Il était attendu, il est désormais officiel : le Ryzen 9 3950X à 16 cœurs sera mis en vente dès septembre, à un tarif de 749 dollars. Fonctionnant sur les cartes mères AM4 compatibles, il va faire du mal à l'offre d'Intel.
Il n'y avait sans doute pas de pire évènement pour annoncer un tel processeur, mais comme pour la Radeon VII, AMD a décidé de présenter le Ryzen 9 3950X comme un modèle « Gaming ». Cela n'a aucun sens, mais le marketing de 2019 semble avoir imposé ses règles à Lisa Su et son équipe.
Un CPU 16C/32T sur un socket grand public
Malgré cet accroc de communication, cette puce a tout pour séduire le public qu'elle vise réellement : les fameux « créateurs » et autres professionnels pour qui l'arrivée d'un modèle grand public, sur socket AM4, équipé de 16 cœurs, est une grande nouvelle. Surtout au tarif annoncé : 749 dollars.
C'est dans la moyenne des autres Ryzen de troisième génération, qui nous avait fait prévoir une addition comprise entre 700 et 800 euros. AMD semble avoir décidé de couper la poire en deux : ni trop cher, ni trop attractif. Pour rappel, on trouve actuellement le Ryzen Threadripper 2950X pour 800 euros, un 1950X pour 600 euros.
Mais il fallait les utiliser sur une coûteuse carte mère X399, vendue au minimum 250/300 euros. Désormais, ce n'est plus le cas, l'AM4 suffit. De quoi assurer le succès de modèles comme les X470D4U(2-2T) d'ASRock Rack pour une utilisation dans les serveurs ou les stations de travail. Un marché que les autres fabricants feraient bien de viser.
Attendez-vous donc à voir les Threadripper à 16 cœurs baisser à l'occasion des soldes ou rapidement disparaître ; de même pour leurs déclinaisons à douze cœurs. Il sera intéressant de voir si cette annonce aura un impact sur les modèles supérieurs, les 2970WX et 2990WX à 24 et 32 cœurs, que l'on trouve toujours dans les 1 300 et 1 800 euros.
Les caractéristiques dévoilées lundi ont été confirmées : de 3,5 à 4,7 GHz, 72 Mo de cache (L2+L3), 44 lignes PCIe 4.0 (contre 40 pour les autres modèles), un TDP de 105 watts. AMD dit l'avoir déjà overclocké à 5,375 GHz sous Azote liquide, lui permettant d'obtenir un score Cinebench R20 de 12 167 points (sans préciser sous quelle tension).

Disponibilité en septembre, que va faire Intel ?
Il faudra néanmoins attendre la rentrée pour tester et acheter ce produit. AMD l'a annoncé non pas pour juillet comme ses autres références, mais pour septembre. Un décalage qui n'a pas été expliqué, mais qui pourrait tenir à la production de ces puces gravées en 7 nm.
TSMC arrive-t-il à suivre la cadence tout en fournissant ses autres clients ? AMD ne préfère-t-il pas pour le moment privilégier les références EPYC afin de disposer d'un stock suffisant au lancement ? Nous tenterons d'en savoir plus lors de nos échanges avec la marque dans les semaines à venir.
Une chose est sûre : Intel n'a rien à répondre à un tel produit. Sur le terrain des performances, même ses Core i9-9900K(S) à 580 euros sont dans les choux. Seule leur fréquence de 5 GHz devrait les sauver dans certaines situations où peu de threads sont exploités. Et ils ne vont certainement pas être bradés, à moins que le constructeur n'y soit obligé.
Les Core X et leurs plateformes sont pour leur part bien trop chers, leur remplacement n'étant pas prévu avant la fin de l'année. Ils ne seront donc pas d'une grande aide.
Le ver est dans la pomme
La seule chose qui sauvera le géant de Santa Clara à court terme est sa réputation, encore bonne auprès d'une part importante du public. Mais aussi l'écosystème professionnel, lent à évoluer, que ce soit dans ses pratiques ou même dans ses couches logicielles. Intel devrait donc encore rester le choix de beaucoup d'entreprises.
Mais elles seront de plus en plus nombreuses à se poser la question du choix d'une solution AMD, ce qui était encore inimaginable il y a deux ans. Ce sont les plus malins et les plus agiles qui sauteront le pas en premier, mais d'autres suivront progressivement, tant qu'il n'y aura pas de produits concurrents à la hauteur à un prix raisonnable.
L'erreur d'Intel, dans sa période Krzanisch, a été de ne pas anticiper l'arrivée rapide de modèles avec bien plus de cœurs que ce n'était le cas avant l'arrivée de Ryzen. En deux ans, on est ainsi passé de CPU « haut de gamme » comme le Core i7-7700K (4C/8T) à 350 dollars, au Ryzen 7 3700X (8C/16T) à 330 dollars, et maintenant le 3950X (16C/32T) à 750 dollars.
Il faudra encore du temps pour qu'une nouvelle génération réellement adaptée soit mise sur le marché. D'ici là, AMD va continuer de gagner des parts de marché. Et la bonne aura d'Intel auprès des joueurs pourrait rapidement disparaître, sous la pression de la nouvelle gamme concurrente.
Que décidera la société de Santa Clara ? Difficile à dire pour le moment. Tout dépendra sûrement de l'impact réel des nouvelles puces d'AMD sur le niveau de ses ventes dans les mois à venir.