Synology se met enfin à intégrer des processeurs AMD au sein de sa gamme de NAS. Un changement qui intervient alors que l'entreprise était en retrait ces dernières années sur le plan des nouveautés. Mais est-ce que le DS1621+ à base de Ryzen V1500B est un bon compromis ?
Pour sa rentrée 2020, Synology n'avait pas que la version 7.0 de son interface DSM dans sa besace. Le constructeur a également préparé une série de NAS qui casse avec ses habitudes. Si le DS1621xs+ avait été un premier signe encourageant, avec son processeur Xeon D et son réseau à 10 Gb/s, le DS1621+ a enfoncé le clou.
Certes, il se contente de 4x 1 Gb/s et intègre les désormais habituels emplacements M.2 pour SSD faisant office de cache. Néanmoins il propose un emplacement PCIe 3.0 x8 (câblé en x4) et... un processeur AMD. Il ne s'agit pas d'un modèle classique mais d'un Ryzen V1500B prévu pour le marché de l'embarqué.
Alors qu'il arrive en boutique aux alentours de 915 euros, nous avons pu mettre la main sur un exemplaire.
Un NAS haut de gamme, presque idéal
À ce tarif, nous sommes plutôt dans la tranche haute des NAS de bureau. Mais jusqu'à maintenant, cela n'empêchait pas le constructeur d'utiliser des processeurs dérivés d'Atom, plus rarement de modèles Pentium. L'arrivée d'un « vrai » CPU est donc plutôt une bonne chose. Surtout que le prix reste modéré.

Cela ne s'est pas fait sans quelques sacrifices, sans pour autant en arriver au point du DS1520+ que nous avons récemment analysé. En effet, ce DS1621+ a droit à deux ventilateurs de 92 mm et une alimentation intégrée (de 250 watts) dans un chassis en métal de 282 x 243 x 166 mm. Sa mémoire est limitée à 1x 4 Go, ce qui sera suffisant pour des usages de base. On peut néanmoins grimper jusqu'à 2x 16 Go.
Un compromis sans doute acceptable, tout comme l'absence de réseau à 2,5/5/10 Gb/s puisque l'on peut ajouter une carte PCIe. Malheureusement, seuls les modèles de Synology sont reconnus. Pour en utiliser d'autres, il faudra bidouiller et utiliser des pilotes tiers. Espérons que cela changera.
Pour nos tests du jour, nous y avons néanmoins placé une E10G18-T1 avec un port RJ45. Un modèle vendu plus cher que la moyenne puisqu'on le trouve en France aux alentours de 170 euros contre 95 euros pour une simple carte ASUS XG-C100C qui utilise pourtant exactement la même puce Aquantia (AQC107).
L'accès à la mémoire peut se faire par le dessous de l'appareil, une trappe à vis étant prévue à cet effet. L'accès pour les SSD M.2 se fait par l'intérieur, une fois toutes les baies retirées, sur la gauche du NAS. Si la connectique est complète, on regrette d'en être encore limité à de l'USB 3.2 à 5 Gb/s alors qu'il aurait tout à fait été possible d'avoir au moins un port à 10 Gb/s, quatre étant gérés nativement par le processeur.
La machine pèse 4,7 kg sur notre balance. Dans le bundle on retrouve un cordon d'alimentation, deux câbles RJ45, la visserie et les manuels. La garantie est assurée pendant trois ans, extensible à cinq ans.
Transcodage vidéo et consommation
Le Ryzen V1500B est dépourvu de partie graphique, et donc d'accélération pour la (dé)compression vidéo. L'application Video Station est néanmoins présente, proposant les fonctionnalités de transcodage. Mais il est impossible de les utiliser en temps réel, sans parler de l'impact CPU, parfois important comme avec un fichier 4K :
Le transcodage sur CPU est lent, mais également gourmand en ressources. Ici pendant le transcodage de Tears of Steel
Vous avez néanmoins la possibilité de procéder à un transcodage hors-ligne. Il est ainsi effectué sur le CPU, par avance. Le fichier en définition réduite est donc stocké sur le NAS et peut être lu à tout moment sans lenteurs. Une méthode qui peut vite être gourmande en espace de stockage et qui demande de s'organiser.
