AMD, ARM, Intel : pour sa nouvelle gamme Surface, Microsoft diversifie ses CPU

AMD, ARM, Intel : pour sa nouvelle gamme Surface, Microsoft diversifie ses CPU

Pour mieux rationnaliser ensuite ?

Avatar de l'auteur
David Legrand

Publié dans

Hardware

03/10/2019 10 minutes
10

AMD, ARM, Intel : pour sa nouvelle gamme Surface, Microsoft diversifie ses CPU

« WinTel, c'est bel et bien fini ! ». C'est à peu près le message discret envoyé par Microsoft à l'occasion de la conférence qui se tenait hier soir pour présenter la nouvelle gamme d'appareils Surface. De nombreux modèles ont été dévoilés, chacun avec ses objectifs, ses avantages... et son processeur.

Pendant des années, Intel et Microsoft se sont développés conjointement dans le monde PC. Ce fut notamment le cas dans les années 90 puis la décennie suivante, alors que l'ordinateur personnel commençait à entrer dans la majorité des foyers. Une association qui a fait le succès de ces deux géants américains.

Mais depuis cette période faste, les choses ont changé. Chacun d'entre nous est équipe d'un smartphone, éventuellement d'une tablette, les PC sont de plus en plus portables, les téléviseurs connectés... tout comme les montres ou un nombre croissant d'appareils (jusqu'à votre four micro-onde). Et Intel n'a pas su s'adapter pleinement à cette mutation.

La société tire sa force du développement des infrastructures et des serveurs, mais aussi de la puissance du PC qui se vend encore par millions. Deux secteurs où elle est encore ultra-dominante. Mais des pans entiers du marché lui échappent, une situation impensable il y a une dizaine d'années.

Le raté du mobile

C'est dans le monde mobile qu'Intel a multiplié les mauvais choix. Un peu comme Microsoft d'ailleurs. Lorsque l'on parlait encore de PDA sous Windows Mobile qu'il fallait régulièrement synchroniser sur une base, les sociétés étaient assez présentes en force sur ce marché. Mais elles n'ont pas senti le vent tourner et proposer des solutions adaptées à ce secteur qui allait exploser, notamment à travers l'arrivée de l'iPhone ou d'Android.

Elles n'ont donc pas profité de cette révolution, bien au contraire. Cela a permis à la concurrence de se développer à une vitesse phénoménale. Intel a eu beau miser sur les MID, la stratégie « x86 everywhere » en adaptant son architecture à la basse consommation ou aux objets connectés, rien n'y a fait.

Les erreurs stratégiques se sont payées cher.

Quand Microsoft a commencé à aller voir ailleurs

Tout cela fait désormais partie du passé, mais a laissé des traces. Certaines sont positives, comme l'Atom qui a finalement trouvé sa place chez Intel hors des smartphones. Il est désormais utilisé comme base pour de petits PC ultra-compacts, des périphériques réseau ou de stockage, etc.

Mais chez Microsoft, il a été décidé de ne plus mettre ses œufs dans le même panier côté CPU, que cela plaise ou non à Intel. Le temps des « infidélités » a alors commencé, menant à la situation que l'on connaît désormais : des appareils Surface équipés de processeurs, AMD, ARM ou Intel selon les cas.

Deux grandes étapes ont mené à cela. La première est l'apparition de la Xbox One, basée sur une architecture x86... mais un processeur AMD. Dans la longue liste de ses ratés, Intel compte en effet ses choix en matière de partie graphique intégrée. Si le géant américain est leader en la matière, chacun de ses CPU grand public intégrant une de ses puces graphiques ou presque, celles-ci traînent une réputation de performances faibles et de pilotes d'un autre âge.

Une situation qui évolue sous l'impulsion de Raja Koduri (ex-AMD, Apple) et son « équipe de choc » qui travaillent sur l'architecture Xe devant être utilisée comme puce graphique intégrée, mais aussi dans des GPU à part entière à compter de l'année prochaine. Mais le réveil a été tardif et dans l'intervalle, aucune solution n'a été proposée.

Ainsi, lorsque Microsoft a dû opter pour une nouvelle puce pour ses consoles en 2013, il a fait le choix d'un processeur tout-en-un proposé par AMD. Ce n'était pas le plus performant ou économe en énergie : qu'importe. Elle était unifiée et pouvait être adaptée aux besoins du constructeur. Sony a d'ailleurs fait le même choix, montrant qu'opter pour le duo Intel/NVIDIA n'était pas une possibilité envisageable, les deux s'étant plus souvent considérés comme des concurrents que de potentiels alliés devant parfois s'associer en profondeur. Une chance pour le petit Poucet AMD.

