Cours boursier au plus haut, processeurs écrasant la concurrence, roadmap dans les temps, Intel en retard : chez AMD, on sabre le champagne. La société vit en effet l'un de ses meilleurs moments. Mais il lui reste du travail. Les concurrents se multiplient et Intel finira par revenir en force.
Hier soir, AMD livrait ses résultats financiers pour le second trimestre 2020. Ses revenus s'établissent à près de 2 milliards de dollars désormais, avec une marge en hausse (bien aidée par la montée en prix de Zen 2). L'entreprise reste bénéficiaire avec là aussi une hausse du résultat net à 216 millions de dollars.
AMD en position de force
L'entreprise est sur un petit nuage : Intel vient d'annoncer du retard dans son passage au 7 nm, les consoles de nouvelle génération exploitant ses SoC personnalisés seront vendues d'ici la fin de l'année et ses produits sont en position de force sur de nombreux marchés.
Certes, sa gamme et son écosystème sont bien moins étendus que chez ses concurrents, mais sur les marchés visés les résultats sont sans appel : le travail autour de l'architecture Zen (2) paie. Le partenariat avec TSMC également, même s'il est source de tension sur les approvisionnements.
Le constructeur espère donc que tout va continuer de se passer comme prévu. Dans le domaine des CPU, Zen 3 doit prendre la suite, que ce soit au sein de l'offre grand public ou dans les serveurs avec Milan. Si l'on sait que la finesse de gravure sera toujours en 7 nm, les informations précises sur les évolutions manquent encore à l'appel.
Zen 3 et 4 : tout va pour le mieux (mais la concurrence grimpe)
AMD affirme que ces produits seront lancés avant la fin de l'année. Lancement sur le papier ou mise en vente massive ? Une chose est sûre : la distribution de samples n'a pas commencé, ce qui explique en partie l'absence de rumeurs.
Zen 4 suivra un an plus tard, qui se retrouvera face aux Alder Lake hybrides et autres Sapphire Rapids avec instructions AMX d'Intel devant prendre la suite de DL-Boost. Tous deux en 10 nm. Cette fois on sait que les changements seront nombreux : 5 nm de TSMC, nouveau socket (AM5 ?), DDR-5 et sans doute d'autres évolutions de l'architecture.
Le timing d'arrivée de ces nouvelles puces sera important, car elles permettraient à AMD de passer à une plus grande finesse de gravure pendant qu'Intel paiera son retard vers le 7 nm. Quel seront alors les produits et le process les plus efficaces ? Ce sera sans doute le grand match de 2022/2023.
Le tout sur fond de montée en puissance d'ARM, tant dans les machines grand public à travers la migration d'Apple vers ses propres SoC que dans le datacenter.
Dans le GPU, l'équipe d'AMD a encore tout à prouver
C'est d'ailleurs dans les serveurs que va se jouer un autre match, tout aussi important mais compliqué : celui du GPU. Ici, AMD a encore tout à prouver. RDNA n'était pas la solution miracle attendue même si l'évolution s'est avérée plutôt positive. RDNA 2 devra enfoncer le clou, mais ne visera à nouveau que le grand public.
À la manière de NVIDIA, le père des Radeon a en effet décorrélé le développement de sa gamme « Pro », affublée de l'acronyme CDNA (R pour Radeon, C pour Compute). La première itération (en 7 nm) est attendue pour cette année, et doit permettre de poser les bases de cette stratégie et de l'Infinity architecture (GPU en P2P), sans forcément pouvoir s'opposer au monstrueux A100 de NVIDIA. Elle sera suivie de CDNA 2, là aussi un an plus tard.
Les défis seront nombreux sur ce flanc, outre l'architecture et les parts de marché, AMD doit faire avec sa stratégie logicielle qui ne décolle pas autour de ROCm. NVIDIA est largement leader avec ses solutions CUDA/OptiX, Intel mise gros sur ses GPU Xe, oneAPI et tout ce qui l'entoure. Un projet qui fait l'objet de lourds investissements ces dernières années. Sans parler des accélérateurs spécialisés qui se multiplient. On pense notamment au MK2 de GraphCore.
Il faudra donc frapper fort pour réussir à se différencier et gagner des contrats en masse face à tous ces acteurs, notamment dans des domaines comme le HPC et autres supercalculateurs Exascale. Certes, AMD peut jouer sur son aspect plateforme, CPU/GPU, mais ce sera sans doute loin d'être suffisant pour convaincre.