C'est le grand jour pour les nouvelles Radeon RX 6800 (XT) d'AMD. Elles seront (brièvement) mises en vente à 15h, leur tarif public annoncé étant de 599/649 dollars. On en sait désormais plus sur leur architecture. Voici ce qu'il faut retenir en attendant les tests.
Nos confrères de VideoCardz ont pu mettre la main sur la présentation officielle des nouvelles Radeon RX 6800 (XT) d'AMD exploitant une puce Navi 21 gravée en 7nm. L'occasion de découvrir ce qu'elle cache et ses avantages.
RDNA 2 : AMD double sa mise
Il s'agit d'une puce complexe : 26,8 milliards de transistors pour 519,8 mm². Cela reste en deçà du GA102 de NVIDIA et ses GeForce RTX 3080/3090 : 28,3 milliards de transistors pour 628,4 mm². La densité est aussi supérieure à tout ce que l'on a vu jusqu'à maintenant : 51,6 millions de transistors/mm², contre 41 pour Navi 10, 45 pour le GA102.
AMD a fait, comme l'on s'y attendait, le choix d'une puce deux fois plus grosse que la précédente, d'où ses noms de code : Navi 2X et Big Navi. Elle a néanmoins misé sur un avantage de poids face à NVIDIA côté performance brute : elle n'intègre pas d'unités consacrées à l'IA (Tensor) et de manière réduite pour le ray tracing.
À la place, la société a fait deux choix stratégiques : doubler son nombre d'unités de calcul FP32 tout en ajoutant un large cache interne de 128 Mo lui permettant d'améliorer l'efficacité, toute relative jusque-là, de Navi.
80 CU, 80 Ray Accelerators... et l'Infinity Cache
La composition de la puce reste assez proche de ce que l'on avait jusque-là chez le constructeur, ce que les présentations de Microsoft sur le SoC de la Xbox Series X (qui exploite aussi RDNA 2) avaient déjà indiqué.
On retrouve ainsi 80 Compute Units (CU) et 4 Async Compute Engine (ACE), ce qui n'est pas sans rappeler la Instinct MI100 (à 120 CU), basée sur GCN, qui vient d'être annoncée. Chaque CU dispose de 64 stream processors, 4 unités de texturing et 1 seul ray accelerator. Ce dernier peut traiter 1 intersection de triangle ou 4 de box par cycle.
Comme on pouvait s'y attendre, AMD précise que son implémentation, bien que plus rapide qu'une solution logicielle, est encore assez basique. Si le calcul des intersections est accéléré, le parcours de la structure BVH et le shading sont en effet traité par des shaders via les Compute Units, de manière classique.
C'est sans doute ce qui pousse la société à vanter une approche sélective (et donc légère) dans les scènes du ray tracing. D'autant que cela arrange sans doute bien les consoles de nouvelle générations à la puissance limitée.

L'Infinity Cache de 128 Mo évoqué précédemment sert ici à masquer la latence de cette implémentation. AMD précise au passage que sa consommation est bien plus faible qu'un accès mémoire (ce qui est assez logique) : 1,3 pJ par accès, contre 7 à 8 pJ pour la GDDR6 (avec un taux de réussite pouvant atteindre 58 % en 4K parfois).
Cela devrait sans doute expliquer des cas où la carte sera plus ou moins performante que dans d'autres, selon la capacité de l'Infinity Cache à faire ses preuves... et donc la conception des jeux. AMD ne s'en cache d'ailleurs pas, une bonne partie du gain d'IPC vient de ce cache, mais aussi d'évolutions d'unités (géométrie, tessellation), une meilleure gestion des fréquences, etc. Pour le reste, on a 4 Mo de L2 (partagé) et 1 Mo de L1 (distribué).
Comme sur la MI100, les unités de calcul RDNA 2 ont droit à une fonctionnalité attendue : le calcul en précision mixte, nécessaire pour tous les traitements liés à l'IA qui ne nécessitent pas forcément du FP16/32 :

