Ce n'est pas encore fait, mais cela en prend sérieusement le chemin. Hier, Stéphane Roussel, président du Conseil d'Administration de SFR, et Jean-René Fourtou, président du Conseil de Surveillance de Vivendi, ont abordé le sujet de l'entrée en bourse de l'opérateur mobile. Et bien évidemment, les deux hommes n'ont pas caché qu'ils visaient directement le CAC 40.
Une valorisation suffisante pour le CAC
Ces dernières années, Vivendi n'a pas fait secret de vouloir changer de stratégie. Ses deux divisions télécoms étrangères que sont GVT (Brésil) et Maroc Telecom sont ainsi à vendre, même si le processus de cession de GVT a récemment été suspendu. Quant à SFR, son cas est plus complexe. Sa grande valeur complique une vente à un autre acteur, et même les possibilités de fusion sont limitées. L'une des solutions envisagées ces derniers mois est donc d'envoyer SFR en bourse, seule.
Aujourd'hui, le géant Vivendi, qui détient des entreprises majeures comme Canal+, Universal Music et Activision Blizzard, est valorisé en bourse entre 19 et 20 milliards d'euros. Canal+, seule, est aussi présente en bourse avec une valorisation de 675 millions d'euros. Activision Blizzard est également en bourse (à New York) avec une valorisation de 15,87 milliards de dollars.
Que SFR fasse son entrée en bourse n'aurait donc rien d'incongru, d'autant plus que selon ses dirigeants, la société vaut entre 15 et 20 milliards d'euros. Si les investisseurs pourraient revoir un peu à la baisse cette valeur (entre 10 et 15 milliards ?), cela n'empêchera pas SFR de surpasser une bonne dizaine de sociétés du CAC 40, dont le groupe Bouygues (6,4 mds).
« Il fallait une gouvernance qui ressemble à celle des groupes du CAC 40 »
Pour se préparer à une telle éventualité, SFR a donc modifié son organigramme. Stéphane Roussel, auparavant PDG de SFR, a été remplacé il y a quelques semaines par Jean-Yves Charlier, devenu Directeur Général de l'entreprise. Roussel, pour sa part, a pris la main du Conseil d'Administration. Le 30 avril dernier, Jean-René Fourtou expliquait que ce dernier changement était indispensable : « vu les chiffres [de valorisation NDLR], nous serons peut-être un jour au CAC 40. Il fallait une gouvernance qui ressemble à celle des groupes du CAC 40 : un président et un directeur général opérationnel. »
Stéphane Roussel, de son côté, a tenu des propos allant dans le même sens hier, lors du forum des télécoms et du Net organisé par nos confrères Les Échos : « quelque part, on est prêt [pour l'introduction, ndlr], c'est un choix de Vivendi » en ce qui concerne le calendrier. Quoi qu'il en soit, SFR a vocation « de toute façon à être autonome, sur ses investissements et son retour sur investissements ».
Reste que l'opérateur au carré rouge ne pourra pas rentrer en bourse d'un coup de baguette magique. En effet, le CAC 40, de par sa définition, regroupe quarante grandes entreprises françaises. Pour y entrer, il faut donc déjà qu'une société en sorte, ce qui n'arrive pas non plus tous les jours même si ces dernières années, environ deux entreprises par an entrent et sortent du CAC. En 2012, Alcatel-Lucent a ainsi été remplacé par Gemalto, et Solvay a pris la place de Peugeot. Il serait d'ailleurs ironique que SFR arrive dans le CAC 40 en lieu et place du groupe Bouygues.
Néanmoins, avant de faire son entrée dans le CAC 40, d'autres étapes intermédiaires devront avoir lieu. Cela prendra ainsi plusieurs années. Cela explique pourquoi les dates de fin 2014 voire 2015 sont visées par les dirigeants de SFR et Vivendi. Il ne serait toutefois pas étonnant que cela prenne plus de temps encore, tant le marché mobile est encore instable. Il est probable que SFR attende d'augmenter son ARPU (revenu moyen par abonné) avant de se lancer dans le grand bain.