7 nm, architectures XPU, GPU Xe, One API : Intel dévoile sa feuille de route d'ici 2021

7 nm, architectures XPU, GPU Xe, One API : Intel dévoile sa feuille de route d’ici 2021

Le meilleur reste à venir

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David Legrand

Publié dans

Hardware

09/05/2019 9 minutes
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7 nm, architectures XPU, GPU Xe, One API : Intel dévoile sa feuille de route d'ici 2021

Un peu à la manière de ce qu'avait fait AMD il y a quelques années, Intel en dit plus sur ses plans d'ici à 2021. Le constructeur ne rentre pas encore dans les détails mais trace de grandes lignes pour rassurer investisseurs et partenaires, alors que les signaux négatifs se sont multipliés ces derniers mois.

Intel continue de communiquer tous azimuts et a tenu hier un Investor Meeting afin de revenir plus en détails sur sa stratégie des années à venir et tenter de rassurer, notamment après des résultats toujours solides mais sous les attentes, des rumeurs de retard dans l'évolution de sa finesse de gravure et la fin des modems 5G pour smartphones.

La société n'y va pas par quatre chemins et continue de miser sur l'approche « data-centric » qui guide son marketing depuis quelques temps, pour devenir la société « qui alimente le monde » dès 2021. De grands mots qui cachent une multitude de petites évolutions et d'annonces bien moins grandiloquentes mais plus intéressantes.

Et surtout quelques mea culpa, un an après le départ de Brian Krzanich. Bob Swan semble ainsi se rêver en Lisa Su d'Intel, devant redresser sa société (mais en bonne situation), à mi-parcours de sa transformation.

Le 10 nm dès cette année, Ice Lake 2 à 3 fois meilleur, livré dès juin

Nous ne reviendrons pas sur les bases de la stratégie actuelle de la société, répétées de conférence en conférence et encore longuement évoqués ici : La donnée, son exploitation et les nouveaux usages qu'elle porte représentent un marché d'importance où Intel veut être omniprésent. C'est la clé de sa croissance. 

Tous les secteurs couverts sont ainsi mobilisés : les processeurs bien entendu, mais aussi les nouvelles unités de calcul (FPGA, puces spécialisées, IGP/GPU), le stockage, le réseau, etc. Le marché PC, lui, va perdurer en tant que source de financement pour tout le reste.

  • Intel Investor Meeting
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Mais tout cela ne peut avancer sans une finesse de gravure efficace. Ainsi, on dispose enfin de plus de détails sur les plans de la société en la matière. Les premières puces Ice Lake sont annoncées comme devant être livrées dès le mois de juin aux partenaires afin qu'ils préparent leurs machines pour la période cruciale de la rentrée.

Leurs performances sont annoncées comme doublées pour la partie graphique et la compression vidéo, jusqu'à trois fois pour les calculs liés à l'IA et le Wi-Fi grâce à l'intégration de nouvelles technologies (comme le Wi-Fi 6). On est encore loin d'une révolution, ce produit étant issu de roadmaps précédentes et donc une simple évolution de l'existant.

Tout se jouera donc sur la manière d'annoncer, de fournir et de mettre en vente ces produits et les machines qui vont les intégrer, surtout dans les portables dans un premier temps. Le gros des PC exploitant ces puces est surtout attendu pour la fin de l'année, laissant un léger décalage par rapport aux plans évoqués récemment. Mais cette fois, c'est la bonne.

Tout l'enjeu d'Intel est surtout de passer à l'après 10 nm et oublier ces mauvais souvenirs. Les serveurs suivront donc dans la première moitié de 2020 et l'année suivante l'équipe prévoit de passer au 7 nm, sans doute pour le remplaçant de Sapphire Rapids.  Les GPU Xe feront alors de même, alors que les premières Radeon en 7 nm sont déjà là.

Intel est clair : TSMC a un temps d'avance sur la finesse de gravure annoncée (7 nm actuellement, 5 nm à moyen terme). Mais il faudra voir les résultats des puces dans la pratique pour savoir qui propose la meilleure solution dans des conditions similaires.