Ce sera notamment utile pour le ray tracing, puisque le principe d'un tel rendu en temps réel est pour l'instant de calculer une image incomplète, « bruitée », puis de la compléter. Ici, pas d'accélération spécifique mais AMD se reposer sur sa solution maison, présentée comme très efficace : FidelityFX Denoiser.
Son code source n'ayant pas encore été publié, on ne sait pas s'il se base ou non sur l'AI Denoiser qui avait été produit pour ProRender. On dispose également des autres nouveautés de DirectX Ultimage au sein de RDNA 2 : Mesh Shading, Sampler Feedback, VRS, DirectStorage.
Notez aussi que le HDMI 2.1 (48 Gb/s) avec rafraichissement variable est supporté. AMD reprécise travailler sur un équivalent de DLSS : Super Resolution. Mais il n'est pas encore disponible.

Une carte « normale »
AMD vante son respect des formats classiques dans sa présentation, pour répondre à la conception inhabituelle des Founders Editions de NVIDIA et leur ventilateur traversant. Mais aussi leur TGP élevé et l'utilisation d'un connecteur PCIe à 12 broches plus compact. Le ventilateur est ici assez simple avec une chambre à vapeur, de la graphite pour le contact entre la base et le GPU, et une ventilation annoncée comme plus efficace.
Bien entendu on retrouve du fan stop, avec une nuisance sonore annoncée comme 6 dBA inférieure aux RX 5700XT. On note que le design est aussi plus plaisant, AMD précisant avoir également fait des efforts au niveau du PCB pour réduire le nombre de phases pour l'alimentation par exemple, la consommation au repos, la latence de réveil, etc.

Grosse quantité de mémoire, petite consommation
La RX 6800 XT se contente ainsi de 8 puces mémoire et 2 phases d'alimentation, 15 pour le GPU. Le PCB est composé de 14 couches. Un connecteur est présent pour la gestion des LED. Les puissances d'alimentation recommandées sont de 650/750 watts pour les 6800 (XT) dont les consommations sont de 250 et 300 watts.
Trois profils de fréquence sont proposés, dont le fameux Rage Mode. Balanced étant celui par défaut. Les limites de TDP de ces modes n'ont pour le moment pas été précisées :
- Silence : 1 950 MHz, jusqu'à 2 185 MHz
- Équilibré : 2 015 MHz, jusqu'à 2 250 MHz
- Rage : 2 065 MHz, jusqu'à 2310 MHz
Pour la vidéo on a droit à la décompression AV1 jusqu'à la 8K et la compression HEVC jusqu'en 8K également, avec B-Frame. Pour ce dernier point, NVIDIA le supporte également depuis Turing. La carte est bien entendu PCIe 4.0 x16. Elle embarque 16 Go de GDDR6 à 16 Gb/s. Un point qui ne semble pas abordé en détail.
Il ne devrait de toute façon avoir qu'un impact limité dans les jeux, agissant surtout côté marketing pour les joueurs amateurs de gros chiffres. Mais de telles quantités ne sont et ne devraient pas être nécessaires, même en 4K, avant un certain temps (hors de jeux inhabituellement gourmands). C'est surtout dans le domaine du calcul que cela peut montrer son intérêt. AMD ne semble pas communiquer sur le sujet pour le moment.
Nos confrères publient également de premiers chiffres de la Radeon RX 6800XT avec ray tracing, issus d'une présentation d'AMD qui a été plutôt discret sur le sujet en amont de ce lancement, malgré de nombreux détails diffusés. Mais cette fois, aucune comparaison n'est faite avec NVIDIA. Il faudra donc attendre 15h pour en savoir plus.
Le jeu parfait selon AMD ? Godfall
Smart Access Memory pour Zen 3, Resizable BAR : que faut-il retenir ?
Autre point qui n'est pas évoqué dans la retranscription de nos confrères : Smart Access Memory (SAM). Pour rappel, il s'agit d'une solution propriétaire, réservée aux Radeon RX 6000, Ryzen 5000 et chipsets de série 500 (carte mère avec AGESA 1.1.0.0) qui permet de grappiller jusqu'à 11 % de performances selon le site du constructeur.
Comment ? « Dans les systèmes PC Windows classiques, les processeurs ne peuvent accéder qu'à une fraction de la mémoire graphique (VRAM) à la fois, ce qui limite les performances du système. Avec AMD Smart Access Memory, le canal de données augmente pour tirer parti de tout le potentiel de la mémoire du GPU, en utilisant la bande passante de PCI Express pour supprimer les goulots d’étranglement et améliorer les performances. »
Mais comme l'a fait remarquer NVIDIA à certains de nos confrères depuis, il s'agit en réalité d'une fonctionnalité standard du PCI Express, qui serait déjà implémentée sur certains produits professionnels. Son intégration au sein de solutions grand public est en cours chez l'ensemble des constructeurs, via les des standards du marché.

