres unités SATA, et je me disais qu’un gain de vitesse ne serait pas de refus…



Donc j’examine sérieusement les possibilités de type NVME, mais pour le moment le budget est un gros frein… Et les performances réelles sur gros fichiers testées ici et ailleurs sont plutôt décevantes et ne m’apporteraient en fait aucun vrai plus significatif.




…sachant qu’après il y a en plus une copie de la partie SLC vers la partie autre (TLC/QLC), ce qui contribue à diminuer la durée de vie du SSD…




Alors tout ça tu me l’apprends, du coup l’intérêt réel de ce système de cache apparait moins intéressant…



Je comprends bien qu’en usage quotidien, ça peut apporter quelque chose vu qu’un OS passe son temps à lire et écrire de tous petits fichiers, mais en backup je peine à voir l’intérêt.



Il me semble (pour le moment) qu’un système de NAS maison très classique, à base de SSD SATA, branché si possible en Thunderbolt, pourrait être tout aussi efficient et surtout moins cher.



(reply:54209:DantonQ-Robespierre)




Je précise juste que quand j’ai parlé de diminuer la durée de vie du SSD du fait du cache SLC, d’une part cette durée de vie n’est que très rarement un problème, car en pratique on aura remplacé le SSD avant, d’autre part les cellules utilisées en mode SLC sont vues comme très endurantes (c’est plus facile de distinguer un état chargé de non-chargé, que de distinguer parmi 8 (TLC) ou 16 (QLC) niveaux de charge quand la cellule commence à flancher.



Après je ne suis pas devin, mais il est probable que les SSD NVME restent plus chers que les SATA pendant un bout de temps (ne serait-ce que parce que les SSD SATA font facilement 500-550 Mo/s et n’ont pas besoin d’aller plus vite côté puces). Pour le backup, perso j’utilise de bons vieux disques magnétiques en RAID, c’est le plus économique et côté débit cela me convient.