Le début d'année n'est pas l'occasion que de prendre de bonnes résolutions, mais aussi de bidouiller, bricoler, réparer ce qui ne fonctionne plus mais qui n'a pas été considéré jusque-là comme une urgence vitale. Et pourquoi pas en profiter pour refaire une beauté à vos câbles réseau ?
Les protocoles de communications et la connectique de l'informatique moderne évoluent à toute vitesse. Il y a néanmoins deux protocoles presque immuables, qui évoluent surtout par leur montée régulière en débit : USB et Ethernet. Ce dernier est celui qui se cache derrière nos bons vieux câbles réseau à embout RJ45 (ou plutôt 8P8C).
Comme nous l'avions évoqué dans notre article consacré aux solutions à plus de 1 Gb/s, ce connecteur est en place depuis une bonne trentaine d'années et tient le choc, bien que les débits aient été multipliés par 1 000. C'est surtout la composition du câble qui a changé passant de deux à quatre paires torsadées exploitées.
Mais aussi au niveau de la fréquence du signal qui peut être assurée sur une grande distance. C'est sur ce point que se distinguent les différentes catégories (Cat). Désormais, on privilégie du Cat 5e qui peut aller jusqu'à 5 Gb/s ou du 6(A)/7 si l'on veut atteindre les 10 Gb/s. Autre possibilité : passer par de la fibre.
Ces câbles peuvent être renforcés de différentes manières, avec plusieurs niveaux de blindage :
- UTP : aucune protection
- FTP : le câble est blindé par un feuillard
- STP : chaque paire est blindée par une tresse
- S/FTP : le câble est blindé par un feuillard et une tresse
- S/STP : chaque paire est blindée par une tresse, le câble également
- F/FTP : chaque paire est blindée par un feuillard, le câble également
Les différentes lettres aident à comprendre le type de blindage des paires torsadées (TP) qui peuvent être sans protection (Unshielded, U), protégée par une feuille d'aluminium (Foiled, F), ou par une tresse (Shielded, S). Un blindage important n'est pas systématiquement nécessaire, mais cela peut être le cas en cas de proximité avec des courants forts ou d'autres signaux pouvant venir perturber leur bon fonctionnement.
Un câble avec un simple feuillard
Le connecteur 8P8C peut lui aussi être plus ou moins résistant selon les cas et besoins. Mais son système d'accroche est en général assez fragile, sous la forme d'une languette plastique qui vient se clipser dans le port. Si vous manipulez régulièrement vos câbles, il peut donc vous arriver de les casser.
Vous connaissez alors le sort de nombreux bidouilleurs : vous collectionnez les câbles qui se connectent mal. Parfois vous les remplacez par de nouveaux. Il y a pourtant une solution bien plus simple : changer les embouts. Ce qui vous permettra d'apprendre à fabriquer vos propres câbles maison, à la longueur de votre choix.
Vous pourrez alors acheter vos câbles en rouleau de plusieurs centaines de mètres. Le tarif est alors compris entre 0,7 et 1 euro le mètre environ. Tout dépendra du type de la catégorie et du blindage principalement. Il faudra aussi prendre garde à choisir selon une dernière distinction, le type de fil : mono ou multi-brin.
Source : Exertis connect
Ici, c'est assez simple : le premier est adapté au câblage d'éléments femelles, que ce soit les prises murales, placées dans une baie de brassage, etc. Le second, plus souple, doit être utilisé pour les câbles.
Une composition tout en couleur
La procédure est en effet enfantine sur le papier : on coupe l'embout défaillant, on dénude une partie du câble, on met un nouvel embout et... c'est fini. Dans la pratique, c'est un petit peu plus compliqué, mais à la portée de tous. Mais avant de procéder, un petit rappel sur la composition du RJ45/8P8C :
Source : Belcom
Ils se composent de quatre paires torsadées, soit un total de huit broches, qui peuvent transporter soit des données soit du courant dans le cas du Power over Ethernet (PoE). Elles se distinguent par leur couleur, chaque paire étant composée d'un fil en couleur pleine et d'un autre strié. Il existe deux câblages différents : T568A et T568B.
Lorsqu'un câble utilise la même topologie à ses deux embouts, on dit qu'il est « droit », sinon qu'il est « croisé ». Une nuance qui n'a plus vraiment lieu d'être aujourd'hui, surtout depuis la généralisation de l'Auto-MDI/MDIX qui se charge de faire communiquer des appareils quelle que soit la composition du câblage.