Surtout que ce dernier a réussi à transformer l'essai, faisant évoluer le SoC des consoles avec les besoins des constructeurs jusqu'à l'arrivée de la prochaine génération qui exploitera ses nouvelles architectures Zen et Navi. De quoi lui assurer une place de choix dans le monde du jeu vidéo, au grand dam de ses concurrents.

Windows 10 on ARM : une révolution sur plusieurs années

Seconde entorse à l'alliance WinTel : l'émergence de Windows 10 on ARM. Avec les échecs de Windows RT puis de Windows 10 Mobile, Microsoft a compris qu'il fallait profiter de la force de son OS, sa large compatibilité logicielle, tout en l'adaptant à de nouvelles architectures. Il fallait donc intégrer une couche d'abstraction permettant à n'importe quelle application Windows (ou presque) de fonctionner aussi bien sur une puce x86 qu'ARM.

Ici, c'est une alliance avec Qualcomm qui s'est nouée autour d'ordinateurs portables qui se veulent très économes en énergies, affichant de bonnes caractéristiques techniques, intégrant une connexion mobile et avec un niveau de performance suffisant pour un usage bureautique en mobilité. Seul raté de l'aventure : les prix.

Avec des tarifs plutôt situés dans les 700 à 1 000 euros, ces machines n'ont pas vraiment rencontré de succès, surtout que peu de modèles ont été proposés, n'étant pas toujours très disponibles en boutique. Mais une telle révolution des usages et des mentalités prend du temps, il faut donc constamment rectifier le tir.

Microsoft a donc progressivement peaufiné son OS, Qualcomm a renforcé ses puces pour améliorer leurs performances en espérant pouvoir proposer différents produits pour différentes gammes de prix. Certes, les comparaisons marketing douteuses opposant ses SoC à ceux d'Intel ne sont jamais loin, mais le projet évolue dans le bon sens.

Surface Laptop 3 : les Ryzen d'AMD font leur entrée

Tout cela nous mène à cette conférence du 2 octobre 2019. Pendant plus d'1h30, les équipes de Microsoft ont présenté leurs nouveautés, avec comme produit de référence le Surface Laptop 3.

Il s'agit d'une évolution du PC portable maison, visant ceux qui ont un certain besoin de performance, notamment les professionnels. Il propose toute une gamme de CPU, avec dans la plupart des cas un processeur Intel Core de 10e génération, gravé en 10 nm (Ice Lake).

Ils équipent en exclusivité le modèle de 13,5", mais pas la déclinaison 15". En effet, aux côtés des Core i5-1035G7 et Core i7-1065G7 on trouve les Ryzen 5 3850U et Ryzen 7 3780U d'AMD. Deux références de chaque, un peu comme pour un test A/B, permettant de connaître l'appétence des clients pour des solutions concurrentes.

Un choix qui montre l'intérêt pour les solutions du Texan, qui a néanmoins de la malchance dans cette bonne nouvelle. Sa gamme pour PC portable n'est toujours pas passée à l'architecture Zen 2 ou au 7 nm. Ce sont donc de simples puces Zen+ en 12 nm (n'ayant de 3e génération que le nom) qui seront opposées aux derniers processeurs d'Intel. Un choix qui suit celui de nombreux autres constructeurs, d'Acer à Dell en passant par Lenovo qui ont décidé de miser sur AMD comme alternative depuis l'arrivée de Ryzen. Apple n'a de son côté pas encore sauté le pas, bien qu'il intègre toujours des Radeon dans ses machines haut de gamme.

Surface Pro : ARM ou Intel dans les tablettes

Du côté des machines hybrides, prenant la forme de tablettes pouvant être accompagnées d'un clavier, les choix ont été différents. On a cette fois droit à deux modèles qui se distinguent notamment par leur CPU. Leur objectif est sans doute le même : trouver le meilleur moyen de lutter contre les iPad Pro d'Apple qui gagnent en possibilité depuis les versions récentes d'iOS/iPad OS : usage de la souris, gestion des clés USB, etc.

Surface Pro 7 et Pro X ont de dimensions presque similaires : 292 x 201 x 8,5 mm pour la première, 287 x 208 x 7,3 mm pour la seconde. Leurs dalles sont dans les deux cas un modèle 3:2 de 267 ppp (10 points), mais leurs diagonales sont, respectivement, de 12,3" et 13".

La Pro 7 embarque à nouveau des processeurs Intel de 10e génération (Ice Lake). Trois sont proposés cette fois : Core i3-1005G1, i51035G4 ou i7-1065G7. Ils peuvent être accompagnés de 4 à 16 Go de LPDDR4x et 128 à 1 To de SSD. Le Wi-Fi 6 est bien entendu de la partie, comme le Bluetooth 5.

