Il est de plus en plus facile d'équiper nos PC pour disposer d'un réseau local à plus de 1 Gb/s. Mais comment interconnecter tout ça, du simple RJ45 à la fibre à 10 Gb/s en passant par le PoE(+) ? Il existe de nombreuses solutions, avec parfois des produits hybrides intéressants. C'est le cas du switch MS510TX(PP) de Netgear.
Contrairement au Wi-Fi, où les choses bougent rapidement ces dernières années entre les améliorations du 802.11ac (5) et l'émergence du 802.11ax (6), le réseau filaire évolue doucement, surtout pour le grand public.
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On reste ainsi collés à ce bon vieux RJ45 à 1 Gb/s depuis des années, soit 125 Mo/s de maximum théorique. Autant dire qu'à l'heure des SSD M.2 (NVMe) qui peuvent atteindre 5 Go/s en débit séquentiel, ça fait tâche. Pourtant, contrairement à des solutions comme Thunderbolt 3 ou l'USB 3.x, qui annoncent de 10 à 40 Gb/s actuellement, le protocole Ethernet d'un réseau local sait monter en débit sur des distances importantes (plusieurs centaines de mètres).
Dans le monde professionnel, des débits de 25 à 400 Gb/s ne sont en effet pas rares. Mais le RJ45 à 1 Gb/s dispose d'un atout de taille, qui fait son succès : il est très peu cher. Et ce, à tous les niveaux, de son intégration matérielle au coût de la liaison qui se contente d'un simple câble cat 5e à moins de 25 euros les 100 mètres. Heureusement, cette norme est progressivement remplacée.
C'est là que les 10 Gb/s et Multi-Gig à 2,5 Gb/s ou 5 Gb/s entrent en scène. S'ils peuvent être exploités sur un simple câble en cuivre à connecteur RJ45, ils ouvrent la voie à des solutions jusque-là surtout utilisées par les professionnels : le SFP+, les transceivers et la fibre optique. Des options effrayantes de prime abord, mais très intéressantes.
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Avec l'arrivée de la Freebox Delta et son connecteur SFP+, nombreux sont ceux qui ont commencé à chercher la bonne manière de passer leur réseau local à 10 Gb/s. Mais dans le dédalle de combinaisons possibles, on peut faire des erreurs ou de bonnes affaires, trouver la bonne réponse à notre besoin ou miser sur une solution overkill.
Nous vous présentons donc quelques produits intéressants, que vous soyez particulier ou professionnel, que vous passiez au tout 10 Gb/s ou que vous alliez vers des débits parfois intermédiaires, jugés suffisants.
Nous commençons cette série par le MS510TX(PP) de Netgear, un switch dix ports – dont six à plus de 1 Gb/s – qui allie un tarif raisonnable (moins de 300 euros) à une connectique variée.
Le 10 Gb/s pour quoi faire ?
Avant de plonger dans les solutions, commençons par définir votre objectif : Multi-Gig ou 10 Gb/s ? Leur intérêt principal est simple : dépasser enfin la fameuse limite du 1 Gb/s. Un débit qui peut sembler rapide à certains, d'autant que nos connexions internet vont encore rarement au-delà.
Mais dès que l'on a besoin de transférer des fichiers, parfois lourds, au sein du réseau local et de manière récurrente, c'est vite un problème. Que ce soit pour les sauvegardes d'un poste, le transfert de gros fichiers de travail, des vidéos du week-end, etc. Ainsi, certains y verront un intérêt (vital), d'autres non.
Deux possibilités s'offrent alors à vous. La première est d'utiliser le Multi-Gig ou le 10 Gb/s comme lien upstream, c'est-à-dire relier un équipement très rapide à plusieurs machines à plus faible débit :

Par exemple, un NAS connecté à un switch/routeur en 10 Gb/s, partagés entre dix machines à 1 Gb/s, quatre à 2,5 Gb/s ou un mélange des deux. La limite ne sera ainsi pas dans la liaison montante, mais au niveau de chaque appareil.
Vous pouvez également chercher à construire un réseau où tous les éléments connectés doivent pouvoir exploiter un maximum de la bande passante disponible, où chacun est relié à 10 Gb/s (ou un peu moins). Vos besoins et le coût global de votre réseau ne seront alors pas les mêmes.
Avant de commencer, posez-vous donc ces questions, et n'hésitez pas à faire un petit schéma : quels sont les appareils connectés à mon réseau ? De quelle manière (avec ou sans fil) ? De quels débits ont-ils besoin au minimum et au maximum, au sein du réseau local ou de l'accès à internet ? Quelle évolutivité dois-je prévoir ?
