C'est une petite révolution de ses pilotes qu'AMD annonce en cette fin d'année. En effet, tout le panneau de configuration a été repensé, avec une installation modernisée. La société en profite pour renforcer ses fonctionnalités et en ajouter de nouvelles, comme Radeon Boost ou le très attendu Integer Scaling.
Depuis quelques années, AMD a pris l'habitude de profiter du mois de décembre pour publier un nouveau pilote introduisant de nombreuses améliorations et autres fonctionnalités.
C'est à cette occasion que le nom Adrenalin était apparu. Il devait au départ évoluer chaque année, mais est resté depuis. Terry Makedown, que nous avions rencontré l'année dernière nous confiait que cette décision découlait du simple fait que cette dénomination était appréciée de tous, il n'y avait donc pas lieu d'en changer.
Si l'édition 2017 avait posé les bases de la nouvelle stratégie d'AMD concernant les pilotes de ses Radeon, celle de 2018 avait plutôt été une évolution à la marge, renforçant quelques éléments, ajoutant des options ici ou là. Mais en 2019, c'est la révolution puisque la procédure d'installation et l'interface sont entièrement revues.

L'objectif d'Adrenalin 2020 (version 19.12.2) est clair : faire des pilotes bien plus qu'un endroit où l'on triture des réglages obscurs. Cela doit être un centre névralgique, regroupant de nombreux outils qui sont utiles aux joueurs au quotidien. Le tout en s'adaptant à différents profils, de l'utilisateur moyen au streamer professionnel en passant par le simple geek passionné. Ces pilotes devraient être publiés dans la journée.
Makedown, qui est en charge du développement logiciel pour ATI puis AMD depuis près de 20 ans, nous a pour l'occasion présenté son nouveau bébé en avant-première. Surtout que l'évolution n'est pas que graphique puisque des nouveautés telles que Radeon Boost, l'Interger Scaling ou un filtre DirectML sont également au programme.
Nouveau look pour une nouvelle vie
Si NVIDIA garde le leadership en termes d'architecture GPU et de puissance des cartes graphiques, il y a bien un sujet où le constructeur est en retrait face à son concurrent : la qualité de l'interface graphique et des fonctionnalités proposées. Certes AMD, s'inspire encore ici ou là de ce que propose le père des GeForce, mais sait innover.
On l'a vu avec des fonctionnalités telles que Radeon Chill permettant de réduire la consommation lorsque le GPU n'a pas à être sollicité, comme lorsque l'image est fixe dans un jeu du fait de l'absence de mouvement. C'est aussi le cas avec l'Overlay donnant accès à tous les paramètres de la carte graphique sans quitter le jeu en cours.
Surtout, AMD a fait le choix de proposer l'ensemble de ses fonctionnalités dans une interface unifiée, ne nécessitant pas la création d'un compte. Là où NVIDIA reste sur un panneau de configuration ayant plus de dix ans, utilisé conjointement avec un GeForce Experience, où il faut obligatoirement se connecter, bourré de mouchards.
Avec Adrenalin 2020, le texan va plus loin en proposant une expérience plus moderne, modulaire, s'adaptant aux préférences de l'utilisateur, mais aussi à la situation. Vous pouvez ainsi afficher l'interface de gestion à tout moment en surimpression sur une partie de l'écran (ALT+Z) ou sa totalité (ALT+R).
Entièrement en anglais (contrairement à la procédure d'installation), elle se compose de quatre onglets principaux : Home, Gaming, Streaming et Performance. On y trouve également un moteur de recherche de fonctionnalités, des favoris, notifications, paramètres (nous y reviendrons, etc. Elle a tout d'une application classique en 2019.
Si vous êtes sur le bureau ou en pleine partie, les éléments affichés par défaut ne seront pas les mêmes. Tout reste accessible, mais la mise en avant change. Un navigateur a même été intégré vous permettant de lire votre site préféré (INpact Hardware bien sûr) pendant une pause. Ce dernier est basé sur le moteur Chromium.