Du côté de la Pro X, les choix sont plus limités. Il n'y a qu'un processeur proposé : le SQ1 de Microsoft, avec 8 ou 16 Go de mémoire et de 128 à 512 Go de stockage. Conçue en partenariat avec Qualcomm, on en sait malheureusement peu au sujet de cette puce. Le constructeur précise seulement qu'elle intègre une partie graphique Adreno 685 et d'un modem 4G+ Snapdragong X24. Il s'agit donc très certainement d'une version personnalisée de la dernière génération 8cx.

Annoncée l'année dernière, présentée comme « aussi performante qu'un Core i5 » ici ou là, elle semble être la première capable de faire profiter du meilleur des deux mondes : la performance du PC avec l'autonomie et la connectivité du monde mobile. Notez qu'elle est par contre limitée à du Wi-Fi 5. L'arrivée de ce produit permettra néanmoins de vérifier la réalité de cette promesse, ce dans de nombreuses applications du quotidien.

Côté autonomie, en tous cas, Microsoft annonce un maximum de 13 heures pour ce modèle, contre 10,5 heures pour la Pro 7. Là aussi une analyse concrète sera la bienvenue.

Ne vous attendez par contre pas à ce que le modèle ARM coûte moins cher. Avec un minimum de 8 Go de mémoire il est annoncé à 1 149 euros minimum en France, contre 899 euros minimum pour une Pro 7. La disponibilité  de ces produits est pour le 22 octobre, excepté pour la Pro X qui n'arrivera pas chez nous avant le 19 novembre.

De quoi alimenter la bataille des fêtes de fin d'année.

Microsoft Surface

De nouveaux concepts arrivent

Microsoft a enfin présenté les Surface Neo et Duo. Dans les deux cas il s'agit d'appareils à deux écrans attendus pour la fin d'année 2020, nous ne reviendrons donc pas dessus plus en détail. La surprise est en effet surtout du côté de l'OS, le premier étant basé sur Windows 10 X introduisant une gestion de tels produits, alors que le second mise sur Android.

Là aussi on note une tendance claire : un Microsoft qui part tous azimuts pour réussir à trouver la recette qui fonctionne, réussissant à séduire les consommateurs. Au risque de faire à nouveau des déçus lorsque certaines solutions seront abandonnées ? Pour plaire, le géant américain devra rassurer ses clients potentiels, évitant de leur faire penser qu'ils sont avant tout des bêta testeurs (payants) grandeur nature.

Mais c'est une marque de cette période, qui ne veut pas encore lâcher ce bon vieux PC durable et polyvalent, alors que les usages en mobilités sont de plus en plus nécessaires. Microsoft, comme Apple ou les autres grands noms du secteur tâtonnent encore... jusqu'à trouver la bonne recette, au niveau logiciel et matériel.

Qui sera celui qui tirera le gros lot en premier ? L'avenir nous le dira.

Écrit par David Legrand

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

Le raté du mobile

Quand Microsoft a commencé à aller voir ailleurs

Windows 10 on ARM : une révolution sur plusieurs années

Surface Laptop 3 : les Ryzen d'AMD font leur entrée

Surface Pro : ARM ou Intel dans les tablettes

De nouveaux concepts arrivent

Le brief de ce matin n'est pas encore là

Partez acheter vos croissants
Et faites chauffer votre bouilloire,
Le brief arrive dans un instant,
Tout frais du matin, gardez espoir.

Fermer

Commentaires (10)


« Ryzen 5 3850U et Ryzen 7 3780U d’AMD […].  Sa gamme pour PC portable n’est toujours pas passée à l’architecture Zen 2 ou au 7 nm. ce sont donc de simples puces Zen+ en 12 nm (n’ayant de 3e génération que le nom) qui seront opposées aux derniers processeurs d’Intel. »



Avec la dénomination de ses APU, AMD induit volontairement les acheteurs en erreur ! C’est vraiment minable…


Oui AMD n’est pas le Petit Poucet vertueux. Après toutes les boîtes font ça… C’est nul mais c’est comme ça.



Sinon j’ai hâte de voir l’efficacité des puces Qualcomm.