MikroTik ou Netgear, faites votre choix...
Le passage au Multi-Gig et au 10 Gb/s n'est pas un défi que pour les utilisateurs. Il l'est aussi pour les constructeurs qui doivent s'adapter et intégrer ces solutions à leurs produits, au-delà de quelques cartes mères pour serveurs et autres composants/PC haut de gamme, inaccessibles au commun des mortels.
C'était encore peu le cas, à quelques exceptions près, jusqu'à l'année dernière. Mais peu à peu, les choses changent. Si le 10 Gb/s nécessite encore un certain niveau d'investissement, le Multi-Gig à 2,5 ou 5 Gb/s est bien plus accessible. On en trouve sur un nombre croissant de cartes mères milieu de gamme, dans de petits adaptateurs USB comme le QNA-UC5G1T de QNAP vendu une centaine d'euros, et dans des switchs et routeurs.
On s'attendait d'ailleurs à voir rapidement des acteurs comme TP-Link s'emparer de cette possibilité, avec des produits performants à petit prix, mais cela n'a pas été le cas. Le Taiwanais s'y met désormais avec des switchs comme son T1700G-28TQ à 24 ports 1 Gb/s) avec quatre cages SFP+, vendu un peu moins de 300 euros.
Deux marques ont vite tiré leur épingle du jeu : MikroTik et Netgear. Le premier mise principalement sur le 10 Gb/s en SFP+, le second sur des solutions diversifiées.
On trouve d'autres différences, avec des produits plus ou moins intéressants selon vos besoins. Ainsi, le routeur RB4011iGS+RM de MikroTik, avec dix ports RJ45 à 1 Gb/s et un SFP+ upstream se trouve à un peu moins de 200 euros. Attention, il ne peut pas être utilisé avec des DAC passifs ou des modules SFP GPON, prévient le constructeur.
Chez Netgear, pour ce tarif, on trouve le GS110MX, un switch sans interface de gestion, avec dix ports RJ45 dont deux à 10 Gb/s. Il existe en version manageable pour un peu moins de 230 euros avec le GS110EMX rackable, ou sa déclinaison grand public « Gaming » : le GS810EMX ou NightHawk SX10, proposé dans les mêmes prix.
ASUS propose un produit similaire avec son XG-U2008 à 215 euros.
Deux switchs, deux ambiances : le GS110EMX de Netgear avec deux ports RJ45 10 Gb/s, le CRS305-1G-4S+IN et ses quatre cages SFP+
Autre possibilité chez MikroTik : le switch CSS326-24G-2S+RM proposant deux cages SFP+ et 24 ports à 1 Gb/s pour un peu moins de 150 euros. Le tout dans un format rackable 1U. Il existe dans une version dual boot (avec RouterOS ou SwitchOS selon votre préférence) pour moins de 200 euros.
Ceux qui veulent du tout 10 Gb/s auront également remarqué le CRS305-1G-4S+IN, un switch à quatre cages SFP+ proposant un seul port RJ45 pouvant faire office d'alimentation PoE. Il n'est qu'à 140 euros.
... mais gare au coût du SFP+ (et à la compatibilité Freebox Delta)
Attention tout de même : ces différents tarifs ne se valent pas. En effet, les modèles Netgear évoqués sont directement exploitables en RJ45, contrairement à des produits SFP+ qui nécessitent des transceivers. Voilà pourquoi on parle de « cages » : ce sont des emplacements vides, là pour accueillir un élément complémentaire.
Ainsi, dans le cas des produits MikroTik évoqués ci-dessus, il faudra acheter soit des câbles DAC (Direct Attach Copper) – qui coûtent de 20 à 40 euros, mais ne dépassent pas quelques mètres – soit des transceivers permettant d'utiliser du cuivre (RJ45) ou de la fibre optique. C'est en général la seconde solution qui est privilégiée.
La raison est simple : la conversion du signal est plus directe, moins coûteuse en matériel et en énergie. Surtout, la fibre peut être utilisée pour transférer des données sur plusieurs kilomètres sans problème, avec un câble très compact (mais plus fragile). Un transceiver fibre (10GBase-SR pour Short Range, 300 m) coûte moins de 25 euros. Comptez moins de 40 euros pour du 10GBase-LR (10 km, Long Range) ou 100 euros pour du 10GBaseT (30 m, RJ45).
Dans le cas de la Freebox Delta, vous n'aurez pas le choix : son boîtier Server ne supporte pas les transceiver RJ45 qui dépassent la classe de puissance qu'il gère. Seule la fibre ou un DAC peuvent être utilisés.
