Le ProLiant Microserver Gen10 Plus de HPE est sans doute l'une des meilleures machines lorsque l'on veut se monter un NAS maison, presque sans concurrence sur son segment. On peut bien entendu y installer un système comme TrueNAS ou Unraid, mais nous avons tenté notre chance avec QuTS cloud.
Il y a quelques mois, nous vous présentions le nouveau ProLiant Microserver Gen10 Plus de HPE, une machine compacte avec 4 ports RJ45 à 1 Gb/s que l'on trouve entre 460 et 670 euros selon les modèles, processeur et mémoire inclus. Il faut simplement y ajouter du stockage, quatre emplacements 3,5" étant présents en façade.
Nous l'avions même modifié à l'époque pour y utiliser un Core i7-9700T et plus de mémoire. De quoi permettre de monter un NAS maison à moindres frais, avec en plus des fonctionnalités appréciées des utilisateurs professionnels comme la gestion native du iSCSI, la possibilité de rajouter une carte de gestion distante, etc.
Puis il y a quelques mois, QNAP permettait de se payer une licence pour son interface QuTScloud, cette dernière ayant récemment évolué. Cela nous a donné une première idée (d'autres suivront) : et si nous transformions le MicroServer HPE en NAS QNAP, avec une gestion distante pour y accéder en cas de problème ?
Ajout d'un SSD NVMe et détail de la configuration
Le ProLiant Microserver Gen10 Plus de HPE a un défaut : il ne propose pas de port M.2 natif. Heureusement, il dispose de deux ports PCIe 3.0. Dans le premier, nous avons donc placé une carte permettant d'ajouter un SSD M.2 NVMe qui accueillera le système d'exploitation, on en trouve aux alentours de 16 euros.
Nous avons opté pour VMWare ESXi, ce qui nous permettra d'installer différentes machines virtuelles, dont une avec QuTScloud, qui accèdera aux HDD. Pour le reste, nous avons gardé la machine telle que nous l'avions configurée avec le Core i7-9700T et 2x 32 Go de DDR4. Le second port PCIe 3.0 peut accueillir le kit iLO (integrated Lights Out) 5 avec une puce spécifique et un port réseau, pour la gestion distante. Il est vendu dans les 40 euros.
Configuration d'iLO 5
Une fois la machine allumée et ce port relié au réseau, on peut accéder à l'interface en ligne. Elle nécessite un mot de passe qui est par défaut indiqué sous le Microserver. Pour des questions de sécurité, pensez à le changer.
L'interface est plutôt complète, permettant d'accéder aux fonctionnalités principales comme le fait de (re)démarrer la machine, voir son statut et celui de ses composants, accéder à son écran (HTML5, Java, .Net), y attacher une image ISO à distance, etc. Certaines nécessitent une licence spécifique, comme la gestion en flotte, la connexion unifiée, etc.
Autre possibilité appréciable de cette mécanique de gestion distante : la possibilité de mettre à jour le BIOS/UEFI ou le firmware iLO sans accès physique à la machine. Tous les fichiers se trouvent par ici. On apprécierait néanmoins de pouvoir trouver de nouvelles versions plus facilement, en étant notifié directement dans l'interface par exemple.
Car il faudra penser à vérifier régulièrement la publication de mises à jour iLO 5, qui peuvent être publiées pour ajouter des fonctionnalités ou pour des raisons de sécurité. Lors de test, nous sommes ainsi passé à la 2.41 du 26 mars. Petit regret : seules deux dispositions de clavier sont gérées par la gestion distante : anglais et japonais.
Installation de VMWare ESXi 7.0b, licence QuTScloud
Pour l'installation d'ESXi dans sa version gratuite, nous avons donc téléchargé l'ISO sur le site de VMWare puis l'avons monté via l'outil de gestion distante HTML5 où l'on peut sélectionner une ISO locale (ou une URL). Une fois la machine démarrée, on presse la touche F11 pour accéder au menu de boot. L'installation est ensuite classique.
Pour rappel, une licence payante est nécessaire pour utiliser QuTScloud. Pour ce test nous avons opté pour 1 seul cœur (9 dollars par mois ou 90 dollars par an) suffisant pour quelques utilisateurs. La version gratuite d'ESXi permet d'aller jusqu'à 8 cœurs par VM, soit une licence de 40 dollars par mois ou 400 dollars par an.
Notez que cela fonctionnera avec d'autres hyperviseurs et systèmes comme Proxmox, qEMU/KVM, Unraid, etc. Vous pouvez également utiliser cette procédure chez un fournisseur de services cloud proposant d'attacher à une instance des périphériques de type Block Storage auxquels vous accéderez directement dans quTScloud.