La dénomination « + » ou « ++ » pour l'évolution des processus de gravure, que l'on trouve aussi désormais chez AMD, devrait perdurer. Ainsi, des évolutions sont promises chaque année, chaque processus devant être exploité pour au moins deux ans avant une phase de transition la troisième année. 

  • Intel Roadmaps 2021
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Améliorer l'exécution, être plus à l'écoute

Plus intéressant, Intel semble faire sa mue sur ses méthodes, que ce soit dans sa communication ou ses relations avec ses partenaires et clients. L'arrogance du géant américain, drame des sociétés en position de force avec une concurrence faible, était très critiquée ces dernières années. Après de multiplies revers, il était temps de changer.

On a déjà vu les efforts faits du côté de la communication, plus ouverte, et la manière de faire savoir ce qui nous attend à l'avenir plutôt que quelques démos de drones et autres bidules sans roadmap claire de l'ère Krzanich. Mais cela ne suffit pas à reconquérir un écosystème et des investisseurs. 

Pour Intel, l'enjeu est donc d'être plus à l'écoute plutôt que d'attendre que ses clients et partenaires s'adaptent aux gammes de produits développées, surtout après des mois de manque de stocks sur certains marchés. Il faut aussi améliorer l'exécution, c'est-à-dire la capacité à tenir les objectifs, s'adapter à la concurrence... surtout quand elle revient en force.

L'arrivée de Ryzen/EPYC a montré le défaut principal d'Intel en la matière, le géant n'ayant opéré que des évolutions à la marge de ses gammes et prix. Le tout basé sur une architecture qui n'a presque pas évolué depuis des années. Résultat, ses produits sont uniquement sauvés par la communication et une bonne fréquence dans certains cas, ainsi que l'inertie des différents marchés. Mais AMD monte en puissance, convainc même dans les datacenters... et Intel manque d'arguments.

  • Intel Culture 2021
  • Intel Culture 2021
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On se retrouve ainsi avec des produits comme les Ryzen 7 1700X/2700X dans les 170/330 euros avec huit cœurs, alors qu'il faut encore compter 450 euros minimum chez Intel. Sans parler des annonces des derniers Xeon à 28 cœurs (56 via un design multi-chip), quand AMD en propose déjà 32 dans un packaging, 64 arrivant sous peu.

Certes, Intel a toujours de nombreux arguments en sa faveur, surtout dans les serveurs : des gammes au-delà du double socket, un écosystème complet, des accélérateurs diversifiés, des solutions inédites comme Optane DC Persistent Memory, une base de clients, de développeurs et de partenaires sans commune mesure... mais sans une bonne gamme de CPU à la base, tout cela risque de progressivement s'effriter au profit d'AMD et d'un écosystème plus ouvert et diversifié.

La société se veut donc plus ouverte, franche et veut « oser » plus, notamment à travers son offre 5G, sur l'IA, le stockage/mémoire ou les machines autonomes. Promettant que ces changements de culture vont guider sa croissance dans les années à venir, et donc le dividende des actionnaires.

Une façon de faire qui n'est pas sans rappeler la période où AMD faisait également des promesses d'un avenir meilleur d'ici 2020 avant l'arrivée de ses grandes nouveautés.

Passer du CPU au XPU

Il y a une terminologie nouvelle dans la bouche des patrons d'Intel : les architectures XPU. Elle rappelle cette capacité presque unique qu'a la société de proposer des solutions techniques diverses à travers sa gamme de produits, sans préférence pour le GPU, comme le fait NVIDIA ou sans se limiter au duo CPU/GPU comme le fait AMD.

Le tout en réutilisant des briques développées par ses équipes. Ainsi, les puces Nervana, qui visent le traitement des calculs liés à l'IA, embarquent des cœurs Ice Lake, Lakefield doit révolutionner les puces mobiles avec son stacking 3D de couches diverses (Foveros) : CPU Atom, Core, IGP Gen 11, mémoire, etc.

Suivra Tiger Lake avec de nouvelles E/S (sans détails) et, pour la première fois, une partie graphique intégrée issue du travail effectué sur les GPU Xe par la nouvelle équipe Intel Graphics. Pour rappel, celle-ci a été renforcée ces derniers mois par d'anciens d'AMD, mais aussi une pluie de journalistes et analystes techniques.