Dans la pratique, si l'ensemble est plaisant, la réactivité est encore améliorable. Espérons que ce point sera le cas dans les prochaines itéations.
La nouvelle interface des pilotes AMD en plein écrans sous Windows (à gauche) ou en jeu (à droite)
AMD nous a précisé que cela ira plus loin dans de prochaines versions, certains modules pourront ainsi être retirés ou déplacés en fonction des fonctionnalités que vous utilisez ou non. Actuellement vous trouverez des statistiques sur vos séances de jeu, des informations sur votre machine, l'accès direct à certaines fonctionnalités, etc.
Interrogé sur la question du partage des données générées AMD nous a confirmé que tout reste stocké uniquement sur la machine, rien n'est partagé avec ses équipes. Si une télémétrie existe bien pour remonter certaines informations techniques de manière anonyme, elle est en opt-in à la fin de la procédure d'installation.
Être à l'écoute des utilisateurs, sans les surveiller
Des choix loin d'être anodins pour les joueurs et qui cause pour certains un désamour des GeForce malgré leurs meilleures performances. Surtout qu'AMD a largement amélioré la qualité de son suivi ces dernières années, multipliant les mises à jour « day one » pour les gros jeux, réduisant les bugs et améliorant les performances.
Terry Makedown insiste également sur un point auquel il tient de longue date : les évolutions sont guidées par un retour direct des utilisateurs au sein des pilotes. Ils peuvent demander de nouvelles fonctionnalités/améliorations ou voter pour celles déjà en place, un score pris en compte lorsqu'il faut préparer la nouvelle version annuelle.
Selon le responsable, outre l'évolution des performances et des fonctionnalités, c'est l'un des éléments à l'origine des bons scores de satisfaction relevés lors des analyses effectuées par un cabinet externe.
Une installation « 1-click », une taille en hausse
La première chose que verra l'utilisateur lorsqu'il installera les pilotes Radeon Adrenalin 2020, c'est la nouvelle procédure qui se veut « 1-click » et plus rapide (34 % selon AMD) par défaut.
Dans la pratique, nous sommes passé de 211 secondes avec les 19.2.1 contre 195 secondes avec les 19.2.2 sur une machine à base de Core i7-9700K et de Radeon VII. Le gain est donc bien là, mais ne change pas fondamentalement les choses. Dans les deux cas il faut d'ailleurs toujours une bonne minute rien que pour cette bonne vieille phase de décompression des fichiers qui est toujours présente (sans changement de look).
Une interface encore un peu franglaise
Et pour cause, le pilote est légèrement plus gros que précédemment : 482 Mo pour les 19.12.2 contre 424 Mo pour les 19.2.1. Décompressés, on passe de 1,11 Go à 1,12 Go. L'architecture des fichiers est à peu près inchangé, avec un installeur et des DLL dont la taille a légèrement augmenté, ce qui mène à ce résultat.
Certains auraient sans doute apprécié qu'AMD profite de l'occasion pour initier une cure d'amaigrissement, ou proporser des fonctionnalités comme une mise à jour différentielle en ligne, une composition plus modulaire, etc. Ce n'est pas le cas. Peut-être pour Adrenalin 2021 ?
Des profils activant certaines fonctionnalités
Plus agréable visuellement, la procédure d'installation laisse tout de même la voie libre à certaines personnalisations, comme le fait de procéder à une installation « propre » avec ou sans conservation des paramètres. Une fois terminée, elle propose de choisir un profil selon l'usage qui sera fait de la machine :
Une étape qui doit être une solution à un problème important pour les constructeurs, favorisant l'utilisation des fonctionnalités disponibles... mais souvent méconnues. En effet, si les clients suivant le marché des GPU et l'évolution matérielle/logicielle comme le lait sur le feu sont au courant des moindres nouveautés, ce n'est pas forcément le cas pour des utilisateurs moins avertis. Après avoir tenté différentes approches, dont des vidéos « éducatives », AMD mise sur plus radical.