ESXi installé sur le SSD, deux HDD restant disponibles. On accède à son interface via l'adresse IP donnée
Création de la machine virtuelle (VM)
Maintenant, il faut télécharger l'image correspondante et l'installer. Dans le cas de VMware il s'agit de l'ESXi Package, au format zip. Décompressez-le, il contient l'image elle-même (VMDK), mais des fichiers de configuration (OVF/MF).
On se rend ensuite dans l'interface de gestion d'ESXi, disponible à l'adresse IP communiquée à la fin de la procédure d'installation (voir ci-dessus). Une fois connecté, on crée une machine virtuelle dans la section dédiée. Ici, optez pour l'option « Déployer une machine virtuelle à partir de fichiers OVF et VMDK ». Donnez un nom à la machine virtuelle et sélectionnez les deux fichiers correspondants de l'archive décompressée.
Vous devrez ensuite sélectionner où elle sera stockée et ses paramètres, laissez tout par défaut. Vous pourrez demander à ce que la VM ne se lance pas par défaut. Elle doit être stoppée pour la suite de la procédure.
Configuration, ajout des HDD... sans passthrough
Vous disposez désormais d'une machine virtuelle configurée avec des paramètres de base et un unique périphérique de stockage où est installé QuTScloud. Il faut désormais l'adapter à vos besoins.
La première chose à faire est de lui attacher les différents HDD de la machine. Ici, n'espérez pas le faire de manière native, en passthrough, car si la méthode est supportée par la dernière version du système de QNAP, il est impossible de faire de même avec le contrôleur S-ATA du MicroServer HPE. Il faut donc le faire à l'ancienne.
Dans la section consacrée au stockage de l'interface d'ESXi, demandez à créer de nouveaux datastores. Il s'agit d'espaces où des disques durs virtuels peuvent être créés. Par défaut il en existe un là où ESXi est installé (le SSD dans notre cas). Mais on peut en ajouter d'autres. L'objectif étant d'utiliser nos HDD en RAID, on les formate via l'outil prévu à cet effet puis on y crée un datastore avec comme nom HDD1, HDD2, etc.
Retournez ensuite aux paramètres de la VM. Dans ses options, modifiez le nombre de cœurs avec celui correspondant à ce que permet votre licence QuTScloud (1 dans notre cas). Vous pouvez aussi revoir la quantité de mémoire attribuée, et ajouter des disques durs. Nous le faisons avec deux d'entre eux (500 Go chacun) en précisant dans les paramètres que le premier doit être placé dans le datastore HDD1, le second dans HDD2.
Configuration de QuTScloud
Démarrez la VM, une fois la procédure terminée, une adresse IP sera affichée. Il vous suffit ensuite de vous y rendre pour accéder à l'interface permettant la configuration. Il faudra alors indiquer votre numéro de licence (trouvable dans le Manager de QNAP) puis les paramètres habituels : nom du NAS, mot de passe, heure, etc.
Une fois la procédure terminée, QuTScloud agira comme l'interface de n'importe quel NAS de QNAP. Dans l'outil de gestion du stockage et des snapshots, on peut ainsi créer un pool et un volume avec nos deux HDD virtuels de 500 Go. On peut ensuite gérer tous les services de base et profiter des applications.
On peut ainsi mettre en place un partage de fichiers via Samba/CIFS, un VPN, des sauvegardes et synchronisations dans le cloud via les outils QNAP ou tiers, déployer des conteneurs (mais pas de VM forcément), etc. L'intérêt d'une telle solution virtualisée est que l'on peut faire fonctionner d'autres machines virtuelles dans ESXi en parallèle de QuTScloud, pour disposer d'un petit serveur Debian, d'un Windows que l'on utilise en bureau distant, etc.
LAN en passthrough : ok, ajout d'un port à 5 Gb/s en USB : raté
Le ProLiant Microserver Gen10 Plus de HPE est doté de quatre ports réseau. On peut décider d'en attribuer certains à la machine virtuelle QNAP en passthrough. Par curiosité, nous avons également tenté de lui ajouter un adaptateur USB avec un port RJ45 à 5 Gb/s, le QNA-UC5G1T de QNAP que nous avions testé en 2019.
Pour tenter de le rendre accessible à la machine virtuelle QuTScloud nous l'avons ajouté à ses paramètres. Une fois la VM redémarrée, il n'était néanmoins pas visible. Nous n'avons pour le moment pas trouvé de solution.
On ajoute trois ports réseau en passthrough, ils sont reconnus. L'adaptateur USB ne l'est pas.