AMD aurait donc fait « une NVIDIA », à savoir, sortir une version maison réservée à ses produits en avance de phase pour favoriser ses dernières nouveautés : RDNA 2 et Zen 3. Une pratique que la société a pourtant tendance à critiquer quand c'est son concurrent qui s'y adonne. Et à l'inverse, le père des GeForce joue l'ouverture.
Interrogé sur le sujet, il nous confirme que la fonctionnalité Resizable BAR du PCI Express (puisque c'est de cela dont il est question) est supportée par ses cartes de génération Ampere (RTX de série 30). L'activation passera par ses pilotes et devrait permettre un fonctionnement avec les CPU AMD et Intel lorsque l'écosystème sera prêt.
AMD ouvrira-t-il alors à son tour plus largement SAM ? On peut espérer que oui. Mais pour le moment, nous avons seulement eu droit à la réponse suivante lorsque nous avons interrogé la société sur le sujet :
« En tant que seule société à proposer des CPU et GPU haute performance pour les joueurs, AMD est dans une position unique pour offrir une expérience de jeu incomparable. Avec Smart Access Memory, nous avons conçu, optimisé et validé tant des technologies logicielles que matérielles avec toutes les combinaisons de Ryzen 5000, de Radeon RX 6000 et de cartes mères équipes d'un chipset de série 500 avec les derniers BIOS et pilotes. Nous pensons que cette association ouvre l'accès à la performance maximale de la plateforme.
Smart Access Memory est basée sur les fonctionnalités standard du PCIe et de firmware (Resizable BAR) et a été développée avec une validation et une optimisation étendues de la plateforme. Nous accueillons toute opportunité de soutenir d'autres constructeurs dans leurs efforts tels que notre engagement à utiliser des solutions communes et des standards ouverts pour améliorer l'expérience utilisateur. »
Nous n'en saurons donc pas plus pour le moment.
Quid de la disponibilité des cartes ?
Comme nous l'avions évoqué assez tôt, et cela a été confirmé depuis par de nombreux confrères, la disponibilité des Radeon RX 6800 (XT) sera très faible. Encore récemment, aucune carte n'était arrivée. Finalement, des stocks fournis en dernière minute permettront à AMD d'éviter d'avoir droit au qualificatif de « paper launch ».
Mais on est dans l'ordre des dizaines d'exemplaires, qui devraient partir assez vite si les tarifs annoncés sont respectés. Que deviendront les 599/649 dollars annoncés ? Là aussi, rendez-vous à 15h pour le découvrir. Nous n'avons pour le moment pas de visibilité précise sur de futurs arrivages.
Nous tenterons de faire le point d'ici quelques jours. Nous mettrons bien entendu cet article à jour au fur et à mesure que de nouvelles informations seront diffusées.