Interrogée par 20minutes, la ministre déléguée à l’Économie numérique a annoncé hier que l’exécutif allait mettre en place, dès la rentrée prochaine, « un projet de laboratoire des usages de l’internet ». D’après Fleur Pellerin, cette nouvelle structure sera spécialement dédiée à l’innovation. Plus concrètement, ce laboratoire aura pour rôle « de lancer des appels à projets d’applications d’intérêt public ».
La promesse n’était pas anodine, puisqu’elle fut formulée à quelques heures de l’inauguration d’une nouvelle application proposée par la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), en présence justement de Fleur Pellerin. L’App-Licra, disponible sur Apple Store et Google Play, permet à quiconque verrait un tag raciste dans la rue de le signaler grâce aux fonctionnalités de géolocalisation d’un smartphone, et ce dans le but d’en accélérer la procédure d’effacement.
La ministre semble ainsi vouloir promouvoir le développement de ce type d’applications, à partir du moment où la notion d’intérêt public y est incorporée. « La collecte de données en temps réel permet de prendre de l’avance, de faire remonter des informations rapidement, en cas de catastrophes naturelles par exemple. Plus informées, les collectivités locales gèrent mieux le trafic ou la collecte des ordures. Avec des citoyens pourvoyeurs d’informations, il est possible d’améliorer la vie de la cité mais aussi de créer des modèles économiques » estime Fleur Pellerin.
Contacté afin d’en savoir plus sur cette nouvelle structure (budget, fonctionnement, périmètre précis, etc.) Bercy n’a toujours pas répondu à nos sollicitations.
Le précédent de l’application « Observer la loi »
Tous les parlementaires ne pourraient cependant pas voir d’un bon œil la mise en place de ce laboratoire. En octobre 2012, le député UMP Benoist Apparu avait effectivement transmis une question écrite à la ministre de la Culture pour s’élever contre l’application « Observer la loi », laquelle permet de dénoncer et de géolocaliser des incivilités (tapage nocturne, véhicule mal stationné,...) depuis son smartphone. « Cette application semble s'apparenter à un outil de dénonciation, loin de l'idée que nous nous faisons de la démocratie et du respect d'autrui » écrivait alors l’élu, qui considérait que ce genre d'outil risquait d’autre part « de mener à des dérives ».
Alors que le député n’a toujours pas obtenu de réponse de la part du gouvernement, Fleur Pellerin a balayé hier le type d’arguments que celui-ci brandissait il y a huit mois : « Signaler un tag raciste n’est pas une atteinte aux libertés. Il s’agit juste d’une façon de faire respecter la loi, de lutter contre les incivilités ». Selon la locataire de Bercy, une application telle qu’App-Licra ne propose pas « un mécanisme de délation mais de signalement ». « Nous sommes dans l’épure du geste citoyen » a conclu la ministre.