Synology DS1520+ : Synology mise sur le cache SSD... au détriment du reste

Synology DS1520+ : Synology mise sur le cache SSD… au détriment du reste

4x 1 Gb/s pour des SSD à plusieurs Go/s

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David Legrand

Publié dans

Hardware

12/10/2020 8 minutes
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Synology DS1520+ : Synology mise sur le cache SSD... au détriment du reste

Le NAS de milieu de gamme pouvant aller jusqu'à 15 baies de Synology évolue. S'il régresse sur certains points, il s'améliore sur d'autres. Mais une chose est sûre : les SSD prennent de plus en plus d'importance chez le constructeur. Au risque d'oublier d'autres caractéristiques essentielles ?

« Synology est de retour ». C'est le message que le constructeur veut envoyer à l'occasion de cette rentrée. Empêtré depuis des mois dans une gamme qui évolue peu et un DSM 7.0 qui tarde à se finaliser, il multiplie les annonces.

Bien qu'ayant commencé à dévoiler sa gamme 2021 et lancé des SSD, le constructeur a surtout finalisé la mise sur le marché de ses NAS de série 2020. Cette dernière fait toujours l'impasse sur les ports réseau à 2,5 ou 5 Gb/s, avec peu d'évolution sur les CPU. Mais elle généralise le cache SSD, l'eSATA étant encore présent dans de nombreux modèles.

Symbole de cette génération, le DS1520+ annoncé il y a quelques semaines et d'ores et déjà disponible pour un peu moins de 775 euros. Mais qu'a-t-il réellement dans le ventre ? C'est ce que nous avons cherché à vérifier.

Une « évolution » du DS1517+

Comme son nom l'indique, il s'agit d'un NAS pouvant accueillir jusqu'à 15 baies. Mais il faut pour cela utiliser deux unités d’expansion DX517. Par défauts, cinq baies sont présentes. Un tel format n'est pas nouveau puisqu'il était déjà utilisé pour son prédécesseur, le DS1517+. Il est un peu plus compact : 166 mm x 230 mm x 223 mm.

Cette réduction de quelques centimètres cache deux mauvaises surprises. La première est que l'alimentation est désormais externe. On ne peut plus y connecter un simple câble à embout IEC C14. La machine est livrée avec un adaptateur secteur de 120 watts (12 V, 10 A).  La seconde c'est qu'il n'y a plus de port PCIe :

DS1520+

Une véritable régression puisqu'elle permettait de connecter une carte réseau à 10 Gb/s par exemple. Synology lui a préféré l'intégration native de deux emplacements pour des SSD M.2 (NVMe, 2280 ), ne nécessitant plus de carte fille. Un mal pour un bien, pour ceux étant intéressés par la fonctionnalité puisqu'il fallait auparavant dépenser plus pour la même chose. Mais les possibilités étaient alors plus ouvertes. 

Les deux emplacements M.2 sont placés sous la machine, facilement accessibles. Un simple clip l'ouverture en place, même chose pour les SSD. On regrette par contre que cela implique une certaine rigidité vis-à-vis d'éventuels dissipateurs qui pourront parfois ne pas être installés s'ils sont trop épais, longs ou larges.

Ces petites modifications touchent aussi la connectique. On reste sur quatre ports à 1 Gb/s mais accompagnés de deux eSATA et deux USB 3.0 Type-A (5 Gb/s), dont un en façade. Auparavant ils étaient quatre. Bonne nouvelle néanmoins, les ventilateurs gagnent en diamètre : on passe de 2x 80 mm à 2x 92 mm.

La coque de la machine n'est pas en métal comme sur certains modèles supérieurs mais en plastique. Toutes ces modifications mise bout à bout permettent d'alléger grandement le produit : 2,6 kg contre 4,5 kg auparavant. Le bundle est plutôt classique : les cages pour HDD, la visserie, l'alimentation et deux câbles réseau (deux autres n'auraient pas été de trop). La garantie est assurée pendant trois ans, extensible à cinq ans.

Synology DS1520+ NAS Emplacements M.2Synology DS1520+ NAS Emplacements M.2

CPU : un dérivé d'Atom plus complet et plus efficace

La plateforme technique aussi a été revue. Exit l'Atom C2538 pensé pour les usages réseau, au profit d'un modèle grand public plus classique : le Celeron J4125. Il s'agit d'un CPU exploitant une architecture plus récente (Gemini Lake Refresh). On gagne en finesse de gravure, en fréquence (Burst) et en TDP mais on perd en cache.

