Deux ans après notre première étude des prix des SSD, nous renouvelons l'expérience afin de voir si le marché a évolué favorablement pour les consommateurs. Si aujourd'hui les tarifs sont au plus bas, la baisse n'a pas été continue.
En juillet 2016, nous nous penchions sur l'évolution du tarif des SSD depuis novembre 2014. Nous nous étions appuyés sur les relevés de notre équipe en charge des bons plans, épluchant 400 offres pour dessiner les tendances du marché.
Rebelote aujourd’hui, mais à travers plus de 1 300 offres que contient notre base de données. Le marché a en effet largement évolué avec des SSD de plus en plus compacts et la montée en puissance du NVMe. L'évolution des technologies pousse à des tarifs à peine au-dessus de 0,10 euro/Go (contre 0,20 euro/Go auparavant).
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Ce nouvel échantillon est suffisamment important pour nous permettre d'avoir une vision globale sur les quatre dernières années et mettre des chiffres précis sur des impressions que l'on pouvait avoir : hausse soudaine en 2017, certains millésimes du Black Friday et des soldes plus décevants qu'à l'accoutumée.
Rappel méthodologique
Comme lors de la précédente édition, nos relevés de prix ne comprennent que des modèles « standards » de SSD. Nous excluons donc ceux exploitant des connectiques peu répandues (comme le Intel 750 Series, en U.2 et à plus de 0,60 €/Go), mais avons conservé les modèles M.2 en S-ATA dont le rapport prix/capacité est proche des modèles classiques de 2,5".
Les références très haut de gamme comme les Samsung 850 Pro et Kingston Hyper X Savage sont également mises de côté, afin de nous concentrer sur le cœur du marché.
Nous avons toutefois pu tirer quelques données intéressantes sur l'évolution du prix des modèles M.2 PCIe (NVMe), mais sur une période plus restreinte. Elles seront donc présentées dans une partie distincte de cet article.
Nous avons également choisi de distinguer quatre catégories de capacité, afin de mesurer si les évolutions tarifaires s'appliquent de la même manière sur les petits modèles premier prix, que sur ceux offrant davantage d'espace :
- 120 à 180 Go
- 240 à 275 Go
- 480 à 525 Go
- 960 Go à 2 To
Une franche baisse sur le long terme
En juillet 2016, nous avions noté que le prix moyen des SSD avait reculé d'environ 30 % par rapport à novembre 2014, avec d'importantes disparités en fonction de la capacité. Sur quatre ans, la baisse atteint en moyenne environ 54 %.
Le recul est plus marqué sur les grandes capacités avec 58 % sur la tranche de 480/525 Go et 57 % sur les plus de 960 Go. Sur les modèles les plus petits, elle atteint 51 % sur les 120/180 Go et 50 % sur les 240/275 Go. Le prix moyen d'un SSD se situe donc aujourd'hui entre 14 et 19 centimes d'euro par Go, en fonction de sa taille, contre 33 à 40 centimes fin 2014.
Il est maintenant possible de s'équiper d'un modèle 120 Go pour moins de 20 euros, ou d'un 240 Go pour moins de 30 euros. De quoi redonner un coup de fouet à une configuration vieillissante à moindre coût. Troquer le disque dur mécanique de son ordinateur portable contre un SSD de 480 ou 960 Go revient aujourd'hui à 70 ou 120 euros, une opération qui revenait au bas mot à respectivement 100 ou 200 euros il y a seulement quelques mois.
Attention néanmoins, la montée en puissance des puces TLC/QLC (voir plus bas) pose la question de l'endurance des SSD annoncée par les constructeurs de plus en plus courte. Il faut aussi regarder de près les performances et la capacité à tenir la chauffe des différents modèles avant de faire votre choix. Un simple score CrystalDiskMark/ATTO ne suffit pas.
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2017 : annus horribilis
Ceux qui ont acheté un SSD entre janvier 2017 et avril 2018 ont pour la plupart fait une très mauvaise affaire. Sur cette période, les fabricants de puces peinaient à répondre à la demande, citant des difficultés pour tenir la cadence sur les puces 3D NAND, utilisées dans les SSD mais aussi les smartphones... qui engloutissent une bonne partie de la production.
Hasard ou non du calendrier, les autorités chinoises s'étaient alors rendues chez Micron, Samsung et SK hynix pour enquêter sur une possible entente illicite des prix. Cette situation avait alors également causé une hausse notable du prix de la mémoire vive, notamment de la DDR4.
Les fondeurs basculaient en effet une partie de leur production de RAM au profit de la NAND. Si certains ont pu se procurer des SSD de 480 Go pour seulement 18 centimes d'euro par Go en novembre 2016, sur l'année 2017 ils ont oscillé entre 23 et 32 centimes. Sur les petites capacités, la hausse était d'autant plus nette, passant de 24 centimes mi-2016 à près de 40 centimes un an plus tard. Et l'on parle ici des tarifs minimums observés, les moyennes sont bien plus hautes.