Notez que le NAS consomme 46 watts à la prise au repos avec une carte réseau 10 Gb/s installée, trois HDD et trois SSD intégrés dans ses six baies. En plein transcodage, cette valeur grimpe à 61 watts. Synology annonce 25 watts en hibernation. Le ventilateur est plutôt silencieux, même lorsque le processeur est très sollicité et qu'il tourne plus vite. Bien entendu, vous pouvez passer du mode calme (par défaut) à des vitesses plus élevées si vous le désirez.
Un NAS paré pour la virtualisation
Mais le vrai point fort de ce NAS et de son CPU par rapport à d'autres modèles est ailleurs : équipé de quatre cœurs performants et pouvant intégrer jusqu'à 32 Go de mémoire, il pourra être pleinement utilisé pour virtualiser des systèmes, qu'il s'agisse de machine sous Linux ou Windows. Il faudra alors augmenter sa mémoire.
Car les 4 Go par défaut ne permettent que d'attribuer 1 760 Mo aux machines virtuelles, le reste devant rester disponible pour DSM. Ici, Synology a fait le choix, comme pour le réseau, de rester sur un usage basique par défaut, cette quantité étant suffisante pour quelques VM Linux de base, tout en permettant d'aller plus loin en complétant le NAS. Il peut pour rappel grimper à 2x 16 Go de DDR4.
Notez d'ailleurs que Synology propose une suite complète d'outils pour la virtualisation, qu'il s'agisse de la gérer au sein du NAS, de sauvegarder des environnements distants ou même de faire cohabiter les deux avec de la migration en cas de panne par exemple. Vous trouverez plus de détails par ici.

Voici enfin notre habituel relevé de performances sous OpenSSL en RSA 4096 bits (via SSH) :
- Signatures/seconde :
- 1 CPU : 110
- 4 CPU : 457
- Vérifications/seconde :
- 1 CPU : 7 110
- 4 CPU : 29 564
C'est à peu près le double du DS1520+ et son Celeron J4125. Côté transfert de données, si nous avons bien relevé des valeurs maximales dans les 900 Mo/s en écriture sur nos trois SSD en RAID 0 sans chiffrement, avec chiffrement nous étions limités entre 300 et 600 Mo/s selon les cas. Pour plus de détails, voir notre article dédié :
Conclusion
On ne peut qu'apprécier de voir Synology enfin proposer plus de diversité au sein de ses NAS. L'ouverture à AMD est une bonne chose, même s'il est dommage que cela ne se fasse pour le moment qu'à travers une ancienne référence qui ne profite pas à plein des dernières évolutions de l'architecture Zen. C'est néanmoins un bon début.
Ce DS1621+ est sans doute l'un des NAS clé en main les plus performants du moment aux alentours de 900 euros, surtout avec six baies, une extension PCIe, une alimentation intégrée, etc. Certes le constructeur aurait pu miser sur du 2,5G/10G natif, mais cela aurait sans doute gonflé le tarif de base. Même chose pour les 4 Go de DDR4.
On peut ainsi opter pour ce NAS à un tarif intéressant et le faire évoluer par la suite, selon les besoins. Les adeptes de virtualisation y placeront de la mémoire, ceux voulant du débit ajouteront du cache SSD et une carte réseau à 10 Gb/s. Notre seul vrai regret est d'ailleurs sur le fait que l'on ne puisse utiliser que des modèles validés par Synology, ce qui gonfle inutilement la facture de l'utilisateur. On aurait aussi aimé un port USB 3.2 à 10 Gb/s.
Quoi qu'il en soit, ce DS1621+ est un modèle qui devrait en intéresser plus d'un. S'il devait y avoir un signe que le constructeur semble bien décidé à revenir en force, sa mise sur le marché en est assurément un. Il ne manque plus que de pouvoir le passer sous DSM 7.0 pour en profiter pleinement. Bientôt, espérons-le.