Comme vous pouvez le voir sur le schéma ci-dessus, la différence se situe au niveau des paires verte et orange, inversées, alors que les bleue et brune restent à la même place. Aujourd'hui, le plus courant est le T568B. Pour vérifier ce qu'il en est de vos câbles actuels, regardez leur connecteur de plus près, vous devriez pouvoir distinguer les couleurs.
En regardant le connecteur de plus près, on voit les couleurs des paires - Crédits iStock/Oskars Bormanis/Supersmario
Des solutions clé en main, pas toujours les plus simples
Avec l'explosion de la vente en ligne ces dernières années, chacun peut facilement commander des connecteurs 8P8C, alors qu'il fallait auparavant passer par des boutiques spécialisées. Au point que des versions simplifiées, ne nécessitant pas d'outils particuliers, ont été mises sur le marché.
Leur promesse est celle d'avoir simplement à enficher les câbles puis à clipser l'ensemble et... ça marche. Nous en avons commandé dans le cadre de ce dossier, et force est de constater que le résultat est loin d'être au rendez-vous. Surtout, ces produits ont un défaut : ils coûtent cher : 20 euros les 10, 30 euros les 20. Soit 3 à 4 euros par câble.
Dans la pratique, les indications de câblage sont peu claires, le dispositif assez fragile et laissant apparent une partie des fils. Bref, cela peut être utile pour faire découvrir la composition du 8P8C mais rien de plus. Notez que des versions « Pro » sont aussi proposées. On y insère les fils dans un petit bloc plastique avant de le placer dans un corps en métal très résistant. Mais elles visent un public particulier et coûtent 10 euros l'unité (un autre modèle).
La bonne vieille pince (et son testeur)
Après avoir essayé différentes solutions, c'est donc celle du connecteur classique nécessitant une pince à sertir qui a notre préférence, et de loin. Si vous débutez, de petits kits sont proposés pour une vingtaine d'euros, avec quelques embouts et protections, un testeur et autres accessoires. Un duo pour sertir/dénuder se trouve dans les 11 euros.
Une fois que vous avez tout récupéré, la procédure est assez simple : vous coupez l'embout défectueux et vous dénudez le câble sur 3 à 4 cm environ (plus ou moins selon vos embouts/protections). Mettez la protection de votre connecteur en place, retirez le gainage et détorsadez les fils. Placez-les dans l'ordre de la topologie choisie (T568B dans notre cas).
C'est ensuite qu'il faudra être minutieux. En effet, il faut insérer les fils dans le connecteur en s'assurant que chacun va bien à sa place. Une fois que c'est terminé, on place la pince à sertir, on serre puis on fait revenir la protection en place. On vérifie alors que les broches sont bien enfoncées, on teste le câble.
Le souci de cette solution est qu'elle ne tolère pas les erreurs. Une fois le sertissage effectué, en cas de problème, il faut couper le connecteur et recommencer. On perd donc peu à peu de la longueur. Selon les cas et les modèles de câble/connecteur, il y aura quelques subtilités à connaître, certaines pouvant vous aider.
Il n'y a plus qu'à couper et sertir
Un connecteur, plein de possibilités
Parfois, une masse sera présente et pourra être reliée à un connecteur dont le corps est en métal. Sinon vous pouvez la couper. Les moins chers sont en plastique, vendus nus pour 15 euros les 50 en général. D'autres permettent de faire dépasser les câbles du connecteur avant le sertissage, ce qui permet de dénuder plus long et une insertion plus facile. On perd plus de longueur, mais cela peut aider les débutants.
Autre solution qui peut être pratique : le connecteur avec support d'enfilage, qui nécessite toujours une pince à sertir. Comme pour la solution sans outils, le prix sera plus élevé, mais c'est raisonnable et plus efficace en pratique. Comptez 15 euros pour 20 connecteurs avec protections en plastique fournies.
Ces dernières peuvent d'ailleurs être achetées avec les connecteurs ou à part, être de différentes couleurs. Cela permet de les utiliser pour distinguer certains débits/chemins au sein de votre réseau, de les accorder à vos câbles ou tout simplement égayer votre installation. Comme pour le connecteur, il n'y a pas de règle à suivre : faites selon votre préférence. N'hésitez d'ailleurs pas à nous dire en commentaires quelle est votre solution préférée.
Il en faut pour tous les goûts - Crédits : iStock/chokmoso/Sergei Pivovarov