Coronavirus (Covid-19) : la GTC 2020 de NVIDIA diffusée en ligne, quelles suites pour le secteur ?

Coronavirus (Covid-19) : la GTC 2020 de NVIDIA diffusée en ligne, quelles suites pour le secteur ?

La hausse des prix à nos portes

Avatar de l'auteur
David Legrand

Publié dans

Hardware

03/03/2020 10 minutes
4

Coronavirus (Covid-19) : la GTC 2020 de NVIDIA diffusée en ligne, quelles suites pour le secteur ?

L'expansion du coronavirus continue d'avoir un impact fort dans le monde des nouvelles technologies. De nombreux salons ont ainsi été annulés ou reportés. Dernier en date : la GTC de NVIDIA où plusieurs annonces étaient attendues. Mais ça ne pourrait être que le début des ennuis...

Dans un communiqué publié hier soir, NVIDIA indique avoir décidé « de transformer la GTC 2020 qui devait se tenir du 22 au 26 mars en un évènement en ligne en raison des inquiétudes croissantes à propos du coronavirus [...] notre priorité étant la santé et la sécurité de nos employés, partenaires et clients ». 

À l'heure actuelle, on recense plus de 90 000 cas d'infections et 3 000 décès dans le monde, principalement en Chine. En France, on compte 191 cas, dont 61 nouveaux annoncés hier, et trois décès.

Les salons tombent comme des mouches

Jen Hsun Huang interviendra dans une conférence diffusée en ligne pour effectuer les annonces attendues. La date et l'heure n'ont pour le moment pas été confirmées. Les présentations qui devaient être effectuées sur place seront elles aussi diffusées sur le site de NVIDIA dans les semaines à venir. 

La question est désormais de savoir si cela retarde ou non les plans de la société vis-à-vis des annonces concernant de prochains produits. Nombreux étaient ceux qui attendaient de voir si la nouvelle architecture graphique, déjà mise en place au sein d'Orin, serait dévoilée de manière plus complète à la GTC.

On espérait au minimum avoir droit au nom du projet (Ampere ?), quelques caractéristiques, un début de calendrier et éventuellement des détails du côté des Quadro/Tesla avant les GeForce plus tard dans l'année. Est-ce que ce sera le cas ? Est-ce que la problématique autour du coronavirus ne risque pas de décaler d'éventuels lancements ?

Quel impact sur les prochains lancements ?

Impossible à dire pour le moment, mais cette question va se poser bien au-delà de NVIDIA. En effet, Intel doit lancer dans les semaines à venir son NUC Ghost Canyon ainsi que ses processeurs de 10e génération pour PC de bureau. AMD est attendu au tournant avec de prochaines Radeon (Navi) exploitant l'architecture RDNA2 en 7 nm+.

Pour le moment, personne n'ose communiquer sur le sujet, attendant de voir comment la situation évolue. Mais si l'expansion du Covid-19 perdure – et cela pourrait durer puisqu'il ne s'agit pas d'une grippe saisonnière – il faudra y venir et choisir : maintenir les annonces au risque d'un paper launch ou décaler ce qui était prévu ?

Des questions se posent déjà pour le Computex de Taipei devant se tenir dans trois mois, début juin. La Taitra se veut pour le moment rassurante concernant ce salon qui est l'occasion de nombreuses annonces par les constructeurs chaque année, mais là aussi tout peut changer très vite.

D'ici là, même les rencontres plus locales avec des journalistes sont impactées par les décisions de chaque pays. Mise en quarantaine d'employés malades ou proches de malades (qu'il s'agisse ou non du Covid-19), limitation des déplacements, difficulté d'approvisionnement des pièces, etc. 

Alertes sur les résultats financiers et hausse des prix

Mais il y a un secteur où il faut anticiper et où se voiler la face peut être dévastateur : la bourse. Plusieurs constructeurs ont déjà annoncé lors de la publication de leurs précédents résultats (ici ou ) qu'ils seraient touchés par l'expansion du Covid-19, une partie de leur production étant très dépendante de l'Asie.

D'autres pourraient suivre. Il faudra être attentif aux résultats de HPE attendus ce soir. Car cela pourrait empirer dans les semaines à venir, à mesure que les pays seront touchés, notamment en Europe, mettant en place des mesures de plus en plus restrictives.