Concrètement, les prix affichés par les revendeurs tout au long de l'année dernière étaient plus élevés que fin 2014, les soldes de juin n'ayant fait que ralentir la hausse plutôt que d'offrir des tarifs réellement intéressants. Pour preuve, le nombre de bonnes affaires sur les SSD relevées par notre équipe en charge des bons plans en 2017 fut le plus faible enregistré sur l'ensemble de notre échantillon, avec moins de 200 offres relayées, contre plus de 600 en 2018.
Heureusement, on assiste désormais à une baisse continue depuis fin 2017. Il aura toutefois fallu attendre le deuxième trimestre pour voir des prix planchers aussi bas qu'en 2016, avant qu'ils ne fondent aux soldes d'été, puis au Black Friday.
Autre tendance remarquable, l'arrivée sur le marché de modèles dotés d'une capacité de 2 To, jusqu'ici réservés à une clientèle très fortunée. Fin 2016, il fallait compter 499,99 euros pour s'offrir un Crucial MX300 de cette capacité. Le mois dernier, il se négociait à 11 centimes par Go, soit 219,99 euros. Comptez 224,90 euros pour son remplaçant le MX500.
Les prévisions des analystes concernant le prix de la NAND laissent entendre que la baisse est encore loin d'être terminée. De quoi poser sérieusement la question de l'avenir des disques durs dans les ordinateurs portables par exemple.
Pourquoi installer aujourd'hui un disque dur de 1 To d'une valeur unitaire de 50 euros, quand on peut envisager que le prix des SSD de 500 Go passe sous cette barre ? L'idée n'a rien d'utopique, les analystes de DRAMeXchange estiment qu'avec la montée en puissance de la production de 3D NAND les prix devraient encore fondre de 25 à 30 % en 2019. Or aujourd'hui, un SSD de 480 Go se négocie déjà sous la barre des 70 euros.
3D NAND, TLC, QLC, des acronymes au secours des prix
Ces baisses du prix de la mémoire sont le fruit de la mise en place de nouvelles technologies, et de la montée en puissance des usines produisant les puces les exploitant.
En 2015, Toshiba annonçait le démarrage de la production de 3D NAND MLC sur 48 couches. De quoi lui permettre de fabriquer des puces de 128 Gb (16 Go) et de réduire ses coûts. En effet, le coût d'un wafer et de sa gravure reste globalement stable, c'est donc la taille de la puce qui fixe son coût. Si l'on parvient à stocker davantage de données sur une surface donnée, ou la même quantité sur un espace plus restreint, le rapport prix/Go diminue.
Dans le cas de Toshiba, une cellule MLC pouvait stocker jusqu'à 2 bits, et une même puce pouvait superposer 48 couches de cellules. À la même époque, Intel et Micron parvenaient à produire des puces de 256 Gb (32 Go) avec des cellules TLC (chacune peut stocker 3 bits) sur 32 couches.
3,5 To sur un SSD M.2 ? De quoi laisser réveur... en 2015
Aujourd'hui les constructeurs enchaînent les annonces autour de puces QLC (4 bits par cellule) superposant jusqu'à 96 couches. De quoi offrir des modules de 1 Tb (128 Go) sur 64 couches chez Samsung par exemple, ou de 1,33 Tb (166 Go) chez Toshiba avec 96 couches. Une densité suffisante pour imaginer des SSD au format M.2 22110 de 20 To. C'est la montée en puissance de la production de ces puces qui tirera les prix vers le bas.
Seul hic : si les capacités devraient continuer d'augmenter à prix égal, la durée de vie des puces elle se réduit en fonction des méthodes employées. Un point qui est problématique surtout lorsque les écritures sont intensives. Cela peut donc dépendre des usages, dans un PC de bureau ou dans les datacenters.
Des SSD PCIe et NVMe enfin accessibles
Ces bonnes nouvelles ne se limitent pas seulement aux modèles standard. Le marché haut de gamme, notamment celui des SSD PCIe (NVMe), est lui aussi concerné par ces importantes baisses. Si l'an dernier il était encore rare de passer sous la barre des 0,40 €/Go (soit environ 100 euros pour un modèle de 250 Go), en ce mois de décembre il est possible de trouver des SSD de 500 Go comme le 970 Evo de Samsung à moins de 100 euros.
Faute d'échantillons, l'évolution n'est retracée que sur les 9 derniers mois, mais la tendance est déjà nette
Comme sur les SSD de 2,5" ou M.2 S-ATA, le rapport prix capacité évolue nettement en fonction de la taille du modèle choisi. En novembre, les prix les plus bas observés étaient de 0,24 euro/Go sur la gamme 240/275 Go, contre 0,18 euro/Go sur la gamme 480/525 Go. Au-delà le ratio n'évolue que marginalement.
Quant aux modèles de 120/180 Go, en général leurs tarifs sont trop élevés pour avoir un intérêt vis-à-vis de leurs cousins de 240/275 Go, ce avant même de parler de leurs débits inférieurs. Concrètement, il est aujourd'hui possible de mettre la main sur un SSD annonçant des débits en lecture supérieurs à 3 Go/s (attention aux promesses des fabricants) pour le prix qu'un modèle S-ATA d'il y a deux ans, bridés à environ 550 Mo/s par son interface.
De quoi largement démocratiser cette technologie auprès de ceux disposant d'une carte mère compatible, ou convaincre certains de mettre à jour leur machine pour une plateforme plus moderne.