  • Intel XPU
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  • Intel XPU
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L'optimisation logicielle est la clé : OneAPI arrive

Mais toutes ces évolutions techniques ne sont rien sans une bonne couche logicielle et le soutien des développeurs. Un point où Intel est déjà l'un des leaders du secteur, que ce soit à travers son implication dans le monde open source ou la diversité de ses outils et de ses projets. Mais le marché actuel bouge vite, les compétences doivent suivre.

On le voit avec le marché de l'IA et ses frameworks où de petites optimisations ciblées font toute la différence. L'arrivée d'unités de calcul en précision mixte, comme les Tensor Cores de NVIDIA, peut être un atout mais elles doivent être largement exploités, sans parler des solutions pour faciliter la vie des développeurs.

Le père des GeForce l'a bien compris et multiplie les initiatives en la matière, de NVIDIA Docker à des kits de développements Jetson Nano à petit prix en passant par une multitudes de solutions clé en main côtés logiciel et matériel, jusqu'à des stations de travail préconfigurées et validées par ses soins (mais vendues par des tiers). 

De son côté, Intel veut jouer sur ce qui fait sa force sur ce marché : la diversité de ses solutions. On a déjà vu avec OpenVINO que la société misait sur des couches logicielles exploitables sur n'importe quel type de puce, profitant des atouts de chacune. Cela va se renforcer avec OneAPI qui doit arriver d'ici la fin de l'année.

Pour le moment, Raja Koduri en dit assez peu à ce sujet, mais plus de détails devraient être donnés dans les semaines à venir, notamment à l'occasion du Computex de Taipei où chacun cherchera à frapper fort.

  • Intel OneAPI
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  • Intel OneAPI
  • Intel OneAPI

Écrit par David Legrand

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Sommaire de l'article

Introduction

Le 10 nm dès cette année, Ice Lake 2 à 3 fois meilleur, livré dès juin

Améliorer l'exécution, être plus à l'écoute

Passer du CPU au XPU

L'optimisation logicielle est la clé : OneAPI arrive

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Commentaires (7)


Le panneau en triangle avec son contenu pseudo-philosophique m’a directe fait pensé au logo du PROUT :D


A part Ice Lake pour les portables basse consommation (quad core en gamme U), toujours aucune précision sur l’arrivée du 10 nm en grand public (portables gamme H 45W, PC de bureau 65/95W).



L’annonce sur les Xeon indique qu’ils pensent produire de plus gros CPU avec en 2020, mais rien ne dit que la montée en fréquence soit bonne.



hwti a dit:





On en saura plus sans doute assez rapidement, mais dans tous les cas les petits CPU portables seront sans doute privilégiés, surtout que la gamme H vient d’être renouvelée, l’enjeu est surtout là. Le souci pour Intel c’est surtout de savoir ce qu’il vont faire pour contrer sérieusement Zen 2 dans le desktop.


En même temps, ont ils vraiment besoin de contrer AMD?
Le desktops hors marques type HP reste une niche. Le reste reste acquis à Intel. Leur bénéfices sont toujours impressionnant et même dans le milieu informé du Gaming PC, Intel garde la côte.



Nerg34 a dit:





AMD n’est pas la seule menace, et le court terme pas le seul horizon ;)


En même temps quand tu vois que le DOE vient de signer un contrat de 600 M$ pour une machine exaflopique à base de CPU et GPU AMD (https://www.hpcwire.com/2019/05/07/cray-amd-exascale-frontier-at-oak-ridge/), tu te dis que les temps ont changé.



Ishan a dit:


Le panneau en triangle avec son contenu pseudo-philosophique m’a directe fait pensé au logo du PROUT :D




Moi quand on me parle de triangles pour expliquer un business, je ne peux plus penser qu’aux “conjoined triangles of success” de Silicon Valley :
https://www.bustle.com/articles/157415-are-the-conjoined-triangles-of-success-real-silicon-valley-mocks-a-famous-business-model