Google dévoile Nest Wifi : peu d'évolutions, mais un assistant désormais intégré

Google dévoile Nest Wifi : peu d’évolutions, mais un assistant désormais intégré

Et une légère hausse de prix

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David Legrand

Publié dans

Hardware

16/10/2019 12 minutes
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Google dévoile Nest Wifi : peu d'évolutions, mais un assistant désormais intégré

Lors de la conférence de fin d'année autour de ses produits « hardware », Google a dévoilé de nombreuses nouveautés, dont la seconde version de son système de Wi-Fi maillé. Une annonce attendue, nous permettant de découvrir l'évolution technique de la bête au-delà des esbroufes marketing. Et de ce point de vue, tout n'est pas bien rose.

Ce n'est pas un hasard si Netgear a attendu hier pour officialiser les prix et la disponibilité de son nouveau pack Orbi d'entrée de gamme (RBK12 et RBK13) en Europe, alors qu'il était connu depuis un moment. En effet, c'est également hier que Google lançait la seconde version de sa solution Wi-Fi « Mesh » avec assistant intégré. 

Pour rappel, la première version avait été mise sur le marché il y a deux ans en France, après l'arrivée des premiers modèles Orbi. Mais elle avait connu son petit succès médiatique, Google oblige. Il faut dire que le constructeur avait habilement joué de la simplicité de son application de gestion et de la notion de réseau maillé (802.11s).

Suffisant pour éblouir le profane qui n'ira dès lors plus trop regarder du côté des caractéristiques techniques et des performances concrètes. Ce, malgré un tarif qui n'était pas donné à l'époque : 139 euros pour un seul élément, 249 et 359 euros pour un pack à deux ou trois éléments, chacun pouvant faire office de routeur ou de satellite.

C'était un peu cher payé pour une solution dual band AC1200 (300 Mb/s + 867 Mb/s) MIMO 2X2, surtout que des répéteurs Wi-Fi très performants étaient déjà disponibles à l'époque. Mais qu'importe : c'était petit, blanc, rond et donc design/tendance, suffisant pour certains.

Surtout, comme le rappelle Google à l'occasion de son annonce du jour : « les routeurs sont rarement de beaux objets et finissent généralement au fond d'un placard, ce qui peut diminuer la puissance du signal Wi-Fi jusqu'à 50 % ». Un point non négligeable, mais qui avait déjà été entendu par les autres constructeurs.

Dans tous les cas, les performances étaient loin d'être au rendez-vous, se limitant de 5 à 10 Mo/s sur une longue distance lors de nos relevés. L'équivalent de solutions concurrentes telles que les Deco de TP-Link à petit prix. Un peu faible à l'heure du déploiement de la fibre , suffisant pour ceux pensant que le Wi-Fi est bon quand internet « marche ».

Surtout, la simplicité tant vantée avait un aspect moins reluisant. Google oblige, l'utilisation d'un compte maison était obligatoire pour configurer le système Wi-Fi, les DNS du géant américain étaient configurés par défaut, l'activation d'options liées au respect de la vie privée désactivait des fonctionnalités importantes, etc.

Mais tout cela, c'était avant. Désormais, il n'est plus question de Google Wifi mais de Nest Wifi, avec des engagements forts en matière de vie privée malgré l'intégration d'un assistant vocal. Surtout, il s'agit d'une solution plus performante tout en étant toujours aussi simple. Tout du moins, c'est ce que vous promet Google.

Rétrocompatibilité et hausse de prix

Commençons par la bonne nouvelle : Nest Wifi est compatible avec Google Wifi. Ainsi, vous pouvez remplacer vos éléments existants pour les utiliser avec un routeur de nouvelle génération. L'inverse est aussi vrai précise la société, ce qui permet de profiter du routeur amélioré sans changer les satellites qui évoluent peu (nous y reviendrons).

Côté tarif, Google utilise une première astuce marketing pour faire penser qu'il n'y a pas d'augmentation en affichant un fier « à partir de 139 euros ». En réalité, il s'agit du tarif du satellite, désormais distingué du routeur à 159 euros. Et pour cause : les deux modules ne partagent plus les mêmes caractéristiques et intègrent des fonctionnalités différentes.

Le tarif est lissé pour un pack de deux à 259 euros. La disponibilité en France n'est pas immédiate, on peut simplement demander à être prévenu de l'arrivée prochaine du produit sur le Google Store.

Wi-Fi 5 aux commandes : paré pour un marché de masse

Comme la Livebox 5, Nest Wifi fait l'impasse sur le Wi-Fi 6 (802.11ax). Idem pour le tri-band avec un backhaul Wi-Fi dédié pour la communication du réseau maillé, on reste sur du dual-band classique.

Une manière de rester abordable en s'adressant au plus grand nombre. Le but de Google n'est en effet pas de séduire les amateurs de détails techniques, mais le grand public qui dispose déjà d'un compte Gmail et d'un smartphone sous Android... et trouve le Wi-Fi trop compliqué.