Si vous indiquez que vous avez un profil de joueur ou plutôt eSport, certaines fonctionnalités seront activées par défaut comme FreeSync, Image Sharpening, Anti-Lag, etc. Si vous optez pour un profil standard, seul FreeSync sera activé, si vous ignorez la procédure, rien ne sera automatiquement mis en place.
De quoi proposer une solution pour chacun, même si le choix des fonctionnalités activées par défaut pour tel ou tel profil devra sans doute être affiné. Il faudra aussi être plus transparent sur l'implication de tel ou tel choix, aucune information précise n'étant pour le moment donnée, même via un bouton d'information complémentaire par exemple.
On regrette également que Radeon Chill ne soit pas concerné puisqu'il permet une économie d'énergie significative. Mais Terry Makedown nous a répondu sur ce point que son équipe était ouverte à des évolutions à l'avenir, comme un profil favorisant la faible consommation par exemple.
Radeon Boost : l'autre grosse nouveauté d'Adrenalin 2020
La mécanique utilisée par AMD pour Chill est d'ailleurs exploitée dans une fonctionnalité un peu inverse qui fait son apparition avec ces nouveaux pilotes : Radeon Boost. Les deux sont néanmoins incompatibles.
Ici, il s'agit non pas de réduire la consommation mais de maximiser les performances. Comment ? En réduisant la définition de l'image (50 %, 67 % ou 84 %) à des moments clé en fonction d'algorithmes maison : lorsque l'utilisateur est en plein mouvement, que l'image change rapidement et que de la fluidité est nécessaire. Surtout qu'avec certaines options grahiques, une dose de flou est parfois ajoutée pour accentuer l'impression de rapidité.
On pourra s'amuser de voir AMD, qui critiquait ouvertement la réduction de la définition lorsqu'elle était utilisée par NVIDIA pour DLSS, s'en inspirer aujourd'hui. Le constructeur indique que son approche est différente, la réduction de la qualité de l'image n'étant activée qu'à certains moments spécifiques.
Les deux fonctionnalités n'ont ainsi rien à voir. Et si un upscaling permet d'adapter l'image réduite à la définition demandée par l'utilisateur, cela ne repose pas sur un modèle généré par un réseau de neurones (IA) et aucune couche d'anti-aliasing n'est appliquée au passage.
AMD annonce que des gains de performances de 10 à 40 % peuvent être constatés avec l'activation de sa fonctionnalité, sans perte de qualité d'image. Pour le momment, seuls huit jeux peuvent en profiter : Borderlands 3, Call of Duty : WW2, Destiny 2, GTA 5, Overwatch, PUBG, Rise of the Tomb Raider et Shadow of the Tomb Raider.
Une liste qui s'étendra avec le temps, avant d'être généralisée en cas de succès promet AMD. Pour ceux qui veulent s'amuser à voir la différence entre l'image dans sa définition normale et celle réduite, il existe un mode de démonstration que vous pouvez activer en restant appuyé sur la touche Majuscule droite.
Un premier filtre DirectML, mais pas encore d'équivalent de DLSS
Face au DLSS de NVIDIA, AMD a multiplié les astuces marketing depuis l'annonce des GeForce RTX. N'ayant pas d'équivalent à se mettre sous la dent, la société avait un temps promis qu'elle en proposera un via l'API ouverte DirectML de Microsoft, sans jamais donner de détails ou de date concernant ce projet.
Avec Radeon Image Sharpening (RIS), les communicants de la société ont réussi le tour de force de faire gober à nombre de testeurs et autres influenceurs que c'était un équivalent de DLSS lorsqu'il était utilisé avec une option d'upscaling, les poussant à effectuer des comparaisons.