Baisse de la disponibilité des pièces, augmentation des prix et donc une réduction plus globale des commandes et des ventes seront au programme. Pour le constater, il suffit de regarder l'indice DXI de DRAMeXchange, reflétant le tarif de la mémoire chez différents constructeurs, sur six mois et un an (voir ci-dessous).

On note également une tendance à la hausse sur les puces de flash pour SSD, comme la TLC qui est passée d'une moyenne de 2,7 dollars mi-novembre à 2,9 dollars mi-décembre dollars et 3,4 dollars aujourd'hui. Nous avons également relevé une hausse de 20 à 35 % sur les prix des wafers de TLC depuis mi-décembre selon les chiffres publiés par le site.

Prix de la mémoire 2019-2020Prix de la mémoire 2019-2020
Évolution du prix de la mémoire sur un an (à gauche) puis sur six mois (à droite) - Source : DRAMeXchange

Le gouvernement prévoit ainsi un baisse de 0,1 point de la croissance française en 2020 et met en place des procédures, évoquant « un certain nombre de chaînes de valeurs qui sont trop dépendantes de leurs approvisionnements à l'étranger ». Le marché informatique est l'un des premiers en tête... et cela ne risque pas de changer de si tôt.

Il y a quelques jours, le strasbourgeois 2CRSi publiait ainsi un communiqué évoquant les « impacts attendus de la fermeture de nombreuses usines asiatiques en raison du COVID-19 ». Il y évoquait « la fermeture ou la très forte réduction d’activités de nombreuses usines [et] la forte réduction de l’offre de fret liée à l’annulation de la quasi-totalité des vols internationaux vers la Chine ». Résultat : certaines prévisions sont revues à la baisse.

Dans sa présentation des résultats de septembre dernier, la société annonçait un chiffre d'affaires de 200 millions d'euros avec une marge d'EBITDA d'au moins 10 %. Elle s'attend désormais à ce que ce CA soit maintenu, mais avec « un objectif de taux de marge d’EBITDA qui devrait s’établir entre 6,5 et 7 % ».

2CRSi se dit d'ailleurs moins touchée que d'autres du fait de sa production en partie locale, et de son important stock de pièces, mais s'attend tout de même à un impact sur « la capacité du Groupe à livrer certaines commandes dont l’exécution était attendue au premier trimestre 2020, impactant négativement la fin de l’exercice 2019/20 et le début de l’exercice 2020/21 ». Un message visant notamment Blade et son service Shadow ? Impossible à dire pour le moment.

Mais l'impact est clair sur le cours de bourse de l'entreprise : aux alentours de 9 euros en septembre, il avait souffert de l'annonce de ses résultats, tombant à 3 euros mi-octobre. Depuis, il était remonté dans les 5 euros mais ne cesse de baisser depuis mi-février, revenant à 3 euros (voir ci-dessous).

Les revendeurs en première ligne

Début février, nous avions interrogé plusieurs revendeurs sur le sujet, aucun n'ayant souhaité nous répondre publiquement. Même le groupe LDLC, pourtant coté. La société venait d'ailleurs de sortir d'une période noire, après deux ans où son cours avait dévissé, passant de 37 euros en janvier 2017 à moins de 6 euros deux ans plus tard.

La société mettait alors ses résultats sur le compte de la mauvaise conjoncture du marché, avec une hausse du prix des composants. Elle a passé les deux dernières années à multiplier les boutiques physiques via son réseau de franchisés, les acquisitions sur le marché B2B/B2C, afin de se relancer.

Le rachat de Top Achat et l'amélioration des résultats avaient ainsi redonné confiance aux investisseurs, le cours étant alors repassé à près de 17 euros fin janvier. Mais là aussi les inquiétudes autour du Covid-19 semblent avoir inversé le phénomène, le cours étant repassé à moins de 12 euros en à peine un mois (voir ci-dessous).

Une période où le groupe a également annoncé la fermeture de ses deux boutiques en Espagne (Barcelone et Madrid), limitant ses activités dans le pays à de la vente en ligne (sans que cela soit lié au coronavirus). Pour le moment, LDLC n'a pas communiqué sur un éventuel lien entre Covid-19 et ses résultats 2020. 

Il doit annoncer le 28 avril prochain son chiffre d'affaires T4 2019-2020 et le 18 juin ses résultats annuels. On devrait donc en savoir plus à ce moment-là, à moins qu'un communiqué ne soit publié entre temps.

