Bien que toujours en très bonne position financière, alignant les résultats records, Intel commence à payer le bilan des années Brian Krzanich. Après le 14 et le 10 nm, le 7 nm est en retard. L'équipe dirigeante commence donc à subir ses premiers gros changements.
Vendredi, Intel annonçait un nouveau retard dans l'évolution de sa finesse de gravure : les produits en 7 nm arriveront six mois plus tard que prévu, pas avant 2022/2023.
TSMC : nouveau leader de la fonderie, SPoF du secteur
Une énième mauvaise nouvelle, durement sanctionnée en bourse : le cours est passé de 60 à 50 dollars (-17 points), soit 52 milliards partis en fumée en seulement quelques jours : Intel n'est plus valorisée « qu'à » hauteur de 209 milliards de dollars. Dans le même temps, les concurrents sont à la fête : AMD est passé de 60 à 69 dollars (+15 points, 81 milliards de capitalisation) et TSMC de 67 à 83 dollars (+24 points, 383 milliards de capitalisation).
Ce dernier bénéficie de sa position avantageuse : il est désormais au cœur de la stratégie de tous les géants du secteur : Apple pour ses SoC, AMD pour ses CPU/GPU, NVIDIA pour ses GPU A100 en 7 nm et peut être Intel pour un nombre croissant de puces, à commencer par des éléments des GPU Xe pour datacenter.
Il peut faire et défaire la disponibilité d'un produit, un véritable SPoF (Single Point of Failure) à l'échelle de l'industrie qui en inquiète plus d'un...
Bob Swan fait le ménage et distribue les bons points
Quoi qu'il en soit, Intel ne pouvait pas rester sans réagir. Le PDG, Bob Swan, vient d'annoncer qu'il mettait fin au Technology, Systems Architecture and Client Group (TSCG), désormais découpé en cinq entités. Ses responsables lui répondront directement plutôt qu'à Venkata (Murthy) Renduchintala, qui quitte l'entreprise.
Un temps pressenti pour prendre la direction d'Intel, Renduchintala fait donc partie des « têtes » à sauter suite aux ratés de ces dernières années. Son départ sera effectif dès le 3 août. En cas de nouveaux problèmes, Swan sera désormais plus exposé.
Il a décidé de récompenser Ann Kelleher qui était en charge de tout ce qui touche à la fonderie (Manufacturing) pour son travail pendant la crise sanitaire sur la continuité des approvisionnements et la montée en puissance du 10 nm. Elle prend la place de l'actuel CTO Mike Mayberry qui devait prendre sa retraite à la fin de l'année après 36 années service au sein de l'entreprise. Il l'assistera pendant cette phase de transition.
Elle devra se focaliser avant tout sur l'évolution de la finesse de gravure, avec pour objectif premier de résoudre les problèmes sur le 7 nm qui approche de sa phase finale de conception, puis d'assurer une bonne transition vers le 5 nm. La gestion des opérations de la fonderie est confiée Keyvan Esfarjani qui s'occupait jusqu'à lors du Non-Volatile Memory Solutions Group (NSG). Lui aussi semble récompensé pour ses bons résultats récents.
Raja Koduri reste en poste
Randhir Thakur reste en charge de l'approvisionnement. Raja Koduri garde lui aussi sa place à la tête de la section Architecture, Software and Graphics qui gère la conception des GPU et parties graphiques intégrées Xe mais aussi la couche logicielle qui l'accompagne, tout comme la stratégie de développement unifié OneAPI. Un projet au long cours qui commence à aboutir avec le lancement de Tiger Lake.
Enfin, la conception des puces est pour le moment dirigée par Josh Walden, qui était en charge du Product Assurance and Security Group (IPAS). Il devra assurer l'intérim en attendant que les entretiens pour le poste aboutissent à un choix définitif. Plus que jamais, Intel se cherche donc un avenir.