Depuis la semaine passée, la situation de Stéphane Richard, le PDG d'Orange, fait couler beaucoup d'encre. Anciennement directeur de cabinet de Christine Lagarde entre 2007 et 2009, le patron est mis en examen vis-à-vis de l'affaire Tapie vient-on d'apprendre à l'instant, ceci après après avoir passé 48 heures en garde à vue en début de semaine et être passé cette après-midi devant le juge d'instruction. Interrogés par PC INpact sur cet épisode délicat, les syndicats CFE-CGC/UNSA assurent que « l'ensemble du personnel souhaite son maintien ».
Stéphane Richard
Montebourg et son amour pour Orange
En garde à vue lundi et mardi derniers, et devant le juge d'instruction ce mercredi après-midi, Stéphane Richard vient d'être mis en examen. Son poste n'est pas encore officiellement en danger, mais le doute plane. Arnaud Montebourg, le ministre du redressement productif, a mis le feu aux poudres dès la semaine dernière en déclarant au Monde : « Si Stéphane Richard est mis en examen, il lui sera difficile de rester. Jérôme Cahuzac a démissionné alors qu'il n'était pas mis en examen. Nous devons tous être exemplaires, ministres et patrons de grandes entreprises publiques. »
Depuis, Arnaud Montebourg a démenti cette déclaration, mais Le Monde maintient avoir recueilli de tels propos. Un tel couac démontre toutefois les difficiles relations entre le ministre et Orange, après l'épisode Dailymotion-Yahoo! qui avait déjà laissé des traces indélébiles. Toutefois, hormis Montebourg, les soutiens pour Stéphane Richard sont nombreux.
L'appui des employés et de l'Élysée
Du côté de l'Élysée tout d'abord. Selon le patron d'Orange lui-même, le président lui a confirmé son appui : « J'ai eu l'assurance de François Hollande que je resterai à mon poste, et aussi celle de David Azéma, le patron de l'Agence des participations de l'État » a-t-il affirmé jeudi dernier lors d'un séminaire devant près de 1200 cadres d'Orange. Avant de rajouter une pique envers Montebourg : « C'est vraiment irresponsable d'agiter ainsi les esprits, au risque de déstabiliser un groupe de 170 000 salariés dans le monde ».
Du côté des syndicats, le soutien est aussi réel. Interrogé par nos soins, Sébastien Crozier, patron de la division Orange Horizons (international) et président du syndicat CFE-CGC/UNSA, nous a ainsi affirmé que « l'ensemble du personnel souhaite son maintien ». Il faut dire qu'après l'épisode Didier Lombard et la période difficile des suicides, Stéphane Richard est vu comme un pacificateur. De plus, du fait de la stratégie d'Orange et de son accord avec Free Mobile, la société se comporte mieux que SFR et Bouygues Telecom.
Pour le syndicaliste, les employés d'Orange « ne veulent pas changer de capitaine ». Il nous a de plus déclaré ne pas penser « qu'un remplacement même temporaire soit nécessaire ». À ses yeux, seul un cas grave, comme une maladie, une démission ou bien sûr une condamnation légitimerait un remplacement.
La mise en examen : quelles conséquences ?
La semaine dernière, le syndicat indiquait d'ailleurs que « même si c’est déjà de l’histoire ancienne, d’autres patrons d’entreprises cotées ont continué d’exercer leur mandat de PDG alors même qu’ils étaient mis en examen dans le cadre de ce mandat, soupçonnés de blanchiment d’argent ou d’abus de bien social. On voit donc mal pourquoi Stéphane Richard, à qui l’on n’a rien à reprocher de tel en tant que PDG de France Télécom-Orange, devrait d’ores et déjà se préparer à démissionner de son poste. »
Il est vrai que les interrogatoires de Stéphane Richard qui ont eu lieu en ce début de semaine sont exclusivement liés au cas Tapie et non à Orange. Un porte-parole du groupe a de plus indiqué que le PDG « sera à son bureau demain matin ». Une réunion au sein du gouvernement aura lieu dans les prochains jours afin de « tirer les conséquences » de cette mise en examen apprend-on.
Un fusible sacrifié pour raison politique ?
Il faut toutefois noter que le patron d'Orange a été mis en examen pour escroquerie en bande organisée. Or selon certaines indiscrétions recueillies par Le Monde auprès d'un proche du président, Stéphane Richard pourrait être sacrifié : « Dans cette affaire, il va falloir un fusible. Pour raison d'État, personne ne veut inquiéter Christine Lagarde à la tête du FMI. Et en plus, elle s'est bien défendue... »
En attendant que l'affaire s'achève, Sébastien Crozier nous a assuré qu'Orange pouvait fonctionner sans son patron durant quelques jours. La société le fait régulièrement lorsque Stéphane Richard est en voyage d'affaires. Bien évidemment, quand bien même Orange dispose de nombreux cadres et autres directeurs, il lui faudra forcément un nouveau patron si la situation venait à s'embrouiller. Ces derniers mois, des rumeurs prêtent à Anne Lauvergeon, ancienne patronne d'Areva, l'ambition de diriger Orange à la place de Stéphane Richard. Une nouvelle qui n'enchante pas tout le monde au sein d'Orange.