Cours LDLC 2019-2020Cours 2CRSi 2019-2020
Le cours de LDLC (à gauche) en forte hausse sur six mois, mais impacté tout comme 2CRSi (à droite) depuis la mi-février - Source Boursorama.com

Mais en coulisse, les langues se délient peu à peu chez différents revendeurs. Certains nous disent arriver au bout de leurs approvisionnements commandés avant la crise, leurs prix ayant déjà augmenté à l'achat de nouvelles pièces tout au long du mois de février.

« Anticiper était impossible, tout est arrivé dans la période des vacances du nouvel an chinois » nous confie un fin connaisseur du secteur. Selon nos relevés, aucune augmentation importante des prix n'est à relever. Surtout des tarifs que l'on constatait en « bons plans » qui ne sont pas renouvelés. Mais cela ne saurait tarder.

Car si les boutiques rognent pour le moment sur leurs marges en attendant que les choses se tassent, cela ne pourra pas durer éternellement. Les premiers concernés pourraient être les SSD et la mémoire dont les prix étaient en baisse continue depuis des mois, avec un marché assez concurrentiel et des marges peu élevées, ne laissant pas de place à une « absorption » par les revendeurs, avant des composants plus lourds comme les CPU/GPU, cartes mères, etc. 

Mi-février, Samuel Demeulemeester, ancien rédacteur en chef de Canard PC travaillant désormais chez LDLC, l'annonçait d'ailleurs « Je sais que c’est anecdotique par rapport au drame humain, mais je peux déjà vous dire que le coronavirus va avoir un impact considérable sur l’approvisionnement – et donc les prix – du hardware dans les prochaines semaines/mois... ». La situation ayant empiré depuis, l'avenir lui donnera sans doute raison.

Et maintenant ?

Une chose est sûre, les mauvaises nouvelles devraient rapidement se multiplier pour les consommateurs et pendant au moins plusieurs semaines.

Il semble désormais trop tard pour que la situation s'apaise rapidement. Les plus optimistes tablent sur plusieurs semaines ou d'ici l'été. De quoi laisser assez de temps pour que certains prix s'envolent et que les retards ne commencent à s'accumuler, tant dans les annonces ou la disponibilité des produits.

De quoi promettre des vacances et une rentrée chargées. Et si la situation actuelle dure plusieurs mois ? Impossible à dire pour le moment, mais nombreux sont ceux qui commencent déjà à s'y préparer, cherchant à savoir comment ils pourront s'adapter. Il faudra alors que les tendances s'inversent, que les stocks se reconstituent, que les évènements et annonces reprennent peu à peu, puis que les prix reviennent à la normale.

Une période qui sera plus ou moins longue, selon la volonté (et la capacité) des différents acteurs à « se refaire » après une période difficile.

Écrit par David Legrand

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

Les salons tombent comme des mouches

Quel impact sur les prochains lancements ?

Alertes sur les résultats financiers et hausse des prix

Les revendeurs en première ligne

Et maintenant ?

Commentaires (4)


En tt cas sur shop hfr les 5700 ont pris 15 %. Les autres aussi peut etre je sais pas. Est-ce lié ?



Tr4ks a dit:





Aucune idée, mais s’il y a augmentation, elle sera globale (surtout avec le temps), pas sur quelques références seulement.


Chouette article.(même si le sujet ne l’est pas vraiment, …chouette, lui)
Dans ce genre de situations, j’ai toujours une petite inquiétude sur les vrais raisons des augmentations. Réelle pénurie, ou stratégie opportuniste.
Genre usine de mémoire qui avait brûlé dans les années 90, inondations en Thaïlande pour les disques dur…



On verra bien…
Il va forcément y avoir de vrai conséquences. Mais lesquels exactement ?
Dans une salle blanche, j’imagine qu’il y a peu de chance de se refiler un virus entre collègues :pastaper:



Sinon, rien à voir avec le fond, mais il me semble bien qu’on ne dit pas “du COVID-19”, mais “de la COVID-19”.
COVID-19, c’est la maladie : coronavirus disease 2019



(Tien! Le souligné fait du gras…)


M’est avis qu’après, quand la situation sera redevenue normale, les prix ne retomberont “étrangement” pas.