Bref, un marché de masse qui s'attardera plus sur les promesses marketing et les grands effets d'annonces que sur les évolutions concrète des produits. Cela tombe bien, elles sont peu nombreuses. 

Google Nest WifiGoogle Nest Wifi

Cela se ressent d'ailleurs dès les éléments de l'annonce qui met surtout en avant les questions de design et les fonctionnalités de l'application Google Home (qui n'a pas encore été renommée au profit de Nest) :

« Vous pouvez partager vos mots de passe Wi-Fi avec vos invités, donner la priorité à certains appareils (lorsque vous passez un appel vidéo par exemple), vérifier la vitesse de votre connexion, créer un réseau invité ou modifier votre mot de passe. Et si vous possédez un écran intelligent Nest, comme Nest Hub Max, vous pouvez même générer un QR code pour vos invités qu’ils n'auront plus qu'à scanner avec leur téléphone pour se connecter en un rien de temps.

Vous pouvez aussi gérer plusieurs maisons dans l’application Google Home. Dans ma famille, c'est moi qui suis le plus à l'aise avec la technologie. C'est donc moi qui gère le réseau Internet de mes parents. Quand ils m'appellent pour me dire que leur connexion Wi-Fi ne fonctionne plus, je peux facilement vérifier moi-même ce qui ne va pas ou leur dire s’il est nécessaire de contacter leur fournisseur d'accès à Internet.

Mes enfants sont scolarisés au collège et au lycée : je tiens à encadrer leur temps d'utilisation pendant la semaine, mais je ne vois aucun inconvénient à ce qu'ils veillent un peu plus tard les week-ends pour jouer à des jeux vidéo ou regarder leurs séries préférées. Grâce aux paramètres du réseau Wi-Fi familial disponibles dans l'application Google Home, je peux en toute simplicité programmer des temps de pause sur les appareils de mes enfants, suspendre la connexion Wi-Fi de leurs appareils à tout moment et empêcher l'accès à certains types de contenus non appropriés ». 

Des fonctionnalités pour bonne partie appréciable, qui tiennent presque de la gestion de réseaux Wi-Fi professionnels et multi-sites pour certains. Mais qui ne doivent pas faire oublier qu'elles sont pour certaines la contrepartie d'une dépendance totale de votre réseau aux compte et services de Google (nous y reviendrons).

Satellite : peu d'évolutions techniques et quelques déceptions

Commençons notre analyse technique par le satellite qui reprend les grandes lignes de ce qu'était Google Wifi v1. Il s'agit en effet toujours d'un module Wi-Fi 5 AC1200 (MU-MIMO 2x2), qui doit donc encore être de type 300 Mb/s + 867 Mb/s. De quoi couvrir 90 m² selon Google (85 m² précédemment).

On apprécie par contre l'intégration de la norme WPA3 côté sécurité. Le réseau maillé reste géré à travers la norme 802.11s, avec itinérance (802.11k/v) et répartition automatique, et donc la promesse d'un bon Wi-Fi partout dans la maison. Les éléments adaptent la bande aux différents appareils, avec gestion du beamforming.

Le processeur est revu à la hausse. Restant sur quatre cœurs ARM, on passe à une architecture 64 bits intégrant un « Moteur matériel Machine Learning haute performance » cadencée à 1,4 GHz plutôt que 710 MHz pour le SoC plus basique de la génération précédente. 768 Mo de mémoire sont intégrés contre 512 Mo précédemment. Côté stockage flash, on passe par contre de 4 Go à 512 Mo seulement, proposer plus n'a pas été jugé nécessaire.

Des changements qui s'expliquent par l'intégration de l'assistant vocal, et donc d'un ensemble LED/micro/enceinte (40 mm) avec « son à 360° » en plus de la partie Wi-Fi. Le satellite est d'ailleurs reconnaissable du routeur par les ouvertures placées pour laisser passer le son. Des commandes tactiles capacitives sont de la partie pour faciliter les interactions. Un bouton de mise en pause de l'écoute est bien entendu présent. 

Google précise que des fonctionnalités dédiées au Wi-Fi ont été intégrées comme « Ok Google, suspens la connexion Wi-Fi sur l'appareil de Daniel » ou « Ok Google, quelle est la vitesse de ma connexion Internet ? ». De quoi faire de bonnes blagues à vos amis s'ils sont équipés.

Google Nest WifiGoogle Nest Wifi

D'autres éléments sont à noter comme l'intégration du Bluetooth 5 Low Energy et de Thread (IEEE 802.15.4 sur 2,4 GHz), le protocole lié aux objets connectés poussé par Google. Ce dernier ne sera activé que dans un second temps. Les dimensions du produit sont de 87,2 mm de haut pour un diamètre de 102,2 mm et un poids de 350 grammes. Pour rappel, Google Wifi mesurait 68,75 mm de haut pour 106,12 mm de diamètre et 340 grammes. 