Autre avantage de cette nouvelle puce : elle dispose d'une partie graphique, avec tout ce que cela signifie pour le traitement des flux vidéo, notamment le transcodage en temps réel via Quick Sync Video (QSV). Par défaut 4+4 Go de mémoire sont intégrés, il n'y a plus de modèle 2 Go. Un module est soudé, le second en SO-DIMM est remplaçable. Il est accessible sur la partie inférieure droite du NAS une fois toutes les baies retirées.

Les fonctionnalités annexes comme le chiffrement accéléré matériellement (AES-NI) sont toujours de la partie. On reste néanmoins sur une puce aux possibilités limitées (dérivé d'Atom oblige). Si des fonctionnalités comme la virtualisation sont supportées, il ne faudra pas attendre de miracles côté performances.

Voici les scores obtenus avec notre habituel test RSA 4090 bits d'OpenSSL (via SSH) :

  • Signatures/seconde :
    • 1 CPU : 69
    • 4 CPU : 265
  • Vérifications/seconde :
    • 1 CPU : 4 462
    • 4 CPU : 17 150

Ces résultats sont 5x supérieurs à un DS218 play à base de Realtek, 2,6x un Raspberry Pi 4 avec un OS 64 bits, mais aussi 27/38% au-dessus de puces Intel comme les J4105 et N4100 que nous avons testé dans d'autres produits. La consommation du NAS est de 18,8 watts au repos, 25,7 watts lors d'une copie sur un HDD avec chiffrement.

Cache SSD NVMe et 4x 1 Gb/s : l'incohérence

L'installation se passe sans encombre. La cohabitation entre les cinq baies 3,5" et les deux pour SSD NVMe est intéressante puisqu'elle permet de profiter à la fois de la présence d'un grand nombre de HDD et d'un cache rapide. Idéal pour une découpe en plusieurs volumes, garder le cinquième emplacement comme « spare », etc.

Dans DSM 6.x le cache est configurable en lecture lorsqu'un SSD est présent, en écriture à partir de deux. C'est ce qui explique le choix de Synology de proposer nativement deux emplacements. Ne cherchez pas à les utiliser pour du stockage de données, ce n'est pas possible. Par défaut le cache ne concerne pas les transferts séquentiels, mais vous pouvez choisir de les activer tout de même si vous le souhaitez.

DSM 7.0 devrait apporter des améliorations à ce sujet. Nous en reparlerons dans un prochain article.

  • Synology DSM 6.2 Cache SSD
  • Synology DSM 6.2 Cache SSD
  • Synology DSM 6.2 Cache SSD
  • Synology DSM 6.2 Cache SSD
  • Synology DSM 6.2 Cache SSD
  • Synology DSM 6.2 Cache SSD

On regrette d'autant plus l'absence d'un réseau rapide que les SSD NVMe permettent d'atteindre des débits en lecture/écriture de plusieurs Go/s. Certes on peut profiter des quatre RJ45 à 1 Gb/s, configurables en agrégation ou en redondance, mais ce sera surtout utile dans des scénarios d'entreprise où de nombreux clients se connectent.

Modèle de la série « + » oblige, on apprécie également l'accès à de nombreuses fonctionnalités que n'ont pas forcément les modèles inférieurs : haute disponibilité, gestion centralisée, virtualisation, services email, etc. Processeur x86 oblige, de nombreuses applications, parfois absentes des modèles à SoC ARM, sont présentes.

Côté débit, on tient bien entendu les 1 Gb/s et donc 125 Mo/s sans problème en lecture et en écriture, même avec chiffrement. Lorsque l'on exploite les quatre connexions réseau, on grimpe jusqu'à 3,7 Gb/s (474 Mo/s) lors d'un transfert de quatre gros dossiers, chacun passant par l'une des interfaces du NAS. Nous avons effectué notre test avec un seul HDD, mais un SSD utilisé comme cache en lecture (séquentiel activé), qui montre tout leur intérêt :

Synology DS1520+ Transfert Multi-Gig Cache SSD
Nous avons transféré quatre dossiers du NAS vers une machine reliée en 10 Gb/s via le switch XGS1010-12 de Zyxel

Des atouts, mais aussi des défauts

Ce DS1520+ nous laisse au final une impression mitigée. Certaines évolutions se justifient et ont leur intérêt, notamment le passage à un Celeron J plutôt que l'Atom C qui apporte les possibilités multimédia et une meilleure finesse de gravure. L'intégration du cache SSD via des emplacements natifs est aussi appréciable.

Mais elle aurait gagné à être accompagnée d'un passage à du réseau plus rapide. Surtout qu'elle fait au passage perdre l'emplacement PCIe, et donc des possibilités non négligeables. Si certains apprécieront que les deux ports eSATA perdurent, on regrette la réduction du nombre de ports USB ou encore l'externalisation de l'alimentation.

