Alors que l'E3 bat son plein, Electronic Arts vient de clore une conférence téléphonique avec ses actionnaires et une brochette d'analystes. Frank Gibeau, président des labels, ainsi que Blake Jorgensen, vice-président exécutif et responsable financier, se sont ainsi longuement exprimés sur la stratégie de l'éditeur et son futur modèle économique.
Miser sur la synergie entre les plateformes
Si la conférence a commencé par des banalités, Frank Gibeau est rapidement entré dans le vif du sujet. La nouvelle stratégie d'Electronic Arts mise tout sur le jeu multiplateforme. Cela ne signifie pas seulement que la plupart des titres seront disponibles sur plusieurs consoles, mais aussi que les tablettes et smartphones seront utilisés en soutien des plateformes traditionnelles. En effet, la firme estime que l'interaction entre les différents supports est bénéfique sur le plan commercial, puisque l'utilisateur devient captif plus longtemps.
« Ce que nous voyons à travers nos outils de mesure et nos analyses sur ce que nous avons construit ces dernières années, c'est que si vous connectez le client à travers plusieurs plateformes, on voit sa durée de vie doubler ou tripler par rapport à un client sur une seule plateforme », assure Gibeau. Le responsable illustre ce fait en prenant exemple sur la journée type d'un joueur, avec un scénario qu'il juge réel.
Il se lève, attrape son smartphone et se connecte à Battlelog, la couche sociale intégrée dans Battlefield 3 et 4. Il regarde rapidement ses statistiques et le flux d'activités de ses amis. Une tasse de café et une partie de 10-12 minutes plus tard sur son PC, il part au travail. Dans les transports, il sort sa tablette pour lire les forums du jeu et prendre connaissance des prochains patchs et packs d'extension. Le midi, la tablette suffira pour faire une partie en mode commandant, et donner ses ordres à d'autres joueurs sur PC et consoles. Enfin, le soir arrive et il sera temps de préparer les matchs avec votre équipe « avec une petite bière ».
Voilà comment EA compte maintenir les joueurs sur ses titres. Gibeau précisera que cet exemple fonctionnera également avec d'autres jeux comme FIFA par exemple, mais que cette stratégie sera d'abord visible sur Battlefield 4 cet automne.
Electronic Arts et l'occasion : rien n'est décidé, mais « les joueurs avant tout »
Un participant à la conférence s'est interrogé sur la stratégie qu'emploierait EA concernant les jeux d'occasion. Pour rappel, Microsoft et Sony ont laissé les éditeurs tiers le choix de leur politique en matière de revente des jeux. Pour l'heure, Electronic Arts n'a pas encore fixé sa position à ce sujet, mais la réponse de Frank Gibeau laisse entendre que finalement l'éditeur ne devrait pas interdire la revente.
« Microsoft a expliqué sa politique vendredi dernier, et Sony un peu plus tôt cette semaine. Donc pour l'heure nous réfléchissons à notre stratégie en nous basant sur ces informations-là. Donc nous reviendrons vers vous avec un résumé de ce que nous ferons. Mais d'une manière générale, ce que j'aimerais que vous compreniez, c'est que nous mettons l'intérêt des joueurs avant tout, et nous allons créer des opportunités pour nous permettre de continuer à utiliser... pardon d'avoir des liens avec les acheteurs de jeux d'occasion, car c'est une expérience très positive », déclare Gibeau.
Avec la fin annoncée du pass online chez l'éditeur, on pouvait s'attendre à ce qu'un autre système vienne le remplacer. Au vu de la dernière réponse, il semblerait surtout qu'Electronic Arts pourrait finalement ouvrir la porte plus facilement aux joueurs adeptes du marché de l'occasion.
Le prix des jeux ne devrait pas augmenter, les marges brutes sont déjà assez hautes
La question du prix des jeux sur les consoles de nouvelle génération est également arrivée sur la table. Peter Moore, le Directeur exécutif d'EA a été plutôt clair sur ce dernier point : « Du point de vue du client, les jeux seront disponibles pour 60 dollars », concrètement, les titres sur Xbox One et PlayStation 4 ne devraient pas être plus chers que leurs équivalents sur PlayStation 3 ou Xbox 360, du moins si les boutiques jouent le jeu.
Par contre, si le prix de base des jeux n'évoluera pas, les DLC resteront un bon moyen pour la firme d'augmenter son ARPU, le revenu moyen par utilisateur. Le dirigeant voit dans ces derniers « une très bonne opportunité pour avoir 70, 80, ou 90 dollars de la part d'un consommateur ». En plus d'augmenter les revenus, ces contenus additionnels ont une forte valeur ajoutée pour l'éditeur. « Vous pouvez considérer que la marge brute sur les produits vendus en magasin est de l'ordre de 50 %, tandis que sur les produits dématérialisés, on peut atteindre les 80 % ». Mais comment font-ils pour annoncer des pertes pour l'an prochain avec de telles marges ?