On regrette que malgré ce format plus imposant, on ne trouve plus aucun port réseau sur le satellite, empêchant la connexion d'appareils tiers là où il est placé. Mais aussi la création d'un backhaul Ethernet permettant un lien stable entre le routeur et un satellite lorsqu'ils sont à des étages différents et qu'un câble est disponible par exemple.

Autre déception, l'alimentation de 15 watts n'est plus assurée par un connecteur USB de Type-C, mais un port DC classique, sans doute choisi pour sa plus petite taille. 

Routeur : performances à la hausse sur les 5 GHz

Le routeur reprend en grande partie les évolutions du satellites, bonnes ou mauvaises. Il est par contre dépourvu de l'assistant malgré un format légèrement plus imposant : 90,4 mm de haut pour 110 mm de diamètres et un poids de 350 grammes. Bonne nouvelle, il a par contre deux ports réseau (1 Gb/s) : WAN + LAN. Un unique cable RJ45 d'une longueur de 183 cm est fourni dans les packs où le routeur est présent.

Le SoC est le même, mais il est cette fois accompagné de 1 Go de mémoire et 4 Go de stockage flash. Il faut dire que la partie Wi-Fi est revue à la hausse puisqu'elle est annoncée comme AC2200. Il s'agit sans doute d'une solution de type 300 Mb/s + 1733 Mb/s puisqu'il est question de MU-MIMO 4x4 sur les 5 GHz.

De quoi connecter jusqu'à deux fois plus d'appareils en simultanée ou de gérer des produits qui intègrent eux aussi du Wi-Fi 4x4. Mais au final, on se retrouve légèrement sous la Livebox 4 d'Orange annoncée... en mars 2016. Des solutions comme la gestion des blocs de 160 MHz, intégrées notamment par Free pour sa Delta, ne sont pas de la partie.

De quoi promettre 120 m² de couverture. L'addition est mathématique avec les 90 m² du routeur : le pack permet de « couvrir une surface allant jusqu'à 210 m² ». Dans la pratique, ce ne sera sans doute pas si simple. 

Point étonnant, Google précise dans ses informations d'engagements environnementaux que le routeur est composé à 45 % de plastique recyclé contre 40 % pour le point d'accès Wi-Fi. 

Google Nest WifiGoogle Nest Wifi

Dépendance au compte Google et vie privée

Malgré les engagements du géant américain, tout n'est pas parfait concernant la gestion de la vie privée ou même le lien entre de tels produits et les services Google. 

Ainsi, l'utilisation d'un compte maison fait toujours partie des conditions requises. Les DNS de Google sont toujours utilisés par défaut, mais la société « n'enregistre pas les sites Web que vous visitez et ne surveille pas le contenu du trafic sur votre réseau Wi-Fi. Pour savoir quelles données sont collectées par le DNS public de Google, cliquez ici. Vous pouvez à tout moment changer de fournisseur DNS dans les paramètres réseau avancés de l'application ». Encore heureux !

Google précise ne pas utiliser « les données relatives aux performances de votre réseau Wi-Fi à des fins publicitaires ou de personnalisation des annonces ». « Nous ne partageons [les données collectées] avec les applications et les services tiers fonctionnant avec nos appareils pour la maison connectée que si un administrateur de votre réseau ou vous-même nous en donnez l'autorisation. Notez que cette autorisation, le cas échéant, vous est demandée uniquement afin d'améliorer votre expérience avec un partenaire approuvé (un FAI, par exemple) ».

Si Google a tendance à préciser désormais que les données collectées par certains services peuvent être supprimées manuellement ou automatiquement, après une période plus ou moins longue, on apprécierait que le géant américain colle au plus près de l'esprit des lois européennes et ne commence à collecter que si on lui en donne l'autorisation.

Il faudra maintenant voir dans la pratique la façon dont sont présentées les différentes fonctionnalités dans la dernière version de l'application de gestion, une fois Nest Wifi disponible en France et en Europe. Et notamment le lien entre l'activation des options permettant de protéger la vie privée et les différents services proposés.

Écrit par David Legrand

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

Rétrocompatibilité et hausse de prix

Wi-Fi 5 aux commandes : paré pour un marché de masse

Satellite : peu d'évolutions techniques et quelques déceptions

Routeur : performances à la hausse sur les 5 GHz

Dépendance au compte Google et vie privée

Le brief de ce matin n'est pas encore là

Partez acheter vos croissants
Et faites chauffer votre bouilloire,
Le brief arrive dans un instant,
Tout frais du matin, gardez espoir.

Commentaires (2)


Quelle horreur. :ooo:


Faut vraiment être fou pour installer ça chez soit (en remarque les Google Home se vendent bien je crois…)