Synology livre donc un bon NAS équipé de cinq baies, à un tarif plutôt raisonnable pour le public visé qui semble plutôt être du côté des entreprises. Mais on aurait aimé qu'il soit un peu plus en phase avec son temps, comme le DS1621xs+ de la série 2021. Car pour un prix similaire, QNAP propose son TS-653D-8G.

Certes, il n'est pas extensible jusqu'à 15 baies mais en propose six. Ce, sans faire l'impasse sur le Multi-Gig (2x 2,5 Gb/s), un emplacement PCIe (2.0 x2), les nombreux ports USB ou la sortie HDMI. Synology, désormais vendeur de SSD, a fait le choix du cache NVMe, QNAP d'une connectique complète et rapide. Deux équilibres différents.

Ce sera désormais aux clients de trancher et d'indiquer ce qui a leur préférence. Et vous ?

Écrit par David Legrand

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

Une « évolution » du DS1517+

CPU : un dérivé d'Atom plus complet et plus efficace

Cache SSD NVMe et 4x 1 Gb/s : l'incohérence

Des atouts, mais aussi des défauts

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Commentaires (20)


L’agrégation de liens a beaucoup de limitations, et le gap de prix avec le DS1621xs+ est trop important. J’attends de voir les prochains modèles pour renouveler mon DS214Play, sinon j’irai voir chez QNAP ou éventuellement un Helios64 si il est disponible un jour. :craint:


ça sent la segmentation à venir sur les gammes… (moins de choix, option désormais forcée, etc)


Du NVMe sans 10gbps… Alors que le 10Gbps arrive petit à petit sur nos box à la maison, le choix de Synology est regrettable…


Une « évolution » du DS1517+



ou du DS1618+



Kiroha a dit:


Du NVMe sans 10gbps… Alors que le 10Gbps arrive petit à petit sur nos box à la maison, le choix de Synology est regrettable…




Tu n’as pas besoin de 10g pour profiter des bienfaits du cache: le fait que ça écrive sur le ssd pendant que les hdds lisent te procurent un gian de performances non négligeable. C’est encore plus flagrant lors de copie nas à nas.



Deux petits modules ssd optane et zou



Même si oui je regrette qu’il n’y ait pas plus que 1g en débit …



Dans DSM 6.x le cache est configurable en lecture lorsqu’un SSD est présent, en écriture à partir de deux. C’est ce qui explique le choix de Synology de proposer nativement deux emplacements. Ne cherchez pas à les utiliser pour du stockage de données, ce n’est pas possible.




Pourquoi ? :craint:

C’est la question, QNAP le fait depuis un bout de temps.


J’ai jamais eu assez de sous et/où de nécessité d’utiliser un NAS, mais j’utilise un Celeron J3455 sur une carte format mini-ITX. Tournent simultanément dessus et correctement un Jeedom, Nextcloud, Shinobi, TVHeadend, Transmission et ETS inside.
Aussi, quand je vois le prix de ces matériels, j’imagine que la partie logicielle et services expliquent cette démesure. Ai-je bien compris ce qui est réellement vendu ?


Tu paies un format de boitier et un OS user-friendly et optimisé pour la plateforme. Évidemment que ce sera quasiment toujours mieux de prendre une config DIY, mais le clés en mains ça se paye. Comme quand tu achètes un Mac alors que tu peux te faire une config équivalente moins chère et faire un hackintosh.


La comparaison avec Apple est justifié, car il y a un cocon rassurant d’un coté, et des bridages de l’autre. Par exemple TVHeadend ne sera plus possible avec DSM7 car bridage des périphériques USB.



eureux a dit:


La comparaison avec Apple est justifié, car il y a un cocon rassurant d’un coté, et des bridages de l’autre. Par exemple TVHeadend ne sera plus possible avec DSM7 car bridage des périphériques USB.




Si le dispositif de virtualisation est typé KVM, n’est-il pas possible de rattacher le port USB à une VM ?



Après, si j’ai bien lu, c’est depuis 2017 qu’ils disent que le support des USBs n’est pas garanti à l’avenir…



Perso mon TVHeadend sur ma shield est avec un HDHomerun ;) Pas de problème d’USB au moins :D



(reply:51379:Jean-BaptisteP)




En faite, quand tu essayes de faire toi même un NAS avec les même caractéristiques, tu arrives très vite à exploser ce budget.



En effet, entre la CM, le proco (souvent avec la CM), la ram, l’alim, le boîtier (des boîtiers compacts avec 4 emplacement 3.5” +1 emplacement 2.5” ou 3.5” , c’est rare et ça coute une blinde), potentiellement les cartes d’extension pour les SATA (tu a rarement 4+1 SATA) et les port ethernet, les ventillo…. Ben les 500-600€ sont vite dépassé.