PS12r a dit:


« Ryzen 5 3850U et Ryzen 7 3780U d’AMD […]. Sa gamme pour PC portable n’est toujours pas passée à l’architecture Zen 2 ou au 7 nm. ce sont donc de simples puces Zen+ en 12 nm (n’ayant de 3e génération que le nom) qui seront opposées aux derniers processeurs d’Intel. »Avec la dénomination de ses APU, AMD induit volontairement les acheteurs en erreur ! C’est vraiment minable…




En même temps, AMD est 10x plus petit qu’Intel et a sortit beaucoup de produit ces 4 dernières années pour se remettre à niveau.



Ils y parviennent enfin, mais c’est un travail de longue haleine dans un contexte de disponibilité des fonderies un peu délicat et les produits mobile sont prévus pour l’année prochaine donc plutôt que tirer sur l’ambulance, wait and see…



Argonaute a dit:


En même temps, AMD est 10x plus petit qu’Intel et a sortit beaucoup de produit ces 4 dernières années pour se remettre à niveau.Ils y parviennent enfin, mais c’est un travail de longue haleine dans un contexte de disponibilité des fonderies un peu délicat et les produits mobile sont prévus pour l’année prochaine donc plutôt que tirer sur l’ambulance, wait and see…




Je ne vois pas le rapport avec la taille de l’entreprise. Celle-ci vend des produits Zen 2 sous l’appellation 3XXX pour démarquer de l’ancienne gamme Zen+ estampillée 2XXX. Vendre un produit Zen+ sous l’appellation des produits Zen 2, c’est induire l’acheteur en erreur.



Certes ils ne sont pas les seuls, Intel avec sa 10e génération fait pareil entre les modèles portables et bureau. Ça reste irrespectueux.



PS12r a dit:


« Ryzen 5 3850U et Ryzen 7 3780U d’AMD […]. Sa gamme pour PC portable n’est toujours pas passée à l’architecture Zen 2 ou au 7 nm. ce sont donc de simples puces Zen+ en 12 nm (n’ayant de 3e génération que le nom) qui seront opposées aux derniers processeurs d’Intel. »Avec la dénomination de ses APU, AMD induit volontairement les acheteurs en erreur ! C’est vraiment minable…




C’est pas nouveau, ils ont pas essayer de tromper qui que ce soit vue que c’était déjà le cas avant. Les APU Amd d’une génération on toujours eu une architecture et finesse de gravure de retard par rapport a la version CPU. le 2700U est sous Zen en 14nm, alors que le 2700 était sous Zen+ et 12nm, le 3700U est sous Zen+ en 12nm alors que le 3700 est sous Zen 2 et 7nm…



Et intel est pas mieux niveau entourloupage, suffit de regarder leurs processeur de serie X (le i9-9980XE Extreme Edition lancé en fin 2018) qui sont sous Sky Lake alors que les processeur de serie 9000 (game grand publique lancé début 2018) sont sous Coffee Lake. pour rappel Sky Lake est sortie en même temps que la serie 6000 (soit fin 2015).


Je suis vraiment impressionné par Microsoft depuis quelques années. Des choix cohérents, de l’innovation, des produits de qualité (certes chers) avec des claviers qui fonctionnent (incroyable :o).



Ca ne m’étonne pas de retrouver des Ryzen ici quand on sait qu’AMD fournit les puces des consoles Xbox.



Paraplegix a dit:


C’est pas nouveau,
Et intel est pas mieux niveau entourloupage




Avant c’était la merde sur la nomenclature des produits, donc on doit accepter la “nouvelle nomenclature de merde” ?
Un autre fait de la merde, donc on doit accepter que tout le monde face de la “merde” ?



Que les journalistes critiquent cette “merde”…
… pour que les entreprises arrêtent de faire de la “merde”.


Oui clairement AMD pourrait jouer la carte d’une monenclature honnête.



D’autant que leur produits se vendent principalement aujourd’hui aux gens informés.



niok35 a dit:


[…]Que les journalistes critiquent cette “merde”… … pour que les entreprises arrêtent de faire de la “merde”.




NXI Inpact Hardware le fait remarquer à chaque fois, que ça soit CPU ou GPU



niok35 a dit:


Avant c’était la merde sur la nomenclature des produits, donc on doit accepter la “nouvelle nomenclature de merde” ? Un autre fait de la merde, donc on doit accepter que tout le monde face de la “merde” ?Que les journalistes critiquent cette “merde”… … pour que les entreprises arrêtent de faire de la “merde”.




+1. Je trouve ça tout à fait normal que David le précise. Ce n’est pas du tout une histoire de tirer sur l’ambulance. Ce n’est pas parce qu’AMD serait plus petit qu’Intel que l’on aurait pas droit de pointer ces “usurpations” de nomenclature. :) (et encore moins parce qu’ils auraient toujours fait comme ça ou parce que les autres le font aussi..! excuses bidon tssss…)