Vous voulez un processeur performant, capable de monter en fréquence, proposant de nombreux cœurs, mais restant constamment économe en énergie ? Le Core i7-9700T d'Intel pourrait être fait pour vous. Nous l'avons testé, afin de mesurer l'impact de son TDP de 35 watts sur ses performances.
Depuis des années, Intel segmente sa gamme de processeurs en plusieurs familles. Si le grand public est familier des modèles « K » capables de monter haut en fréquence, déverrouillés pour l'overclocking, il y en a bien d'autres. Notamment les processeurs « T » visant une faible consommation et un échauffement minimal.
Ce, malgré des caractéristiques parfois élevées. C'est notamment le cas du Core i7-9700T d'Intel, se limitant à un TDP de 35 watts, pouvant même être réduit à 25 watts par les intégrateurs s'ils le souhaitent. Parfait pour les machines passives et autres usages compacts où il faut parfois de la haute fréquence ou de nombreux cœurs.
Mais dans la pratique, que donne un tel processeur ?
Fréquence et tension réduites
Commençons par un tour des caractéristiques de ce 9700T. Il s'agit d'un processeur de type 8C/8T, similaire à un i7-9700 classique : 12 Mo de cache, même contrôleur mémoire et partie graphique (UHD 630) et fonctionnalités activées. En réalité, seules ses fréquences de fonctionnement changent.
Limité à 35 watts de TDP plutôt que 65 watts, il ne peut plus grimper qu'à 4,3 GHz contre 4,7 GHz pour son grand frère. Sa fréquence de base, limite inférieure théorique chez Intel, est annoncée à 2 GHz plutôt que 3 GHz. Si le TDP est réduit à 25 watts, elle descend à 1,5 GHz.
Au début du test multi-cœurs la fréquence est stable à 3,6 GHz, elle passe ensuite à 2,9 GHz
Ainsi, lorsque peu de cœurs sont actifs, le processeur pourra grimper jusqu'à 4,3 GHz. Mais si jamais la charge augmente, la fréquence baisse progressivement, bien plus vite qu'avec un i7-9700 classique. Dans la pratique, elle se limite tout d'abord à 3,6 GHz, avant de passer à 2,9 GHz et d'y rester. On regrette d'ailleurs toujours qu'Intel ne détaille pas ces paliers de fréquence précisément dans les caractéristiques techniques de ses puces.
Sa tension est, elle, de 0,84 V au repos et ne dépasse jamais 1,17 V selon les relevés que nous avons effectués avec HWiNFO64. Lorsque tous ses cœurs sont chargés, elle se situe dans les 0,9/1,0 V.
Des performances du niveau d'un processeur à 6 cœurs
Pour savoir ce qu'il avait dans le ventre, nous l'avons comparé avec des Core i5-8400 et i7-8700 d'Intel que nous avions à notre disposition. Ils sont limités à 6 cœurs, avec 6 ou 12 threads et à des fréquences différentes. Mais aussi des Ryzen 5 1600AF (Zen+) et 3600 (Zen 2) d'AMD. La machine de test et le protocole sont détaillés ici.
Commençons par une série d'essais plutôt classique, avec des benchmarks théoriques sur un ou plusieurs cœurs et des applications de rendu 3D :
Comme on peut le voir, lorsque peu de cœurs sont actifs, le Core i7-9700T n'est pas en tête mais est tout de même bien placé. Notamment grâce à sa fréquence de 4,3 GHz, inférieure à celle de modèles comme l'i7-8700 ou le Ryzen 5 3600 d'AMD. Avec plusieurs cœurs actifs, il se rapproche plutôt de l'i5-8400.
Ce dernier n'est que de type 6C/6T pourtant, mais sa fréquence bien plus élevée lorsqu'ils sont tous utilisés lui permet d'offrir de meilleurs résultats.
Continuons avec des tests plus applicatifs :
Ici, on confirme les précédents résultats. Un processeur qui se rapproche du 8400 ou du 8700 selon les situations, le processeur Zen 2 d'AMD restant en tête.
Une très bonne efficacité énergétique, malgré le 14 nm
Mais qu'en est-il si l'on s'attarde sur sa consommation ? Pour le savoir, nous avons divisé nos résultats sous Cinbench R20 par le nombre de watts consommés à la prise. On obtient ainsi un score indiquant le nombre de points pouvant être générés par watts consommés :
Les résultats précédents prennent une tout autre dimension. En effet, si les chiffres au repos sont similaires à un autre processeur Intel, en charge on ne dépasse pas 51 watts sur un cœur et 71 watts sur l'ensemble des cœurs. C'est la moitié de ce qui est nécessaire à une machine similaire à base de Ryzen 5 1600AF.
On économise 40 à 50 watts par rapport aux processeurs supérieurs, soit un tiers de la consommation de la machine environ et autant de dissipation thermique en moins. Cela en fait le processeur le plus efficace d'un point de vue énergétique, dépassant même le Ryzen 5 3600 pourtant gravé en 7 nm.
Avec cette puce, Intel tient donc sa promesse initiale : se focaliser sur la basse consommation tout en étant capable d'offrir un bon niveau de performances, sans que celui-ci soit exceptionnel.
Un processeur pour des besoins très ciblés
Au final, que penser de ce Core i7-9700T ? Plutôt du bon, si on le choisi pour ce qu'il est : un processeur à huit cœurs qui sera plutôt au niveau d'un modèle à six cœurs dans la pratique, mais avec une consommation et un échauffement plus faibles, pouvant être utilisé dans des environnements contraints (passif, mini PC, etc.).
Son unique défaut est, comme bien souvent, son tarif. Proposé à 400 euros, c'est un peu plus qu'un Core i7-9700 classique (376 euros), le double du Ryzen 5 3600 d'AMD, actuellement à 185 euros. Ce dernier a d'ailleurs bien senti le filon, proposant non pas des références basse consommation sur ses dernières générations, mais de réduire le TDP de manière logicielle, via Ryzen Master. Une solution qui n'a pas que des avantages.
En effet, elle ne fonctionnera que sous Windows, l'outil ayant ses propres contraintes comme le fait d'exiger que la virtualisation soit désactivée. On aurait préféré la généralisation d'une option dans le BIOS/UEFI. Ainsi, l'utilisateur n'aura pas de solution parfaite à se mettre sous la dent.
Les processeurs Core de série « T » seront une bonne solution clé en main, facile à mettre en œuvre et passe-partout... mais coûteuse. Sinon, on peut chercher à jouer des réglages sur la tension et les paramètres du BIOS/UEFI pour réduire l'échauffement, sans pour autant atteindre un résultat similaire.
Chez AMD, l'utilisateur sous Windows se limitant à la bureautique ou aux jeux appréciera le mode d'économie d'énergie, inexploitable dans d'autres situations. En attendant que la configuration du TDP depuis la carte mère devienne la norme, il faudra donc choisir son camp et faire ses choix.
Notez d'ailleurs que le Core i7-10700T sur socket LGA-1200 est désormais officiel et devrait être disponible d'ici quelques semaines ou mois en France. Un modèle qui passera à 8C/16T, avec une fréquence maximale de 4,5 GHz, un cache de 16 Mo et toujours un TDP de 35 watts. Il sera pour la première fois accompagnée d'un Core i9, le 10900T : 10C/20T, jusqu'à 4,6 GHz, 20 Mo de cache et toujours le même TDP.
Tarif de la bête : 439 dollars, soit sans doute dans les 500 euros.