Dimensions, ventilation, PoE(+) : des détails qui comptent
D'autres éléments sont à prendre en compte lors de votre choix. Le premier concerne les capacités techniques du produit : avez-vous besoin d'un routeur ou d'un switch, avec ou sans interface de gestion, les types de CPU et mémoire présents, sa capacité de commutation, sa bande passante maximale, etc.
Il faut ensuite s'assurer que vous disposez de toutes les éventuelles fonctionnalités logicielles dont vous avez besoin et sur quelles couches (L2 et/ou L3) : QoS, gestion des réseaux virtuels (VLAN), agrégation de ports, etc. Mais il y a également des points plus physiques, comme les dimensions ou la ventilation.
Cela dépendra principalement de vos habitudes et de votre installation. Parfois un petit switch posé sur une table suffira, mais certains préfèreront un modèle rackable avec ou sans ventilateur intégré. Ce point dépendra principalement d'un autre facteur : la consommation de l'ensemble, elle-même liée aux fonctionnalités.
Si vous optez par exemple pour un switch PoE(+) capable d'alimenter des produits tiers comme des micro PC, des caméras de surveillance ou même d'autres équipement réseau, il pourra consommer plusieurs centaines de watts qu'il faudra bien dissiper. Certains produits resteront silencieux, d'autres pas vraiment.
MS510TX(PP) : Netgear mise sur le Multi-Gig accessible
Au sein de sa gamme Multi-Gig/10 Gb/s, Netgear a fait des choix assez diversifiés. Ce, tant pour son offre grand public que professionnelle. Ainsi, le switch SX10 est équipé d'un port RJ45 pour assurer une grande compatibilité avec les équipements existants des utilisateurs, mais le routeur Wi-Fi XR700 a droit à une cage SFP+. La raison ? Elle peut être utilisée avec des équipements de FAI, un avantage non négligeable.
Mais il y a surtout un produit très intéressant au sein de la gamme du constructeur, parce qu'il est rare de trouver une telle combinaison de fonctionnalités dans un même switch : le MS510TX. Il est doté de dix ports, dont quatre à 1 Gb/s. Les six autres sont découpés de la sorte :
- 2x 2,5 Gb/s (RJ45)
- 2x 5 Gb/s (RJ45)
- 2x 10 Gb/s (RJ45, SFP+)
Vous pouvez l'utiliser pour interconnecter différents types de solutions comme nous l'évoquions plus haut : une Freebox Delta via le port SFP+, un autre appareil à 10 Gb/s comme un NAS en RJ45, des appareils, points d'accès Wi-Fi 5/6 ou d'autres switchs sur les ports à 2,5 ou 5 Gb/s, des machines classiques en 1 Gb/s, etc.

Une version PoE+ existe : le MS510TXPP. Elle dispose là encore d'un avantage presque unique pour un produit largement accessible : une alimentation, même sur les ports à 2,5 ou 5 Gb/s. Un ventilateur est présent, toujours discret selon nos tests, avec un niveau de nuisance sonore annoncé de 28,8 dB(A) à 25°C.
Il n'y a pas d'alimentation externe, un simple câble à connecteur C14 suffit. Son budget d'alimentation est de 180 watts, il peut ainsi consommer à la prise entre 10,19 et 234,31 watts selon Netgear. Dans notre installation, où tous les ports étaient utilisés dont deux (peu gourmands) via du PoE, nous avons relevé 28 watts en charge courante.
Les dimensions de l'appareil sont de 328 x 169 x 43 mm. Il est rackable (1U) et pèse 1,42 kg dans sa version classique, 1,9 kg pour la déclinaison PoE+. Il est équipé dans les deux cas d'un simple SoC à deux cœurs (800 MHz) avec 512 Mo de mémoire et 256 Mo de stockage flash local.
Un port USB est présent, mais seulement pour permettre la mise à jour hors-ligne du firmware de l'appareil ou sa sauvegarde sur un périphérique de stockage. Deux sont constamment présents dans le switch, pour palier à tout problème. Côté sécurité, il faudra penser à changer rapidement le mot de passe, puisque Netgear a toujours comme mécanique le fait d'utiliser « password » par défaut (vous pouvez aussi utiliser RADIUS).
Son installation est simple. Il suffit de le brancher et de connecter les ports pour que tout fonctionne. Il s'agit néanmoins d'un modèle manageable, aucune version sans interface de gestion n'étant proposée. Les fonctionnalités sont nombreuses, sans doute un peu trop pour les néophytes qui pourront vite s'y perdre.