Alors, oui, il se font très certainement une bonne marge sur le matos et il est vrai que tu paies aussi pour le logiciel. Mais dans la réalité, les prix sont souvent interressant par rapport à une machine équivalente montée maison.



* il faut prévoir un stockage pour ton OS qui ne soit pas dans tes disques NAS, donc pour un NAS avec 4 slot, il faut prévoir 5 support de stockage.


C’est vrai, mais en visant un truc un peu moins identique à ce qu’ils vendent en tant que NAS ça peut aussi te coûter 3 fois moins cher pour plus performant.



Un boîtier micro atx, un CPU ryzen/pentium entrée de gamme + CM + RAM ça va pas coûter très cher. Sans compter que pas mal d’entre nous avons de vieux composants à recycler qui sont souvent meilleurs que les “bouses” intégrés dans les NAS : même un vieux CPU moyen de gamme de 10 ans fera mieux qu’un Atom ou celeron actuel.



Comme dis, clairement c’est pour la partie logicielle qu’on choisis une solution clé en main, le reste est cher payé.


Je ne dis pas le contraire, mais derrière tu perds quelque part soit au niveau de la consommation de la place ou bruit (voir même de l’esthétique : le petit boîtier noir est discret et passe partout).



C’est cher : oui et non, ça dépend de tes critères.


Je possède un DS1019+ qui à un configuration TRÈS semblable (Celeron J3455, 2 slots de RAM accessibles, 2 slot M.2, mais seulement 1 baie supplémentaire possible). J’ai étendu la ram à 16GO (ce qui n’est officiellement pas supporté par ce CPU, mais marche parfaitement). J’ai testé la virtualisation, les perf sont vraiment pas ouf même avec une VM ras des pâquerettes. J’ai testé le cache M.2 en lecture, je n’ai ressentis aucune accélération des transfert malgré un cache-hit de plus de 80%.
Au final, comme tout le monde, je déplore la limitation du lan, l’agrégation de lien n’étant qu’un pis-aller.
Mon choix reste chez Synology pour le moment, leur soft fait passer beaucoup de désagréments et ça restera toujours meilleur coté conso qu’un montage maison (je suis passé par là il y a 15 ans, c’était rigolo mais bruyant et pas économique électriquement parlant).


Pour le LAN, comme déjà dit ici ou ailleurs, ce n’est pas une mauvaise solution. C’est juste que ça sert dans des cas précis, par exemple pour aller servir des AP ou des réseaux spécifiques directement, mais pas d’autres (typiquement je veux + de 1 Gb/s sur un unique transfert). Le tout pouvant être contrôlé en direct par le NAS. Le souci chez Synology, c’est de ne pas avoir le choix, sachant que l’intérêt d’un Multi-Gig/10G c’est qu’une répartition vers différents appareils reste possible au niveau du switch/routeur.



patos a dit:


Si le dispositif de virtualisation est typé KVM, n’est-il pas possible de rattacher le port USB à une VM ?




Seulement si le port USB est utilisable.




Après, si j’ai bien lu, c’est depuis 2017 qu’ils disent que le support des USBs n’est pas garanti à l’avenir…




Ils ne prennent pas en traitre ok, mais une fin de support peut être compris de différentes manières. En général, une fin de support, c’est un coté “si cela marche, tant mieux pour vous, mais on n’en a rien à foutre”. Là apparemment, c’est un bridage avec un retrait des drivers Linux de périphérique normalement fonctionnels.



eureux a dit:


Seulement si le port USB est utilisable.




C’est moche les limitations arbitraires hein?




eureux a dit:


Ils ne prennent pas en traitre ok, mais une fin de support peut être compris de différentes manières. En général, une fin de support, c’est un coté “si cela marche, tant mieux pour vous, mais on n’en a rien à foutre”. Là apparemment, c’est un bridage avec un retrait des drivers Linux de périphérique normalement fonctionnels.




Qu’est-ce qui te dit qu’ils le sont? Qui te dit que ce ne sont pas de nouveaux pilotes qu’ils ont choisit de ne pas packager à nouveau ?
S’il y a changement de noyau, je les comprends.



Bref, dans une solution fermée, on s’expose à ce genre de fait..


Sinon avec un hdhome run pas de soucis de port usb :)


Dans le Synology DS1621+ ils ont mis un ……………………….. AMD Ryzen V1500B : https://www.synology.com/en-us/products/DS1621+ et un port pci-e aussi, c’est le vrai successeur du DS1618+