Or, RIS n'est qu'un filtre de netteté de l'image, comme NVIDIA en propose un depuis longtemps. Mais cette stratégie visant à détourner l'attention a été plutôt efficace auprès d'un public peu regardant sur la réalité technique des choses. Quoi qu'il en soit, l'implication d'AMD dans DirectML est bien réelle sur un autre terrain : celui des filtres de réduction du bruit. Une phase essentielle dans le rendu et le traitement d'image professionnel.
Le texan dispose ainsi d'une solution qu'il vante désormais auprès des développeurs et le pousse pour des usages multimédia. Il doit être distribué au sein de son initiative open source GPUOpen.

On peut y voir un travail préparatoire pour l'arrivée de RDNA 2 et de la prochaine génération de GPU Navi en 7 nm+, attendus pour 2020. En effet, ces derniers devraient commencer à proposer une accélération matérielle du ray tracing, et la réduction de bruit est une phase essentielle pour exploiter un tel rendu de manière efficace.
AMD n'est d'ailleurs pas seul sur ce terrain, puisqu'outre le travail de NVIDIA autour de RTX et Optix, Intel pousse de son côté sa solution maison Open Image Denoise.
Integer Scaling et autres petites améliorations
La fonctionnalité la plus demandée par les utilisateurs selon AMD était l'arrivée de l'Integer Scaling, déjà proposé par NVIDIA depuis quelque temps et en préparation chez Intel ces derniers mois. On peut ainsi l'activer pour améliorer le rendu de vieux jeux, ce qui est spécialement appréciable pour les amateurs de rétrogaming.
Mais les pilotes Adrenalin 2020 ne se contentent pas d'apporter des nouveautés, ils améliorent également des éléments existants. Ainsi, les fonctionnalités de streaming (ReLive) sont désormais regroupées au sein d'un même onglet au nom un peu plus évocateur, qui a sans doute été simple à trouver : Streaming.
Il en est de même pour toutes les fonctionnalités liées à la gestion de la performance et au suivi des composants : fréquence, vitesse de ventilation, température, overclocking, conseils de mise à jour, etc. Les raccourcis clavier utilisés par les pilotes ou les comptes sociaux liés sont également paramétrables dans une interface plus claire.
De manière plus générale, si AMD a fait un gros travail de simplification, l'utilisateur sera encore un peu perdu face à la multiplication des options dès qu'il ira fouiller un peu ici ou là. Surtout, on aurait aimé que le ménage soit fait dans l'ensemble des dénominations, puisque Boost, Chill ou Wattman (pour ne citer que quelques exemples) n'indiquent que très partiellement de quoi il en retourne. Malheureusement, rares sont les éléments intégrés à l'interface pour rendre cela plus clair.
Anti-Lag est désormais exploitable sur les jeux DirectX 9 même sur les GPU antérieurs à Navi (RX 5000) et peut être activé de manière globale et non plus que titre par titre. RIS fonctionne sur les jeux DirectX 11, dispose d'un contrôle de l'intensité du filtre et peut être géré lorsque l'on est en pleine partie.
Enfin, l'application de streaming AMD Link a aussi droit à une petite refonte graphique, sous Android 5.0+ tout d'abord puis sous iOS 10.0+ (le 23 décembre). Elle doit également être exploitable depuis des TV utilisant les écosystèmes d'Apple et Google, pouvant exploiter un débit jusqu'à 50 Mb/s et x265. Une fonctionnalité « Instant GIF » fait son apparition.
À noter :
Dans le cadre de la réalisation de cet article, nous sommes allés à la rencontre des équipes d'AMD à Amsterdam. Celle-ci a pris en charge le transport, notre hébergement et la restauration sur place. Conformément à nos engagements déontologiques, cela s'est fait sans aucune obligation éditoriale de notre part, excepté le respect des dates d'embargo (NDA), et sans ingérence de la part d'AMD.