L'interface est aussi un peu datée, ce qui est encore courant sur les produits professionnels. Elle est néanmoins complète avec un suivi de l'utilisation CPU, des éléments connectés en PoE et leur consommation actuelle, puis les nombreuses fonctionnalités organisées en six onglets : Switching, Routing, QoS, Security, Monitoring et Maintenance :
On apprécierait tout de même que le travail fait sur les produits grand public se resente aussi sur l'interface de ce genre de switch, qui reste assez largement accessible. Surtout pour des éléments comme les statistiques par port par exemple, qui se font encore ici sous la forme d'un simple tableau. Dommage.
Notez que Netgear propose différents outils complémentaires à ses switchs. Le Smart Control Center qui permet d'effectuer quelques tâches basiques comme la configuration DHCP, du mot de passe, accéder à l'interface web, redémarrer l'appareil, sauvegarder/charger une configuration, etc. Le Discovery Tool permet pour sa part de trouver les différents appareils présents sur votre réseau et leurs adresses IP.
Lors de nos essais, il n'a pas posé de problème côté débit, capable d'atteindre les 10 Gb/s sans ciller, même lorsque d'autres ports étaient eux aussi saturés. Proposé un temps dans les 400 euros, le MS510TX faisait régulièrement l'objet de promotions à moins de 300 euros. C'est désormais son tarif définitif chez certains revendeurs.
Un prix raisonnable pour un appareil de ce genre, ne nécessitant qu'un tranceiver 10 Gb/s en complément afin de pouvoir être relié au serveur de la Freebox Delta, tout en profitant d'une multitude de ports à différentes vitesses avec ou sans capacité d'alimentation.
Comptez une centaine d'euros supplémentaires pour la version PoE+ (MS510TXPP), qu'il ne faudra donc choisir que si elle vous est nécessaire. Notez que le surcoût sera le même pour un switch non manageable de huit ports RJ45 seulement (dont un combo SFP+), mais tous à 10 Gb/s via le XS508M qui coûte 400 euros.
Quel type de fibre choisir ?
Lorsque vous choisirez votre transceiver fibre et votre câble, vous devrez porter votre attention sur deux points, souvent mis en avant : le type de fibre et son connecteur.
Dans le premier cas il en existe deux : monomode ou multimode. La différence est dans la manière dont se diffuse le signal dans le « cœur » du câble et sa composition : une fibre mince (moins de 10 µm) avec une seule longueur d'onde sans rebond en monomode, de 50 µm à 62,5 µm avec plusieurs longueurs d'onde et des rebonds en multimode.
Source : MCL
La première, plus coûteuse, est surtout utilisée pour de très grandes distances dépassant plusieurs kilomètres, avec des émetteurs à diode laser. C'est celle mise en place avec les transceivers 10GBase-LR. La seconde, moins chère, est la plus courante dans des usages intérieurs, pouvant se contenter de diodes LED/VCSEL et un transceiver 10GBase-SR.
Attention à ne pas vous tromper, les deux sont incompatibles.
Le type de fibre est aussi désigné par un indicateur signalant leur qualité et donc le débit/distance pouvant être atteint : OM1 à 5 pour le multimode et OS1 ou 2 pour le monomode. Un code couleur permet de les distinguer. En 10GBase-SR, on ne pourra ainsi utiliser une fibre OM1 (orange) que jusqu'à 33 m, contre 300 m pour une OM3 (turquoise).
Il existe de nombreux connecteurs fibre optique, chacun adapté à un usage ou une période. Dans les usages classiques on trouve surtout des connecteurs SC (Standard/Subscriber Connector), notamment chez les FAI pour leurs box gérant la fibre ou LC (Little/Lucent Connector) plus compacts. Ce sont ces derniers qui sont utilisés pour les transceivers 10G.

Le câble est en général livré fixé à son connecteur, un ensemble nommé jarretière. Une seule fibre peut être présente (simplex), mais ce sera plutôt deux dans notre cas (duplex). Ce chiffre peut grimper bien plus haut avec les solution Quad ou même le connecteur MPO (Multi-fiber Push On) qui permet de gérer 24 fibres.
Notez que des connecteurs différents peuvent être utilisés dans une même jarretière composée de plusieurs fibres, chacun étant alors précisé dans sa référence. Pour un transceiver 10GBase-LR, vous devrez donc en général opter pour une Multimode LC/LC. Vous trouverez des modèles OM3 de dix mètres pour un peu plus de 15 euros.
La mention SPC/UPC sera parfois présente dans la référence du câble. Cela vient seulement de certains constructeurs évoquant un connecteur physique (PC) de type « Super » ou « Ultra », sans plus de précisions.